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L'abbaye du Val Saint Lambert

L'église primitive du Val St-Lambert et ses vicissitudes

par L. de JAER


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Vue générale de l'abbaye du Val Saint-Lambert.
Photographie d'une aquarelle.

En 1913, le Bulletin de l’Institut archéologique liégeois publiait une notice intitulée « Reconstitution du plan de l'abbaye du Val Saint-Lambert au XIIIe siècle » (1).

Son auteur, feu Léon Ledru, s'était assigné la tâche de faire connaître quelle était l'importance, à cette époque déjà, de l'illustre couvent aujourd'hui presque complètement disparu. Grâce au travail de de Moreau et aux plans y annexés sur l'abbaye de Villers en Brabant, pris comme base de comparaison (2), aux restes d'anciens bâtiments de l'abbaye du Val Saint-Lambert et aux fouilles pratiquées en divers endroits de l'emplacement actuel des Cristalleries du Val Saint-Lambert, l'auteur de la note parvint à dresser le plan reproduit dans son travail. Le plan de l'église du monastère du Val Saint-Lambert ainsi qu'il l'avait prévu, ne différait de celui de l'église de Villers que par ses dimensions.

Nous allons voir, tout au moins pour l'église, que, comme sa soeur brabançonne, l'église fut construite par parties et que son achèvement, que Léon Ledru pensait avoir été atteint au XIIIe siècle, ne le fut qu'au début du XVe.

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L'abbaye du Val Saint-Lambert dont le rôle a été considérable dans la Principauté de Liège, nous a laissé ses archives. Celles-ci font connaître ses dépenses, tant celles se rapportant à la vie matérielle des moines, de leurs serviteurs et ouvriers que celles relatives au culte, à l'administration du couvent et de ses biens, à l'entretien de ses propriétés. Nous y retrouvons des contrats pour l'exécution de travaux dépassant le cadre des travaux ordinaires c'est-à-dire ceux que l'abbaye ne pouvait entreprendre avec le personnel qu'elle occupait.

Ce sont ces documents qui établiront que l'église ne fut terminée qu'au début du XVe siècle.

Pour la bonne compréhension de la suite de cette étude, nous reproduisons le plan annexé à la notice mentionnée ci-dessus. Nous y voyons: la nef et le transept pourvus de collatéraux, les ailes de ce dernier divisées chacune en trois travées, celles attenant au choeur étant en prolongement des collatéraux de la nef; celle-ci, précédée d'un parvis surmonté d'une tour ou bellefroid, en compte neuf; toutes les travées sont égales en largeur tant dans le transept que dans la nef. Enfin, des traces de chapelles sont relevées du côté du choeur à l'intérieur du transept.

Dans le plan primitif qui est peut-être l'oeuvre de Pierre de Sombreffe décédé en 1264 (3), la sacristie était adossée au pignon sud du transept.

De même que l'on ignore la date exacte de l'achèvement du temple, on ne connaît pas non plus celle de la pose de la première pierre; ce que l'on sait, c'est qu'une église existait en 1238, qu'en cette année Jean d'Eppes, évêque de Liège, y fut inhumé et qu'elle n'était pas achevée à ce moment.

Pour expliquer la lenteur apportée par les moines dans sa construction, il faut savoir qu'au début de leur installation au Val Saint-Lambert, leur situation de fortune n'était guère brillante et que la gêne subsista longtemps dans le monastère.


Vue de la porte de la tourette.


Plan panoramique de l'abbaye du Val Saint-Lambert - Reconstitution de feu L. Ledru.

En 1235, en effet, une lettre de l'évêque de Liège engageait les fidèles à contribuer par leur aumônes à la construction du monastère (4); en 1267 et 1270, l'évêque Henri de Gueldre accordait des indulgences à ceux qui y aideraient et il autorisait les religieux à recevoir jusqu'à l'époque de l'achèvement de leur église, les sommes provenant d'usures, rapines et acquisitions malhonnêtes à condition qu'on ne puisse découvrir les personnes à qui la restitution devait être faite (5).

Enfin, le Monasticon belge nous apprend encore que, sous l'abbatiat de Jacques le Gay de Huy (1333-1354), le monastère était grevé de dettes (6).

De ce qui précède, il faut conclure qu'en 1270, l'église était loin d'être achevée et nous verrons qu'en 1354, elle ne l'était pas encore.

Le premier contrat trouvé dans les comptes de la communauté date de 1355 (7). Par celui-ci, l'abbaye fait construire de petites voûtes « az achintes de l'église » (8) c'est-à-dire aux parois, cinq dans les travées du collatéral nord de la nef, six dans celles du collatéral sud. Jore le maçon est chargé du travail.

Le monastère fournit les matériaux nécessaires à leur construction. (Il est vraisemblable qu'il s'agissait d'établir des chapelles.)

Un deuxième de 1357 (9) permet de déterminer la longueur de la nef à ce moment. Par celui-ci, le monastère charge le même entrepreneur de construire trois nouvelles travées à l'amont de celles qui existaient déjà, c'est-à-dire dans leur prolongement. Or, le plan Ledru indique pour l'édifice achevé, l'existence de neuf travées; il y en avait donc six en 1357.

Le travail comporte les voûtes des trois travées et les contreforts extérieurs; les voûtes et les clefs sont en pierre de Mézières; les nervures et pièces de remplissage des voûtes entre les travées, en pierre de Caster (tuffeau maestrichten); les piliers intérieurs, anglées, voussures et enchapements en pierre calcaire de Namur.

Le couvent fournit tous les matériaux à mettre en oeuvre.

Cette construction devait nécessairement entraîner le pavage de l'agrandissement et l'établissement de baies de fenêtre garnies de vitraux peints ou de verrières ordinaires.

Les comptes établissent au sujet des baies qu'en 1357, le couvent fit exécuter deux vitraux à la paroi vers Meuse de l'édifice agrandi. Ceux-ci, dont les donateurs furent Sire Jehan Fessons, chanoine de Saint-Pierre et Mathelhons de Tilhuel pour l'un et Lambert del Chevaz pour l'autre représentaient saint Augustin et sainte Barbe, saint Grégoire et sainte Agnès (10).

C'est là tout ce que les livres l'enseignent; il faut admettre que le personnel de l'abbaye avait pourvu lui-même au remplissage des baies.

Quant au pavage, il ne fut exécuté qu'en 1363, par Bauduin le paveur. Dans l'accord conclu entre l'abbaye et l'entrepreneur, il est stipulé qu'il doit utiliser des petits carreaux d'Andenne, arracher tout le pavement existant et procéder au repavement du temple en se servant des carreaux de réemploi dans la proportion de deux vieux pour un neuf (11).

Plusieurs années s'écoulent encore avant de voir exécuter d'autres travaux. Ce n'est qu'en 1372 que l'on trouve mention de nouvelles dépenses qui sont affectées au placement de quatorze verrières de verre blanc et de couleur dont quatre sont placées dans le mur est du transept, deux vers les cloîtres et les autres dans la paroi nord.

C'est Jean Wion qui les exécute et les place. Cet artisan semble être au service de l'abbaye qui lui assure un traitement de 32 muids d'épeautre par an. Le travail ne fut terminé qu'en 1376 (12). Il n'achevait pas le temple auquel il manquait encore parvis et tour ou bellefroid. Nous ignorons à quelle époque, ils furent exécutés, mais il est vraisemblable qu'ils existaient en 1428, date à laquelle le monastère fait l'achat de piliers, de petites colonnes, d'un chapiteau avec cymaise et différentes autres pierres qui, d'après le détail, devaient servir à un portique d'entrée.

Les pierres étaient fournies par Johan de Roney et Lambert de Boveiche. Ceux-ci, par le contrat, ne paraissent pas devoir en faire le placement (13).

Ce portique achevait l'église. Il avait fallu deux siècles pour l'ériger.

Les bâtiments de l'abbaye furent couverts d'ardoises dès leur construction. Cela résulte d'une charte ampliative de l'évêque Hugues de Pierrepont qui en 1202 pourvoit à la couverture des toits en cette matière (14). En 1382, le monastère achète des ardoises à l'abbaye de Floreffe qui possédait déjà des ardoisières en 1168 (15).

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Les travaux les plus importants qui furent effectués à l'église dans la suite sont:

1° L'exécution de la baie devant recevoir le grand vitrail derrière le maître-autel et son vitrail (1452-1455) (16) ;

2° La peinture du maître-autel (1461) (17).

Vitrail derrière le grand autel. — En 1452, l'abbaye décida de modifier la verrière située dans le choeur de son église derrière le grand autel, et chargea Gilles de Bawegnées, maçon, citain de Liège d'en exécuter l'embrasure et le châssis en pierres.

Ce travail était d'importance et ne fut achevé que longtemps après. Ce ne fut qu'en 1455, que le monastère chargea Johan Naize, peintre verrier, d'exécuter le vitrail devant trouver place dans la baie nouvellement exécutée.

Nous ignorons quel était le motif de sa décoration. Les extraits des comptes renseignent seulement le coût du travail et le temps y consacré: 341 journées dont 169 effectuées par le peintre; son coût: plus de 2485 l. 19 s. 6 d. et la provenance des verres de couleur destinés à la peinture: ils venaient de Cologne.

Peinture du grand autel et du choeur. — Les travaux exécutés dans le choeur jusqu'en 1456, devaient fatalement entraîner aussi des travaux de peintures. Un contrat du 14 octobre 1461 y pourvoit. Par celui-ci, Jean Pexard, peintre, est chargé de repeindre le grand autel, les châsses situées derrière celui-ci et les murs du choeur.

L'autel, isolé, comportait un entablement de bois reposant sur un coffre de même matière dont le panneau facial était muni d'une frise. Au-dessus était un rétable divisé en cinq parties. Le tout était entouré d'un ciborium. Deux châsses se trouvaient derrière l'autel sous la grande verrière.

L'artiste devait peindre « tout en or » sur le rétable: un crucifix et les images de Notre-Dame et de saint Jean l'Évangéliste, plus deux autres qui lui seraient désignées; sur la frise: les sept stations du chemin de la croix; sur le panneau sous-jacent: Jésus et ses douze apôtres.

La table, ses supports, les châsses et les ciboires devaient être repeints ainsi qu'ils l'avaient été précédemment.

Quant aux murs, ils devaient être blanchis et la partie comprise entre le sol et le dessous des fenêtres devait recevoir comme décoration, la représentation de rideaux soutenus par des anges surmontés de feuillages, de fleurs et d'oiseaux.

Ces travaux terminés, il y avait lieu d'espérer que le monastère jouirait longtemps de l'église qu'il avait édifiée et ornée avec tant de patience. Il ne devait pas en être ainsi: le 21 avril 1469, vers 4 heures de l'après-midi, la foudre tombait sur l'église et l'incendiait en partie (18).

Notre travail pourrait se borner à ce qui précède, son but étant de montrer le temps consacré à l'érection du temple dans les dimensions relevées par feu Léon Ledru, mais les renseignements trouvés postérieurement à 1469 nous incitent à faire l'histoire de ses vicissitudes jusqu'à sa disparition en 1750. Notre exposé comportera trois périodes: la première de 1469 à 1557; la seconde de 1558 à 1576; la troisième de 1577 à 1750.


PREMIÈRE PÉRIODE (1469 - 1557)

Si le sac de Liège par Charles le Téméraire en 1468 n'atteignit pas l'abbaye dans ses constructions, le feu ne devait pas l'épargner: en 1469, un incendie détruisait les toitures entraînant la perte du clocher et de sa flèche, du bellefroid et de ses cloches, de la croix surmontant la nef.

Nous ne trouvons dans les comptes aucune trace de réparations faites aux maçonneries, elles furent donc probablement peu importantes et exécutées par les ouvriers du monastère.

Des extraits des dépenses établissent que c'est vers 1475 seulement que la charpente des parties détruites fut rétablie ainsi que le clocher. Ces travaux furent confiés à Jacob le charpentier de Wyerde qui par contrat de cette année replacera en outre la croix du clocher avec l'aide de Lambert de Fontaine et de Jean son fils, couvreurs. Celle-ci fut faite à Maestricht par maître Jacob (19) et dorée à Liège par maître Antoine demeurant en Isle le Duc (20).

En 1477, Bastin et Jean de Fontaine, couvreurs effectuent la couverture du clocher dont les ardoises sont fournies par Jean Yernir de Dinant et Collard Miche (21), les clous par Jean de Bourgogne, le plomb par Jean de Chokier et Wynand Parys de Limbourg.

Par contrat d'octobre 1477, Wauthier et Willem son fils ardoisiers, doivent couvrir les toits de la nef et du transept (22).

Salle des moines et Musée.

Vue de la nouvelle abbaye (1751-1765).

Cette même année Lambert le charpentier et Jean Surlet rétablissent le bellefroid et y rependent les trois grosses cloches (23) dont deux sont coulées à l'abbaye par Jean de Cologne et la troisième à Malines par maître Jacob le fondeur de cloches (24).

Les deux premières furent appelées Marie et Bernard.

L'église était restaurée.


DEUXIÈME PÉRIODE (1557 - 1576)

La fatalité voulut que cent ans ne s'écoulassent pas sans qu'un nouveau malheur ne s'abattît sur l'église: le 28 avril 1557, un incendie provoqué par la foudre détruisait (25) le toit et les cloches.

En 1560, Henri et Willem, fils de Godefroid de Bassenge, ardoisiers, sont chargés de recouvrir le toit de la nef et celui des chapelles de Saint-Lambert et de Saint-Martin situées dans « la manocke (basse nef) delle dite église de costé vers les encloestres » (26).

En 1561, Willem perçoit le coût du travail.

Ce sont là toutes les réparations dont le détail nous est parvenu avant 1567. Ces travaux n'étaient que provisoires: l'abbé Renier de Rasier devait restaurer complètement le couvent. En effet, à partir de cette année, l'abbaye fait procéder à la démolition d'une grande partie de l'église et à sa reconstruction.

Un premier contrat fait en janvier avec Piron Fierket maçon, charge celui-ci de démolir la grande verrière située au-dessus de la galerie à l'entrée de l'église et d'enlever les pierres constituant l'armature de neuf baies de fenêtres (27); par un deuxième contrat en août de la même ainnée, il doit procéder à la démolition du choeur et du grand autel et à leur reconstruction suivant un plan qu'il fournit à l'abbaye. Dans ce contrat, il est stipulé que les murs seront plâtrés et blanchis (28); enfin, un troisième contrat datant de janvier 1568 le charge de la démolition partielle du transept nord (29).

Ces travaux étaient importants, aussi ne sera-ce qu'en 1571, que le monastère s'occupera de la réédifîcation des parties démolies.

Au mois de novembre, il remet à Lambert Pirard le charpentier la confection des échafaudages nécessaires à la reconstruction du temple démoli (30) et le même mois il procède à la remise des travaux de réédification des grands arcs de voûte situés à l'intersection de la nef et du transept. Piron Fierket s'engage à les reconstruire (31).

En 1573, le même entrepreneur maçon est chargé de l'entière restauration de l'église; les travaux comportent cette fois la reconstruction des pignons vers Meuse et vers le vivier, la démolition et la reconstruction des deux murailles vers les cloîtres avec leurs piliers et arcs-boutants (32).

Enfin, deux contrats faits en février et décembre de la même année avec Johan Piedboeuf, charpentier, avaient pour objet la charpente des toits, du clocher et du bellefroid.

L'entrepreneur devait aussi replacer la flèche du clocher rependre les cloches et dresser la croix avec son coq au-dessus de la tour (33) (34) (35).

Par un troisième contrat en date du 20 juin 1573, Henri fils de Godeschoulle l'ardoisier s'engageait à recouvrir les toits d'ardoises (36).

Le 8 septembre 1574, l'abbé de Citeaux, Nicolas Boucherat, visitant l'abbaye, constata que l'église était presque entièrement restaurée et le monastère en bon état (37).

Enfin cle 1574 à 1577, l'abbaye s'occupera de l'achèvement du temple; des verrières faites par Dirick Van Halle, Hubert de Wert, Jacques de Marche y seront placées (38).

Martin Fiacre, sculpteur, fera un crucifix et réparera des statues, Séverin le peintre peindra les arcs des voûtes de la nef et du transept ainsi qu'étaient peints ceux de Saint-Martin-en-Mont (39).


TROISIÈME PÉRIODE (1577 - 1750)

L'église était à peine réédifiée que l'on y travaille à nouveau. En 1589, Thiry Doneux avec ses enfants et les serviteurs du monastère entreprend la reconstruction de murailles du chœur et des cloîtres, de voûtes, de pavements, etc. Ces travaux ne sont terminés qu'en 1591 (40).

Les matériaux nécessaires sont fournis par Remy Misson, marchand de pierres, à Namur (41).

Les comptes de 1592 à 1609 mentionnent toute une série de paiements effectués pour l'érection d'un nouveau jubé, de deux autels par dessous, leur ornementation et leur décoration (42).

Ces travaux sont-ils la suite de ceux de la deuxième période? J'ai peine à le croire, car s'il en était ainsi, l'abbaye n'aurait pas fait peindre les voûtes du temple avant sa complète restauration. Que s'est-il passé de 1577 à 1598, pour les motiver? Nous l'ignorons.

En 1634 (43), on élève une nouvelle sacristie du côté droit du choeur; en 1635, la voûte du choeur menace ruine et le danger est tel que sa démolition s'impose.

Philippe Bouillon, le jeune, est chargé d'établir les échafaudages pour ce travail (44). A cette occasion, le grand autel est modifié; la table qui était de marbre poli est raccourcie ainsi que les supports qui sont également de marbre.

Ces travaux étaient effectués en 1639, date de la consécration du nouvel autel par le Rév. Pétri, chapelain de Monseigneur le Suffragant.

A partir de ce moment, l'abbaye ne semble plus avoir été contrainte à d'autres réfections importantes. Elle jouira de son oeuvre dans le calme jusqu'en 1750, date à laquelle, pour des motifs inconnus, elle fera démolir l'église jusque dans ses fondations (45).

Celle-ci qui, au dire de Saumery, était un beau vaisseau fait en croix dont l'architecture, quoique gothique, ne laissait pas de plaire, fut remplacée par une autre en style néo-classique d'après les plans d'Etienne Fayn (46).

Commencée le 8 mai 1751, date de la pose de la première pierre (47), elle était construite en octobre 1752 jusqu'à l'assise des fenêtres de la nef et du choeur; le 8 mai 1753, elle était terminée quand le feu détruisit la voûte, la tour et partie de la toiture (48). En septembre 1754, le gros oeuvre était terminé (49) et une croix de pierre était placée au-dessus du vestibule d'entrée.

Le temple comportant sept autels de marbre fut béni en 1760 (50).

Les bâtiments conventuels furent eux-mêmes abandonnés pour être remplacés par d'autres dont une partie existe encore aujourd'hui. La première pierre fut posée en avril 1762, et le 4 août 1765 jour de la consécration, les moines prirent possession de l'église; le 12 du même mois, le Prince-Évêque inaugurait le monastère (51).

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De la célèbre abbaye dont sans aucun doute tous les bâtiments avaient fait l'objet de plans et de dessins, il ne nous reste que:

1° Une gravure illustrant l'histoire du couvent publiée par Saumery en 1738 dans les Délices du Pays de Liège. Elle est de Remacle Leloup;

2° Une aquarelle qui paraît en être la copie coloriée annexée au registre intitulé « Stock » des Archives du monastère;

3° Un plan cadastral donnant en perspective cavalière l'église et les bâtiments du couvent. Il est daté du 12 décembre 1729 et annexé à une pièce de procédure du 5 janvier 1730 (52).

Par l'examen de ces documents, nous voyons que la nef ne comportait plus en 1729 déjà que quatre travées au lieu de neuf. Nous ignorons l'époque à laquelle cette transformation s'accomplit; aucune mention dans les archives de l'abbaye ne permet d'en fixer la date. Il est certain qu'elle se fit après 1573, car à ce moment la surface des toits rétablis est celle qui résulte du calcul de leur superficie avant le désastre de 1557.

Des bâtiments, il reste encore des parties de la salle du chapitre et de la salle des moines. Les Cristalleries du Val Saint-Lambert les conservent pieusement: elles ont installé un musée des pierres et objets que la société a recueillis au cours des travaux effectués pour l'établissement de son importante usine.

Du mobilier de l'église, seul subsiste encore le carillon. Il a été transporté à l'église de Saint-Barthélémy (53).

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Au cours de ses recherches, Léon Ledru a découvert des sépultures dont les emplacements sont indiqués au plan par des croix. L'une de celles-ci est située en face de la chapelle médiane du transept Nord. Nous croyons pouvoir l'identifier.

Nous savons qu'en 1633, Servais Dorey, sculpteur, fut chargé d'un travail pour la chapelle de l'Assomption Notre-Dame, installée du côté gauche du choeur (54).

Or, en juin 1636, furent enterrés dans l'abbaye le Seigneur de Lemont, lorrain, gentilhomme et lieutenant maréchal de camp du Duc de Lorraine et le chapelain major du comte Piccolomini, le premier devant l'autel Notre-Dame au côté de l'entrée du choeur, le second dans les cloîtres (55). La .sépulture retrouvée ne peut être que celle de Lemont.


(1) L. LEDRU, Bulletin de l'Institut archéologique liégeois, 1913, t. X LIII, p. 89.

(2) DEMOREAU, L'abbaye de Villers en Brabant aux XIIe et XIIIe siècles. Étude archéologique sur l'église abbatiale et le monastère, p. 289.

C'est à l'amabilité de Monsieur Marcel de Fraipont, directeur général des Cristalleries du Val Saint-Lambert que nous devons les photographies reproduites dans cette étude.

Nous le remercions bien sincèrement.

Nous adressons aussi nos remerciements à Messieurs E. Poncelet, conservateur honoraire des Archives de l'Etat de Mons qui a bien voulu collationner les documents annexés à ce travail, L. Lahaye, conservateur honoraire des Archives de l'Etat à Liège qui en a permis la publication ainsi qu'à tous les membres du personnel des Archives de l'Etat à Liège dont la bienveillance m'a facilité les recherches à son sujet.

(3) Monasticon belge, t. II, p. 159, note 1.

(4) Monasticon belge, t. II, p. 159, note 1.

(5) Bulletin de la Commission d'histoire, 4 série, t. II, p. 132 ; GOBERT, Bulletin de l'Institut archéologique liégeois, t. XLII, p. 217-227.

(6) Monasticon belge, t. II, p. 162.

(7) Archives de l'abbaye du Val Saint-Lambert, reg. 293, fol. 1 v°, annexe I.

(8) DUCANGE, édit. 1840.

Achintes, accincta = enceintes, enclos, clôtures.

On trouve açaintes, achaintes.

(9) Archives de l'abbaye du Val Saint-Lambert, reg. 293, fol. 19 v°, annexe II.

(10) Archives de l'abbaye du Val Saint-Lambert, reg. 293, fol. 1 v°; L. DEJAER, Peintres verriers liégeois aux XIVe et X Ve siècles (Chronique archéologique du Pays de Liège, 23° année, n° 4, p. 83).

(11) Archives de l'abbaye du Val Saint-Lambert, reg. 293, fol. 09 v°, annexe III.

(12) Archives de l'abbaye du Val Saint-Lambert, reg. 295, fol. 15, 53, 89, 141, annexe IV.

(13) Archives de l'abbaye du Val Saint-Lambert, reg. 302, fol. 145, annexe V.

(14) THIMISTER, Histoire de la collégiale de Saint-Paul, p. 7 8.

(15) Archives de l'abbaye du Val Saint-Lambert, reg. 296, fol. 24 v°, annexe VI; BARBIER , Histoire de l'abbaye de Floreffe (Document, p. 44).

(16) Archives de l'abbaye du Val Saint-Lambert, reg. 309, fol. 24 v°; reg. 310, fol. 67 v°, 69 v°, 80; L. DEJAER, Peintres verriers liégeois aux XIVe et XVe siècles (Chronique archéologique du Pays de Liège, 23e année, n° 4, p. 83).

(17) Archives de l'abbaye du Val Saint-Lambert, reg. 309, fol. 128 et reg. 312, fol. 8 v°, annexe VII.

(18) JEAN DE LOS, Chronicon, p. 63,

« Die vero vicesima prima aprilis combusta exstitit ecclesia monasterii Vallii Sti Lamberti ex fulmine circa horam quartam post meridiem.

(19) Archives de l'abbaye du Val Saint-Lambert, reg. 309, fol. 220 v°, annexe VIII.

(20) Id., reg. 312.

(21) Id., reg. 309, fol. 269 v° et suiv., annexe IX.

(22) Id., reg. 309, fol. 269 v°, annexe X.

(23) Archives de l'abbaye du Val Saint-Lambert, reg. 309, fol. 272.

(24) Id., reg. 309, fol. 193 et 312; L. DE JAER , Notes pour servir à l’étude de l'industrie de la fonte des cloches au Pays de Liège (Chronique archéologique du Pays de Liège, 23e année, n° 2, p. 37).

(25) Archives de l'abbaye du Val Saint-Lambert, reg. 69, fol. 115; Monasticon belge, t. II, p. 167.

(26) Archives de l'abbaye du Val Saint-Lambert, reg. 340, fol. 34, annexe XI.

(27) Id., reg. 340, fol. 7 v°, annexe XII.

(28) Archives de l'abbaye du Val Saint-Lambert, reg. 340, fol. 6 v°, annexe XIII.

(29) Id„ reg. 340, fol. 8, annexe XIV.

(30) Id„ reg. 340, fol. 64 v°, annexe XV.

(31) Id„ reg. 340, fol. 15, annexe XVI.

(32) Id„ reg. 340, fol. 18, annexe XIII.

(33) Id., reg. 340, fol. 67, annexe XVIII.

(34) Id., reg. 340, fol. 69, annexe XIX et fol. 129.

Les cloches à rependre furent fondues par Grégoire de Trêves; elles portaient les noms de Marie et de Bernard. La première pesait 1.072 1/2 livres, la seconde 464 livres.

(35) Id., reg. 341, fol. 183, annexe XX.

(36) Id., reg. 340, fol. 38, annexe XXI.

(37) Monasticon belge, t. II.

(38) Archives de l'abbaye du Val Saint-Lambert, reg. 340, fol. 79 et reg. 342.

(39) Id., reg. 340, fol. 79.

(40) Id., reg. 345, fol. 229.

(41) Id., reg. 345, fol. 236.

(42) Id., reg. 345, fol. ?? et suiv.

(43) Id., reg. 373, fol. 14, annexe XXII.

(44) Archives de l'abbaye du Val Saint-Lambert, reg. 373, fol. 27, annexe XXIII.

(45) L. LEDRU, Archives de l'abbaye du Val Saint-Lambert (Bulletin de l'Institut archéologique liégeois, t. XLIII, p. 90).

(46) Monasticon belge, t. II, p. 171.

(47) Archives de l'abbaye du Val Saint-Lambert, reg. 69, fol. 179 v°.

(48) Id., reg. 69, fol. 180.

« Die octava Novembris 1753 a circiter undecima noctis hora usque in diem sequentem integram materiationem tholi, turis combustit et lateres aresios consumavit, totumque plumbum liquefecit (non sibi cum igne funesto precavendo) laterum aresiorum dispositor cum tamen fere in crastinam diem manus ultima debebat apponi. »

(49) Archives de l'abbaye du Val Saint-Lambert, reg. 69, fol. 180.

« A coro fenestrarum navis et chori usque ad summum pervenit ecclesia totaque materiato nuda tamen et simpliciter apposita fuit in mense 7bris 1754 et in die festo Sti Dyonisii die 9 Xbris ejusdem anni crux lapidea super protyrum posita terminum dédit. »

(50) Archives de l'abbaye du Val Saint-Lambert, reg. 69, fol. 181.

(51) Archives de l'abbaye du Val Saint-Lambert, reg. 69, fol. 185.

(52) Id., reg. 215.

(53) Liège, capitale de la Wallonie, 1924, p. 67.

(54) Archives de l'abbaye du Val Saint-Lambert, reg. 372, fol. 37 v°.

(55) Id., reg. 372, fol. 22 v°, annexe XXIV.

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