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LES PREMIERES CHARTES


A. LA CONSERVATION ET LE CLASSEMENT DES CHARTES DE ST-JACQUES, DES ORIGINES A NOS JOURS

Leur conservation au moyen âge

Sur l'endroit exact où les moines de Saint-Jacques conservaient leurs archives, durant le haut moyen âge, une seule allusion nous est parvenue. Elle est contenue dans une charte de 1111 que l'abbé ordonne de placer in capitolio fratrum, c'est-à-dire dans la salle du chapitre. Cette localisation, pour être peu commune, n'a rien d'insolite: elle marque évidemment un recours intentionnel au symbolisme, particulièrement cher à la conception médiévale.

On peut cependant regretter le silence des sources de Saint-Jacques et, spécialement, celui du Liber Ordinarius qui, bien que rédigé au XIIIe siècle, codifiait des coutumes antérieures. De ce précieux document, où rien ne semble oublié ni laissé au hasard, le rédacteur, prolixe de détails sur le sceau et la bibliothèque, paraît tout ignorer de l'existence des chartes, de leur rédaction et de leur conservation.

A l'époque où il terminait son ouvrage, l'abbaye constituait pourtant un dépôt d'archives particulièrement cher aux Liégeois. C'est à Saint-Jacques, en effet, qu'on avait confié la garde des chartes et des franchises de la Cité de Liège. On ignore la date exacte de ce transfert. La première mention émane de Jean d'Outremeuse, mais on est d'accord pour considérer cet état de choses comme beaucoup plus ancien. M. Niermeyer, par exemple, le reporte vers 1185-1200. Il serait cependant étonnant que Renier de Saint-Jacques n'ait pas consigné, dans sa chronique, cet événement particulièrement glorieux pour l'abbaye, à un moment où celle-ci traverse une période de malheurs et de vexations.

Même si, à l'époque où les archives communales furent confiées à Saint-Jacques, les chartes de l'abbaye n'étaient plus conservées dans la salle capitulaire, il est certain que, pour des motifs de sécurité aisés à comprendre, elles se trouvaient soigneusement séparées des documents urbains et peut-être même dans un autre local que la petite chapelle, dénommée trésorerie, où se trouvaient les coffres qui abritaient les franchises de la Cité.

Le petit nombre des chartes du monastère ne réclama pas, au cours des XIe, XIIe et XIIIe siècles, un classement méthodique, d'autant plus qu'un seul coffre devait suffire à les contenir. Mais au XIVe siècle, la multiplication des actes écrits constituant les titres de propriété imposa aux établissements ecclésiastiques soit leur transcription dans un cartulaire, suivant un plan déterminé, soit le classement des chartes dans un ordre qui en facilitât la recherche et la consultation. Pour Saint-Jacques on conserve heureusement les traces nombreuses d'un classement de ce genre dont on connaît la date, l'auteur, et les principes qui ont guidé ce dernier.

Le premier classement méthodique

Une charte du 4 janvier 1361 (Doncéel, carton n° 11) en fournit le terminus ad quem. Puisqu'on relève l'existence d'un moine archiviste en 1341 et que ce moine, devenu abbé en 1351 sous le nom de Gérard d'Awans, meurt précisément le 1er avril 1361, il n'est pas douteux qu'il soit l'auteur de cette utile besogne.

Pour l'entreprendre il avait le choix entre trois modes de classement: soit l'ordre alphabétique des domaines, soit la répartition suivant le statut juridique des biens, soit le groupement des possessions par régions. Rien d'étonnant qu'il ait suivi cette dernière méthode, plus souvent utilisée, de préférence à la seconde qui suppose des conceptions juridiques évoluées. Il suit une tradition dont les représentants les plus connus sont, entre autres, les polyptyques des abbayes de Saint-Germain-des-Prés, Lobbes et Villers. Gérard d'Awans ne rassemble pas seulement les chartes concernant un même domaine mais toutes celles qui ont trait à des biens situés dans une région déterminée. Chaque région est symboliquement désignée par une lettre inscrite au verso de la charte.

Figurent, par exemple,
sous le sigle c: Bassenge, Roclenge, Boirs, Mall, Eben-Emael;
sous le sigle d: Yernawe, Warfusée, Saint-Georges;
sous, le sigle f: Celles, Ferme, Termogne, Ligney;
sous le sigle i: Seraing, Jemeppe.

Ce groupement souffre, à vrai dire, quelques exceptions: des chartes de Donceel sont classées sous deux lettres différentes, mais celles-ci désignent des régions très voisines; des chartes d'Yernawe s'égarent en f, mais il y a là une raison, car elles suivent immédiatement une charte concernant à la fois Yernawe et Celles. Enfin, si, dans le groupe e, on est étonné de rencontrer une charte de Colombier de 1146 (Glons) en compagnie de documents concernant Wittem et Bilstain, la cause de l'erreur, ici encore, est facilement repérable. L'archiviste a été manifestement influencé par l'existence d'un diplôme impérial de 1125 concernant à la fois Bilstain et Colombier.

Quoiqu'il en soit, l'intention d'un classement par groupes domaniaux est évidente et il n'est pas sans intérêt de signaler dès maintenant que l'archiviste du XIVe siècle rassemble sous une même rubrique les mêmes domaines, qu'au cours du XIe et du début du XIIe siècle, les abbés de Saint-Jacques partisans des réformes richardienne et clunisienne s'étaient efforcés de réunir et de souder en différents groupes.

Outre leur répartition sous plusieurs sigles, les chartes sont toutes affectées d'une numérotation continue, à partir de 1, dans chaque catégorie. Si la succession des chartes suit l'ordre chronologique, on conçoit l'importance du classement puisqu'il permettrait de déceler immédiatement s'il y a des documents manquants entre deux dates déterminées et de reconstituer le chartrier complet, de 1015 à 1361. Malheureusement, même si l'on peut estimer que tel était le dessein de Gérard d'Awans, il faut avouer que le classement chronologique a été fait avec beaucoup moins de rigueur que le précédent. En réalité, il est sporadique, comme on pourra en juger par quelques échantillons:

c. 1. Bassenge 1134.
2.
3.
4. Bassenge 1141 (oopie).
5. Bassenge 1134 (copie).
6. Bassenge 1141 (oopie).
7. Bassenge 12 juillet 1338.
8.
9. Roclenge 1126.
10.
11. Roclenge 1189.
12. Roolenge 1223.
13.
14.
15. Roolenge 2 août 1303.
16. Roclenge 1314.
17. Roclenge novembre 1291.
18.
19. Bassenge et Roolenge
2 octobre 1316.
20. Bassenge et RocIenge
1 er mars 1309.
21. Boirs 1067.
22. Boirs mars 1348.
23. Boirs (?) 1176.
24.
26. Mall 1111.
26. Mall 1355 (2 ehartes).
27. Mall 12 avril 1356.
28. Eben jeudi saint 1311.
29. Eben 1313.
30. Eben 1313
(vendredi après Sainte Marie-Madeleine).
31.
32.
33. Eben 7 février 1316.
34. Eben 13 avril 1320.

k.







g.














d.
1.
2. Eykelberghe juillet 1302.
3.
4. Eykelberphe septembre 1295.
5. Eykelberghe 6 juillet 1318.
6. Eykalberghe juillet 1308.
7. EyLelberghe 22 juin 1326.

1. Donceel 1084.
2. Donceel 1086.
3.
4. Roloux 1101.
5. Roloux 1107.
6. Roloux novembre 1311.
7. Ligney 1103.
8. Elixem 1107.
9.
10. Horpmael et Vechmael 1112.
11. Hanret 1112.
12. Velroux 1277.
13. Velroux 30 avril 1326.
14. Velroux 19 janvier 1334.

1. Yernawe 1286.
2. Yernawe 1285.
3. Yernawe 23 juin 1285.
4.
5. Warfusée 1288.
6. Warfusoe 1288.
7.
8.
9. Saint-Georges 6 sept. 1332.
10.
11. Warfusée 31 mai 1330.
12. Warfusoe juin 1353.
13. Saint-Georges 10 avril 1353.
14. Saint-Georges 17 juillet 1353.
15.
16. Donceel 4 janvier 1361.

Et surtout

b. 1. Hanret 26 mai 1344.
2. Hanret 1112-1134.
3. Hanret 1224.
4. Hanret février 1269.
5. Hanret avril 1309.
6. Hanret 13 mai 1353.
7. Hanret février 1275.
8. Hanret 25 juillet 1358.
9. Hanret 10 juin 1358.
10. Hanret 24 octobre 1306.
11.
12.
13. Hanret 1311.
14. Hanret 17 décembre 1317.
15. Hanret avril 1312.
16. Hanret 1318.
17. Hanret 1355.
18. Hanret 15 novembre 1344.
19. Hambrainne c. 1166.
20.
21. Hanret 7 mars 1317.
22. Waret 1289.

Ce manque de régularité nous empêche, par exemple, de certifier qu'entre 1126 et 1189 l'abbaye a reçu une charte concernant Roclenge, car l'archiviste a pu laisser vacant c10 pour y intercaler le prochain document traitant de cette localité.

Pour l'examen diplomatique aussi bien que pour l'histoire du domaine, on ne peut donc retirer que peu de lumière de ce classement.

Logiquement devait lui correspondre:
1° la copie tabellaire des cotes affectées à chaque document, identifié par la date et la désignation du domaine;
2° la mise en place dans l'ordre correspondant à celui du classement.


La consultation des chartes au cours des âges

Titres de propriété et preuves des droits de l'abbaye, les chartes étaient gardées avec un soin jaloux; mais, au cours des siècles, des chercheurs, des érudits purent les consulter sur place et en prendre copie.

Le premier lecteur cité par les sources n'est autre que Jean d'Outremeuse. S'il était friand de chroniques ou d'annales, qui offraient plus d'occasions à son étonnante imagination de prendre son envol, il n'a pas dédaigné de jeter un coup d'oeil sur les documents diplomatiques du monastère. Hâtivement, il parcourut le diplôme de Lothaire III de 1134. Cette lecture en diagonale provoqua, dans la rédaction de sa chronique, une métamorphose étrange de la réalité des faits.

On souhaiterait à ce fabuliste impénitent la probité sans éclat du héraut d'armes Henri Van den Berch ( 1592-1666) qui, dans ses Monumenta Patriae leodiensis restés manuscrits, a laissé des copies appliquées, sinon toujours rigoureusement exactes, de nombreuses chartes de Saint-Jacques dont il reproduit partiellement les sceaux. La présence au monastère, à cette époque, du prieur Gilles Gryte, qui taquinait l'histoire et traduisait Hugues de Fleury, encourageait l'utilisation des archives. Le curé de Saint-Remy, Henri Manigart, obtenait de lui communication du privilège d'Innocent II de 1137, confirmant toutes les possessions de Saint-Jacques.

Au début du XVIIIe siècle, les archives de Saint-Jacques reçurent la visite de l'érudition bénédictine, dans les personnes de Martène et Durand qui séjournèrent à l'abbaye dans la première quinzaine de septembre 1718. Dans la description des richesses du monastère et notamment de sa bibliothèque, aucune allusion n'est faite aux archives et l'on pourrait croire que ces chasseurs de chartes les ont dédaignées si l'on ne conservait, dans l'Amplissima Collectio, l'édition de la charte de fondation de 1016 qui faillit, dans la suite, disparaître à jamais.

Les archives dans la période de déclin de l'abbaye

L'impression que Martène et Durand retirèrent de leur séjour fut excellente, mais les rapports ultérieurs qu'entretint Martène avec l'abbé, au sujet de manuscrits dont le Mauriste avait obtenu le prêt, se colorèrent d'aigreur. Les moines de Saint-Jacques n'étaient manifestement plus à la hauteur de la brillante valeur intellectuelle et morale de leurs devanciers. Ils abandonnent le goût des lettres, l'étude et la pratique de la règle bénédictine. Un seul mobile les guide désormais: être sécularisés pour pouvoir s'enrichir des prébendes canoniales, et leurs démarches émeuvent suffisamment Rome pour que le nonce J.-B. Caprara reçoive mission de porter remède à la situation.

Les archives avaient été rassemblées dans la compterie, exposées à mille occasions de perte et l'on n'avait même plus pris le soin de désigner une personne spécialement attachée à la garde du dépôt. Aussi le visiteur canonique tint-il à insérer, dans les décrets de réforme qu'il rédigea le 12 mars 1771, des dispositions très strictes, relatives à la conservation des documents: choix d'un endroit très sûr pour le local des archives et séparation complète d'avec la compterie, classement des actes dans des coffres ou armoires bien fermées, à des places et par paquets correspondant à leur nature, établissement d'un inventaire, nomination par l'abbé d'un moine de choeur- archiviste. Le dépôt serait fermé par une triple serrure dont les clés seraient détenues par l'abbé, le prieur, l'archiviste; moines et séculiers n'y auraient accès qu'avec la permission de l'abbé.

On ignore si les prescriptions du nonce furent immédiatement appliquées.

A la fin du XVIIIe siècle, le sous-compteur de l'abbaye, dom Bertrand, manifeste encore quelque sollicitude à l'égard des anciens titres de propriété de Saint-Jacques. Les copies des diplômes du XIIe siècle qu'il a transmises à Ernst et qui sont actuellement conservées à la Bibliothèque de l'Université de Liège, sont soignées, tout en ne restant pas exemptes de fautes. En tout cas il semble que le local réservé aux archives n'offrait toujours que peu de garanties de sécurité puisque des documents disparurent en 1794, pendant l'occupation de l'abbaye par les troupes françaises. En s'exilant Outre-Rhin le moine Quirin d'Adseux n'avait emporté que l'argenterie. Cependant quelques chartes prirent le chemin de l'Allemagne, à des dates et dans des circonstances qu'il est impossible de préciser, et notamment un acte du début du XIIe siècle, le diplôme de la confirmation par Joseph II de l'érection de Saint-Jacques en collégiale (31 juillet 1785) et le diplôme de la sécularisation de l'abbaye de Saint- Gilles et de son annexion au chapitre de Saint-Jacques (16 février 1786).

Versé définitivement dans les collections du Dépôt des Archives de l'État à Liège, le chartrier a vécu sans histoire jusqu'au moment où, en la nuit de Noël 1944, la chute d'une torpille allemande éparpilla les chartes et les mêla aux documents des chartriers voisins. Certaines enveloppes ont disparu, mais la collection actuellement reclassée, est heureusement demeurée intacte et complète.





B. L'EXAMEN CRITIQUE DES CHARTES DE SAINT-JACQUES:

L'état de la question

Si les éditions des XVIIIe et XIXe siècles avaient fait entrevoir les richesses du chartrier de Saint-Jacques, il fallut attendre le début du XXe siècle pour que celui-ci fut l'objet d'un examen critique d'ensemble, du double point de vue paléographique et diplomatique.

En entreprenant son mémoire Eine Lütticher Schriftprovinz, Hans Schubert se proposait de dégager, de l'étude des documents diplomatiques liégeois des XIe et XIIe siècles, les caractéristiques frappantes qui permettraient de conclure à l'existence d'une véritable école liégeoise de calligraphie, localisée dans la sphère d'influence de la Principauté, et à laquelle ses productions remarquables assuraient une place de premier rang dans le peuple nombreux des écritures occidentales du moyen âge classique. On ne dira jamais assez les mérites d'un effort qui, portant sur quelques centaines d'actes, parvenait à dégager de cette forêt de formes et de signes la synthèse qui révélait, d'une manière brillante et définitive, la prodigieuse vitalité de la « province » liégeoise.

Les recherches que suscita l'ouvrage prouvèrent combien était profonde la portée des conclusions du diplomatiste.

Mettant en relief l'une d'entre elles, un des spécialistes les plus autorisés de la paléographie médiévale, Hubert Nélis, insistait, dans son compte rendu, sur le fait que le scriptorium de Saint-Jacques formait, pour ainsi dire, le centre de l'école régionale. Or, cet atelier n'était pas resté sans commettre ces fraudes si fréquentes, à cette époque, dans la confection des chartes. Schubert, en effet, doutait de l'authenticité de deux chartes abbatiales (1101, 1103) et avait démontré l'inauthenticité de deux chartes épiscopales (1015, 1084) ainsi que d'un diplôme impérial (1034). Pour ce dernier document, le chanoine Roland était arrivé, très peu de temps avant lui, à la même conclusion. En 1909, la préparation de l'édition des actes de Conrad II donna l'occasion à Bresslau de confirmer ce jugement et d'apporter à l'examen d'autres documents de l'abbaye les lumières de sa vaste expérience. L'apparente authenticité de la charte épiscopale de 1084-1086 ne résista pas à la pénétrante rigueur de sa critique.

Trois ans plus tard, en 1912, l'intérêt que Nélis avait manifesté pour le chartrier de Saint-Jacques se traduisit par un article où, reprenant un examen d'ensemble du chartrier, du strict point de vue paléographique, il précisait l'évolution de certaines formes caractéristiques de l'écriture liégeoise. En 1914, Mme von Winterfeld vérifiait l'exactitude des principes dégagés par Schubert en analysant la charte de la collection von Solemacher, dont elle éditait le texte.

Jusqu'alors le jugement de Schubert relatif à l'inauthenticité de la charte de 1015 n'avait rencontré aucune opposition. La redécouverte de la charte de 1016 dans une collection particulière liégeoise permit à M. P. Harsin d'entreprendre, en 1930, cette réfutation. Pour étayer sa thèse, il passa, lui aussi, en revue toutes les chartes contenues dans le premier carton. Notons en passant—car ce détail aura son importance—que, comme Schubert et Nélis, M. P. Harsin, au terme de son étude, constatait dans l'évolution des coutumes paléographiques de Saint-Jacques une continuité, une tradition méthodique.

A ce moment la proportion des chartes fausses ne dépassait pas la moyenne que l'on observe couramment dans les chartriers de la plupart des établissements religieux. Mais, en 1935, M. Niermeyer, disciple de l'école de diplomatistes hollandais formés par Oppermann, dont on connaît l'obsession du faux, porta un coup qu'il voulut mortel à la réputation du chartrier de Saint-Jacques.

Sur les dix-neuf premières chartes originales, trois seulement trouvèrent grâce devant la sévérité de sa critique.

Voici, brièvement résumées, les lignes essentielles de ses conclusions:

Dans les productions du scriptorium de Saint-Jacques, il est permis de distinguer tout d'abord des chartes interpolées, dans l'intention d'évincer les prétentions des avoués. Les deux premières en date ont été rédigées vers 1103 et vers 1140. La teneur des documents originaux est conservée; la clause d'avouerie est simplement insérée dans le corps du dispositif.

Viennent ensuite les chartes fabriquées de toutes pièces, dont la confection remonte aux années 1173-1202. Dans ces documents, où l'on use fréquemment de la prose rythmée, seuls les protocoles, les noms des donateurs, avoués et témoins, sont quelquefois empruntés à des actes authentiques. Chaque acte authentique donne lieu à la fabrication de faux pour ainsi dire jumeaux. Enfin l'unité frappante dans la rédaction des différentes chartes suppose l'intervention d'un même faussaire, remarquablement lettré, qui en aurait dirigé l'élaboration et qui en aurait confié la transcription à une demi-douzaine de scribes.

Certes, on ne peut refuser à M. Niermeyer l'insigne mérite d'avoir jeté une lumière parfois inattendue sur certaines opinions toutes faites et d'avoir singulièrement contribué à l'avancement de nos connaissances sur les difficiles problèmes que suscitent le processus de rédaction des actes, l'organisation des chancelleries, les rapports et les influences entre les scriptoria monastiques médiévaux.

L'audace et la conviction que l'auteur manifeste d'un bout à l'autre de sa thèse réclament de notre part un très sincère hommage, et nous ne lui refuserons pas.

Ceci dit, nous serons d'autant plus libre d'affirmer notre réserve à l'égard d'une méthode dont il suffira d'indiquer quelques principes pour en saisir le caractère abusif:

1° se baser sur des similitudes d'écriture pour conclure à une identité de mains;

2° afin de prouver que l'on s'est servi d'une charte déterminée pour en fabriquer une autre, cueillir dans chacune d'elles soit une phrase, soit un membre de phrase, soit même un mot dans une phrase, commun aux deux chartes ou simplement synonyme;

3° choisir de préférence, pour cet échantillonnage, les parties formulaires des chartes;

4° considérer la réunion de ces indices comme une preuve suffisante de l'inauthenticité d'une des chartes.

D'autre part, la réaction menée dans les Pays-Bas contre cette méthode hypercritique en a révélé suffisamment le danger.


L'économie du présent travail

Ce n'est pas tomber dans l'a-priorisme que l'on reproche à M. Niermeyer que d'entreprendre l'examen diplomatique d'une charte dans un esprit de confiance à l'égard du document, et nous tenons à préciser, dès maintenant, que telle est la disposition qui nous guide.

Mais ce préjugé, nous ne voulons pas le maintenir à tout prix. Il disparaîtra en effet aussitôt que notre enquête nous aura conduit à l'évidence du faux. Mais pas avant.

On voit donc que notre but ne veut pas être ou n'est pas une réfutation de l'oeuvre de M. Niermeyer. Nous recommençons simplement—en l'élargissant—l'enquête à laquelle il s'est livrée, et si l'esprit dans lequel nous la menons nous conduit à des conclusions différentes, il n'est pas certain que nos vues respectives soient irréductiblement opposées.

La méthode discursive qu'on a choisie dicte naturellement l'économie de ce travail:

L'examen paléographique permettra d'établir une première discrimination entre actes faux et actes authentiques.

L'examen diplomatique s'efforcera de fixer le sort des documents que n'aura pas atteints la première phase.

Par conséquent, ce n'est qu'au terme de cette seconde partie qu'on pourra tenter de reconstituer l'évolution du scriptorium de l'abbaye.




C. ETUDE PALEOGRAPHIQUE


1. LES SCRIBES DE SAINT-JACQUES

LA FAMILLE A

La main A

Charte de l'abbé Etienne Ier de 1067


ETAT DE LA QUESTION

1. Selon M. Niermeyer, l'écriture de la main A de Saint-Jacques serait une imitation soigneuse de l'écriture du scribe Theodericus A qui était employé, dans les années 1039-1041, à la chancellerie impériale et à qui l'on doit la transcription de deux diplômes de Henri III. Les caractéristiques de son écriture se révèlent, suivant Bresslau-Kehr, dans la boucle des ligatures ct et st, la forme du g, de l'abréviation, de l'écriture allongée et du chrisme.

M. Niermeyer attribue à la main A la transcription de la charte abbatiale de 1067 et d'un diplôme de Henri IV de 1103 pour Bamberg. Selon lui, ce scribe serait membre de la cour épiscopale liégeoise et se trouverait, d'autre part, en relation avec l'abbaye.

Même si la certitude d'une filiation directe n'apparaît pas absolument convaincante, l'opinion de M. Niermeyer concernant une imitation de Theodericus A par A semble valable, bien que le titulus soit différent. L'imitation est surtout manifeste dans le tracé des ligatures et la forme du g. Dans la charte de 1067, les hampes et les hastes ont un aspect moins filiforme et les s ne sont pas allongés au-dessous de la ligne comme dans l'écriture de Theodericus A qui, en outre, sépare très fort les mots.

2. Avant que M. Niermeyer n'établisse l'idendité de mains 1067-1103, Bresslau avait attribué la conscriptio du diplôme de 1103 pour Bamberg, non à la main A, mais à la main C de Saint-Jacques à qui l'on doit la conscriptio du diplôme de Henri IV du 1er juin 1101.

Les deux écritures appartiennent incontestablement au même atelier. Mais les différences sont abondantes; notamment le titulus, le graphisme du et et de l'us, le g, les ligatures ct, st. Le scribe de 1101 montre plus de fantaisie que celui de 1103, dont l'écriture régulière est sobre et mesurée.

3. Cette parenté d'atelier a d'ailleurs amené M. Niermeyer à prétendre que le scribe A avait écrit un diplôme, dont il suppose gratuitement l'existence et la destruction, de Henri IV pour Saint-Jacques, daté du 1er juin 1101. La main C de Saint-Jacques, à qui l'on doit, suivant Niermeyer, les chartes d'Otbert de 1112, concernant Saint-Léonard, et de 1107 pour Andenne, aurait fabriqué, en imitant la main A, deux faux diplômes de Henri IV pour Saint-Jacques et pour Andenne, datés du 1er juin 1101. On obtient donc, du point de vue paléographique, le crayon généalogique suivant:

Theodericus A (1039-1041)


A (1067-1101-1103)


C (1101)

L'hypothèse d'une imitation intentionnelle de A par C ne peut cependant se justifier, et les indices que croit relever M. Niermeyer aboutissent à démontrer la contemporanéité et la parenté des deux écritures ainsi qu'une différence de sensibilité plutôt qu'une dépendance de l'une par rapport à l'autre.

Par contre, M. Niermeyer est incontestablement dans le vrai lorsqu'il établit l'identité des mains du diplôme de 1103 et de la charte de 1067. Titulus, double treillis des hastes, boucle des g, ligature, allongement du r au-dessous de la ligne: de part et d'autre le tracé reste le même.

Analysons les caractéristiques de cette écriture, telles qu'elles apparaissent dans les deux documents:

Les lettres de la première ligne, en caractères allongés, ont de part et d'autre une assise assez large; les e sont affectés d'un apex orné d'une boucle-treillis. L'a est ouvert mais alors qu'en 1067 les jambages sont des lignes obliques parallèles, celles-ci sont ondulées en 1103. Il en est de même pour l'o de nomine, plus allongé et plus sinueux. Le premier d d'individuae n'a pas de haste en 1067, à la différence de celui de 1103. Ensuite, si, en 1067, on remarque dans la première ligne un infléchissement de la panse de certains d (individuae, providere), du b (quelibet, sibi), du p (pium), du q (quelibet), du e et du c (aecclesie), ce n'est pas le cas en 1103, où le tracé des lettres est plus rectiligne. De même, le diplôme est seul, dans sa première ligne, à continuer le deuxième jambage du u sous la ligne, en forme d'ergot dirigé vers la gauche. Enfin, le a de trinitatis, formé en 1067 d'une haste oblique très allongée et d'une panse de très médiocre grandeur, affecte en 1103 l'aspect d'un triangle à base ouverte, terminé par une pointe filiforme, très allongée.

Le titulus employé dans la charte est un noeud incliné vers la droite et dont la branche inférieure se termine en boucle. Le même signe, dans le diplôme, reproduit tantôt cette forme simple, tantôt une forme redoublée (treillis).

De part et d'autre la queue du g débute par un trait court rectiligne qui se courbe et finit par une boucle (1103: 1. 3 gravi, 1. 4 peragimus, 1. 6 coniugis), mais en 1067, plus souvent qu'en 1103, le trait du jambage est plus sinueux (1. 2 indignus, legitime, 1. 13 exigente).

Dans le diplôme, le graphisme de l'us est une double boucle, naissant au sommet du dernier jambage de la lettre finale et s'étirant obliquement vers la droite (1. 5 volumus). Dans la charte il se présente comme le chiffre arabe 3 (1. 3 presentibus, 1. 15 nobilibus, Mainerus, Herimannus, 1. 16 Lambertus, testibus) ou comme une simple virgule (1. 7 habebamus, 1. 5 commoditatibus, 1. 9 noctibus, 1. 15 attestantibus, comitibus, Rainardus, 1. 16 Tiebaldus).

Le graphisme du que est représenté, en 1103, par un point affectant une virgule enlaçant le jambage du q. Il se réduit, dans la charte, à un point-virgule, ce dernier élément barrant la queue de la lettre.

On rencontre, dans le diplôme, trois variantes du graphisme de la conjonction et:

1° 1. 2: alpha grec surmonté d'une haste inclinée vers la droite et ornée d'un treillis, dont la branche supérieure se termine par une boucle;

2° 1. 5: même motif, mais la haste est de médiocre hauteur et l'alpha sans boucle;

3° 1. 6: même motif, à la haste allongée.

C'est ce dernier aspect que le même graphisme revêt en 1067 (1. 4, 1. 5).

Trois variantes également pour les cédilles du diplôme (1. 2 equale, 1. 6 memorande, 1. 6 Berthe). La dernière citée, rappelant un b minuscule, est la plus fréquente dans la charte (1. 6 predictam, 1. 8 alie villee). En ce qui concerne les ligatures st, ct, le trait qui unit les deux lettres boucle à la partie supérieure de la haste du t (1103: 1. 3 festinatione, 1. 4 affectu; 1067: 1. 2 iusta, 1. 3 ministrare, 1. 6 supradicto, predictam, 1. 7 est, 1. 8 subiecta).

L's, en 1103, est muni d'un ergot au tiers de la hauteur de la haste, mais celle-ci reste droite. En 1067, le trait se brise au-dessus de l'ergot, comme une tige trop faible pour supporter son poids de feuillage, que rappelle si souvent l'aspect du treillis (1. 2 Stephanus, sancti — ainsi que les deux b d'abbas — 1. 7 appenditiis suis).

Après avoir signalé la similitude, dans les deux documents, du mode d'abréviation d'esse (1103: 1. 5; 1067: 1. 3) et relevé que les C majuscules sont tracés, en 1103, d'un seul trait ferme (1. 2 Credimus, 1. 5 Counradi) alors que ce dernier est ondulé en 1067 (1. 5 Consideratis), il est utile d'insister encore sur l'allongement, bien au-dessous de la ligne, des queues des lettres p, r, q, ornées ou non d'une boucle, parce que ce détail contribue à caractériser la physionomie de l'écriture de la main A. Cependant, en 1067, le trait se brise en zig-zag ou se termine par une virgule qui ne continue pas le trait mais s'y attache comme un ornement supplémentaire.

En conclusion, le tracé de l'écriture du diplôme manifeste plus de calme, d'unité et de repos. Les blancs sont mieux répartis, le texte plus aéré. Dans la charte, on sent le scribe gêné par une appréciation hésitante de l'espace dont il dispose. A la ligne 2, depuis ideo jusqu'à indignus, et, à la ligne 3, de sperans à recepturum, les lettres sont plus grandes et plus hautes que larges et, dans l'ensemble, la composition plus heurtée, l'ornementation moins cohérente. En 1103, la sensibilité du tracé est remarquable, notamment dans l's final de Heinricus (1. 1), dont on ne peut se lasser d'admirer la grâce nue et flexible.


La main Aa

Les chartes du «provisor» Êtienne de 1107 et c. 1107


La charte du provisor Etienne, datée de 1107, a échappé à l'examen paléographique de Schubert. M. Niermeyer l'a désignée par le sigle Aa pour marquer sa parenté avec A: classement dont la pertinence est incontestable, mais qu'il convient de préciser en signalant combien Aa est proche des écritures qui, on le verra bientôt, se groupent autour de la main C, et particulièrement Ca.

Ce qui frappe dans l'écriture de cette charte, c'est l'extrême simplicité dans la forme des signes conventionnels et la sévère économie de l'ornementation. Elle ne comporte aucun enjolivement, aucun prolongement exagéré ou filiforme des hastes et des queues. Simplicité des g qui sont tous, sans exception, tracés comme les g de l'écriture moderne, simplicité du graphisme de l'us affectant la forme d'une virgule, d'un 3, d'un 3 muni d'une virgule (1. 7 cortibus, 1. 10 constituimus, 1. 14 apicibus), simplicité dans les graphismes de l'et et du que, des ligatures et des cédilles.

On ne compte cependant pas moins de neuf formes différentes de titulus, mais la plus fréquente affecte l'aspect d'un s couché. Tous sont de longueur très réduite. Les a suscrits sont ouverts et les abréviations fort nombreuses: cent vingt-huit mots sur deux cent quatre-vingt-cinq sont abrégés.

La clarté du tracé l'apparente surtout aux deux chartes de 1111 et 1112 (Adélard). Aussi n'est-il pas étonnant de trouver, caché parmi les mots de la charte de 1107, l'embryon d'une caractéristique propre aux chartes de 1111 et 1112: le tracé du dernier jambage de la plupart des m en 1111 et de la lettre h, pour un exemple, en 1112, affecte l'aspect d'une ligne brisée. En 1107, cette particularité apparaît dans l'n final de non (occurebat) à la cinquième ligne. Sans doute est-ce là que le scribe des chartes de 1111 et 1112 est allé chercher son inspiration.


LA FAMILLE B

Les mains B et Ba

Diplôme de Conrad II de 1034

Charte épiscopale de 1086


Pour Schubert les deux actes ont été écrits par la même main B. C'est avec celle-ci que, selon lui, l'on rencontre pour la première fois l'influence des coutumes calligraphiques qui étaient en usage, au XIe siècle, à Waulsort et à Stavelot, et c'est aussi la première de toutes les mains de Saint-Jacques à donner au g la forme particulière de l'école liégeoise, qui se révèle avec moins de netteté et de relief dans la main C et celles qui sont apparentées à cette dernière.

Cette identité, que M. Niermeyer ratifie, ne nous semble pas fondée. Evidemment les caractéristiques communes sont nombreuses: les S et les Q, le graphisme des que. Mais si le titulus et le g qui reviennent le plus souvent dans la charte de 1086 sont identiques à ceux qui sont aussi les plus fréquents en 1034, les deux actes contiennent chacun plusieurs autres formes de titulus et de g qui sont propres à chacun d'eux. On ne peut tirer grand chose de la comparaison du graphisme de et, étant donné que le diplôme de 1034 ne nous en offre que trois exemples, dont l'un se rapproche — sans s'identifier avec lui — d'un des graphismes de la charte (et beneplacet). La forme la plus fréquente de ligature, dans le diplôme, est aussi la plus simple. La forme la plus fréquente dans la charte ne se rencontre qu'une fois dans le diplôme. Signalons l'analogie du m de suam (1. 5 de 1034) et de ipsum (1. 10 de 1086, 2e partie) et de cunctis et omnibus (1. 8 et 13 de 1034). Le graphisme de us est complètement différent.

C'est l'examen de la physionomie générale des deux documents qui nous porte à rejeter l'identification proposée. Le tracé ferme de l'écriture de 1086, sa distinction, l'accentuation de la différence entre les pleins et les déliés, qui ne laisse pas de rappeler un peu le caractère Didot, est loin de l'allure gauche, du tracé moins sûr et plus petit de l'écriture du diplôme. « Manifestement cette main ne trace qu'avec difficulté une minuscule diplomatique ». La remarque que M. Niermeyer applique à l'écriture des deux documents ne se justifie, à notre avis, que pour celle du diplôme. Mais l'évidente parenté et la contemporanéité que nous reconnaissons volontiers entre les deux écritures nous incitent à attribuer à B la conscriptio de la charte et à Ba celle du diplôme. La réflexion de M. Niermeyer que nous venons de citer trouve en partie son origine dans l'analogie que Schubert avait relevée entre les m et les n du manuscrit de Sigebert de Gembloux et des actes de 1034 et 1086. Le prolongement du dernier jambage ne devenant courant qu'au XIIIe siècle, il attribuait la présence de cette particularité dans les trois écritures citées à l'influence du premier abbé de Saint-Jacques, Olbert, qui était en même temps abbé de Gembloux.

Rien ne s'oppose à voir dans B un scribe qui aurait cumulé la transcription des manuscrits et des diplômes. Les lettres onciales sont nombreuses dans la deuxième partie de la charte de 1086. Il est également remarquable de constater que cette même partie contient des lettres dont la forme est tout à fait différente de celle que l'on rencontre dans la première partie:

1° certains d (Domino, domni, Deo) dont une forme très proche existe dans le diplôme de Lothaire III de 1134 et la charte de 1146;

2° la forme exclusive du g, tout à fait absente de la première partie.


LA FAMILLE C

La main C

Diplôme de Henri IV du 1er juin 1101

Charte d'Otbert de 1112


Schubert attribue, avec raison, à la même main C le diplôme de l'empereur Henri IV du 1er juin 1101 et la charte de l'évêque Otbert de 1112.

L'écriture des deux documents ne laisse pas cependant de revêtir, dans chacun, une physionomie quelque peu différente.

Tracée par un calame mieux taillé, l'écriture du diplôme est plus fine, plus élégante. Elle est surtout plus riche en graphismes variés d'une même lettre ou d'un même mot. Cette recherche peut sans doute s'expliquer par le fait que l'on se trouve en présence d'un diplôme impérial, acte plus solennel qu'une charte épiscopale.

Que l'écriture de 1101 et celle de 1112 offrent d'incontestables ressemblances dans le détail, on s'en aperçoit déjà à l'examen du graphisme de et. Ce signe se répète, légèrement modifié, dans tout le texte des deux chartes: il est constitué d'un L sur la base duquel se greffe un S, incliné vers la droite. Exemples:

1101 — et in hac vita et in futura; praetenderet et pro amore; viro Wilelmo videlicet; ipsius abbatem et fratres; abhatis et ministri... 1112 — in Deu1n et sanctos apostolos; ecclesias et simplex; archidiaconus et custos...


Dans le diplôme, en un cas l'élément en forme de S perd quelque peu cette apparence et s'agrémente d'un noeud en son milieu: liberamus et liberatas. Par contre, dans le tracé du fameux g caractéristique de l'école liégeoise de calligraphie, c'est la charte de 1112 qui, cette fois, nous offre le plus de variété. Alors que le diplôme emploie une seule forme, on n'en compte pas moins de trois dans la charte épiscopale.

La première d'entre elles, qui est la plus fréquente, présente cette différence avec le g du diplôme que l'extrémité de la branche du noeud est dirigée en haut vers la droite alors que dans le diplôme elle est dirigée en bas vers la gauche: 1112 :1. 1 dignum, effugere; 1. 3 rogatu.

Dans le second g de la charte épiscopale, l'extrémité, dirigée vers la gauche, est formée d'un double noeud: 1. 2 sacerdos indignus.

Quant au troisième, il se rapproche plus que les précédents de la forme traditionnelle des g liégeois. Se prolongeant verticalement, il est orné d'une boucle qui lui donne l'aspect de deux 9 superposés.

Exemples :1. 10 se peccare cognoscat; 1. 15 imperatoris augusti, 1. 11 Berengerus.

Si nous examinons ensuite le signe conventionnel qui sert à représenter la finale us, nous remarquons une parfaite identité de forme dans le diplôme et la charte; il affecte la forme d'un 3 que surmonte un S renversé. Cette abréviation est tracée, assez vivement, de bas en haut et de gauche à droite (1112 :1. 2 omnibus, 1. 7 animabus, 1. 10 Fredericus).

Mais si l'on compare l'abréviation des que finaux, on s'aperçoit qu'elle revêt, dans le diplôme, l'aspect d'un 3 dont la queue barre celle du q, tandis qu'elle reproduit fidèlement, dans la charte, un point-virgule, celle-ci barrant également la hampe de la lettre initiale: 1101: 1. 6 ad utrumque locum; 1112: 1. 9 quicumque.

Signalons enfin une dernière différence: chaque fois que le mot ecclesia figure dans la charte de 1112, l'e initial est cédillé, le plus souvent en forme de 9. Cette particularité est absente du diplôme.

Les caractéristiques principales que nous venons de relever se rencontrent toutes dans le diplôme de Henri IV pour Andenne, daté également du 1er juin 1101, et dont M. G. Despy a établi l'identité de mains avec les deux premiers documents.

Comme son frère jumeau, le diplôme pour Andenne présente les mêmes variantes qui distinguent certains de ses tracés de ceux de la charte épiscopale de 1112: le e initial d'ecclesia n'est pas muni de cédille, et l'abréviation du que comporte l'élément en forme de 3.

La main Ca

Charte d'Etienne, chanoine de Saint-Lambert, de 1107


Schubert est bien fondé d'attribuer l'écriture de cette charte à une main Ca qui se rattacherait à la main C des documents de 1101 et de 1112. La charte de 1107 fait incontestablement partie de la même famille calligraphique.

Quand on examine la physionomie générale de l'écriture de la charte du chanoine, on ne peut s'empêcher de la rapprocher du diplôme de 1101 plutôt que de la charte épiscopale de 1112. Toutes deux présentent en effet une ressemblance frappante: le prolongement filiforme vers la gauche et le noeud des jambages des lettres p, q, r.

Parenté incontestable également dans les détails, mais elle s'impose avec moins d'évidence.

La forme des g, beaucoup plus compliquée et moins harmonieuse, échappe à toute description analytique. A: gratia Dei canonicus, progenitis; B: peragere, delegare, legitime, regnante, sigillum, singulis, annis, Beringarius. Elle ne compte pas moins de deux prototypes, doublé chacun d'une variante. Ces quatre formes offrent peu de ressemblance avec celles du diplôme de 1101 et de la charte épiscopale de 1112.

Le signe conventionnel qui remplace et est ici moins développé, en ce sens que le S qui, dans le diplôme de 1101 et la charte épiscopale de 1112, se greffe sur le L, n'apparaît pas ou apparaît très déformé. En effet le graphisme ne se laisse plus décomposer par les deux éléments L et S. Il ressemble maintenant à un alpha au sommet de la panse duquel se greffe une haste ornée d'une boucle ou d'un treillis: et perpetua, et coheredibus, et VII curtiliorum. A trois reprises cependant la branche supérieure de l'alpha se prolonge et se boucle, de sorte que l'ensemble rappelle le graphisme des deux chartes étudiées précédemment: et antecessoribus, et mei scilicet, et ecclesie sancti Jacobi.

Une fois seulement l'abréviation des deux dernières lettres du que final ressemble fortement à celle du diplôme: c'est également un 3, mais qui s'agrémente en plus d'une double boucle (quicumque hoc); les deux autres types que l'on rencontre dans la charte ont aussi comme base le 3, mais rappellent plus faiblement le graphisme du diplôme: sanctique Lamberti, antecessorumque, usque intremendum.

Par contre, le titulus employé par le scribe de la charte du chanoine Etienne ne rappelle en rien celui des actes de 1101 et 1112.

Il comporte cinq types:

1° sancte Marie, sanctique Lamberti;
2° Dei canonicus, Deo dispensante;
3° ecclesie in communem, et ecclesie sancti Jacobi;
4° obitum meum, anniversario meo;
5° dominice millesimo, eiusdem ecclesie, sancta Cruce.

Tous diffèrent de l'abréviation des chartes précédentes.

Cette variété, plus remarquable encore que dans le diplôme, s'affirme également dans le tracé des ligatures, surtout celui des lettres c et t (sanctorum eternam, defuncti dotis, exactione, sancti Jacobi in insula, refectionem soluerentur, actum est, indictione, factum), qui comporte beaucoup plus de fantaisie que celui des lettres s et t (posteris, post obitum, actum est, astrinxit).

La comparaison des signes remplaçant les finales us est impossible car le scribe de la charte ne l'a employé qu'une seule fois, dans le mot eiusdem; c'est la virgule traditionnelle, dont l'école liégeoise n'a pas le monopole. Quant aux cédilles, elles sont assez informes, le type le plus simple se rapprochant de la cédille actuelle, les autres comportant un motif en chiffre 3 plus ou moins apparent. A la différence du diplôme et à la ressemblance de la charte d'Otbert de 1112, tous les e initiaux du mot ecclesia sont cédillés.

Remarquons, en terminant, que les s sont, pour la plupart, également munis d'ergots.

En conclusion, l'aspect filiforme, le caractère varié de l'écriture de la charte du chanoine Etienne de 1107 l'apparente plus étroitement avec le diplôme de 1101 qu'avec la charte épiscopale de 1112, d'un aspect plus robuste. Elle présente naturellement avec cette dernière des ressemblances évidentes, en proportion de l'identité d'écriture qui existe entre les actes impérial de 1101 et épiscopal de 1112. Le classement de Schubert conserve donc ici toute sa valeur.

La main Cb

Chartes de l'abbé Etienne de 1111

Adèlard de 1112 - Charte êpiscopale de 1016


Pour Schubert, ces chartes ont été écrites par la même main Cb, apparentée à la main C. Cette identité et cette filiation ne font aucun doute.

Voici quelques exemples qui nous aideront à souscrire au jugement de Schubert concernant l'identité de mains:

1. La ressemblance parfaite des lettres allongées de la formule invocatoire.

2. La forme particulière du graphisme remplaçant le et. Il est commun aux deux chartes et d'un type différent de celui des chartes de 1101 et 1112. Nous en préciserons plus loin la physionomie.

3. L'identité dans la forme des g et des que.

4. La forme particulière de la lettre x.

5. Certaines particularités dans la forme des lettres m, h et e.

6. L'identité du tracé des ligatures st et ct, et du titulus.

7. La forme des cédilles et leur présence sous tous les e initiaux du mot ecclesia.

L'écriture de la charte de 1112 présente plus de régularité dans la grandeur des lettres que la charte de 1111. Dans cette dernière, le scribe a employé à partir des mots Que omnia plus un calame plus fin, ce qui a rendu son écriture plus petite et plus serrée. Il s'est sans doute aperçu qu'il écrivait de plus en plus grand (in Horpala duo bonuaria allodii). A partir de Hezelo presbiter, il a retaillé son calame, mais il continue à écrire grand.

Quant à la parenté que Schubert relève, sans plus, entre l'écriture de la main C et l'écriture des chartes de l'abbé Etienne de 1111 et d'Adélard, la comparaison suivante en établira le bien-fondé.

La forme du g est identique à celle du diplôme de 1101. Le tracé du crochet remplaçant la finale des mots en us qui, dans le diplôme, affectait la forme d'un 3, présente ici l'aspect d'une courbe brisée. Cette caractéristique particulière aux deux chartes de 1111 et de 1112 se retrouve d'ailleurs dans la forme du signe remplaçant le mot et. Elle est exactement la même que dans le diplôme mais le tracé est également en ligne brisée. Enfin cette caractéristique se remarque dans le tracé des ligatures st et ct: droit ou courbe en 1101 et 1112, il se brise ici en de nombreux segments.

Les que sont différents des chartes précédentes: deux virgules superposées se greffent sur le jambage du q. Dans la charte d'Adélard l'ergot sur le s est aussi prononcé que dans le diplôme, il l'est moins dans la charte de 1111.

Insistons pour terminer sur certains signes particuliers aux deux chartes: 1. 10 fixum permaneat, extendens ad augendum; I. 12 sex solidi, in exemplum. ~

Dans la charte de 1111, une des branches de l'x est fortement allongée. Dans la charte de 1112 cette branche, également allongée, est nouée en son milieu ou se termine par une boucle: ex proprio voto.

A sept reprises, dans la charte de 1112, la lettre e est surmontée d'un signe rappelant, lui aussi, la forme d'un e, mais renversé, la tête en bas: (Oda nomine, tali conditione, aut vendere, possemus ponere, infringere, incurrere, Euerardus). Cette particularité ne se retrouve qu'une fois dans la charte de 1111: Ego autem Stephanus.

Le dernier jambage de la plupart des lettres m en 1111 se présente sous l'aspect d'une ligne brisée. Dans la charte d'Adélard, cette particularité ne s'applique pas à la lettre m, mais à la lettre h, pour un exemple: habens filium.

Toutes ces caractéristiques, nous les retrouvons dans l'écriture de la charte épiscopale de 1016, et c'est avec raison que M. Niermeyer y reconnaît la méme main. Particulièrement significative à cet égard est la frappante ressemblance de l'invocation en caractères allongés des chartes de 1111 et de 1016, ainsi que le graphisme du et, l'allongement d'une branche de la lettre x sous la ligne, la régularité des ligatures tremblées, la courbe brisée de l'us, qui ne laissent aucun doute sur la personnalité du scribe de la charte de Baldéric.

En conclusion, l'écriture des chartes d'Etienne de 1111, d'Adélard de 1112, et de Baldéric de 1016, où les pleins se distinguent nettement des déliés, est plus élégante, plus posée que l'écriture de la main C. Elle est plus régulière en 1111.

Et ce qui constitue, en dernière analyse, le principal intérêt de cette écriture, c'est qu'elle est seule, d'entre toutes les écritures de la main C ou dérivant de celle-ci, à utiliser le véritable tracé stéréotypé du treillis proprement dit, dont l'école liégeoise de calligraphie se plaît à orner les hastes des lettres.


Les mains Cc et Cd

Charte concernant Hanret de 1112

Charte de 1126 de Richer


Nous hésitons fortement à suivre, dans le cas présent, l'opinion de Schubert qui considère les deux chartes écrites par le même scribe. Cependant, nous croyons avec lui que leur écriture se rattache étroitement à l'écriture de la main C.

Voici les divergences qui, à notre avis, excluent une identité de mains:

1. Le scribe de la charte de Hanret n'a pas de préférence spéciale pour un type déterminé de titulus. Il emploie cinq formes différentes: l'une d'elles est identique et l'autre fort semblable à l'abréviation utilisée dans le diplôme de 1101 et la charte d'Otbert de 1112 (main C). Les autres formes ne rappellent que vaguement celles qu'emploie le scribe de la charte de 1126. Ces dernières sont au nombre de cinq, mais quatre d'entre elles dérivent étroitement d'un type qui ressemble à la lettre S fortement penchée vers la droite.

2. Dans la charte de 1112,1'abréviation de us affecte la forme d'un double 3; en 1126 elle devient un point d'interrogation sur le 3.

3. Les que de la charte de Hanret, point-virgule barrant la hampe, sont identiques à ceux de la charte épiscopale d'Otbert, de la même année 1112. Ceux de la charte de 1126 ont conservé le point, mais la virgule s'est identifiée au graphisme remplaçant la syllabe us.

4. Le tracé des cédilles est tout à fait différent. Uniforme et court en 1112, il varie sous quatre types en 1126, tous très longs.

5. Dans la charte de Hanret le scribe emploie d'une manière exclusive un g dont la panse s'orne simplement d'une virgule. Cette forme se retrouve une fois en 1126 (ego peccator). Tous les autres g de cette dernière charte ont la panse ornée d'un treillis.

6. La très grande majorité des a de 1126 sont ouverts. Tous sont fermés dans la charte de 1112.

Ces différences nous semblent assez nombreuses pour rejeter l'identité proposée par Schubert. Quand on passe de l'examen des divergences de détails à une comparaison de la physionomie générale de l'écriture des deux chartes, cette opinion est encore renforcée car l'écriture de 1112 est relativement simple et dépouillée, tandis que celle de 1126 est ornée de plusieurs fioritures.

Ces divergences d'ensemble et de détails ne vont pas naturellement sans d'incontestables ressemblances, notamment dans la forme des et, des ligatures, dans la présence de part et d'autre d'un ergot sur les s, d'une cédille sur le e initial du mot ecclesia, et surtout par une grande régularité dans la hauteur des lettres et leur tracé. Parenté évidemment explicable puisque les deux charte émanent du même scriptorium.


LA FAMILLE D

La main D

Charte abbatiale de 1103 et diplôme de Lothaire III de 1134


Pour Schubert et M. Niermeyer, ces deux actes sont dus à la même main D. Cette identité ne fait aucun doute. Les trois formes de titulus du diplôme sont les mêmes que les trois qu'emploie le plus fréquemment la charte. On rencontre chez l'un comme chez l'autre l'abréviation des deux s affectant l'aspect de deux lignes verticales ondulées et parallèles: 1103: 1. 2 essent. Les graphismes du et sont particulièrement nombreux en 1103. Dans le diplôme, deux d'entre eux sont, visiblement, très proches parents de ceux de 1103. Un de ces derniers ressemble à la lettre alpha grecque munie d'un plumet au sommet de la panse: cette ornementation apparaît au d de in nomine domini de 1134. On compte quatre formes de us en 1103, cinq en 1134: trois sont communes aux deux actes. Le diplôme n'offre pas d'exemple de que; il y en a deux pour la charte: 1. 4 absque contradictione, 1. 9 quoque sigillo. Parfaite identité entre les trois formes de g de l'un et l'autre acte (panse unique, panse unique munie d'une virgule, panse double munie d'une virgule) ainsi qu'entre la forme des cédilles qui affectent l'e initial d'ecclesia.

L'examen des particularités graphiques des deux documents renforce la certitude d'une identité de mains:

l° Les d, à la haste inclinée vers la gauche (1103: 1. 4 ad bonuaria; 1134: duas autem partes ad ecclesiam).

2° Les q majuscules: trois formes en 1103 (1.3 Qui,1.4 Quod, 1. 8 Quam); trois formes en 1134 (l'une d'entre elles, rappelant le chiffre 2, exactement semblable au q de quod si negligat de 1103).

3° Les a dont la haste est exagérément longue.

N. B. Si en 1103 un certain nombre de a sont ouverts, en 1134 seuls le sont les a de la souscription.

4° Les m: 1103: un exemple (dernière 1. actum); 1134: plus fréquent.

N. B. Le diplôme de 1134 emploie également une autre forme caractéristique, beaucoup plus grande que les autres lettres des mots dans lesquels elle figure: iechoram, advocatus autem, tertiam partem.

5° Les pointillés des ligatures, dont les exemples identiques se rencontrent dans les deux actes: 1103: 1. 3 eo pacto, dernière 1. actum.

6° La finale du mot augustus et le mot domini suivi du dessin en forme de fleur en 1134 (point final), dont on peut rapprocher le r allongé de feliciter de 1103 et le graphisme floral du point final de la charte.

7° Graphismes du et: 1103: 1. 2, 3, 4, 5, 7, 8, 10.

8° g: 1103: panse unique :1. 5 legitime; panse avec virgule: 1. 4 generationibus, recognoscat, 1. 5 Ermingarde, 1. 6 ingenuus; double :1. 9 sigillo; double, avec virgule :1. 1 gratia, 1. 2 progeniti, legitime, 1. 7 Stephanus Longus, 1. 9 infringere.


La main Da

Charte épiscopale de 1084 et charte abhatiale de 1140


On aurait mauvaise grâce à contester l'identité de main proposée par Schubert, pour les chartes épiscopale de 1084 et abbatiale de 1140.

Le titulus revêt, en 1140, deux formes différentes: on trouvera des exemples de la première à la 1. 1 committere, 1. 6 episcopi, de la seconde à la 1. 2 sancte, 1. 8 sancti; elles ne sont, au fond, que la reproduction du double et du triple treillis. Dans la charte épiscopale, on trouve le plus souvent la seconde, mais il existe en 1084, quatre formes uniques et tout à fait différentes des deux précédentes: alantur, Christi, gratia, sancti.

Une des trois variantes du graphisme du et, en 1084, est présente en 1140 (1.1). Dans ce dernier acte également, figurent une forme unique, inspirée du treillis, et une forme très simple (1. 5 et iure, 1. 3 inter nos et ipsos).

En 1084 comme en 1140 le graphisme de l'us revêt le plus souvent l'aspect d'une quadruple boucle (1140: 1. 4 frugibus, duobus, 1. 5 ambobus) ou sextuple boucle (1084: Arnulfus, approbantibus, quibus pactis), mais la charte épiscopale compte également quelques exemples où la boucle a été remplacée par une ligne brisée et tracée avec vivacité. Le graphisme du que est identique de part et d'autre. Il en est de même du g à double panse, munie d'une virgule qui prend naissance à l'intérieur de celle-ci.

D'autres caractéristiques prouvent, avec plus de force encore, qu'il s'agit d'un seul et même scribe:


1° La lettre s, sinueuse, qui, terminant un mot, se greffe à la lettre immédiatement précédente et, dans quelques cas, au sommet de cette lettre.

1084: 1. 1 relictis, 1. 2 Leodiensis, 1. 8 urbis, misimus, 1. 10 ipsius, offerens, 1. 13 sperans, 1. 14 abbas, 1. 15 singulis, 1. 16 continentes, 1. 18 nos, 1. 19 amplius;

1140: 1. 2 nepos, subcustodes; 1. 3 ipsos, 1. 5 superstes, solus, 1. 7 Gonhaidis, 1. 8 festis, 1. 9 substitutis, solidis, 1. 1O testes, I. 12 defunctis.


2° L'emploi de l'e oncial.

1084: 1. 6 Ernam, 1. 12 Elbertis, dern. 1. Feliciter;

1140: 1. 1 Elbertus, 1. 5 pacifice,-1. 6 Engonis, 1. 7 Erloldi, 1.8 Eyre, 1. 1 1 Everardus, 1. 13 Feliciter. A noter également dans cette charte l'emploi de l's final oncial :1. 6 patris, 1. 7 Berchardis, 1. 8 solidos, 1. 10 Gerardus.


3° Le trait de départ de l'abréviation de pro.

1084: 1.1 qua propter, 1. 8 propter hoc;
1140: 1.11 proficuam.

4° Les ligatures.

1084: 1. 4 constitutum, 1. 6 est, 1. 12 testimonio, illustrium, avant-dern. 1. investitura, est;
1140: 1. 3 est, 1. 10 constitutionis, 1. 9 constitutum;
1084: avant-dern. 1. in contradictione, dern. 1. indictione;
1140: 1. 4 cunctis, 1. 5 defunctis, 1. 12 defunctis, indictione.

5° Certains A majuscules.

1084: 1.4 Albertum, dern. 1. abbate, actum, etc.,
1140: 1.2 Albertus, 1. 8 ad quod, avant-dern. 1. Anno, dern. 1. Adelberone.

6° Certains E majuscules.

1084: 1.4 Erat;
1140: 1.2 Engo, 1. 8 Egidii.

7° Certains t initiaux.

1084: dern. 1. tunc;
1140: 1.8 tres, avant-dern. 1. tercia.

8° La fantaisie dans certains m.

1084: 1. 3 memorie, 1. 4 Mathilde, 1. 5 marchise, 1. 12 Marie, 1.18 mercatum;
1140: 1. 2 Marie, 1. 13 Actum.

9° L'usage du point-virgule comme signe de ponctuation.

1084: Elbertus de Seran; Porro abbas...;
1140: testes idonei sunt hi; ... Humbertus; hanc constitutionem.

10° La fréquence des mots liés.

1084: 1. 2 admonachos, idvendere, 1. 4 utquicquid, 1. 6 inpago, dominasua, 1. 7 adtraditionem, adidem, 1. 10 inipsius, 1.14 inpace, p(ro)bona, p(er)orationes, 1. 15 Decetero, p(er)se, p(er)ministrum, 1. 16 arusticis, 1. 17 apredicta, 1. 18 siquid, 1. 19 etlibenter;

1140: 1. 1 ininsula, tamfuturorum, 1. 3 ad coemptionem, p(ro)animabus, eopacto, invita, 1. 4 incensu, infrugibus, incunctis, exduobus, 1. 5 idipsum, inanniversariis, 1. 6 hocmodo, inanniversario (trois fois), 1. 7 inanniversario (quatre fois), infesto, 1. 8 Adquod, infesto, decensu, afratribus, 1. 9 sed post, ineorum, de allodio, 1. 10 inbacenges, 1. 12 signis, idest, inadventu, abincarnatione.

11° L'allongement des jambages de certains a ouverts.

1084: 1. 4 ne ulla;
1140: 1. 1 Trinitatis, 1. 2 XXXa.

12° Séparation des lettres de l'appréciation.

1084: Feliciter;
1140: Actum Feliciter.

Signalons, en terminant, la forme bizarre du graphisme du génitif pluriel dans la charte de 1084: 1. 14 scabiniorum, 1. 12 virorum.

Ainsi, l'aspect régulier, discipliné, de l'écriture de Da dissimule en réalité un désir de recherche, d'originalité, de libre fantaisie, allié à un sens très sûr de l'ordre et de l'harmonie.


La main pseudo-Db (= Schubert Db)

Les chartes abbatiales de 1101 et 1146


L'identité de mains établie par Schubert et confirmée par M. Niermeyer frappe moins que dans les quatre actes précédents, mais, sans doute, les différences que l'on constate entre l'écriture de 1101 et celle de 1146 sont-elles imputables, à notre avis, à l'exubérante fantaisie, à la vive imagination du scribe, surtout dans la charte de 1146.

Cette liberté calligraphique rend malaisée la description de ses caractéristiques. Il est facile, cependant, de remarquer que ces deux chartes sont les premières, de toutes celles de Saint-Jacques, à utiliser le triple 9 pour le graphisme de l'us et le graphisme tironien 9 de la syllabe con. En 1101 comme en 1146, et plus fréquemment même en 1146, figure un ornement en forme de liane, avec effet de perspective, autour des hastes de deux lettres voisines: 1101: 1. 1 abbas, Dungleberge, altare, missis, Walterus, etc.; 1146: 1. 1 abbas, esse, 1. 2 abbatis, 1. 3 altare, etc.

En 1146 le trompe-l'oeil, particulièrement poussé dans le mot absque (ulla contradictione), imite les incisions d'un parchemin dans lesquelles s'insère une languette. Digne d'attention également l'allongement senestrogyre de la haste du d chaque fois que celui-ci est précédé d'un l ou d'un a, de manière à former le dessin d'un triangle (1101: Reimbaldi, Reimbaldo, admodum; 1146: 1. 3 Hildegunde, accedens, 1. 4 advocati). Il est intéressant de comparer cette forme du d avec certains d de la seconde partie de la charte de 1084-1086 (1. 29 domini, domino, 1. 32 domino), ainsi qu'avec deux d des chartes de 1103 et 1134 (1103: 1. 4 ad; 1134: ad ecclesiam): la similitude d'inspiration est incontestable.

Avec ces deux dèrniers documents les chartes de 1101 et 1146 ont, en outre, en commun l'allongement démesuré de la haste de certains a:

11O1: anima sua, ad altare, alii multi; Algisus, admodum, accepta, aliquid dignum, a damno, a anno;

1146: gratia, tam futuris, armatus, anima sua, annuente, ad altare accedens, advocati, appositis, alii multi;

1103: abbas (1. 1), filia (1. 2), ad (1. 2), annnatim (1. 3), bonuaria (1- 4), etc.;

1134: allodii (1. 6).

Enfin, le scribe de 1101-1146 aime particulièrement de placer des lettres capitales au milieu des mots ou d'écrire des mots entiers en capitales, espacer les lettres capitales de l'apprécation, prolonger d'un trait tremblé au-dessous de la ligne les q, les p, les r, les s. L'encre qu'il emploie dans la première est très brune, plus sombre en quelques endroits, tandis que celle de 1146 est franchement noire.

Aux deux termes de l'identité 1101-1146 il ne fait aucun doute qu'on doive ajouter un troisième: une charte de l'évêque Henri II, de 1146, pour l'abbaye d'Afflighem (original aux A. G. R.). L'abondance des preuves — ou plutôt l'évidence — est telle qu'il faut bien en limiter le choix:

1° Le chrisme: sous la forme d'un C dans la charte de Saint-Jacques de 1146, affectant l'aspect d'un O dans la charte épiscopale, mais orné de part et d'autre d'un entrelac, tendant à la ligne brisée dans la première, et plus onduleux dans la seconde. Le motif étoilé qui occupe le centre du chrisme d'Afflighem est légèrement différent de celui qui figure dans celui de Saint-Jacques, mais il est exactement semblable au point décoratif qui, dans la charte abbatiale, suit l'apprécation.

2° Les caractères allongés de la formule d'invocation.

3° Le renforcement du trait et le tracé à angle droit de 1'E majuscule d'Ego dans la suscription.

4° L'ornement en forme de liane et l'effet de perspective autour des hastes de deux lettres voisines.
Afflighem: esse (1. 1), Affligensis, allodium, Albertus, villa (1. 2), absque, Arnulfo (1. 3), Arnulfus (1. 4), etc.

5° Le motif du triangle l-d, a-d, d-d: Agolendis (1. 3), tradidit (1. 5), Balduinus (1. 10).

6° L'allongement démesuré de la haste de certains a: divina (1 1), actionis (1. 8), Affliginiensis (1. 13), autem (1. 4).

7° L'inclinaison dextrogyre du tliple graphisme de la syllabe us: supradictus (1. 4), nemoribus (1. 5), Warnerus (1. 12), etc.

8° Les hastes barbelées de certaines lettres: supradictus (1. 4), exfestucavit (1. 7), Warnerus (1. 12).

9° La triple panse et le renforcement de la panse supérieure du g: legitime (1. 3), quadruple dans deux cas: integraliter (1. 3), Agolendis.

10° Le prolongement tremblé des p, q, r: emptionis (1. 2), patre, acquisivi, integraliter (1. 3), accepit (1. 7).

11° Le développement du treillis: eius, dicitur (1. 2), supradictus (1. 4).

Ces trois chartes donnent aux particularités de l'écriture que Schubert et M. Niermeyer attribuent à un scribe Db un relief suffisamment accusé pour qu'on puisse la classer avec certitude.

C'est pourquoi, contrairement à l'opinion de ces deux diplomatistes, nous nous refusons à insérer l'écriture des trois documents dans la famille D. Cependant le tracé droit, rectiligne et franc des hastes et l'allongement du jambage du a forment le trait d'union entre ces deux écritures qu'on est d'ailleurs en droit de considérer comme strictement contemporaines.

Aussi donnons-nous désormais, pour la clarté de l'exposé, la dénomination de pseudo Db à la main qui traça si habilement les chartes de 1101 et 1146 pour Saint-Jacques et de 1146 pour Afflighem

Seraient-ce là les seuls témoins de l'activité de cette attachante personnalité ? On pourrait le croire, si une charte de Henri de Leez, délivrée en 1154 pour l'abbaye de Heylissem, (orig. aux A. G. R.) n'était de nature à nous donner de nouvelles indications, mais à poser en méme temps un nouveau problème.

Car si l'aspect général de l'écriture de ce document ne rappelle pas, à première vue, d'une manière évidente, l'écriture du pseudo-Db, un examen détaillé conduit à relever des ressemblances et des identités tellement frappantes, qu'on est en droit de se demander s'il ne convient pas d'ajouter cette quatrième charte à l'actif du scribe.

Dans cet acte, pas de haste barbelée, de prolongement tremblé des p, q, r, pas de motif triangulaire obtenu par la rencontre des hastes l-d, a-d, d- d.

Par contre on s'arrête à chaque mot devant des formes, des tracés, des ornements que l'écriture du pseudo-Db nous a rendus familiers. Il est presque fastidieux d'en noter l'abondance:

1° Le triple treillis dont le trait de départ s'orne d'un crochet ou d'une cédille.

2° L'ornement en forme de liane et l'effet de perspective autour des hastes de deux lettres voisines.
1154:1. 3 Alnetis, 1. 6 possessione, 1. 7 impressione, 1. 8 Floreffiensis.

3° L'allongement démesuré de la haste de certains a.
1154 :1. 3 alnetis, 1. 8 amalricus, abbas, abbas, avant-dern. 1. actum.

40 L'inclinaison, vers la droite, du graphisme us, formé de deux 9 superposés.
1154 :1. 3 curtilibus, 1. 4 annuentibus, 1. 5 (exfe)stucantibus, 1. 8 Amalricus, Balduinus, 1. 9 advocatus, 1. 1O Teodericus, Heinricus, Henricus, 1. 11 Wedericus.

5° Dans la ligature ct, l'apex naissant du c et se joignant en forme d'accolade à la haste antérieure. Pour la ligature st, la forme de l'accolade.
Saint-Jacques 1146: 1. 2 profecturus, 1. 6 constituerit, contradictione, 1. 1 1 actum;
Afflighem 1146: 1. 4 supradictus, 1. 6 supradicta, 1. 8 actionis, 1. 12 indictione, 1. 13 Actum;
1154: 1. 3 iusta, 1. 4 cunctumque, 1. 6 posterum, 1. 10 Gest, Bunsbech.

6° Le renforcement, moins prononcé mais perceptible, de la panse supérieure du g.
1154: 1. 7 sigilli, 1. 10 argenteal.

7° Le titulus en forme de 8 ouvert à la base, commun aux deux chartes de 1146 et à celle de 1154.

8° L'amalgame de deux b successifs.
Saint-Jacques 1146: 1. 1 abbas, 1. 2 abbatis;
Afflighem 1146: avant-dern. 1. abbate;
1154: 1. 8 abbas, abbas, 1. 9 abbas.

9° L'étirement et l'inclinaison de l's sur la ligne.
Saint-Jacques 1146: 1. 10 Heinricus;
1154: 1. 7 idoneis, 1. 11 quamplures, 1. 13 augusto.

10° L'emploi très fréquent du s oncial.
Saint-Jacques 1146: 1. 1 Elbertus, futuris, presentibus, 1. 2 Hescelonis, Glavns, profecturus, abbatis;
Afflighem 1146 : 1. 1 futuris, presentibus, 1. 2 Affligensis, Albertus, Tines, Agolendis, emptionis, 1. 3 ecclesie, Agolendis, 1. 4 Arnulfus, etc.;
1154: 1. 3 molendinus, alnetis, silvis, sibi, 1. 4 hereditatis, 1. 8 abbas, Floreffiensis, Gerlandus, Rodensis, 1. 10 Thomas, Bonefacius, 1. 11 Arnufus (sic), 1. 12 incarnationis.

11° La brisure et le développement du jambage de certains h.
Saint-Jacques 1146: 1. 10 Heinricus;
Afflighem 1 146: 1. 1 Heinricus;
1154: 1. 10 Heinricus.

12° La division d'un mot en deux parties distinctes, l'une aux lettres serrées, l'autre aux lettres plus espacées.
Saint-Jacques 1146 : 1. s futu-ris, presen-tibus, 1. 2 fili-us, 1. 8 iberoso-limis, 1. 10 Roc-lenges, 1. 11 incarn- ationi;
Afflighem 1146: 1. 1 futu-ris, miserat-ione, 1. 3 frax-inensis, cons-entiente, avant-dern. 1. Aflli-giniensis, dern. 1. felic-iter;
1154: 1. 4 heredi-tatis. Cet exemple isolé montre que le scribe a plus de réqularité dans le tracé et l'espacement des lettres.

13° La cassure des extrémités de certains s.
1154: 1. 4 exfestucantibus, 1. 5 suscepti, 1. 7 subannotatis, etc.

14° Le développement des signes diacritiques.
1154: 1. 4 fllis, 1. 7 communiuimus.

Si, comme nous le pensons, l'impressionnante réunion de ces ressemblances donne suffisamment de garanties à l'hypothèse d'une identité de mains, la charte de 1154 constitue une véritable clé. Avec ses cadettes de 1146, elle permet de mesurer dans quelle proportion un scribe peut modifier ses habitudes calligraphiques dans un espace d'une dizaine d'années, et quelle prudence il convient de manifester avant de rejeter une identité de mains, lorsque l'aspect général des chartes étudiées paraît différent. Dans le cas présent, celui-ci semble être dû simplement au fait qu'en 1146, les lettres étaient plus hautes que larges, alors. qu'elles sont, en 1154, aussi larges que hautes.


La main pseudo-Db' (= Schubert Db')

Charte épiscopale de 1167 et charte de confraternité de 1168

Les deux chartes ont été écrites, comme l'établit Schubert, par le même scribe. Disposant de moins de place dans la seconde, il y a multiplié les abréviations et les lettres suscrites.

La première ligne débute de part et d'autre très près du bord. Le titulus, simple boucle aux branches dirigées vers la gauche, est identique.

Dans la charte épiscopale les trois formes du g se succèdent dans un ordre croissant de complexité: 1° Gregis (1. 2); 2° gregis (1. 2); 3° igitur (1. 4), agris (1. 6), ergo, legitime (1. 9), sigillo (1. 10), Hugberti (1. 12), tandis qu'en 1168 ne figure qu'une forme unique, cédille affectant la panse du g. Treillis, doubles ou triples, cédilles ornant l'e initial d'ecclesia, ergot sur l's de la ligature st, à hauteur de la barre du t, autant d'éléments de comparaison et, surtout, de ressemblance. Celle-ci ressort encore plus nettement des signes diacritiques appuyés et de la courbe cassée de l's, caractéristique principale de ce scribe.

Sans doute est-ce là une des principales raisons qui ont déterminé Schubert à établir un lien de parenté intime entre cette écriture, qu'il attribue à une main Db', et l'écriture du scribe Db.

Exemples: 1146: futuris (1. 1), Hescelonis, filius (1. 2), iherosolimis (1. 8). Son évidence est pourtant loin de s'imposer. Le scribe n'est en réalité qu'un pseuJo-Db' qui n'a d'autre trait commun avec Db que d'être à peu près du même âge.

La même remarque s'applique d'ailleurs aux chartes de 1084-1140 et 1101-1146.

En conclusion, la famille D ne comprend que les deux mains D et Da, qu'unit la similitude des treillis, des boucles des g et de l'aspect général de l'écriture ainsi que la terminaison, en forme de crosse, des t (1140) et des a (1103), et les points étoilés terminant le texte (1084) ou l'une de ses parties constitutives (1103).


LA FAMILLE E

La main E

Diplôme de Henri V de 1125

Charte abbatiale de 1112-1134

Charte épiscopale de 1015


Schubert avait attribué à une main E le diplôme de Henri V de 1125. Il rattachait ce scribe à la famille D et lui donnait comme proche parent le scribe E', dont la seule production qui nous soit connue est une charte non datée de l'abbé de Saint-Jacques Olbert II (1112-1134). Non loin de ces deux personnalités, le diplomatiste allemand plaçait, sans beaucoup préciser, le scribe de la charte épiscopale de 1015 dans l'écriture duquel il croyait reconnaître des traits de ressemblances avec la famille D et particulièrement avec Db.

1° E se distingue par la longueur des hastes et du trait de départ des treillis, le très médiocre développement des queues, et les a ouverts. L'invocation, l'intitulatio, la recognition contiennent un grand nombre de lettres inscrites et suspendues, des mots voisins sont très souvent liés (1. 3 Xristi fideles, qui futuri sunt, qui presentes; 1. 4 elegit sibi, rerum suarum, beatum iacobum, sita est, ininsula, ineira; 1. 5 inultimo suo, perbeneficia; 1. 6 inanniversario, inanniversario; 1. 7 insuo, exquibus, adrefectionem, adunam; 1. 8 ineadem, inipsa, exallodio; 1. 9 ad uinum, etc.), le titulus, peu fréquent, présente le noeud traditionnel, à l'exception d'un seul exemple, l'abréviation cruciforme d'omnes (1. 3); le point virgule du graphisme du que n'offre rien d'inattendu, mais les g se répartissent en quatre types:
1° simple panse :1. 2 regalis;
2° panse double cédillée :1. 2 sigilli, 1. 3 Guda, 1. 4 igitur, 1. 10 rogatu, 1. 11 generalibus, 1. 14 Hugo;
3° jambage cédillé: 1. 4 elegit, 1. 7 singulis;
4° jambage terminé par une boucle: 1. 14 Ego, igitur, gratia, augustus.

La diversité est encore plus remarquable dans les ligatures ct et st qui ne comptent pas moins de sept valiantes du type le plus simple :1. 10 defuncta, 1. 3 tristi, 1. 7 distribuantur, 1. 8 constituit, 1. 9 superest, 1. 12 post, est, 1. 13 testes. On les trouvera notamment aux mots suivants :1. 2 auctoritate, 1. 7 refectionem, 1. 6 noctibus, 1. 2 astipulatione, 1. 4 est, 1. 9 constituit, 1. 14 augustus, et surtout dans les curieux testes de cette dernière ligne.

Le principal intérêt de cette écriture réside d'ailleurs dans le fourmillement des détails bizarres, des formes fantaisistes, des traits capricieux, des signes inattendus, qui se dissimulent dans le tranquille alignement des mots. On en relève quelques-uns, en passant: 1. 3 le q majuscule de Qua propter, la terminaison « éclair » du p de presentes, le a de vidua; 1. 4 le g d'elegit, le m oncial de successorum, le mot iacobus en onciale; 1. 6 l's majuscule de Septem, celui d'anniversario, rappelant la forme similaire de pseudo-Db' et l'a du même mot; 1. 8 l'm oncial de memoriam; 1. 9 l'a majuscule barbelé d'Advocatum et l'abréviation barbelée de fratrem, ornementation chère au pseudo-Db de 1101-1146, la terminaison éclair du q d'utriusque, du p d'ipsa, du p d'interposita, ainsi que de l's d'abbatis à la ligne 10 — où l'on remarque une fois encore le développement exagéré du jambage d'un a (ea). Le graphisme de l'us adopte également la forme de l'éclair (1. 12 eiusdem). Enfin, à la ligne 14 où figure l'ample ligature de testes, une autre ligature, dont la longue ondulation attire le regard.

2° Ea. L'écriture de la charte de 1015 offre certes moins de surprises et d'imprévus. Le scribe Ea — c'est le sigle que M. Niermeyer lui donne — a moins d'imagination et moins de fantaisie que son confrère, et cependant l'examen de la charte confirme le bien-fondé de la parenté dans laquelle Schubert désirait les unir.

Celle-ci peut se fonder sur la ressemblance frappante des trois premiers mots de l'invocation en caractères allongés, le double noeud du g, forme unique en 1015 et identique au type le plus fréquent de 1125, le graphisme du q, la forme des W majuscules, le grand nombre d'a ouverts et la longueur des cédilles, dans les deux documents.

La haste des d de 1015 est fortement inclinée vers la gauche, celle de 1125 reste très droite, mais de part et d'autre se marque un véritable souci de parallélisme des traits, des hastes et des ornements de deux ou plusieurs lettres voisines.

On peut donc affirmer, sans crainte d'erreur, que les scribes en 1015 et 1125 sont deux personnalités contemporaines, qui interprètent dans le même style le morceau qui leur est imposé.

Il suffit, pour confirmer le bien-fondé du rattachement de E' à E, de noter chez le premier la longueur du trait de départ de la boucle des hastes, l'inclinaison et l'étirement de l's final de textus (1. 1) et de servientes (dernière 1.), l'analogie des mots testes dans les deux actes et le développement de l'a de preterea (1. 5) et d'argento (1. 6), ainsi que le tracé simple ou en liane de la boucle des hastes des s, b, d, l, l'allongement du r sous la ligne, la forme du treillis (1112-1134: 1. 2), futuris (1015: 1. 19 conquisierit), et l'identité du graphisme du que (1112-1134: 1. 7 annivereuriumque; 1015: 1. 20 usque).

Mais ce n'est pas seulement avec la charte épiscopale de 1015 que l'écriture de la charte de 1112-1134 présente de frappantes analogies. Sans s'intégrer dans la même famille, elle a en commun avec le diplôme de 1101 (main C), l'aspect filiforme du tracé, la présence d'une boucle à la plupart des hampes très prolongées des p, r, q et, d'autre part, sa parenté avec l'écriture de la charte du provisor Etienne de 1107 s'affirme dans la simplicité et les ressemblances suivantes:

On relève, chez E', trois formes de titulus; la troisième n'y figure qu'une fois, et la seconde est absolument identique à l'abréviation la plus fréquente du scribe de 1107. De même, si le scribe de 1112-1134 emploie trois formes de g, la première et la troisième ne se rencontrent chacune que pour un exemple (1. 3 viginti, 1. 8 infringere). Mais la deuxième forme, que l'on relève à six reprises (singulis annis, viginti duobus, argento, agatur, diligenter, sigillo) est identique à celle qui est uniformément adoptée par le scribe de 1107. Quant au graphisme du et, dont le scribe de 1112-1134 offre deux formes différentes pour trois exemples, la première ressemble fortement au graphisme correspondant de 1107. Même remarque pour les que et les us. Dans la charte de 1112-1134, la seconde des trois formes du que (anniversariumque) présente une grande ressemblance avec la forme unique de 1107. Quant à l'us, il revêt l'aspect, dans la charte d'Olbert II, d'un simple 3, exactement comme la grande majorité des exemples correspondants de la charte de 1107. Comme en 1107, les cédilles sont de médiocre grandeur et affectent également l'e initial d'ecclesia. La rareté de la ligature ct et st dans la charte de 1112-1134 (1. 3 respectu, 1. 7 defuncti, 1. 9 testes) ne permet pas d'en utiliser les exemples avec la même force que les graphismes précédents, mais on peut dire cependant que la forme de la ligature dans le mot testes est identique à celle de post (decessum) et testimonio de la charte de 1107. En outre, la forme de la ligature dans defuncti présente cette caractéristique, déjà signalée dans la charte de 1107, de ne: pas toucher la première lettre de la ligature.

En résumé, près du scribe que Schubert a désigné par la lettre E (1125), vient se placer un scribe que l'on désignera, avec M. Niermeyer, par le sigle Ea (1015) sans vouloir par là établir absolument un rapport d'antériorité en faveur de E. Non loin de ceux-ci existe une troisième personnalité, E' (E' de Schubert) qui par son appartenance à la famille E et ses traits de ressemblance avec Aa, forme entre les groupes A et E le trait d'union et permet de considérer ceux-ci comme contemporains.

Par conséquent, il paraît bien fondé de rejeter la parenté que Schubert avait cru reconnaître entre E et D. On s'étonne même qu'il ait pu rapprocher l'une de l'autre ces écritures qui possèdent si peu de traits communs et dont l'allure générale est tout à fait différente.

Par contre, notre enquête paléographique dans le chartrier de Saint-Jacques est déjà assez avancée pour nous permettre dès maintenant d'affirmer que les familles A, C, E forment un groupe qu'unissent intimement la parenté et l'âge de ses membres. Elles se distinguent nettement des familles B et D, et celles-ci n'ont, à leur tour, entre elles aucun lien caractéristique.


LA FAMILLE F

La main F


Chartes de 1176, 1188-1189, 1189, 1188-1191

Par la rare qualité de la forme et l'importance de sa contribution, l'écriture de la main F s'impose à notre admiration. Sa remarquable régularité rend inutile un contrôle détaillé du jugement de Schubert concernant la paternité des chartes de 1176, 1188-1189, 1189, 1188-1191, que ce dernier lui attribue avec raison.

A cette liste déjà longue, il convient d'ajouter un chirographe, non daté, dont la seule partie subsistante est conservée dans le chartrier de la collégiale Saint-Paul. Les deux dernières lignes de ce document, comprenant la dernière phrase (Ceterum... recepient) paraissent dues à une autre main, dans laquelle on pourrait peut-être reconnaître le scribe C de 1211 si l'insuffisance des points de repère n'interdisait pas une comparaison nettement décisive.

F est un scribe déjà gothique. Pour s'en convaincre, il suffit d'examiner les o, les c, les e et les h, formés par des traits successifs; mais notre moine peut encore tracer d'une seule venue la courbe pure d'un C majuscule: 1188-1191: 1. 6 Comperit.

Le trait fortement tremblé des hastes des b, d, h, 1, contribue le plus à composer la physionomie originale de cette écriture.

A cet élément immédiatement repérable, s'ajoutent les caractéri-stiques suivantes:

1° Le redoublement du jambage transvereal de 1'N majuscule: 1176:1. 10 Nos; 1189-1190 :1. 5 Nos, 1. 10 Ne; 1188-1191: 1. 1 Notum, 1. 12 Nos; 1176-1191 :1. 1 Notum, 1. 11 Nomen.

2° Le renflement du jambage des i dans l'invocation en caractères allongés (1188-1191, 1189-1190).

3° L'accentuation de l'ergot de l's, particulièrement visible en 1176, où cet effet est obtenu par l'écrasement du bec du calame.

4° La ligature st, dont la courbe passe en avant de l's: 1176: 1. 10 iusta, 1. 11 Testes, 1. 15 pistor; 1189-1190: 1. 11 Testes, 1. 12 magister; 1188-1191: 1. 2 est, 1. 6 est, 1. 14 testium, 1. 15 Testes; 1176-1191: 1. 3 inuestito, 1. 4 inuestitura, 1. 5 est, testimonium, 1. 21 studebunt, etc.

5° Le point virgule remplaçant, à plusieurs reprises, la boucle du graphisme de l'us: 1176: 1. 3 predecessoribus, curtibus, 1. 5 presentibus, 1. 10 fratribus; 1189-1190: 1. 3 faventibus; 1188-1191: 1. 1 omnibus, presentibus, 1. 5 mediantibus, prudentibus; 1176-1191: 1. 1 omnibus, presentibus, 1. 13 servientibus.

6° La panse du g tassée contre la tête de la lettre.

7° Le titulus, sous la forme, très gothique, d'un 3.

8° La liane enserrant les hastes des s et des f.

9° La forme embryonnaire de la haste de certains d.

Notons enfin deux timides rappels de certaines particularités de l'école liégeoise: en 1176: 1. 11, l's final de confirmamus s'orne d'un treillis; en 1188-1191: 1. 13 l'us du même mot est représenté par un double 9.


Les mains Fa, Fa' et Fb (Renier de Saint-Jacques)

Chartes épiscopale de 1187 et abbatiales de 1185-1188 et 1195


Si nous sommes d'accord avec Schubert pour distinguer une parenté entre l'écriture de ces deux chartes (1187 et 1195): et celle de la main F, il est certain que, contrairement à l'opinion du diplomatiste allemand qui les juge écrites par une même main F', elles sont l'oeuvre de scribes différents.

En 1187 l'écriture est encore ronde, malgré l'influence déjà perceptible de la gothique, et légèrement senestrogyre. En outre, elle conserve encore des graphismes de chartes antérieures. En 1195 on se trouve en présence d'une écriture anguleuse, se ressentant nettement de la gothique, uniforme et régulière, sans recherche de fioritures.

Le contraste apparaît notamment dans le titulus. Les trois formes différentes que l'on rencontre en 1187 sont d'un tracé sinueux. Deux des quatre formes de 1195 ne sont autres qu'une déformation anguleuse de deux des formes de 1187. Le scribe de 1195 fait subir le même traitement au jambage rond du h majuscule de 1167. Même remarque pour les cédilles: simple virgule dirigée vers la droite en 1187 et affectant les e initiaux d'ecclesia ainsi que la diphtongue ae (!), elles ressemblent en 1195 à un s en forme d'éclair. Quant à la boucle du g, ovale en 1187, elle devient le plus souvent (six exemples) un losange en 1195, bien que la même forme qu'en 1187 s'y rencontre trois fois.

Les ligatures de 1187 sont de trois types: dans le premier, qui est le plus simple, l's se confond avec le corps du t (minister), dans le second les deux lettres sont unies par une ligne brisée (investitura), dans le troisième la ligne brisée, moins longue et plus haute, va de haut en bas (praeest). On ne relève qu'un exemple de ct, dans lequel la partie supérieure du corps du t se termine en s'infléchissant vers la gauche, sans se lier au c. En 1195 la ligature st est identique au premier type. Dans le ct, le t, comme en 1187, n'est pas relié au c, mais la partie supérieure du corps du t retombe à angle aigu vers la gauche. Il n'existe pas, en 1187, de graphisme pour symboliser la syllabe con (conpresbiterorum). En 1195, il est employé chaque fois, sous la forme du chiffre 9 (conventus, confirmatus, contradictionis). Pour représenter le et, 1187 emploie soit une ligne deux fois brisée terminée par une haste bouclée vers la droite, soit le noeud en forme de 8 (et abbate); dans un cas on ne recourt à aucun symbole (et in anniversario fratris). En 1195, le graphisme le plus fréquent a l'aspect d'un alpha surmonté d'une volute; par deux fois on rencontre la même ligne, deux fois brisée, qu'en 1187, mais sans que la haste terminale se boucle (visitasset, fuisset confirmatus); dans un exemple également, on n'a pas employé de graphisme (et iam non esset).

Les fioritures de 1187: treillis ornant la haste de certains d, liane enserrant la haste de certains b, prolongement ver~la gauche de la boucle de deux I ou de deux b qui se suivent (capella, abbatem) sont complètement absents en 1195. De même, si en 1187 certains r minuscules ont la forme du chiffre 2, on n'en trouve pas d'exemple en 1195, mais les deux actes emploient quelquefois le même R oncial.

Dans la charte épiscopale, les d des quod ont la haste fortement inclinée vers la gauche et barrée d'un trait oblique en forme de T. Dans la charte abbatiale, les d ont également la haste inclinée, mais sans trait oblique. On en compte trois types: 1° panse surmontée d'une ligne oblique; 2° 6 orienté vers la gauche; 3° même forme, mais la haste plus longue et plus droite.

Malgré ces différences l'identité frappante de certaines lettres nous permet de considérer les deux écritures comme étroitement parentes (cf. notamment les m, les que, les us).

C'est pourquoi il serait plus juste de les désigner par les sigles Fa et Fb qui indiquent à la fois la parenté qui les unit l'une à l'autre et les relie toutes deux à la main F.

Le problème est plus subtil lorsque l'on confronte la charte épiscopale de 1187 avec la charte non datée de l'abbé Herman (1185-1188). L'aspect général des deux écritures entraînerait la conviction d'une identité, que viennent renforcer la présence des s aux hastes dont les extrémités se courbent dans des directions opposées, l'allongement du i sous la ligne, les r onciaux, et l'inclinaison légèrement senestrogyre du tracé.

On ne retrouve cependant pas la cédille affectant l'e initial d'ecclesia, ni le second et le troisième types de ligature st. Bien plus, on relève systématiquement une forme de g, au jambage étendu sous la ligne (1. 2 Ego, gratia, 1. 13 Remigii) et de S majuscule, en serpentin (1. 6 Stephanus, Sciboldus, 1. 13 Sciendum, 1. 14 Si) complètement absente de la charte de 1187.

Dans le doute nous attribuerons le sigle Fa' au scribe de la charte de 1185-1188, pour marquer ses affinités étroites avec Fa.

Des éléments supplémentaires concourent, d'autre part, à percer l'identité de Fb et à donner à l'individualité qui se cache sous ce sigle son véritable nom. On est d'autant plus heureux de dévoiler cet anonymat qu'il s'agit d'une personnalité particulièrement représentative.

Le manuscrit des Annales Sancti Jacobi de Renier de Saint-Jacques conservé à la Bibliothèque de l'Université de Liège, est autographe. C'est une constatation que les historiens qui se sont occupés du chroniqueur ou de l'édition de son oeuvre, ont négligé de mettre en valeur. Sans entrer dans un examen approfondi des passages du manuscrit où il serait peut-être loisible de prétendre discerner le concours d'un ou de plusieurs autres scribes, on s'assure une totale garantie en choisissant, pour étudier l'écriture de Renier, les premières pages de son oeuvre dans l'une desquelles il se présente à nous comme scriptor et dictator praesentium.

Dès le premier coup d'oeil, l'aspect général de l'écriture de ce manuscrit révèle d'intimes rapports avec celle de la charte de 1195. Plus haute et moins trapue l'écriture de document diplomatique, sévèrement resserrée, trahit les mêmes préoccupations et la même habileté que celles du scribe des Annales, auquel l'espace strictement mesuré dicte une économie qui, tout en éliminant considérablement les blancs, n'altère à aucun moment la parfaite lisibilité.

Enumérons d'abord les différences: r allongés dans la charte, dernier jambage de l'm replié sous le mot dans le manuscrit, s oncial final prolongé sous la ligne qu'ignore la charte, panse du g cédillée qu'elle est seule à employer. Leur importance, très faible déjà d'une manière absolue, s'atténue encore par le fait qu'il ne s'agit pas de deux documents de même nature, mais d'une charte et d'un manuscrit qui suivent chacun une tradition calligraphique nettement distincte.

En tout cas, il y a identité complète pour le graphisme de l'us. une des formes du graphisme de la conjonction et et du titulus; de part et d'autre le d revêt une triple forme (droit, incliné, embryonnaire). Ces ressemblances, qui seraient susceptibles de ne traduire qu'une contemporanéité des écritures, déviennent tout à fait convaincantes, pour l'hypothèse d'une identité de mains, lorsqu'on peut joindre à leur témoignage des particularités calligraphiques qui révèlent la personnalité de leur auteur avec la même évidence qu'une signature:

1° Les cédilles.

Annales: 1196, fol. 14 v°: 1. 3 Apulie, Sicilie, 1. 7 parue, 1. 10 insule, 1. 12 spelte, 1. 15 Hyspanie, 1. 19 Francie, Anglie.

Charte :1. 1 sancte, individue, 1. 2 elemosine, 1. 6 celo, 1. 11 sue.

2° Le graphisme, en point virgule, du et au sein d'un mot.

Annales: 1196, fol. 14 v°: 1. 11 set (per gratiam); 1197, fol. 15 v° :1. 17 (iuuenem) set (industrium).

Charte: 1. 4 esset, 1. 6 fuisset.

N. B. Renier emploie parfois, comme la main F, le point virgule pour exprimer l'us final (1197, fol. 15 v°: 1. 21 diebus).

3° La ligature ct (cf. également main F).

Annales: 1196, fol. 14 v°: 1. 5 victus; 1197, fol. 15 v°: 1. 6 expectantes, 1. 16 ictu.

Charte :1. 3 retroactis, 1. 7 ductus, dernière 1. Indictione.

4° La haste embryonnaire de certains d (cf. main F).

Annales: 1196, fol. 14 v°: 1. 3 quod, 1. 14 ad (ecclesiam), 1. 17 ad (finem), dernière 1. ad (festum); 1197, fol. 15 v°: 1. 7 ad (augustum), 1. 15 dedit.

Charte :1. 2 Holdege, 1. 4 de, 1. 8 quicquid, ad, 1. 10 ad, 1. 11 de.

5° La barre de certains t (très longue de part et d'autre de la haste, laissant la tête de celle-ci dépasser), formant une croix.

Annales: 1196, fol. 14 v°: 1. 3 fiat, 1. 4 Albertus, 1. 9 transitum, 1. 20 tempore, mortuorum; 1197, fol. 15 v°: 1. 7 centum, 1. 11 dissentionis, precesserant, 1. 12 habuit, 1. 13 tanto, 1. 15 dedit,etc.

Charte :1. 1 totusque, 1. 3 oportunitate, 1. 4 multis, 1. 5 molestavit, hereditate, autem, 1. 6 Albertus, 1. 9 deposuit, 1. 20 reportavit, 1. 14 Robertus.

En outre, on comparera utilement le tracé d'un même mot dans le manuscrit et dans la charte. Lorsqu'une correction est nécessaire, le scribe du manuscrit, comme celui de la charte, préfère surcharger la forme fautive (Charte: bonuaria [sur un i]; Annales: 1197, fol. 15 v°: laudes [sur un o]). Mais les comparaisons textuelles n'apportent aucun élément décisif, bien que les Annales et la charte se signalent tous deux par l'élégante simplicité du style. Renier emploie à deux reprises l'expression visa oportunitate (1203: M. G. H., p. 657, Bethmann-Alexandre, pp.68-69 ; 1218 : M. G. H., p. 677, Bethmann-Alexandre, p. 134) qu'on trouve une fois dans la charte.

Le prieur de Saint-Jacques choisit, en 1195 et 1204, la tournure non est qui (M. G. H., p. 652, Bethmann-Alexandre, p. 52 et 70) d'un emploi très suggestif dans la narration de la charte.


La main G

Charte de Henri, duc de Limbourg, du 22 mars 1211


Cette charte a déjà retenu l'attention de Nélis, qui notait à son propos

1° Albertus: 1195: 1. 6;
1195 ms. fol. 14 v°: 1. 4, 1. 13;
2° Gozuinus: 1195:1. 1;
1197: fol. 15 v°: 1. 12;
3° Heinricus: 1195: 1. 13;
1196: fol. 14 v°: 1. 13;
1197: fol. 15 v°: 1. 27;
4° elemosine:
elemosinam: 1195: 1. 2 ;
1197: fol. 15 v°: 1. 6;
5° centum: 1195 :1. 3;
1197: fol. 15 v°: 1. 7;
6° amplius: 1195:1. 3;
1197: fol. 15 v°: 1. 12;
7° alii multi: 1195: avant demière 1.;
1195 ms. fol. 14 v°: 1. 13;
8° magister: 1195: 1. 13 (deux fois);
1195 ms. fol. 14 v°: 1. 13 magister Adam.

« Pièce où l'imitation des bulles est nettement visible; liaison des lettres aux mots: nostris (1. 4) et posteritas (1. ?). »

Ce jugement doit-il être ratifié sans réserve ?

C'est sous le règne d'Honorius II (1124-1130) que l'usage courant d'une nouvelle forme de minuscule dans l'écriture des bulles papales supplanta définitivement l'ancienne curiale pontificale. S'inspirant de la minuscule diplomatique des préceptes impériaux, pette minuscule «romaine» offre néanmoins certaines particularités qui lui sont propres. Son tracé révèle un indéniable souci de clarté: forme harmonieuse des lettres, espacement des mots, allongement des hastes, ornementation des hastes des lettres s et f, développement des ligatures ct et st, initiales au début des phrases, telles sont les caractéristiques de la physionomie générale des bulles que leur beauté désignait tout naturellement à l'imitation des scribes de nos régions, du dernier quart du XIIe siècle jusqu'aux environs de 1250.

Quand on examine le détail de la forme des lettres, on est frappé d'abord par le tracé des ligatures ct et st qui affecte l'aspect d'une barre tantôt droite, tantôt ondulée, ou relevée, en son milieu, sous forme de crochet. Cette barre finit par atteindre souvent un développement exagéré. Les m et les n ne sont pas moins dignes d'attention: le dernier jambage est muni d'un trait inférieur qui se prolonge vers la gauche. Enfin, la panse de la lettre s est désormais inclinée sur la ligne, et le g est muni, comme le m et le n, d'un trait inférieur allongé vers la gauche.

Si l'on peut affirmer que, dans des cas déterminés, l'influence de la minuscule papale s'est faite sentir d'une manière directe sur l'écriture de chartes de nos régions, il est bien d'autres documents où cette influence ne s'insinue que parce que leur écriture s'inspire d'un type d'écriture imitant la minuscule romaine. Nélis insiste, à bon droit, sur cette distinction entre « influence directe » et « influence indirecte »: l'essentiel est de marquer ce qui vraiment a été imité et d'éviter des rapprochements d'écriture arbitraires ».

Dans l'opinion de Nélis relative à la charte de 1211, l'imitation devrait avoir, au mieux, pour origine une bulle papale reçue à l'abbaye de Saint-Jacques. Le chartrier du monastère, dans son état actuel, n'en contient malheureusement plus aucune en expédition originale. Mais on sait avec certitude que Saint-Jacques a reçu au moins deux bulles depuis la première moitié jusqu'à la fin du XIIe siècle. Grâce aux Annales de Renier, on connaît en outre l'existence et les motifs de l'expédition d'une troisième bulle, dans les premières années du XIIIe siècle, et comme i] serait naturel que le scribe de 1211 ait imité l'écriture du document pontifical le plus récent, il convient de fixer avec précision la nature de l'acte et la certitude de sa conservation dans le chartrier.

Au début du XIIIe siècle, l'abbaye de Saint-Jacques était la victime des dilapidations d'un abbé. Ceux des moines qui conservaient encore intact leur idéal spirituel firent citer leur supérieur devant les enquêteurs-délégués du pape, résidant à Cologne. Mais l'abbé Henri de Jupille fit la sourde oreille et s'abstint de paraître devant eux pour se justifier. Devant la mauvaise volonté de l'abbé, les moines demandèrent à Renier d'aller à Rome pour informer le pape de son obstination. C'est en 1208 que le chroniqueur entreprit le voyage. Il reçut du pape un mandement destiné aux visiteurs de Cologne, leur enjoignant d'entreprendre une enquête. Renier recopie un passage du document au cours de sa narration. En même temps il reçut d'Innocent III d'autres documents (alia paria literarum), mais le chroniqueur ne dit rien de leur nature.

Sur le chemin du retour, Renier s'arrêta à Cologne et présenta le mandement du pape aux enquêteurs. A ce moment, il ne leur demanda pas de choisir la date de leur visite. Certainement voulait-il d'abord se rendre compte de l'état des esprits à l'abbaye et des dispositions de l'abbé.

Il trouva la situation inchangée. C'est pourquoi, le 6 janvier 1209, il revint à Cologne présenter aux enquêteurs « le mandement qu'il avait reçu du pape » et leur demander de fixer le jour de leur enquête. Les termes employés par Renier et le fait qu'il présente le document aux visiteurs paraissent indiquer l'existence d'un seul exemplaire du mandement, que le prieur avait rapporté et conservé à Saint-Jacques, depuis son voyage de Rome. En tout cas, il a dû le soumettre à l'évêque de Liège puisque l'abbaye était non-exempte et que l'Evêque venait, peu d'années auparavant, d'intervenir dans l'administration du monastère.

A l'ouverture de l'enquête, les délégués pontificaux donnèrent lecture du mandement dans la salle capitulaire: peut-être l'avaient-ils apportés avec eux, peut-être Renier l'avait-il conservé depuis son second voyage. Ces considérations, et le fait qu'il n'a jamais existé au moyen âge de chartrier commun où les enquêteurs pontificaux eussent pu déposer les documents qu'ils recevaient au cours de leurs missions, plaident nettement en faveur de la conservation du mandement dans le chartrier de l'abbaye.

Dès lors on serait tenté de considérer ce mandement comme le modèle de la charte de 1211. Malgré la séduction que présenterait cette hypothèse, elle rencontre une difficulté majeure, qui provient de la nature même de l'acte.

En effet, ce dernier est un simple mandement administratif et rentre dans la catégorie des litterae commissionis ou monitoriae, ainsi désignées par opposition aux lettres à effet durable, ayant le plus souvent pour objet des confirmations de droits ou de biens. C'est Léopold Delisle qui, le premier, attira l'attention sur le fait que le scellement sur cordons de soie jaune et rouge était réservé aux lettres à effet durable, et le scellement sur cordelettes de chanvre aux simples mandements. La distinction entre ces deux catégories ne se limitait pas aux particularités du mode d'attache; elle s'étendit, dès le XIIe siècle, à l'écriture des actes. Ainsi la minuscule romaine et toute l'ornementation qui la caractérise était, de préférence, employée dans les lettres scellées sur fils de soie, tandis que l'écriture des lettres scellées sur cordelettes de chanvre restait sobre et dépouillée de toutes les fantaisies de la minuscule pontificale. Delisle remarquait déjà que cette distinction tend à devenir une règle uniforme sous le pontificat d'Innocent III. Récemment, M. R. von Heckel a pu affirmer que c'est précisément à partir de ce pape que les règlements de chancellerie deviennent tout à fait stricts. Le mandement d'Innocent III de 1208 concernant la réforme de Saint-Jacques, scellé certainement sur cordelettes de chanvre, n'aurait donc pu inspirer au scribe de la charte de 1211 des particularités graphiques propres aux lettres scellées sur fils de soie.

A défaut d'une influence du mandement d'Innocent III, faut-il envisager celle des privilèges d'Innocent II de 1137 ou de Lucius III de 1184 ? Nous ne le pensons pas non plus, bien que tous deux soient des actes solennels.

Nélis, on s'en souvient, fondait l'influence de la minuscule romaine, dans la charte de 1211, sur la ligature st qu'il rencontrait, deux fois selon lui, sous la forme d'une ligne ondulée. Or, il suffit de comparer l'écriture des privilèges pontificaux, de 1125 à 1225, pour s'apercevoir que la forme de loin dominante, et seule vraiment caractéristique de la minuscule romaine, revêt l'aspect d'une ligne droite ou relevée en son milieu, sous forme de crochet. De plus, il est étonnant que Nélis n'ait pas signalé que la forme, bien moins frappante, de la ligature st en 1211 ne se rencontre pas deux fois mais huit fois dans la charte. En outre, il aurait dû noter que le scribe a employé à peu près exclusivement le titulus en 8 ouvert qui constitue, selon lui, une caractéristique remarquable des bulles papales.

A notre avis, le scribe de 1211 est certes influencé, mais par des chartes antérieures de l'abbaye. On retrouve, en effet, la même forme de ligature dans la charte de l'abbé Etienne de 1111 (main Cb) et le diplôme de Lothaire III de 1134. Quant à la ligature ct en pointillé, caractéristique de la charte de 1211, elles sont empruntées à la charte abbatiale de 1103 et du diplôme de 1134, écrits, on le sait, par une même main D à laquelle le scribe de 1211 emprunte également le titulus.

La charte de 1211 a été rédigée l'année même où la communauté, dispersée depuis 1209, réintègre l'abbaye. Le scriptorium avait été abandonné pendant deux ans: il est naturel que le scribe cherche des modèles dans le chartrier de l'abbaye. Ce document de 1211 est d'ailleurs le seul de Saint-Jacques qui, à cette époque, contienne de pareilles réminiscences: chant du cygne des coutumes calligraphiques qui ont assuré à l'atelier de l'abbaye une place prépondérante dans le développement de l'art calligraphique au pays de Liège.


2. LES SCRIBES ETRANGERS AU SCRIPTORIUM
DE SAINT-JACQUES

Arnold C

Diplôme impérial de 1141


Le diplôme de Conrad III de 1141 est l'oeuvre du scribe dénommé Arnold C, par Graber, et dont Hirsch a retrouvé la main dans cinq chartes d'Embricho, évêque de Wurzbourg, des années 1136-1137, ainsi que dans trois diplômes (Lothaire III 1136 pour Bamberg, D. Lothaire III n° 91; Conrad III 1138 pour l'abbaye de Komburg, St. 3381; Frédéric I 1157 pour l'évêché de Passau, St. 3773).

Grâce à la reproduction, photographique d'une des chartes d'Embricho, nous avons pu constater l'exactitude de l'identification proposée par Hirsch que M. Niermeyer avait d'ailleurs ratifiée après examen de la même charte épiscopale.

Le tracé de la minuscule caroline d'Arnold C est élégant, souple et d'une lisibilité remarquable. Sans présenter des caractéristiques aussi accusées que les écritures contemporaines de Saint-Jacques, il semble que le scribe impérial soit influencé par l'école liégeoise, notamment: 1° dans la forme du g bouclé qui rappelle celle de la main A et B, dans la seconde partie de la charte de 1086 où son emploi est exclusif; 2° dans la liane ornant la haste des s.

Les hastes et les queues des d, l, h, s sont très allongées, ainsi que celles des t dans la ligature st où les deux lettres forment un jambage continu. Dans la combinaison ct les deux lettres ne sont pas liées et le t reste très court. Les r se prolongent au-dessous de la ligne et s'infléchissent vers la gauche. On note l'emploi fréquent d'onciales et de majuscules dans les noms propres.

Le scribe a proportionné l'ornementation de son écriture suivant la hiérarchie des auteurs des deux documents. Dans la charte le titulus n'est la plupart du temps qu'un simple trait horizontal, tandis qu'il affecte, dans le diplôme, l'aspect d'un noeud. Le graphisme de la conjonction et est court et trapu dans l'acte épiscopal; dans le précepte de Conrad III il est muni d'une haste, bouclée en sa partie supérieure, qui, à plusieurs reprises ne se lie au motif principal que par un trait très ténu (1. 2 et iusticiam; 1. 4 et auctoritate, et sigilli; 1. 5 et iustum; 1. 6 et incultis, et in omnibus, et reditibus; 1. 9 et in manu, et ipsum, et multorum; 1. 10 et rapacitatem, et sancire).

Cependant, à aucun moment, le scribe n'abandonne ce tracé clair et sans affectation qui caractérise l'écriture de la charte.


La main X

Charte épiscopale de 1151


Dans l'écriture de la charte épiscopale de 1151 l'influence de la gothique se manifeste avec netteté. Les courbes se brisent, les majuscules, les queues et les hastes sont de moyenne grandeur et sans disproportion par rapport aux autres lettres et aux minuscules. Le tracé, très régulier, s'interdit toute fantaisie et rappelle l'écriture des livres.

Cette écriture n'emprunte donc rien aux coutumes calligraphiques liégeoises et son aspect la distingue fortement de toutes les autres écritures de Saint-Jacques. On relève un grand nombre d'abréviations: 1. 8 regulares, Magd(alene), et l'archaïsme de la cédille affectant l'e initial d'ecclesia.

On comprend donc fort bien que Schubert ne l'ait pas considéré comme un produit du scriptorium de Saint-Jacques et que, ne trouvant pas d'autre main similaire dans les chartes liégeoises, il se soit résigné à qualifier celle-ci de « main inconnue ».

Pour notre part, nous serions disposés à y voir la main d'un scribe de la cour épiscopale. La nature du document justifierait cette hypothèse: il s'agit d'un règlement (constitutio) épiscopal, édicté après consultation du chapitre cathédral, des clergés séculier et régulier; ce n'est donc pas une affaire privée entre l'évêque et l'abbé de Saint-Jacques. Ni celui-ci, ni aucun moine n'y est d'ailleurs cité.

Malheureusement l'état de la documentation ne s'est guère enrichi depuis l'époque où Schubert écrivait son étude et les recherches auxquelles nous nous sommes livrées dans les chartriers des établissements ecclésiastiques liégeois ne nous a pas révélé d'autre vestige de cette main.

En dehors de la principauté on rencontre des écritures qui peuvent évoquer avec plus ou moins de ressemblance la physionomie de l'écriture de 1151. Notamment une charte de 1120, écrite pour Saint-Bertin par Hugues, chancelier de l'évêque de Tournai et, surtout une copie du XIIe siècle d'une charte d'asservissement de 1071 émanant de Lambert, châtelain de Gand, pour l'abbaye de Saint-Pierre.


RESULTATS DE L'EXAMEN PALEOGRAPHIQUE

Si l'enquête à laquelle on vient de se livrer n'autorise pas encore une reconstitution de l'évolution du scriptorium de l'abbaye, elle réussit du moins à opérer une sélection parmi les chartes étudiées.

Peuvent être dès maintenant considérées comme fausses les chartes suivantes:

1016 : écrite au moins vers les années 1101-1112;

1034: dont l'écriture est contemporaine de celle de la charte de 1086;

1084: dont la confection a eu lieu vers 1140;

1101: écrite au moins vers 1146.

L'authenticité de la charte de 1015, dont l'écriture trahit les caractéristiques de l'écriture des années 1112-1134 doit inspirer une forte suspicion. Il en va de même des chartes de 1067, écrite par une main du début du XIIe siècle, et de 1103, écrite par un scribe dont nous retrouvons une oeuvre datée de 1134.

Sur un plan plus général, cet examen paléographique a servi à contrôler les résultats de Schubert et de M. Niermeyer. De toute évidence, l'enquête menée par le premier a été minutieuse, conduite avec méthode, et le classement qu'il propose reste valable dans son ensemble. N'étudiant que la première moitié des chartes qui avaient fait l'objet du travail de Schubert, et disposant de nouveaux points de repère et de comparaison, M. Niermeyer a pu apporter quelques correctifs nécessaires à des identités que le diplomatiste allemand avait aperçues là où il ne s'agissait que de parentés. Exception faite des éléments nouveaux que nous avons introduits, il suffit de jeter un coup d'oeil sur les trois tableaux qui résument les classements successifs des chartes de Saint-Jacques pour constater que le fond varie peu.

Est-ce à dire que le problème est résolu ?

Certes non, et il semble utile d'expliquer pourquoi.

On sait que la répartition, par famille, des différentes mains d'un scriptorium a été mise particulièrement en honneur par l'école allemande de diplomatique. Cette méthode a une valeur pratique incontestable et nous en avons gardé la terminologie, mais on ne peut affirmer qu'elle réussisse toujours à traduire d'une manière adéquate ou à reconstituer avec exactitude la réalité. A ce cadre, quelquefois trop rigide, il faudrait, à notre avis, substituer un classement plus souple et distinguer plutôt qu'identifier. C'est, en définitive, le résultat auquel nous sommes parvenu puisque notre classement a multiplié le nombre des scribes. A mesure qu'on avance dans l'étude des écritures des XIe et XIIe siècles, on retire de plus en plus nettement l'impression de rencontrer des individualités distinctes avant d'avoir affaire à de véritables familles. Dans la constante que représente le moule aux formes si marquées de la calligraphie occidentale aux XIe et XIIe siècles, chaque scribe parvient toujours à introduire la variante, à glisser sa fantaisie, son humeur, les nuances de ses états d'âme, les frémissements de sa sensibilité, les ressources de son talent créateur, à risquer même quelquefois le jeu gratuit du masque et de la contradiction. « La main est action, elle prend, elle crée et parfois on dirait qu'elle pense. La main n'est pas la serve docile de l'esprit, elle cherche, elle s'ingénie pour lui, elle chemine à travers toute sorte d'aventures, elle tente sa chance... cette main, si fièrement adroite, reste l'amie de la vie, l'évocatrice du mouvement et, dans les rites de la perfection, elle garde le sens et la pratique de la liberté » H. Focillon, Eloge de la main.


TABLEAU COMPARATIF
DU CLASSEMENT PALEOGRAPHIQUE DES CHARTES
DE SAINT-JACQUES

Schubert

A:
B:
C:

Ca:

Cb:
Cc:
D:
1067.
1034; 1086.
1101 (Henri IV);
1112 (Otbert, Saint-Léonard).
1107 (Etienne, chanoine de Saint-Lambert).
1111; 1112 (Adélard).
1112 (Lobbes); 1126.
1103; 1134.
Da:
Db:
Db':
E:
E':
F :
F':
1084; 1140.
1101; 1146.
1167; 1168; peut-être 1015.
1125
1112-1134.
1176 ; 1188-1189 ; 1188-1191.
1187: 1195.
Arnold C: 1141.
Inconnu : 1151.

Niermeyer


A :

Aa:
B :
C :


Ca:
Cb:
1067;
1103 (Henri IV, Bamberg).
1107; c. 1107.
1034; 1086.
1101 (Henri IV);
1107 (Otbert, pour Andenne);
1112 (Otbert, Saint-Léonard).
1107 (Etienne, chanoine de Saint-Lambert).
1016; 1111; 1112 (Adélard).
Cc:

D :
Da:
Db:
E:
Ea:
E':
1112 (Lobbes); 1126; 1125
(Albéron pour Wilendis Neufmoustier).
1103; 1134.
1084; 1140.
1101; 1146.
1125.
1015.
1112-1134.

Stiennon

A :
Aa:
B:
Ba:
C :


Ca:
Cb:
Cc:
Cd:

D:
Da:
1067; 1103 (Henri IV, Bamberg).
1107; C. 1107.
1086.
1034.
1101 (Henri IV);
1101 (Henri IV, Andenne);
1112 (Otbert, Saint-Léonard).
1107 (Etienne, chanoine de Saint-Lambert).
1016; 1111; 1112 (Adélard).
1112 (Lobbes).
1125 (Albéron pour Wilendis,
Neufmoustier); 1126.
1103; 1134.
1084; 1140.



E:
Ea:
E':
F :

Fa:
Fa':
Fb:
G:

X:
Pseudo-Db : 1101; 1146; 1146 (Afflighem); 1154 (Heylissem).
Pseudo-Db': 1167; 1168.
1125.
1015.
1112-1134.
1176; 1188-1189, 1189; 1188-1191; 1176-1191.
1187.
1185-1188.
(Renier de Saint-Jnoques); 1195.
1211.
Arnold C: 1141.
1151.

ETUDE
SUR LE CHARTRIER ET LE DOMAINE
DE L'ABBAYE
DE SAINT-JACQUES DE LIEGE
( 1015 - 1209 )

Jacques STIENNON

Société d'édition
LES BELLES LETTRES
PARIS - 1951

500 Pages

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