CARTOGRAPHIE

1740 NAUDIN - Les frontières du Nord


Naudin, 1/ 43.200, entre 1701-1741
Extrait de la carte des Frontières du Nord, feuille 13,
Saint-Mandé, Institut géographique national, chemise 291.

L'ensemble, composé d'une soixantaine de feuilles de grand format, couvre toute la frontière du nord et du nord-est de la France, de la mer à l'extrémité sud du duché de Lorraine. Deux pointes orientales s'enfoncent profondément en pays étranger.

L'élaboration secrète frôlant l'espionnage, de cette seconde carte attribuée à la famille Naudin, s'étend sur une quarantaine d'année.

Tâche délicate s'il en était car elle « demande un homme hardi, ingénieux, d'esprit présent, et qui ait avec cela de la prudence pour cacher sa marche; car autrement, s'il vient à être découvert et qu'on le trouve muni d'instrument, il se rencontre telles conjonctures où il courrait grand risque (comme dit le Chevalier de Ville ) de baisser une perpendiculaire au bout de la ligne; ce qui veut dire en langage moins géométrique, être pendu ».

o      1701-1706
Naudin le cadet avait levé de grandes parties des Pays-Bas du Sud durant la guerre de Succession d'Espagne. Ces cartes, plus détaillées que celles présentées au duc de Noailles, dressées à des échelles moyennes (du 1/21.600 au 1/43.200), s'attachent surtout à la partie septentrionale de la Belgique.

o      1710-1711
Naudin l'aîné, attaché à Maximilien Emmanuel de Bavière réapparaît aux environs de Mons et de Namur dont il signe des cartes. La correspondance du Ministère de la Guerre transmet aussi un écho curieux: un Naudin travaillant en Flandre passa un moment pour suspect aux yeux des autorités françaises, en Juin 1711. L'accusation ne semble pas avoir été retenue.

o      1719-1723
Quelques années plus tard, alors que la France envisageait à nouveau d'envahir les Pays-Bas, Claude Le Blanc envoya Naudin le cadet en « Flandre autrichienne pour finir de lever les parties qu'il avait commencées en 1701 jusqu'en 1706, qu'il n'avait pu terminer à cause de la bataille de Ramillies, ce qu'il a achevé secrètement en 1723 ».

Notre pays étant passé sous la souveraineté des Habsbourg d'Autriche, l'ingénieur dut donc travailler en pays étranger, apparemment sans autorisation officielle, en quelque sorte en espion, ce qui comportait parfois quelque risque. Montecuccoli n'écrivait-il pas « quand on surprend un espion, on le pend » ?

o      1728-1741
Le Blanc s'avisa qu'il ne disposait pas de bonne carte du duché de Lorraine, que le Roi convoitait. Il obtint du duc Léopold, peu avant sa mort, l'autorisation de lever son duché. La famille Naudin fut immédiatement envoyée en Lorraine.
Elle leva ensuite le cours de la Meuse, le duché des Deux-Ponts, le Hunsruck et une partie du Palatinat.

Lorsque les cartographes revinrent à Versailles, en 1741, ils montrèrent leurs travaux au Ministre de la Guerre, qui leur demanda de réduire cet ensemble à une échelle plus maniable. Le conflit européen venant de se rouvrir (guerre de Succession d'Autriche, 1740-1748), il y avait là une documentation qui pouvait devenir fort utile.

Pour notre pays, les levés eurent lieu en 170I-1706 et furent complétés en 1719- 1723; ils se prolongèrent au sud- est jusqu'en 1740.


Table d'assemblage

PLAN DU SITE