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L'abbaye du Val Benoit à Liège

Notice Historique sur l'Abbaye du Val-Benoit
de l'ordre des Citeaux

par Joseph CUVELIER

Vue de l'abbaye du val Benoit proche de la ville de Liège au bord de la Meuse Leloup fecit
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La communauté religieuse du Val-Benoît prit son origine à Robermont. Il convient donc, en dépit de la concision que nous nous sommes imposée dans cette notice historique introductive à l'Inventaire des Archives de l'abbaye du Val-Benoît, que nous disions quelques mots du premier séjour de nos religieuses cisterciennes. Elles emportèrent, du reste, dans leur nouvelle demeure tous les documents concernant l'ancien monastère de Robermont, qui firent ainsi partie de tout temps des archives du Val-Benoît.

La plus ancienne mention de Robermont remonte à l'année 1117 (1). Au XIIe siècle on éleva en cet endroit un oratoire en l'honneur de saint Etienne, protomartyr. Vers l'année 1107, Wéri de Pré, sénéchal de l'évêque de Liège, annexa à cette chapelle une maison claustrale qu'il dota richement et dans laquelle il établit des religieuses qui, dans le principe, suivirent la règle de saint Augustin (2).

Dès les premières années de son existence, la jeune congrégation obtint des faveurs insignes de la part de grands personnages, tant laïcs qu'ecclésiastiques. Successivement le cardinal-légat apostolique Gui de Préneste (janvier 1204), le duc de Limbourg Henri III, l'évêque Hugues de Pierpont et le doyen Conrad, de la cathédrale de Cologne, prirent ses biens et ses personnes sous leur protection (1206).

En l'année 1215, préludant au courant qui devait entraîner un grand nombre de communautés d'augustines de notre pays vers l'ordre de Cîteaux, les religieuses de Robermont adoptèrent la règle de saint Bernard (3).

Un an après, nous rencontrons le nom de sa première abbesse, Ide, qui présida aux destinées de la nouvelle abbaye jusqu'en 1220.

Cette année même, ou la suivante, elle fut remplacée par la prieure Marie, qui ne resta guère en fonctions, car dès l'année 1221 apparaît en qualité d'abbesse Sibylle, qui était déjà cellerière (4) du temps d'Ide et qui se trouvait encore à la tête de la communauté en 1244.

Le changement de règle avait amené des modifications assez notables dans la composition du couvent de Robermont. Alors que précédemment il n'est question que de religieuses, nous voyons apparaître à côté d'elles des religieux dès l'année qui suivit l'adoption de la règle de Cîteaux (5). Pour qui comprend la principale raison d'être, et nous ajouterons volontiers toute la gloire de l'ordre de saint Bernard, la présence des frères convers, s'adonnant, selon la règle primitive de saint Benoît, au travail des mains et surtout à la mise en culture des terres, s'expliquera immédiatement. L'agriculture! Toute l'histoire des abbayes de l'ordre de Cìteaux du XIIe au XIVe siècle ne se résume-t-elle pas en ce seul mot? (6)

Nul ne contribua plus que ces vaillants petits moines au défrichement des immenses jachères de notre pays. Et si nous ne pouvons songer à nous étendre ici sur l'importance du rôle joué dans l'histoire économique des derniers siècles du Moyen-Age par les abbayes cisterciennes, nous ne pouvons nous empêcher de signaler dès maintenant le nombre considérable de documents qui nous ont été conservés dans cette matière et qui nous permettent de suivre, pour ainsi dire pas à pas, les systèmes d'exploitation des terres et la vie agricole de nos ancêtres. Sur le millier de chartes que nous avons analysées, il n'y a en a peut-être pas dix qui ne concernent l'exploitation du sol sous ses formes les plus variées. En fait, comme le rappelle un historien allemand (7), à cette époque, la puissance sociale et politique reposait sur la possession du sol. Quoi d'étonnant, dès lors, que l'abbaye de Robermont ait cherché avant tout à acquérir des propriétés foncières? En l'année 1228 déjà, nous la voyons en possession de «cours» à Heure-le-Romain, Hambroux et à Melen; de dîmes à Verviers, Bleret, Naveroule et Momalle; (8) de terres à Noville, Poucet, Wonck, Hallembaye, Lantremange et Ans; de maisons, terres, vignes, prés, pâturages, moulins, etc., dans la ville et dans le diocèse de Liège, à Huy et à Dinant.

Cette rapide prospérité résultant non seulement des nombreux legs pieux, mais aussi des privilèges des souverains pontifes, principalement en ce qui concernait l'exemption de dimes sur les terres que les frères cultivaient eux-mêmes et sur celles qu'ils défrichaient, devait fatalement exciter l'envie

Par une bulle du 24 avril 1228, le pape Grégoire IX se vit forcé de menacer de peines sévères tous ceux, tant clercs que laïcs, qui troubleraient l'abbaye à l'occasion de ses biens. En même temps, il confirmait le privilège d'Innocent III, lui accordant l'exemption des dîmes sur les terres novales, les pêcheries et la nourriture du bétail, et il eut soin d'ajouter qu'il ne s'agissait pas seulement des terres acquises avant le concile général de Latran (1215) (9), mais encore des novales qui étaient parvenues à l'abbaye dans la suite. Le 9 mai suivant, le même pape confirma les religieuses dans la possession de leur couvent et de leurs biens, et le 4 juin, tout en renouvelant les privilèges de la jeune abbaye, il lui accorda sa véritable constitution. Bien que la plupart des abbayes cisterciennes fussent gratifiées des mêmes privilèges et statuts d'organisation, nous croyons qu'il ne sera pas sans intérêt de faire connaître ici la bulle pontificale dans ses grandes lignes.

Le couvent observera la règle de saint Benoît et des frères de Cìteaux. Les biens qui étaient en sa possession lui sont confirmés. Personne ne pourra exiger des dimes sur les biens acquis avant le concile général, ni sur ceux que les religieuses défrichent et cultivent elles-mêmes, ni sur la nourriture de leur bétail. Elles pourront recevoir les personnes libres, qui désirent se soustraire à la corruption du monde. Les religieuses qui ont fait les voeux ne pourront quitter l'abbaye sans la permission de l'abbesse. Aucun bien donné à la communauté ne pourra être aliéné sans le consentement de la majorité du couvent. Les frères convers ne pourront se porter garants pour personne, ni acheter ou vendre au-dessus ni au-dessous du prix fixé par le chapitre. Il sera permis aux religieuses de se servir, du témoignage des frères convers dans toutes les affaires civiles ou criminelles. Aucun évêque ne pourra les contraindre à prendre part à des synodes publics, ni les attraire devant la justice séculière au sujet de leurs biens, ni venir s'installer à l'abbaye pour conférer les ordres ou tenir des réunions publiques quelconques, ni empêcher l'élection régulière de l'abbesse, ni faire quoi que ce soit contre les statuts de l'ordre de Cîteaux. Si l'évêque du diocèse refuse de bénir la nouvelle abbesse ou d'exercer ses fonctions épiscopales là où elles sont nécessaires, l'abbaye pourra recourir à n'importe quel autre évêque. L'évêque devra gratuitement consacrer les autels, les saintes huiles et tous les ornements ecclésiastiques. En cas de vacance du siège épiscopal, les évêques des diocèses voisins remplaceront le manquant. On pourra aussi s'adresser pour la bénédiction des religieuses et la consécration des vases et des autels aux évêques de passage. Toute sentence d'excommunication portée contre les religieuses, leurs colons ou leurs bienfaiteurs à l'occasion des privilèges pontificaux sera déclarée non avenue. Lorsqu'il y aura interdit complet sur la terre, on pourra néanmoins célébrer, les offices divins à l'abbaye, en ayant soin d'en exclure les excommuniés. Seront frappés de peines sévères tous ceux qui voleront à l'intérieur des clôtures de l'abbaye ou des cours, qui y mettront le feu, répandront le sang, s'empareront témérairement d'un homme ou le tueront, ou exerceront une violence quelconque. Pour finir, le pape confirme tous les privilèges accordés à l'abbaye par ses prédécesseurs et par les princes laïcs.

Malgré cette haute protection, la guerre, qui sévissait presqu'en permanence à cette époque dans le duché de Limbourg et sur la rive droite de la Meuse, exposait continuellement l'abbaye aux actes de brigandage et de rapines. Sans défense, en butte à toutes les vexations, les religieuses de Robermont cherchèrent un autre séjour.

Sur la rive gauche de la Meuse, un peu en amont de Liège au lieu dit Sart, Otton de Jeneffe, doyen de Saint-Paul, avait élevé vers l'an 1223 un monastère destiné à quelques chanoines réguliers de l'ordre de saint Augustin qu'il tira du Nouvel hôpital de Liege (Saint-Mathieu « alle chaine » et à la tête desquels se trouvait Balin ou Walin (10) Le nouveau prieuré fut consacré par le cardinal Conrad, évêque de Porto et de Sainte-Rufine, légat apostolique, vers la Pentecôte (2 juin) de l'an 1224 (11). A la suite de cette consécration, l'endroit prit le nom de Valus Benedicta, Val Benoist. La forme romane de ce nom devait naturellement induire en erreur bon nombre de personnes, et il n'y a rien d'étonnant à ce que, du XIVe au XIXe siècle, il y eut des gens pour écrire Val-Saint-Benoît, bien que le saint patron des bénédictins fùt absolument étranger à ce nom (12).

Le séjour des augustins au Val-Benoît ne fut guère de longue durée. Dès l'année 1230, ils paraissent s'être entendus avec les religieuses de Robermont pour leur céder la maison construite par le doyen Otton. C'est de cette année, en effet, que datent les lettres de l'abbé de Citeaux les autorisant à abandonner Robermont pour le Val-Benoît. Mais, par suite de multiples arrangements à prendre, l'inachèvement de leur nouvelle demeure et non moins des difficultés avec les cisterciennes au sujet de la cession du Val-Benoît, ce ne fut que dans la seconde moitié de 1231, probablement au mois de septembre ou d'octobre, qu'ils permirent aux religieuses de prendre possession de la maison. En échange de l'habitation et des terres qui l'entouraient, les augustins reçurent une terre située en Hesbaye et qui rendait annuellement vingt-cinq muids d'épeautre. Ils partirent ensuite pour le Val-des-Ecoliers, alors appelé Val-Notre-Dame, que le généreux doyen Otton venait de construire à leur intention en Gravioule (13).

Malgré les encouragements que les hauts dignitaires de l'Eglise ne laissèrent de lui prodiguer, la situation financière de la communauté du Val-Benoît ne paraît pas avoir été très-brillante dans les premiers temps. En 1240, son église n'était pas achevée et la maison claustrale était insuffisante pour loger toutes les religieuses. Jacques de Vitry, légat pontifical, promit cette année des indulgences aux fidèles de l'archevêché de Cologne qui viendraient en aide à l'abbaye du Val-Benoît. Il est probable qu'il faut voir dans l'exiguïté des locaux tout autant que dans la trop grande affluence de jeunes filles qui désiraient se consacrer au culte de Dieu dans l'ordre de Cîteaux, la cause de la décision qui fut prise, vers la même époque, de créer une filiale du Val-Benoît.

L'ancien monastère de Robermont tombait en ruines; mais l'abbaye du Val-Benoît avait conservé des terres importantes dans le voisinage immédiat de cette maison. Un pieux ecclésiastique, Lambert Pétrée, official de l'évêque, chanoine de la cathédrale et trésorier de l'église St-Denis, s'offrit pour restaurer les anciens bâtiments où reposaient les cendres de tant de personnages de distinction, tant nobles que clercs (14). Il dota, en outre, la jeune communauté religieuse qui devait s'y établir d'importants revenus. Du consentement de l'abbé de Citeaux, une partie des religieuses quitta donc le Val-Benoît en 1244, renonça à tous droits sur les biens de l'abbaye-mère et constitua sous l'abbesse Béatrice de Houffalise qu'elles s'étaient choisie, un nouveau couvent, dont l'histoire se déroulera parallèlement â celle du Val-Benoît pendant des siècles, mais dont nous n'aurons plus â flous occuper qu'incidentellement dans la présente notice (15).

Le départ de ces religieuses ne semble guère avoir arrêté le zèle des pieuses Liégeoises â s'enrôler sous la bannière de saint Bernard au Val-Benoît. Si la piété y gagnait, l'existence matérielle du couvent devenait de plus en plus difficile. Aussi le 5 juillet 1245, la communauté obtint-elle du pape Innocent IV le privilège de n'admettre désormais comme religieuses que les personnes qui leur conviendraient. Il n'y a point de doute que cette mesure ne fût inspirée par les nécessités de la vie et par la situation financière précaire dans laquelle se trouvait notre abbaye â cette époque. Dix jours après, le même pape comminait des peines sévères contre tous ceux qui retiendraient injustement les biens de l'abbaye ou qui lui réclameraient des droits sur les terres qu'elle avait défrichées elle-même. Le 27 du même mois, il accorde aux religieuses le droit de recevoir les biens de leurs soeurs défuntes et le 12 août, enfin, il les confirme dans la possession de tous leurs biens. Le privilège du 27 juillet fut confirmé bien longtemps après, le 29 juillet 1294, par l'empereur Adolphe. Bien que cela ne soit pas dit explicitement, nous croyons qu'il faut interpréter la bulle du 5 juillet en ce sens que désormais on pourrait exiger des religieuses une certaine dot â leur prise de voile. Pour les frères convers, on le verra par l'examen de nos chartes, la dot existait dès le commencement du XIIIe siècle (16)

La multitude des privilèges accordés en un laps de temps aussi restreint prouve suffisamment la sollicitude des souverains pontifes pour notre jeune abbaye. Du reste, Innocent IV ne fut pas le seul pape qui témoigna tant de bienveillance à l'égard du Val-Benoît. Au cours de son histoire, que nous poursuivrons dorénavant en signalant les principaux événements qui se sont passés sous chacune de ses abbesses, nous aurons plus d'une fois l'occasion de signaler les faveurs insignes dont elle fut l'objet de la part des successeurs de saint Pierre.

La liste des abbesses telle que nous la donnons ici, nous l'avons composée d'après les documents diplomatiques. Ni la liste donnée par la Gallia Christiana. (tome III, p. 1036) ni celle de Fisen (Flores, p. 336) ne sont exactes pour ce qui regarde le XIIIe et le XIVe siècles. Sans pouvoir nous flatter d'avoir déterminé à un jour près la durée du règne de toutes les abbesses du Val-Benoît, nous avons cependant des motifs pour croire que notre liste d'abbesses doit être complète. En tout cas, elle dispensera de recourir à l'avenir aux deux listes citées plus haut, absolument fautives et incomplètes, et même aux épitaphes conservées par Le Fort, que nous aurons plus d'une fois l'occasion de démentir au cours de ce travail.


 I. - La première abbesse du Val-Benoît (la troisième si l'on y comprend Ide et Marie, abbesses de Robermont fut SIBYLLE, abbesse de Robermont de 1221 à 1231, du Val-Benoît au moins jusqu'au 29 novembre 1244. Nous n'avons trouvé aucun renseignement sur la famille de cette abbesse dont nous ne connaissons que le prénom. Mais si l'on en juge d'après les nombreux privilèges qu'elle sut obtenir pour les abbayes de Robermont et du Val-Benoît et aussi d'après les importantes acquisitions de biens-fonds qu'elles firent sous son abbatiat; si l'on réfléchit, d'autre part, que ce fut elle qui présida au transfert des religieuses de Robermont au Val-Benoît d'abord, au dédoublement du Val-Benoît ensuite, il faut convenir qu'elle devait être douée d'une énergie et d'une intelligence peu communes (17).

Sibylle mourut le 7 février (18) de l'une des années 1245 à 1248. A sa mort, l'abbaye possédait des «granges» ou colonies rurales à Heure-le-Romain, Hambroux, Beyne, Melen, Tiernesse, des maisons et des rentes à Liège et à Huy, des terres à Jambes, Pousset, Noville, Momalle, Momelette, Poucet, Lantremange, Gràce, Glain, Flémalle, des dimes à Simpelvelt, Horion, Remicourt,Vyle,Verviers, des moulins à Bellaire, Ans, Maininouse, une partie du moulin de Bertun (19). Dans la commune de Vyle elle possédait en outre le patronat de la cure.


II. - JACQUELINE. Nous n'avons trouvé aucune trace de cette abbesse citée par Fisen. et la Gallia Christiana. Cette dernière fixe le jour de sa mort au 24 mai et les deux listes la placent après Sibylle. Elle aurait donc été - abbesse entre les années 1245 et 1248.


III. - ELISABETH, qui ne figure point dans les listes de Fisen et de la Gallia, apparaît dans des actes du mois de septembre et de décembre 1248.

Ce fut sous l'abbatiat d'Elisabeth ou d'Ode, qui lui succéda, que le pape Alexandre IV adressa cinq bulles à l'abbaye du Val-Benoît à deux jours d'intervalle. Le 19 juillet 1255, il les dispense de payer les droits usuels sur les denrées de première nécessité, le blé, le vin, la laine, etc., et par une autre lettre il confirme ses privilèges et immunités. Deux jours plus tard, il lui accorde le droit de percevoir des dimes sur les terres novales dans les communes où elle en percevait anciennement, et en même temps, il commine des peines sévères contre ceux qui molesteront les religieuses ou s'attaqueront aux biens du Val-Benoît. Entretemps, les princes laïcs ne restaient pas à court de zèle vis-à-vis de la communauté du Val-Benoit. Au mois de juin 1253, Valeran IV, duc de Limbourg, renonce en sa faveur à la dime qu'il avait sur deux parts de quarante-cinq bonniers de terres situés à Bocholz et, en mai 1257, il exempte de tailles cinq journals de terre de l'abbaye à Simpelvelt. La même année, le 19 juin, Henri de Gueldre, évêque de Liège, énumère et approuve les nombreuses acquisitions de dîmes faites par le Val-Benojt.


IV. - ODE, citée dans des actes de décembre 1258 à 1259, 4 février. Nous croyions d'abord qu'il s'agissait ici de l'abbesse dont la Gallia Christiana fixe la mort au 31 décembre, et qu'elle cite comme la première abbesse du Val-Benoît; cette hypothèse doit être écartée, l'abbesse Ode vivant encore le 4 février 1259, mais étant morte avant la fin de cette année.


V. - ERMENGARDE DE NASSAU. Cette abbesse, née de sang royal, joua un rôle considérable dans la gestion économique de l'abbaye pendant la seconde moitié du XIIIe siècle. Nous la rencontrons pour la première fois dans un acte du 25 juillet 1259, et pour la dernière fois au mois de mai 1296 - Si les données de son épitaphe étaient exactes, elle aurait été abbesse pendant trente-six ans. Il faudrait donc qu'elle fût décédée avant le 25 juillet 1296. Or, la Gallia Christiana fixe le jour de sa mort au 1er août. Si même nous admettons pour celle-ci l'année 1296, elle aurait donc régné plus de trente-sept ans (20).

Le 4 avril 1259, le pape Alexandre IV accorda aux religieuses de Citeaux le privilège de n'être appelées en justice que par lettres apostoliques faisant expressément mention de l'ordre et de cette indulgence. Ce privilège fut confirmé trois ans plus tard par le pape Urbain IV, un ancien archidiacre de Liège, qui spécifia, le 26 mai 1262, que l'abbaye du Val-Benoît ne pourrait être tirée en justice au-delà de deux journées de marche en dehors du diocèse. Trois jours auparavant, il avait confirmé toutes les franchises et les privilèges de l'abbaye.

Dès les premières années de son abbatiat, en septembre 1263, Ermengarde obtint d'Arnoul, chapelain de l'église de Saint-Jacques à Jeneffe, l'érection d'un autel dédié à saint Michel et aux archanges dans l'église du Val-Benoît. Un prêtre fut attaché au service de cet autel aux frais de l'abbaye. On appelait ce chapelain le Noster, qu'il ne faut pas confondre avec le Pater, le confesseur et directeur de la communauté. - Moins de deux ans après, le 15 avril 1265, un second autel fut érigé en l'église du Val-Benoît et dédié à la sainte Vierge par les soins du chevalier Godefroid Vallée de Horion. Vers la fin du XIIIe ou au commencement du XIVe siècle, damoiselle Marie la Lardresse, religieuse au Val-Benoît, légua â cet autel différents biens situés à Remicourt, Limont, Noville, Wonck et Hodeige. A sa mort, en 1309, elle y affecta encore un autre bonnier de terre en deux pièces, dont l'une était située entre Noville et Jeneffe et l'autre à Wonck.

En 1266, l'abbaye acquit à Jacques d'Heure, comte et avoué d'Heure-le-Romain, la moitié du comté et de l'avouerie de ce lieu. Ce legs important ne fut que le prélude d'une série d'autres donations ou achats, qui devaient bientôt rendre l'abbesse du Val-Benoît seigneur temporel de la commune d'Heure-le-Romain. Pour nous en tenir à l'abbatiat d'Ermengarde, disons qu'en 1284, elle acquit à Alexandre, avoué d'Heure, sa part d'alleu à Heure-le-Romain.

En sa qualité de décimatrice des paroisses de Vyle et de Simpelveit, l'abbaye avait également le patronat de leurs églises. De nombreux biens lui furent donnés dans ces deux communes du temps d'Ermengarde. Sans entrer ici dans des détails que l'on trouvera tout au long dans notre inventaire, signalons l'exemption de toute redevance féodale sur cinq bonniers de terre à Simpelvelt que lui accordèrent en 1282 Renaud, comte de Gueldre et duc de Limbourg, et Ermengarde, son épouse.

Pendant tout le cours du XIIIe siècle, il arriva assez fréquemment que des personnes de qualité se livraient à l'abbaye corps et biens et y travaillaient en vrais convers. Ce fut le cas en 1217 pour le chevalier Conon et sa femme Marguerite et en 1270 pour jean de la Sauvenière et son épouse Agnès. Ces personnes, qui faisaient ainsi partie de familia ecclesie étaient logées dans l'hospitium qui recevait également à la nourriture et au gîte les voyageurs de passage et les pèlerins. Mais à la fin du XIIIe siècle, l'usage s'introduisit d'accepter à la pension de simples particuliers qui désiraient finir leurs jours dans la sainte solitude du couvent.


VI. - MARIE DE PURl, morte le 17 octobre entre les années 1296 et 1302 Nous n'avons rencontré cette abbesse dans aucune charte.

A partir du XIIIe siècle, les cloîtres du Val-Benoît servirent de lieu de sépulture à un grand nombre de personnages tant laïcs qu'ecclésiastiques, qui s'étaient signalés pendant leur vie parmi les bienfaiteurs de l'abbaye. Un statut du Chapitre général de l'ordre de Cîteaux de l'an 1217 ordonnait de recevoir dans les cimetières cisterciens, quand les curés y consentaient, les séculiers morts après y avoir choisi leur sepulture (21). En 1229 fut enterré au Val-Benoît, Théodore, abbé de St-Jacques (22). Les pierres tombales nous ont en outre conservé les noms d'Agnès de Liège (+ 22 Juin 1247) (23), d'Alexandre de Saint-Servais, chevalier, échevin et bourgmestre de Liège (+ 18 octobre 1267) , d'Ide d'Alleur (+ 29 mai 1263), de dame Juette, épouse de Jacques de Lardier, bourgeois de Liège (+ 2 ou 11 mars 1273), d'Agnès de Fimale (Vechmael) (+ 21 septembre 1284), d'Élisabeth, épouse de Robert, chevalier, seigneur de Limont (+ 17 octobre 1287), d'une fille d'Arnoul de Limont (24), de Gérard, moine du Val-Dieu (+ 2 juillet 1291), et enfin d'Otton de Geneffe, doyen de Saint-Paul, fondateur du Val-Benoît, du Val-Notre-Dame, etc. (+ 29 octobre 1244). Cet usage persistait toujours au XVIIe siècle, témoin l'épitaphe de Jeanne de Rahier, dame de Plenevaux, Fisenne, Chefsonfosse, etc. (+ 15 janvier 1643), veuf en premières noces de Thierry de Hoensbroeck, seigneur de Plenevaux, et en secondes de Guy de Fisenne, seigneur de Fisenne, tous deux ensevelis à Plenevaux. Inutile d'ajouter que les abbesses furent de tout temps enterrées au Val-Benoît même.


VII. - CATHERINE, citée comme abbesse du Val-Benoît, le 12 juillet 1303.

Le 18 décembre 1302, le pape Boniface VIII exempta les cisterciens du payement des dîmes sur les terres cultivées par eux-mêmes ou par leurs fermiers, sur lesquelles personne n'avait jamais perçu de dîmes. Le 28 mai 1304, le pape Benoît XI manda au doyen de l'église de Thuin qu'il eût à veiller à ce que personne ne détînt injustement les biens de l'abbaye du Val-Benoît.

Catherine, pas plus que l'abbesse suivante, ne figure dans les listes de la Gallia et de Fisen.


VIII. HELWIDE, mentionnée dans un acte du 5 avril 1307 ou 1308.


IX. - BEATRICE DE SAME, décédée le 17 décembre de l'une des années 1307, 1308 ou 1309. Il faut croire que les menaces spirituelles n'effrayaient guère les malfaiteurs, car, à cette époque encore, nous voyons l'abbaye implorer la protection de Rome contre ses spoliateurs Le 13 avril 1309, Clément V charge le prévôt de St-Paul, à Liège, de défendre le Val-Benoît contre les rapts et violences qu'il doit subir, et il édicte des peines sévères contre ceux qui lui font du tort.


X. - MATHILDE DE FIZE, 1310-1330. Cette abbesse avait comme neveu Jean de Fize, chanoine de la cathédrale de Liège. On se rappelle que, l'an 1245, Innocent IV avait permis aux religieuses du Val-Benoît de recevoir les biens de leurs soeurs défuntes, et, qu'en 1294, l'empereur Adolphe de Nassau (un parent de l'abbesse Ermengarde, sans doute) avait confirmé ce privilège; Il est probable que, dans le cours du temps, ce droit leur fut contesté, car en 1313, le 29 novembre, Clément V le leur renouvela.

Sous cette abbesse se présenta un des rares cas d'enquête que nous ayons rencontrés au sujet d'une admission de religieuse au Val-Benoît Le pape jean XXII avait nommé juges et enquêteurs de l'ordre l'abbé de Beaurepart, de l'ordre des Prémontrés, l'abbé de St-Jacques, et maître Jacques de Modène. Ils eurent à examiner la demande d'Isabelle Claricie, de Dison, qui désirait prendre le voile au Val-Benoit. L'abbé de Beaurepart, pour des motifs que nous n'avons pas à examiner, s'occupa seul de ce cas, et sans consulter les religieuses du Val-Benoît, il décida de l'admission de la postulante. Le Val-Benoît refusa de l'admettre et délégua son procureur Gérard de Bleret pour demander l'annulation de la décision de l'abbé de Beaurepart, comme étant entachée d'un vice de procédure.

Dans sa demande d'admission, alléguaient les religieuses, Isabelle Claricie, tout en disant qu'elle était du diocèse de Liège, avait eu soin de taire qu'elle était de la ville de Liège même, chose qui aurait suffi pour la faire éconduire. Nous ne sommes pas parvenu à connaître le motif de l'exclusion des Liégeoises de cette époque de l'abbaye du Val-Benoît. Nous ne connaissons pas davantage l'issue de cette affaire, l'abbé de Beaurepart ayant demandé délai sur délai avant de se déjuger. Ceci se passa en 1328. Faut-il voir une relation entre le refus de cette personne et l'autorisation que l'abbaye du Val-Benoît obtint, en 1330, de l'abbé de Cîteaux d'abord, du pape jean XXII ensuite, de fixer à quarante-cinq le nombre maximum de religieuses? Toujours est-il que, l'an 1330, l'abbé de Citeaux se trouvait au Val-Benoît. Il venait de constater par l'examen des registres de rentes et de revenus que, si le nombre de jeunes filles désireuses de revêtir la robe blanche au Val-Benoît augmentait sans cesse, il n'en était pas de même des ressources de l'abbaye. Le 29 juin donc, la grosse cloche de l'église appela la communauté à se réunir en chapitre général, et là, l'une après l'autre, les religieuses vinrent jurer, en touchant les saints Evangiles, qu'elles ne permettraient pas que le nombre de quarante-cinq fût dépassé, aussi longtemps que les ressources de la maison n'augmenteraient pas. N'ayant pas encore de sceau propre, le couvent se servit de celui de l'abbesse pour confirmer cette résolution.

Mathilde de Fize mourut le 20 avril de l'année 1330, 31 ou 32.


XI. - ELISABETH SURLET, 1332, + 1 décembre 1334.

Elle était déjà religieuse au Val-Benoît en 1327 (25). Comme abbesse, elle nous apparaît pour la première fois le 23 septembre 1332.

Elle était fille de Louis Surlet, échevin de la Souveraine Justice de la cité et du pays de Liège, à la fin du XIIIe siècle et d'Oude Boveal, fille de Jean Boveal, dit Boveau, bourgeois de Liège. Le grand-père de Louis Surlet, Louis de Moylenarcke et de Mormanny, écuyer, surnommé aux Rouges Chausses, vivait en 1170 et avait épousé la soeur de Roger d'Isle, dit du Chapeau d'Isle (26).


XII. - ELIDE DE LONCIN, 1334 + 3 avril 1353.

Cette abbesse nous est signalée dans un acte du 15 juin 1335. Cette même année, le pape Benoît XII promulgua une bulle d'une très grande importance pour l'ordre de Cîteaux. A l'avenir, tous les abbés et abbesses devraient prêter le serment de ne point aliéner les biens de leurs monastères que dans les cas de force majeure et après avoir obtenu l'autorisation du chapitre général. Défense est faite de contracter des emprunts sans le consentement de la communauté, exprimé par écrit. Les visites sont réglées: une visite ne pourra durer au-delà de trois jours. Le visiteur ne pourra accepter aucun présent et il sera tenu de garder le secret sur ce qu'il apprendra au cours de sa visite. Un religieux de passage ne pourra rester que deux jours dans un monastère, sauf en cas de maladie. Comme novices, on n'acceptera que les personnes idoines, de l'avis de la communauté. La modestie dans les habits et dans les meubles est chaudement recommandée, et l'usage de la viande, hormis les cas de maladie, sera interdit. Cette dernière défense fut levée plus tard (27).

On le voit, toutes les stipulations de la bulle papale convergent vers le même but: la vigilance dans la gestion économique de l'abbaye. En la personne d'Elide de Loncin les recommandations du souverain pontife rencontrèrent, si nous pouvons nous servir d'une expression moderne, un peu modifiée « the right woman on the right place ». Non seulement cette abbesse fut la première à attirer l'attention sur l'exploitation des mines de houille qui se trouvaient nombreuses dans le sous-sol des terres de l'abbaye et qui devaient devenir pour elle une source importante de revenus, mais encore elle mit un ordre parfait dans les affaires d'administration de l'abbaye en faisant renouveler ou réunir en des recueils spéciaux tous les actes et mentions intéressants concernant les propriétés du Val-Benoît. En 1342, elle fit faire une copie sur parchemin (aujourd'hui perdue, mais dont il existe une copie du XVe siècle) de l'antiquus liber, qui contenait la spécification des biens de l'abbaye au commencement du XIVe siècle. Ce fut encore elle qui fit copier pour la première fois, vers l'année 1341, les chartes du Val-Benoît dans un cartulaire, malheureusement perdu, mais recopié en 1380. Cette seconde copie fut également détruite, et nous ne la connaissons que par un copiste du XVIIe siècle. Le plus ancien registre de cens, rentes et trescens date de 1352, Enfin, tout récemment nous avons retrouvé parmi les archives de M. van der Heyden a Hauzeur un registre de stuits ou baux pour les années 1345 à 1367, qui fut donc également commencé sous l'abbatiat d'Elide de Loncin.

Ainsi, il ne sera pas exagéré de dire que, si nous sommes parvenu â écrire l'histoire du Val-Benoît, c'est en grande partie â cette abbesse que nous en sommes redevable.

Le 4 février 1351, le pape Clément VI institua les abbés de Saint-Martin de Tournai, de Saint-Jacques de Liège, et de Saint-Michel d'Anvers, comme conservateurs des privilèges et comme juges des abbayes de l'ordre de Cîteaux en Belgique.

Elide de Loncin mourut le 3 avril, probablement de l'année 1353, où nous rencontrons l'abbesse suivante en qualité d'élue.


XIII. - JEANNE DELLE ROSE, 1353 + 25 novembre 1364 (28). Elle apparaît comme élue dans un acte du 20 juillet 1353; comme abbesse, le 5 mai 1354 (29)

Depuis longtemps, l'austérité primitive de la règle de saint Bernard avait disparu dans nos couvents cisterciens. Aussi pourra-t-on remarquer dans nos analyses de chartes que, dès le XIIIe siècle, les religieuses reçurent de nombreuses pitances, particulières ou générales (30). L'abbesse Jeanne delle Rose percevait une rente annuelle de quatre muids et demi d'épeautre sur des terres situées à Fize-le-Marsal et à Kemexhe. Le 12 mai 1356, d'accord avec tout le couvent, elle décida qu'à sa mort cette rente, compéterait à la religieuse Maroie de Saint-Servais, qui en aurait l'usufruit sa vie durant. Après elle, ce serait Marie delle Monzée qui en jouirait et lorsque celle-ci aussi aurait passé de vie à trépas, Alexandre de Fraipont, « l'escolire » de l'abbaye, percevrait la rente. Après la mort de toutes ces personnes, l'abbaye entrerait en possession des quatre muids et demi d'épeautre de rente.

Jeanne delle Rose mourut le 25 novembre 1364.


XIV. - CATHERINE DE LIBERMÉ, 1364, + 7 décembre 1365. Citée comme religieuse le 20 juillet 1353 et comme boursière le 25 juillet 1364, elle ne resta guère plus d'un an à la tête de l'abbaye. Elle ne nous apparaît comme abbesse que dans deux actes, respectivement du 15 février et du 14 avril 1365. La Gallia Christiana fixe sa mort au 7 décembre 1366, date que nous ne pouvons pas admettre, car dès le mois de mars de cette année nous rencontrons l'abbesse suivante


XV. - CATHERINE DE MUCHEHAYE, 1365 - 22 décembre 1372. Dès cette époque, l'abbaye du Val-Benoît avait le droit de nomination du mayeur d'Heure-le-Romain. Cela résulte d'une sentence du 7 juillet 1366 des échevins de Liège donnant rencharge aux échevins d'Heure-le-Romain. Ce droit lui était injustement contesté par Henri de Fexhe, écuyer, fils de feu le chevalier Henri de Fexhe, échevin de Liège.

Un an après, le 26 octobre 1367, l'abbaye acquit le huitième de la justice d'Heure-le-Romain de la part de Jean de Bombaye et, le 15 novembre suivant, elle institua un homme de fief pour le relever de Renard, seigneur de Neufchâteau lez-Dalhem, dont ce fief mouvait.

La date de la mort de Catherine de Muchehaye, fixée en 1370 par la copie de l'épitaphe et par la Gallia Christiana, ne peut être acceptée.

Nous rencontrons encore cette abbesse le 11 septembre et le 19 octobre 1371 ainsi que le 12 octobre 1372. Si, comme nous avons plus de raisons de le croire, la date du 22 décembre est exacte, Catherine de Muchehaye doit,être morte en 1372, car dès le 13 avril 1373 nous rencontrons comme abbesse:


XVI. - MÉLIE DE LIBERMÉ, 1372, 19 juin 1388

Le 22 mars 1373, cette abbesse nomma en qualité de lieutenant du Val-Benoît en la seigneurie d'Heure-le-Romain le célèbre Jacques de Hemricourt, alors secrétaire des échevins de Liège.

L'abbatiat de Mélie de Libermé marque un tournant dans l'histoire économique du Val-Benoît. Alors qu'au XIIIe siècle elle avait des « grangie » ou colonies rurales dans un grand nombre de communes où les frères convers s'adonnaient eux-mêmes â la culture des terres, l'abbaye, pour des causes multiples que nous ne pouvons discuter dans cette courte notice, renonça dans la seconde moitié du XIVe siècle à exploiter elle-même ses terres et les livra à des particuliers à des baux emphytéotiques. Avec l'autorisation de l'abbé de Citeaux, elle céda ainsi successivement ses terres de Cerexhe-Heuseux (1373, 20 avril), Melen, Beyne, Simpelvelt (31) (1374, 24 juin-22 juillet), Hambroux (1380, 19 juin), pour ne citer que les principales aliénations. Ses dîmes mêmes, elle les vendit, comme celle de Gronsveld (le 14 décembre 1379), ou elle les échangea contre des cens héritables comme à Verviers (4 mai 1373).

Des cens et des rentes héritables elle en acquit, du reste, en grande quantité, principalement dans la ville de Liège même. C'est de la seconde moitié du XIVe siècle que date l'institution de sa cour jurée de tenants dans cette ville, chargée de connaître des conflits qui surgissaient nombreux au sujet de ses propriétés.

A cette époque aussi, l'abbaye acquit la maison généralement connue dans la suite sous le nom de l'Hôtel du Val-Benoît, dans la rue du Lavoir (aujourd'hui rue du Pot-d'Or), à Mathieu d'Aldenroede, bourgeois de Maestricht (1378).

Dès le XIIIe siècle, l'abbaye possédait à Liège, dans la rue du Souverain-Pont, un immeuble plus spécialement connu sous le nom de « Maison delle Val-Benoite » et qui paraît avoir servi de refuge aux religieuses en cas de danger. La nouvelle maison, « l'Hôtel du Val-Benoît » tout en servant au même usage, devint la résidence de la cour des tenants du Val-Benoît à Liège, et au XVe siècle la demeure du receveur de l'abbaye dans cette ville. Cette maison formait le dernier immeuble de la rangée de gauche de la rue du Pot-d'Or et se trouvait en face du refuge de l'abbaye du Val-Saint-Lambert. A la fin du XVIIIe siècle, l'abbaye loua l'hôtel à des particuliers. C'est ainsi qu'en 1770 il était occupé par M. le chevalier de Lanaye (32). En 1785, l'abbaye eut comme locataire M. le comte de Preston et en 1789, une dame de Grumsel. Le 1er juin 1791, elle le loua à L. F. Nagant, chanoine de Saint-Denis, à Liege, tout en s'y réservant quelques appartements pour les cas imprévus (33). Au début du XIXe siècle, cet hôtel devint la propriété du comte de Hoen.

 

XVII. - CLÉMENCE DE BOMBAYE, 1388, + 20 décembre 1403. Cette abbesse fit acheter, le 24 avril 1391, un autre huitième de la justice et hauteur d'Heure-le-Romain à Jean dit Rigaud d'Heure, qu'elle releva également du seigneur Renard de Neufchâteau.

Une, contestation ayant surgi entre l'abbaye du Val-Benoît et le chapitre de St-Lambert au sujet de la largeur de la route longeant l'abbaye du Val-Benoît, les échevins de Fragnée décidèrent, le 21 octobre 1391, que la route en question devait avoir - comme elle l'avait en réalité - la largeur d'une verge, ainsi que le soutenait l'abbesse.

Ce fut encore Clémence de Bombaye qui, le 21 décembre 1396, fit déterminer de commun accord avec les masuiers de Jupille et Fléron les droits de vaine pâture sur les propriétés de l'abbaye

Nous rencontrons cette abbesse pour la dernière fois dans un acte du 20 novembre 1397.


XVIII. - SOPHIE DE LIBRMÉ, 1403, + 29 octobre 1417.

Voici, depuis un demi-siècle, la troisième abbesse de cette famille. Elle fit nommer en 1404 Nicolas de Fauquemont, citoyen de Liège, en qualité de lieutenant de l'abbaye en la seigneurie et avouerie d'Heure-le-Romain, dont elle acheta, le 25 juillet 1405, le dernier quart avec un grand nombre de cens et de rentes à Jean Bottier de Fexhe, sire d'Aaz et Hermée, chevalier. Le 24 avril 1412, elle s'enquit auprès des échevins d'Heure-le-Romain à l'effet de connaître exactement les propriétés de l'abbaye et leur nature. Dans l'espace de 140 ans, et par quatre acquisitions successives, le Val-Benoît était arrivé à posséder la seigneurie entière d'Heure-le-Romain. Ce fut cette abbesse qui fit recopier l'antiquus liber ou chassereau, et cette copie sur papier, terminée le 29 janvier 1406, parvint jusqu'à nous


XIX. - SOPHIE DE FLÉRON, 1417, + 25 octobre 1430 ou 1432. On a pu constater que si l'abbaye ne s'occupait plus guère de la culture de ses terres dans la plupart des communes et n'y faisait plus que de rares acquisitions, elle s'attachait au contraire, à étendre ses propriétés à Heure-le-Romain Cependant, au commencement du XVe siècle, elle paraît avoir abandonné, dans cette localité aussi, l'exploitation personnelle de ses biens, car nous avons retrouvé plusieurs lettres adressées par l'abbaye au curé de l'endroit tendant à proclamer les bans d'affermage des terres du Val-Benoît.

Notre abbesse était la fille de Rigaud de Fléron (34).


XX. - ELISABETH DE CHOCKIER, 1430 OU 1432, + 7 février 1451, fille de Radoux Chockier et de Marie, fille de Jean du Château de jemeppe. Ses grands-parents paternels étaient Adam de Chockier, chevalier, et Agnès le Blavier (35). D'après son bisaïeul paternel, Jean Surlet, seigneur de Chockier, notre abbesse fut aussi appelée Elisabeth Surlet. Elle avait comme frère Jean Surlet de Lardier, seigneur de Chockier, chanoine de la collégiale de St-Martin, puis chanoine de la cathédrale et prévôt (+ 1446) (36).

En l'année 1437, l'abbaye de Moulins accorda aux abbesses du Val-Benoît, de Marche-les-Dames et de Solières des lettres de confraternité, où étaient déterminées les prières à dire dans chacune de ces maisons par les prêtres, religieux, convers et familiers à l'annonce du décès d'un confrère ou d'une consoeur (37).

En l'année 1443, l'abbaye du Val-Benoît comptait 25 religieuses, l'abbesse et 5 écolières (38).

En 1450, le pape Sixte IV ordonna des réformes importantes dans l'ordre de Cîteaux (39).


XXI. - AGNÈS DELLE ROCHE, 1451, + 8 avril 1454. Cette abbesse était déjà religieuse au Val-Benoît le 4 mars 1419, de même que sa soeur Marie, qui y avait pris le voile en 1405 et vivait encore en 1469. Elles étaient filles de Jean de la Roche, chevalier, seigneur de la Rochette, Flostoy, Résimont, voué de Fléron, échevin de Liège, etc. (+ 4 mars 1419), et d'Helwide de Bomal, fille de Henri de Bomal, chevalier. Une de leurs parentes, la cousine germaine de Franck de la Roche, écuyer, seigneur de la Rochette, leur grand-père paternel, avait été religieuse au Val-Benoît au XIVe siècle et sa soeur le fut à Robermont. Celles-ci étaient filles de Jacques delle Roche et de la fille aînée du chevalier Baudouin de Flémalle (40).

Jean delle Roche ordonna par testament à se deux fils, Franck et Henri, de payer à leurs soeurs, leur vie durant, une rente annuelle de 20 muids d'épeautre (41).


XXII. - BERTHELINE DELLE FALISE, 1454, + 27 septembre 1473. Cette abbesse s'attacha surtout à rétablir la discipline monastique qui, au Val-Benoît, comme partout ailleurs, s'était fortement relâchée au XVe siècle (42).

Le 10 mai 1456, elle donna à cultiver pour compte de l'abbaye, à Libert de Geron , le vigneron, toutes les vignes du Val-Benoit. Sous son abbatiat surgit un différend avec la cathédrale de Liège au sujet de la propriété des mines de houille situées sous le « pelé thier », près du Val-Benoît. Le 6 février 1460, les voirs-jurés des charbonnages, à la recharge des échevins de Liège, prononcèrent un jugement donnant gain de cause à l'abbaye.


XXIII. - ELISABETH DE LIERS, 1473, + 26 février 1480. Nous n'avons rencontré le nom de l'abbesse « Ysabeaul de Lyrs » que dans un acte du 7 octobre 1476 (43).


XXIV. - AGNÈS DE POUSSEUR, 1480, + 9 février 1516. Cette abbesse se trouva à la tête du Val-Benoît pendant près de trente-six ans à une époque des plus critiques.

Elle était, sinon la soeur, du moins une parente de Catherine de Pousseur, religieuse du Val-Benoît en 1496, et qui était la fille de Denis Corbeau de Pousseur, écuyer,. seigneur de Villers et Fraipont, bourgmestre et échevin de Liège, et de Jeanne de Ruffe, dite de Brialmont, dame de Brunshode et de Brialmont à Tilff (44).

Cette abbesse avait commencé par faire des restaurations importantes à l'église du Val-Benoît. Mais, bientôt, la terrible guerre civile des de Horne et de la March qui désolait le pays de Liège la força à affecter les revenus de l'abbaye à des besoins plus urgents. Devant les ravages occasionnés par les soldats dans les campagnes, l'incendie et le pillage des fermes, une partie des terres de l'abbaye était restée inculte et une autre ne trouvait de fermiers que moyennant une forte diminution de fermage (45). C'est en vain que, dans le but de venir en aide au Val-Benoît, l'abbé de Cîteaux exhorta le 14 septembre 1488 les abbés de Signy, de Moulins et du Val-Dieu à exiger des débiteurs de notre abbaye qu'ils lui donnent satisfaction. Le 8 juin 1490, l'abbé de Moulins, frère Nicole, visitant le Val-Benoît, put constater de visu la triste situation dans laquelle il se trouvait. Il fut question un moment de supprimer la communauté. C'est alors que l'abbesse prit recours au seul remède qui lui restait: l'aliénation à titre provisoire ou définitif des rentes de l'abbaye.

On recourut à ce moyen extrême à diverses reprises, du consentement du visiteur de l'ordre, l'abbé de Moulins, et encore ne réussit-on pas complètement à mettre les religieuses à l'abri du besoin. En 1493, Agnès de Pousseur s'adressa à Maximilien d'Autriche pour qu'il permît à deux religieuses de se rendre en France afin de s'y procurer du blé pour la nourriture du couvent. Dans sa requête, l'abbesse exposait qu'à cause des longues guerres civiles qui désolaient le pays de Liège, l'abbaye n'était pas parvenue à se procurer du blé en quantité suffisante pour la consommation des religieuses qui étaient au nombre de 87 (quel formidable accroissement en un demi-siècle!) et des 16 à 18 gens de service employés au Val-Benoît. Or, on était au commencement du printemps, et il n'y avait plus pour deux mois de nourriture à l'abbaye. On pourrait aisément se procurer du blé en France. Malheureusement, l'empereur était en guerre avec ce pays et sans sauf-conduit, les provisions que l'on ramènerait de là-bas par voie d'eau ou de terre seraient certainement arrêtées. Maximilien leur accorda le sauf-conduit demandé le 23 avril 1493, et enjoignit au grand-bailli de Namur et à tous officiers de justice du pays qu'ils eussent à laisser passer librement les blés que les religieuses du Val-Benoît ramèneraient de France.

A peine l'abbesse eut-elle fini d'assurer l'existence matérielle des religieuses, qu'elle se vit inquiétée par les abbayes soeurs. Le Val-Notre-Dame l'attira devant la justice régulière du pays au sujet d'une question de rentes. Agnès de Pousseur provoqua immédiatement des lettres de l'abbé de CIteaux qui, le 12 juin 1498, fit défense absolue aux religieux de l'ordre de citer des confrères ou des consoeurs devant des justices autres que celles de l'ordre même, sans une autorisation spéciale du Chapitre général. Notre abbesse eut encore à invoquer ces lettres dans la suite, notamment le 19 mai 1512, à l'occasion d'un différend avec l'abbaye de Robermont.

Là ne se bornèrent pas les difficultés qu'Agnès de Pousseur eut à surmonter. Nous avons vu que depuis le commencement du XVe siècle, l'abbaye du Val-Benoît possédait entièrement la seigneurie d'Heure-le-Romain et qu'à différentes reprises elle en fit le relief devant le seigneur de Neufchâteau. A la suite de quelles circonstances le Val-Benoît se dégagea-t-il de l'obligation de ce relief, nous n'en avons point retrouvé de trace. Toujours est-il qu'à l'entrée du XVIe siècle le seigneur de Neufchâteau ayant réclamé ce relief, et l'abbaye ayant refusé de le faire , il fit arrêter l'officier de justice du Val-Benoît à Heure-le-Romain Cité, pour ce fait et aussi au sujet de la nature de ses droits, devant l'abbé de Saint-Jacques, conservateur des privilèges et juge de l'ordre de Cîteaux à Liège, le 3 octobre 1503, le seigneur de Neufchâteau refusa de comparaître et de reconnaître cette juridiction. Il s'adressa, concurremment avec l'abbesse du Val-Benoît, à l'archiduc d'Autriche, duc de Bourgogne et de Brabant, dont le conseil rendit une sentence favorable à l'abbaye le 26 août Mais celle-ci ne paraît pas avoir attendu la décision de la justice du souverain des Pays-Bas; car, dès le 24 mai 1504, elle releva la seigneurie d'Heure-le-Romain de la cour allodiale de Liège (46). Le 16 octobre 1505, l'abbesse fit déterminer, avec l'aide des vieillards de la commune, les limites de la seigneurie d'Heure-le-Romain.

Moins de dix ans après, le 9 juin 1514, l'abbaye reçut une partie du fief de Jehay, qui revenait à dame Agnès, fille de Quentin de Thuin, par suite du décès d'Ide, sa soeur, veuve d'Arnold de Bombaye et femme d'Heilman de Saut. L'année suivante, le 19 mai, elle reçut le reste du fief de la part de Guillaume, fils de jean d'Athin, à qui il était échu par la mort de Wauthier d'Athin, son grand-père, et qui la transporta au Val-Benoît, moyennant le pain et la prébende, pour lui et sa femme, leur vie durant (47).


XXV. - CATHERINE PIERE ou DE PIRS, 1516, + 30 mars 1536. Tout au début de l'abbatiat de Catherine, le Val-Benoît fut désolé par une terrible inondation des eaux de la Meuse. Les divins offices furent célébrés pendant quelque temps hors de l'église. Les dégâts causés, tant aux terres qu'aux bâtiments de l'abbaye forcèrent les religieuses à aliéner encore une fois des rentes. Ce système inauguré sous l'abbesse précédente sous le coup d'une vraie nécessité, sera utilisé très souvent dans la suite, à tel point que les autorités se verront obligées d'ajouter aux clauses de leurs concessions, que les sommes résultant de la vente devront bien être affectées au service de l'abbaye.

Nous avons pu constater aussi qu'à la fin du siècle précédent, la décision prise jadis de ne pas admettre plus de quarante-cinq personnes au Val-Benoît était absolument tombée en désuétude. Au commencement du XVIe siècle, l'affluence des religieuses paraît avoir été telle, que le 1er mai 1519, nous voyons envoyer deux religieuses à l'abbaye de la Vigne-Notre -Dame à Vivegnis, avec dispense pour cette abbaye de payer désormais, au Val-Benoît, une rente de 5 muids 6 setiers d'épeautre, aussi longtemps que les deux religieuses y resteraient.

Nous rencontrons cette abbesse pour la dernière fois dans un acte du 14 août 1535.


XXVI. - JEANNE DE BERLO ou DE BRUS, 1536, + 30 janvier 1569. Elle était fille de Jean de Berlo, seigneur de Brus, Wagnée, Purnode, Bersée, Fontainoy, pair de Namur, et de Jacqueline d'Oultremont, mariés le 8 août 1502. La famille de Berlo, par ses nombreuses alliances, joua un rôle politique important au pays de Liège (48). Sur la pierre sépulcrale de l'abbesse figuraient les quartiers de Berlo, Houtain, Oultremont et Hun (49).

Le long abbatiat de Jeanne de Berlo ne fut encore qu'une succession de misères de tout genre. Ce n'étaient plus seulement les réparations de bâtiments et la diminution des revenus qui forçaient l'abbaye à aliéner ses rentes, mais encore ses nombreux et interminables procès. En 1557, ce fut le seigneur de Grandville qui cita l'abbaye devant sa cour de tenants pour l'obliger à payer certaines redevances sur ses terres à Grandville. Le Val-Benoît refusa et s'adressa au conservateur de ses privilèges, l'abbé de Saint-Jacques, qui commina les peines ecclésiastiques contre le seigneur de Grandville, parce que celui-ci n'avait tenu aucun compte de la bulle de Clément VI (4 février 1351) touchant la juridiction dans l'ordre de Cîteaux.

En 1560, un conflit du même genre se produisit avec Mathieu, le mesureur de grains de Liège, qui avait cité l'abbaye à comparaître devant les échevins.

L'an 1560, les bâtiments de l'abbaye, minés par la vétusté et les eaux, tout récemment lézardés par un violent incendie, durent être remplacés. Mais à peine l'abbaye avait-elle été reconstruite que les troupes du prince d'Orange la rasèrent pour ainsi dire jusqu'au sol (4-5 novembre 1568) parce qu'elle avait refusé, paraît-il, de fournir à la suite du prince une somme de 100,000 ducats. D'après un relevé de 1570, les dégâts causés au monastère se chiffrèrent par près de 200,000 florins (50) Ce furent des temps très durs pour notre abbaye. Pendant les mémorables journées du 4 et 5 novembre, la plupart des religieuses s'étaient réfugiées à Liège, où le prince d'Orange n'avait pas obtenu accès, mais trente-neuf d'entre elles étaient restées au Val-Benoît avec quinze converses et une quantité de personnes logeant au couvent (51).

Pour comble de malheur, l'hiver de l'année 1568 fut un des plus rigoureux dont on eut mémoire. Les blés furent gelés presque partout et l'abbaye, dans la crainte de ne forcée de faire toutes sortes de contrats avec ses fermiers pour pouvoir disposer sans retard de certaines sommes d'argent (52)

L'abbesse Jeanne de Berlo ne survécut pas longtemps à tous ces malheurs. A celle qui lui succéda incomba la tâche de réparer le désastre.


XXVII. - MARGUERITE DE HORION, 1569, + 3o mars 1594. Cette abbesse était issue d'une noble famille du pays de Liège. Elle était fille de Guillaume de Horion, écuyer, voué de Horion, seigneur d'Oleye, Grantaxhe, Freloux, Corthys, Engis, etc., bourgmestre de Liège en 1496, qui fit bâtir le fameux château de Horion, célèbre dans l'histoire pour l'énergique assaut qu'il soutint, en 1702, contre les troupes du prince de t'Serclaes. Sa mère était Barbe de Ghoer, dame de Heel, fille de jean de Ghoer et de Jeanne de Montfort. Son grand-père paternel était le chevalier Guillaume de Horion, bourgmestre de Liège en 1478, qui avait épousé Marguerite de Spontin (53). Sur son épitaphe figuraient les quartiers suivants

Horion, Duras, Spontein, Nameur,
Ghoer, Withemme, Montfort, Croy.

Nous rencontrons Marguerite de Horion comme prieure le 4 mars 1546, et le 3 mai de cette même année, elle est même citée comme abbesse. Est-ce une erreur de copiste ou ne faut-il pas y voir plutôt qu'en ce moment elle remplaçait l'abbesse? Nous sommes tenté de nous rallier à cette dernière hypothèse, d'autant plus que le fait semble s'être renouvelé dans un acte du 4 février 1565 (54), ce qui a fait placer la mort de l'abbesse précédente en cette année-là alors que nous la rencontrons encore à la fin de l'année 1568.

Lorsqu'elle arriva au siège abbatial, le Val-Benoît ne formait plus qu'un vaste monceau de ruines. Pour reconstruire la maison, il fallait de l'argent, et pour se procurer de l'argent on ne connaissait plus d'autre moyen que celui employé par Agnès de Pousseur: l'aliénation des rentes. Aussi la plupart des actes qui nous ont été conservés de cette époque concernent-ils les engagements de rentes.

L'abbesse sut obtenir une bulle du pape Grégoire XIII en date du 1er novembre 1574, l'exemptant du payement de la dime sur les bénéfices ecclésiastiques à l'évêque de Liège. Cette exemption lui fut encore confirmée par le Saint-Siège le 17 février 1584.

Pensant à juste titre que la pire des transactions valait mieux, surtout à cette époque dans la principauté de Liège, que le meilleur des procès, Marguerite de Horion obtint aussi de l'abbé de Cîteaux de pouvoir transiger dans différents procès qui s'éternisaient, et elle réussit ainsi à se procurer de l'argent qui, même en cas de bonne issue des procès, serait resté entre les doigts des procureurs et avocats (55).

Comme à cette époque encore l'abbaye était forcée de nourrir journellement plus de cent personnes, sans compter la grande quantité de pauvres qui y recevaient l'aumône, Robert, abbé de Cambron, vicaire général de l'ordre de Cîteaux dans les Pays-Bas, engagea l'abbesse â ne plus accepter de nouvelles religieuses aussi longtemps que la situation financière de l'abbaye ne se serait pas améliorée (56).

Enfin, l'abbesse sut mettre à contribution différents membres de sa riche famille dans l'ornementation de la nouvelle église, comme le prouve l'inscription suivante que l'on y lisait:

« Raes d'Ans, seigneur de Villers lez Guize et a Fontaine, Haut voué de Fize la Marselle, Bourguemaitre de la cité de Liège, et Madame Barbe de Horion, son espeuse a l'honnour de Jesu Christ et de la Vierge Marié, sa très sainte mère, ont donné cette table d'autel ici à Vaulx Benoit en faveur de noble dame, Madame Marguerite de Horion, leur chere soeur, abbesse virtueuse dudit lieu l'an 1590 (57) »

Cette table représentait l'Adoration des Rois.

En janvier 1588, elle avait déjà obtenu une grande verrière exécutée par Antoine Wypartz (58).

Malgré les énormes dépenses qu'avaient occasionnées toutes ces constructions, l'abbesse Marguerite de Horion eut la consolation, en mourant de voir que la plupart des rentes de l'abbaye qu'elle avait dû aliéner avaient pu être rachetées. C'est le plus bel éloge que nous puissions faire de son administration.

Ce fut sous cette abbesse, en 1592, que l'abbé de St-Jacques, de Liège, consentit à faire participer la communauté du Val-Benoît aux prières de son couvent et que les noms des religieuses décédées furent inscrits â côté de ceux des confrères dans l'obituaire de l'abbaye.

Marguerite de Horion mourut octogénaire.


XXVIII. - MARGUERITE DE NOVILLE, 1594, + 7 décembre 1631, était fille de Gérard de Noville et de Marie, qui épousa en secondes noces Louis de Salme, dont elle était déjà veuve en 1586 (59). Ce fut cette année-là que Marguerite prit le voile au Val-Benoît, apportant une dot superbe, qui, à cette époque de disette, devait être, on le conçoit, la bien venue à l'abbaye.

Dès son arrivée à l'abbatiat, Marguerite de Noville s'appliqua à continuer l'oeuvre de restauration et d'embellissement de la maison. Elle réédifia les bâtiments intérieurs et une partie des cloîtres. Pour l'ornementation de ceux-ci, plusieurs généreux particuliers lui vinrent en aide; entre autres, trois membres de la famille de Soumaigne: Arnold, prévôt de l'église des Apôtres, â Cologne, Walther et Jean, chanoines de St-Denis, à Liège, lui firent don chacun d'un vitrail à leurs armes, peints par Paul Wypartz, en 1629. Ce fut le même peintre qui exécuta, au Val-Benoît, en 1630, un vitrail aux armes de Henri de Harmscap, marchand bourgeois de Liège (60).

Respectueuse des décisions solennelles prises au XIVe siècle et renouvelées à la fin du XVI siècle au sujet du nombre des religieuses à admettre au couvent, Marguerite de Noville était parvenue en 1616 à réduire ce nombre jusqu'à trente-cinq.

Une grave maladie tint notre abbesse éloignée des affaires pendant près de deux ans et demi (avril 1617 à octobre 1619). Pendant tout ce temps elle fut remplacée provisoirement par la prieure Marguerite de Saint-Fontaine, qui lui succédera définitivement à sa mort, et par dame Agnès Constant, qui fut pendant de longues années la boursière de l'abbaye

Nous n'avons guère eu le temps, jusqu'ici, de nous arrêter aux innombrables procès que l'abbaye eut à soutenir. Si nous nous départissons pour un instant de cette réserve, c'est que, dans les deux cas qui vont suivre, des questions diplomatiques se sont greffées sur les questions de litige.

Depuis des années, le Val-Benoît était en conflit avec le seigneur d'Ougnée et Sclessin au sujet du bois de « Chainoit. » Au commencement du XVIIe siècle, Charles de Berlo, seigneur d'Ougnée et Sclessin, proposa à l'abbaye de remettre l'affaire, qui menaçait de s'éterniser, entre les mains de quatre arbitres, dont on s'engagerait de part et d'autre à respecter la décision. Ces arbitres furent: seigneur Louis de Chockier, bourgmestre de Liège et membre du Conseil ordinaire; Guillaume Blisia, membre du Conseil ordinaire, Jean Omalius et jean de Méan, tous licenciés en droit. Leur sentence, prononcée le 6 août 1612, détermina les limites des biens des deux parties.

A l'occasion de ce procès, l'abbaye du Val-Benoît avait fait recopier dans un cahier (que nous désignons dans notre inventaire sous le nom de Cartulaire III) tous les actes concernant cette propriété. Il n'y en avait pas moins de dix s'étendant entre les années 1233 et 1516. Le premier de ces actes, c'était la confirmation par l'évêque de Liège, jean d'Eppes, de la donation de la forêt de « Chainoit » à l'abbaye du Val-Benoît par le chevalier Herman de Sclessin. Chose curieuse, le second est la reproduction quasi textuelle du premier, à la date près, qui dans ce second acte est 1240. Par un heureux hasard les deux pièces originales qui servirent à la transcription dans le cartulaire sont encore conservées aux Archives de l'Etat à Liège. Toutes deux sont rédigées en langue romane, ce qui est loin d'être banal à cette époque. Ce qui l'est encore moins, c'est de rencontrer un évêque jean d'Eppes en 1240. Or, d'après les inscriptions figurant au dos de ce dernier acte, il n'y a pas de doute que ce ne fût celui-ci qui fut versé au dossier et que les savants juristes, mais piètres historiens et philologues du XVIIe siècle acceptèrent comme authentiques. Mauvais philologues, disons-nous,, car la langue de ces actes est manifestement celle du commencement du XIVe siècle. Et ceci nous amène à dire que ces pièces furent fabriquées à l'occasion d'un procès que l'abbaye du Val-Benoît eut à soutenir contre les rnasuiers d'Ougnée et Sclessin, au sujet du même bois de « Chainoit » en 1326. Ces actes constitueraient-ils, comme le pensent MM. Ulysse Capitaine (61) et Gobert (62) des traductions de chartes latines? Nous ne pouvons guère l'admettre pour les raisons suivantes: 1° L'expression anno gratie, qui aurait servi à la traduction de « l'an de grâce », ne se rencontre qu'une seule fois dans les actes émanant de l'évêque de Liège Jean d'Eppes. (63) Elle devient par contre d'un usage courant dans les actes romans du dernier quart du XIIIe et du premier quart du XIVe siècle. 2° Comment expliquera-t-on les tâtonnements du scribe composant un même acte à deux dates différentes dont l'une est absolument inadmissible? 3° Comment expliquera-t-on cette parfaite imitation de l'écriture du XIIIe siècle, imitation tellement réussie qu'il faut avoir une habitude déjà longue des documents de cette époque pour ne pas s'y tromper, si ce n'est par le but du scribe d'induire en erreur les juges du XIVe siècle? 4° Enfin le cas des deux traductions romanes du prétendu diplôme de 1194 (daté fautivement de 1184) déposées aux Archives de l'Etat à Liège (Fonds Robermont) et qui sont manifestement des faux, nous engage à nous mettre en garde contre les hypothèses de traductions. Si réellement le chevalier Herman de Sclessin fit don en 1233 à l'abbaye du Val-Benoît du bois de « Chainoit », il faut croire que l'acte de donation se perdit et que, pour maintenir ses droits, l'abbaye fut forcée d'avoir recours à un moyen qui, de nos jours, relèverait du domaine de la cour d'assises, mais qui, à ces époques primitives, était d'un usage courant et se commettait même, croyons-nous, de la meilleure foi du monde.

Mais si nous pouvons nous montrer indulgent pour un faussaire du moyen-âge, notre bénévolence ne va pas jusqu'à demander les circonstances atténuantes pour l'auteur du Manifeste des droits de la Révérende abbesse de Robermont et le Reverend Prieur des Chartreux et leurs convents, touchant la disbute leurs faicte Par les Mangons de la Cité de Liège, ès ans 1632 et 1633 (64).

A l'occasion d'un procès de l'abbaye de Robermont contre le métier des mangons ou bouchers de Liège au sujet des champs du Bouhay, un faussaire fabriqua trois actes de l'année 1225 (c'est â ce titre que nous nous en occupons ici) tellement grossiers que l'on se demande comment il est possible que des historiens, même du XVIIe et du XVIIIe siècle, aient pu s'y laisser prendre et contribuer à répandre sur les origines de l'abbaye de Robermont des fables que le présent travail et notre Cartulaire du Val-Benoît contribueront quelque peu, nous l'espérons du moins, à extirper (65).


XXIX. - MARGUERITE DE SAINT-FONTAINE, 1631, + 1 mai 1652, était fille de jean de Saint-Fontaine, seigneur de Chantraine en Condroz dans le ban de Havelange, fils d'Olivier de Saint-Fontaine, seigneur de Saint-Fontaine, Tahier, haut-voué des Avins, et d'Angèle Radoux du Pré. La mère de notre abbesse était Anne de Heyenhoven, fille d'Etienne de Heyenhoven, seigneur d'Ardre, grand-mayeur de Namur, capitaine de Mirwart, et d'Antoinette de Berlo (66). Voici, du reste, les quartiers de sa famille figurant sur son épitaphe:

Saint-Fontaine, Du Pré, Mons, Oest
Heyenhoven, Berlo, Brempt, Eve (67)

En l'année 1643, l'abbaye du Val-Benoît eut encore à souffrir d'une terrible inondation, qui occasionna de nouveau des ravages aux bâtiments. Cependant ceux-ci étaient complètement réparés, lorsque, le 30 août 1649, Maximilien-Henri de Bavière, coadjuteur de son oncle, Ferdinand de Bavière, prince-évêque de Liège, avant de faire son entrée dans la cité, s'arrêta quelque temps au monstère du Val-Benoit avec Otton de Spaar, général en chef des troupes bavaroises, le baron de Linden et le colonel de Schroet (68).


XXX. - CATHERINE DE HEYMONDE, 1652, + 13 avril 1671, fille de Gisbert (+ avant 25 avril 1616), releva, le 18 juillet 1652, devant la Haute Cour allodiale de Liège, la seigneurie d'Heure-le-Romain et les biens de l'abbaye, situés a Hambroux et Saive. Cette abbesse fit décorer l'église du Val-Benoît par le peintre Renier Lairesse, qui avait imaginé d'imiter sur le bois et sur les murs plâtrés le marbre, le jaspe et diverses pierres (69). Ce fut encore sous son abbatiat que Maître Bertholet Flémalle peignit le Crucifiement du maître-autel que Saumery admirait encore en 1737 et qui lui fut payé, somme considérable pour l'époque, 1900 florins de Brabant (70).


XXXI. - MARIE LE WALLE, 1671, + 28 mars 1697, fille d'Alexandre Le Walle d'Ordoncourt (dépendance de Melen) et de Barbe Savary. Sa soeur était mariée à Louis de Cartier, père d'un Louis de Cartier qui fut échevin de Liège de 1684 à 1699 (71). Elle devait être également apparentée avec seigneur Alexandre Le Walle, chanoine de Saint-Jean- Evangéliste à Liège, qui, le 7 juillet 1682 et le 20 mars 1685, fit des legs importants à l'abbaye du Val-Benoît. Dame Humbeline de Saive, religieuse au Val Benoit, était sa cousine (72).

De 1680 à 1691, Englebert Fisen fournit les toiles suivantes â l'abbaye du Val-Benoìt: saint Pierre dans la Grotte, le Baptême de Notre-Seigneur, la Samaritaine, la Cananéenne, le Centenier, Notre-Seigneur â Emaüs, le Christ au Jardin des Oliviers (73).

Dans un acte de 1682, nous voyons qu'il y avait au Val-Benoît trente-deux religieuses professes.


XXXII. - MICHELLE D'OGIER, 1697, + 15 février 1707.

Cette abbesse entra en religion en 1665, à l'âge de seize ans; elle fut boursière de l'abbaye pendant vingt-un ans.

A la suite des longues guerres qui sévirent au pays de Liège au commencement du XVIIIe siècle, les fermes de l'abbaye furent encore détruites et les moissons fourragées par les soldats dans de nombreuses communes. Aussi en l'année 1705 l'abbesse se vit-elle obligée de contracter un emprunt de cinq mille florins à seigneur Jean Wathier Henrion, prêtre bénéficier de St-Jean-Evangéliste à Liège, à l'effet de payer ses créanciers, et elle hypothéqua comme garantie ses fermes de Hambroux et de Thiernesse et généralement tous ses biens tant censaux que féodaux et allodiaux dans la principauté de Liège (74).


XXXIII. - CATHERINE DE LONGCHAMPS, 1707, + 26 février 1725, était fille d'Arnold de Longchamps, seigneur d'Abolens et de Poucet lez-Hannut, et de Catherine de Hemricourt, fille de Rigaud de Hemricourt (75). Sur son épitaphe figuraient les quartiers de Longchamps, Preudhomme, Hemricourt, Baré de Ciplet et Hemricourt, Hanosset, Lantremange et Roerixhe. Elle mourut au Val-Benoît à l'âge de 88 ans.

Cette abbesse acquit encore différents tableaux pour l'église du Val-Benoît, entre autres à Englebert Fisen une Assomption pour le grand autel, en 1712 et en 1722, saint Bernard contemplant les mystères de la Passion, et la Résurrection (76).


XXXIV. - ANNE DE MONTFORT, 1725, + 30 septembre 1749. Cette abbesse était déjà boursière en 1705, et lorsqu'elle passa de vie à trépas, elle avait atteint l'âge béni de 84 ans

Suivant une inscription lapidaire à la façade de l'un des bâtiments actuels, Anne de Montfort fit d'importantes réparations aux bâtiments en 1727. C'est de cette construction que Saumery fait une charmante description dans Les Délices du Pays de Liège (t. I, pp. 321-322). Peu de temps après la visite de l'écrivain français, en 1740, le 20 décembre, les flots de la Meuse renversèrent encore une fois la muraille longeant l'abbaye du côté du fleuve.


XXXV.- CATHERINE DE MEERTS, 1749, + 2 août 1751, entra au Val-Benoît à l'âge de dix-neuf ans. Elle fut religieuse professe pendant quarante-un ans et mourut à l'âge de 62 ans. Son épitaphe portait les vers suivants, bien conçus dans l'esprit de l'époque

Par nombre de vertus que l'on doit imiter,
Par un fond de bonté que l'on doit regretter.
Catherine soutint le parfait caractère
Et d'une digne abbesse et d'une tendre mère.

Pendant son court abbatiat, elle eut des ennuis assez sérieux qui lui furent causés par la négligence de l'abbesse précédente.

Depuis l'année 1731, l'abbaye n'avait plus payé le vin dont, s'il faut s'en rapporter à la note qui s'élevait à 16500 florins de Brabant, les religieuses faisaient une consommation assez abondante. Le 3 février 1750, l'abbesse se vit obligée, pour payer cette dette, d'aliéner une rente de 330 florins sur sa ferme de Thiernesse en faveur du chevalier Guillaume-Joseph Harlez, seigneur commissaire de la cité de Liège, mais, dès le 28 avril suivant elle parvint â rembourser sur la dette une somme de 5521 florins de Brabant, ce qui fit tomber la rente â 220 florins (77).

Au sujet de cette ferme de Thiernesse, notre abbesse reçut une supplique touchante du fermier concernant la dureté du bail qui lui fut imposé. Il y rappelait l'état misérable dans lequel se trouvait la ferme lorsque son grand-père y était arrivé. Vers l'année 1660 l'abbaye y avait placé, à défaut de fermier qui en voulût, quelques gens de service avec des soeurs converses. Comme ce moyen ne lui avait pas réussi, le grand-père du suppliant avait accepté d'y entrer. Au bout de quelques années d'un travail opiniâtre, il parvint â améliorer les terres de la ferme à tel point, qu'au dire des deux tantes du suppliant, religieuses au Val-Benoît, les revenus de l'abbaye avaient augmenté de 5oo florins. Cela n'empêcha pas l'abbesse Anne de Montfort de faire mettre la même dureté d'expressions dans le bail qu'elle lui fit en 1729. Elle avait ajouté, il est vrai, que le fermier trouverait dans sa bonté ce que le bail semblait lui refuser. Et, en effet, dans les premières années qui avaient été mauvaises, elle lui fit une remise de 300 florins. Mais dès que dame Bernarde Rouveroy devint boursière, il ne fut plus question de faveurs, et dame de Thier, qui lui succéda, se basa sur l'exemple de sa devancière pour refuser toute concession. Quant â Madame de Montfort, elle était devenue trop âgée pour pouvoir encore s'occuper de cette affaire. Depuis lors, les calamités s'étaient succédé pour ainsi dire sans interruption. L'inondation de 1740, les guerres, les fourrages, les stérilités, etc., etc., avaient achevé de ruiner le fermier, qui n'avait plus d'espoir que dans la générosité de Madame de Meerts.

Cette abbesse étant morte cette année même, il est probable que le fermier n'obtint pas encore satisfaction alors.


XXXVI. - DOROTHÉE DE ROSEN, 1751, + 7 mars 1761, fille de jean de Rosen, seigneur de Dilsen et de Chienstrée, bourgmestre de Liège en 1651, mort le 28 février 1680 et enterré à côté de sa femme à St Adalbert, à Liège, et d'Isabelle de Sélys, qu'il avait épousée en secondes noces, le 10 février 1639 (sa première femme était Dorothée de Joncis), décédée le 21 juin 1679, fille de Michel de Sélys, seigneur d'Opoeteren et Homes, bourgmestre de Liège, et de Marie Hocht.

Des huit enfants qui naquirent de ce mariage, les trois filles se firent religieuses: Marie, à Robermont; Dorothée, au Val-Benoît, et Louise-Alexis, aux Bénédictines, à Avroy; et des cinq garçons, trois prirent la soutane: Jean-Pierre, baron de Rosen, conseiller de Liège en 1720, chanoine tréfoncier, archidiacre de Famenne, prévôt de St-jean et grand chancelier de Liège, + le 8 juillet 1722; Arnoud, chanoine et doyen de la collégiale de Huy, et Gérard, chanoine de Flône, curé et doyen d'Antheit. Des deux autres, Jean de Rosen (+ 8 novembre 1675), épousa Françoise-Ernestine de Playoul de Savary, et Michel-Henri, baron de Rosen, par lettres patentes du 30 mars 1703, seigneur de Dilsen, Chienstrée et Repen, bourgmestre de la cité de Liège en 1706, épousa Hélène Hellincx et mourut le 14 juillet 1710 (78).

Dorothée de Rosen fêta son cinquantième anniversaire de profession et mourut à l'âge de 68 ans.


XXXVII. - ERNESTINE (DE) ELIAS, 1761, + 7 décembre 1776 (79).

Sous cette abbesse, l'architecte Jean-Baptiste Renoz fit une restauration en tous points défavorable de l'église du Val-Benoît. En 1762, Hubert Boreux, qui avait restauré la façade du choeur, entreprit d'effectuer « le pavé du sanctuaire en marbre d'Italie et de Dinant » En 1767, ce fut le sculpteur Nicolas Louis qui fit les stalles du choeur des Soeurs. En 1766, Jacques Vivroux sculpta une Assomption pour le choeur des Dames, et, la même année, H. Deprez et J.-B. Coders peignirent chacun, au prix global de 3,000 florins, trois grands tableaux desstinés au choeur (80).


XXXVIII. - LOUISE (DE) SARTO, 1776, + 1790.

Cette abbesse eut le tort de vouloir changer, en 1777, suivant le mauvais goût de l'époque, les bâtisses caractéristiques que Marguerite de Noville avait élevées en 1629.

Mais ce n'était pas seulement en fait d'architecture que le goût s'était altéré. A l'occasion de la nomination des dernières abbesses, des rimailleurs composèrent des vers qui se chantaient le jour de la bénédiction sur un air à la mode. A l'occasion de la bénédiction de Louise Sarto, qui eut lieu le 31 août 1776, fut composée une chanson en six couplets, sur l'air de La bonne aventure. Pour que le souvenir s'en perpétuât, cela fut imprimé. Voici le dernier couplet, qui permettra de juger des autres

Enfin la Communauté,
Très sage et très discrète,
Jouit par sa charité,
D'une paix parfaite;
Et les échos d'alentour
Vont répétant tour à tour:
La bonne aventure.
            O gué!
La bonne aventure (81)


XXXIX. - HENRIETTE DEVAUX, dernière abbesse du Val-Benoît.

Cette abbesse, originaire de Huy, fut élue le 12 mars 1790 par le chapitre de l'abbaye, composé encore à cette époque de dix-huit dames. A la fin du siècle dernier, l'histoire du Val-Benoît fut un peu celle de tous nos établissements religieux à l'arrivée des armées de la République. Du 25 octobre au 27 novembre 1792, le couvent eut à loger de nombreux soldats et des chevaux de l'armée autrichienne qui avaient rétabli le prince-évêque sur le trône épiscopal. Mais le 28 novembre arrivèrent les troupes françaises et, dès le 3 décembre suivant, le citoyen commissaire ordonnateur en chef Ronsin demanda à connaître les revenus exacts des couvents du pays. Le Val-Benoît répondit que ses revenus annuels en épeautre s'élevaient à 1600 muids et en argent à 2,000 florins. En conséquence, il eut à payer immédiatement 150 muids d'épeautre et 400 florins (82).

En même temps, une partie des locaux de l'abbaye fut affectée à la mouture des grains de la République. Cette affectation cessa en mars 1793 époque où les Français furent à leur tour chassés du pays par les Autrichiens, lesquels se maintinrent chez nous jusqu'au mois de juillet 1794 (83).

Le 10 juillet, l'abbesse du Val-Benoît partit avec 6 religieuses et deux soeurs converses, emportant les coffres avec l'argenterie et de nombreux objets précieux. Elles descendirent la Meuse jusqu'à Venloo et de là s'enfuirent en Allemagne, en passant par Blerick, Rhinberg, Wezel, Rhédé, Dulmen, Olfen. Elles ne revinrent à Liège que le 10 juin 1795, après avoir été forcées de vendre l'argenterie à Dulmen pour la somme de 9971 florins 16 sous 1 liard. Entretemps, les inspecteurs des domaines nationaux s'étaient présentés au Val-Benoît, mais il leur fut répondu que l'ancien receveur de la maison avait émigré avec des religieuses, emportant tous les registres, titres et papiers Quant aux meubles, linges et effets des religieuses, ils avaient été sauvés en grande partie par dame Josephine Magnée, qui les avait mis en lieu sûr dans la petite maison de campagne de M. Charles Piermont, à Fragnée.

Cependant, les religieuses qui étaient restées au Val-Benoît, privées de leurs revenus, étaient réduites à la misère. Au mois de septembre 1794, elles demandèrent à l'Administration centrale de pouvoir jouir de leurs revenus comme à l'ordinaire. L'autorisation qui leur fut accordée ne fut guère de longue durée.

Les bâtiments de la brasserie et de l'infirmerie furent bientôt choisis pour servir d'ateliers et de magasins généraux des équipages militaires et de l'artillerie, et, pour comble d'infortune, les religieuses se virent encore frappées de nouvelles contributions (84).

Enfin l'abbaye fut supprimée à la suite de la loi du 1 septembre 1796 (85). Le citoyen Piette, fondé de procuration d'ex-religieuses , fut déclaré acquéreur de l'ensemble de la propriété immobilière du Val-Benoît, les 14 mars et 16 avril 1797, pour la somme totale de 108,000 livres. Les religieuses n'étaient en réalité que des prête-nom. Le véritable acquéreur était Pierre-Joseph-Abraham Lesoinne. Un de ses héritiers, M. Ad. van der Heyden a Hauzeur, est le propriétaire actuel de la plus grande partie des bâtiments de l'ancienne abbaye, et les amateurs d'art et d'archéologie apprendront sans doute avec plaisir que cet intelligent propriétaire s'occupe très activement de la restauration des armoiries qui surmontaient jadis les pierres commémoratives encore nombreuses au Val-Benoît.



(1) GILLES D'ORVAL, M. G. H. SS. XXV, « A monte qui dicifur Roberti. » Gilles d'Orval reproduit ici un texte de la continuation d'Anselme par Sigebert

(2) Voyez notre Cartulaire du Val-Benoit. Charte de 1206 (n° 9).

(3) Reineri Annales, M. G. H. SS. XVI.

(4) On sait que la cellerière avait la haute administration des colonies rurales de l'abbaye.

(5) Ceci ne veut évidemment pas dire que ce fut le seul ordre de Citeaux qui connût les couvents composés d'hommes et de femmes. Au contraire, c'est surtout chez les augustins que l'on rencontre dans les premiers temps les prieurés mixtes (cf. dans le pays de Liège: Beaufays, Solières, etc.). Mais Robermont ne parait pas avoir été dans ce cas.

(6) D'après la charte constitutive de Cîteaux, l'agriculture devait former la base du revenu du monastère (Inst. Cab. Gen. I cap. 5). Voyez à ce sujet Don URSMER BERLIÈRE Les Origines de Citeaux et l'ordre bénédictin au XIIe siècle, dans la Revue d'Histoire ecclésiastique, I (1900), pp. 448 à 471, et II (1901), pp. 253 à 290.

(7) VON INAMA-STERNEGG Deutsche Wirtschafisgeschichte, p. 120.

(8) Comme on le voit, la rigueur primitive, qui avait fait refuser les dîmes par l'abbaye de Cîteaux, n'était plus guère observée. Notre abbaye ne refusa pas davantage le patronat des églises paroissiales. Mais on ne doit pas oublier que la constitution de Cîteaux ne fut en quelque sorte qu'une protestation contre les abus qui s'étaient introduits cet égard dans un grand nombre d'abbayes, particulièrement à Cluny, dont les abbés, maîtres de châteaux, de villages avec leurs paysans, de serfs de l'un et de l'autre sexe, comptaient parmi les plus grands seigneurs de l'époque. Les réformateurs ne se doutaient pas alors que moins d'un siècle plus tard, ils tomberaient dans les mêmes travers. (DOM BERLIÈRE, (op. Cit.).

(9) On sait que le concile de Latran enleva le privilège de l'exemption générale des dimes aux monastères cisterciens qui seraient fondés dans la suite.

(10) Gesta abbreviata à la suite de Gilles d'Orval, M. G. H. SS. XXV; «cujus primus prior fuit Balinus de novo hospitali. »

(11) Albéric des Troisfontaines : M. G. H. SS. XXIII.

(12) JEAN D'OUTREMEUSE: Wauz Sainte Benoit (Ly Myreur des Histors, t. V, p. 167). - Archives de l'Etat à Liège : Fonds Eglise St-Martin. Registre de recettes de 1477-1507: Valus Sancti Benedicti - Gazette de Liège, supplément du 5 février 1891, article: Etat des communautés religieuses au pays de Liège en 1808 : Val-Saint-Benoît, etc., etc.

(13) A l'emplacement occupé aujourd'hui par la caserne des Ecohers.

(14) Charte de 1243, avril. - On le voit, ce n'est pas d'hier que date le principal champ des morts de Liège.

(15) Elles sont à peine installées à Robermont que déjà le duc de Limbourg, Henri IV, et son épouse Ermengarde leur accordent le droit de glandée pour cinquante porcs dans leurs bois (25 septembre 1244). Archives de l'Etat à Liège: Charte originale de Robermont. Archives du Royaume. Chambre des Comptes: Copie au registre 134, fol. 102 Voyez des copies défectueuses et incomplètes de cette charte dans MIRAEUS, Oper. dipl., tome I, p. 316, et, d'après lui, dans ERNST, Histoire du Limbourg, tome VI, p. 236.

(16) Cf. K. LAMPRECHT: Deusches Wirschaftsleben im Mittelalter, IV, 679: «Schon in der ersten Hälfte des XIIIen Jahrhunderts spielen, namentlich in den Cistercienserklöstern. Laienbrüder, welche unter Uebertragùng grosserer Sùmmen, oft des ganzen Besitzes, aufgenornrnen sind, eine grosse Rolle. »

(17) Les chroniqueurs et historiens du XVIIe siècle ont attribué à une prétendue Catherine de Lexhy le rôle joué par Sibylle. Nous ne nous attarderons pas à réfuter ici toutes les balourdises qui proviennent indistinctement de la même source: le faux fabriqué en 1632 à l'abbaye de Robermont à l'occasion de son procès contre le métier des mangons de Liège. Cette Catherine de Lexhy n'a eu qu'un seul tort: celui de n'avoir jamais existé.

(18) Suivant la Gallia Christiana qui, en dehors de l'ouvrage de Fisen, semble avoir eu à sa disposition un obituaire de l'abbaye où elle aura trouvé le jour de la commémoration de la mort des abbesses, mais non l'année de leur mort.

(19) Privilège d'Innocent IV; 1245, 12 août.

(20) Voici l'épitaphe de cette abbesse d'après la Gallia Christiana

Quidauid fortuna, natura vel ars meditari
Scivit, in hac una vobis Deus accumulavit.
Nomen, si quaeris, fuit Ermengarda vocata
De Nassou nata, de Ruleimonde postea lata.
Annis ter denis cum senis, non sine poenis,
Hoc claustrum rexit, quam Christus ad aethera vexit.
Haec sunt in fossa praeclarae corpus et ossa.

A propos de la date de la mort de cette abbesse, la Gallia Christiana commet une erreur absolument inexplicable. Elle assigne â son décès la date de 1220. Or, en ce moment, l'abbaye du Val-Benoît n'existait pas encore et, en tout cas, les cisterciennes n'y étaient pas.

(21) MARTENE, Thes. Anecdot. IV. 1309, d'après d'ARBOIS DE JUBAINVILLE: Etudes sur l'état intérieur des monastères cisterciens aux XIIe et XIIIe siècles, p. 44.

(22) Annales Sancti Jacobi (M. G. H SS. XVI, 642) et Reineri Annales (Ibid., p. 680). Cet auteur écrit que Thierry fut enterré « apud moniales cisterciensis ordinis», ce qu'il ne faut pas prendre à la lettre, puisque les cisterciennes n'y sont arrivées qu'en 1231.

(23) GOBERT: Les Rues de Liège, t. IV, p. 43.

(24) NAVEAU. Analyse du Recueil d'epitaphes des Le Fort, p 67 et 399

(25) « Le mardi devant le florie Pâque 1326 » (Style moderne, 1er mars 1327). LE FORT, Manuscrits généalogiques aux Archives de l'Etat, à Liège, 1ère partie, tome 22, fol. 58 et sqq.

(26) Ibid., Cf. C. DE BORMAN. Les Echevins de la Souveraine justice de Liège, tome I, page 87.

(27) Eclaircissement des privilèges de l'ordre de Citeaux, p. 53 Sans nom d'auteur. - Liège, 1714. -

(28) Voici quelle était son épitaphe qui nous fut communiquée par feu M. le chanoine Henrotte:

M. C. ter LXI quater annis si bene scripsi,

Luce Katharinae quae jam regnat sine fine,
Evo confracta, decessit dampna Johanna
Hic abbatissa, de stirpe Rose generata.
Femina pacifica, sapiens humilisque, pudica,
Dulciter ut vixit, tandem cum pace quievit.
Hic qui respicitis omnes pensate quod estis.
Ut sum, sic eritis, ergo pro me rogo oretis.

(29) Il se passait généralement un petit temps entre l'élection de l'abbesse et sa confirmation par l'abbé de Citeaux ou son délégué - Voir au sujet des élections des abbesses de l'ordre de Cîteaux W. DE PAQUIER L'abbaye de Solières. (Bulletin de la Société d'art et d'histoire du diocèse de Liège, tome X, pages 106 et sqq.)

(30) Voyez sur ce sujet: L. DOLBERG: Die Cistercienser beim Mahle, servitien und Pitancien dans les Studien und Mitthilungen aus dem Benedictiner-Orden XVII, 609-629.

(31) La cour et les biens de l'abbaye à Simpelvelt avaient été loués pour un terme de douze ans, dès l'année 1366.

(32) GOBERT: Les Rues de Liège, t. III, p. 292.

(33) Archives de l'Etat, à Liège: Fonds du Val-Benoit. Registre aux stuits, 1785-1795, fol. 54 V°.

(34) Acte du 8 octobre 1425.

(35) LE FORT: Mss. généal.3 e partie, tome 9.

(36) Hemricourt: Miroir des Nobles, édit. Jalheau, p. 255, note i.

(37) Bibliothèque royale à Bruxelles: Section des Manuscrits. Ms. 401-403, fol. 112. Cf dom URSMER BERLIÈRE. Monasticon Belge, I, 84.

(38) Archives de l'Etat à Liège : Registre de cens, rentes et trescens. Compte général de 1443.

(39) Eclaircissement des privilèges de l'ordre de Cîteauz, etc , p. 331.

(40) LE FORT, Mss. généal. 3e partie, tome 37. Cf. chevalier DE HARENNE: Le Château de la Rochette et ses seigneurs, cité par le chevalier C. DE BORMAN: Les Echevins de Liège, I, 300.

(41) Archives de l'Etat à Liège. Fonds: Echevins de Liège. Convenances et testaments, mars 1419, fol. 21.

(42) Le mouvement de réforme partit de l'abbaye de Marche-les-Dames. (Dom BERLIÈRE: Monasticon Belge, I, 180

(43) Dans le registre aux stuits de 1546-1580 (Archives de l'Etat), elle apparaît encore à la date du 28 octobre 1480. - Nous avons moins de confiance dans une note d'un registre du XVIe siècle que dans l'acte authentique du 8 septembre 1480, où nous rencontrons déjà l'abbesse suivante. Inutile d'ajouter que nous rejetons absolument l'année 1484 donnée par nos sources imprimées comme étant celle de sa mort.

(44) LE FORT, Mss. généal, 1re partie, tome 18, fol. 165.

(45) Acte du 6 juillet 1484.

(46)Voyez notre inventaire, et Cf. ST. BORMANS: Les Seigneuries allodiales, p. 101.

(47) Voyez notre inventaire. Cf. ST. BORMANS. Les seigneuries féodales. (Bulletin de l'Institut archéologique liégeois, t. X, pp. 164 et 165.)

(48) J. HABETS Beschrjving der Loonsche leenen in het hertogdom Limburg. L'auteur avait confondu la seigneurie de Brus, près de Glons, avec celle de Breust, près d'Eysden; mais, dans ses addenda, il corrige son erreur.

(49) LE FORT. Mss. généal., 3e partie, tome VI.

(50) TH. GOBERT, Les Rues de Liège, tome IV, p. 38.

(51) Acte du 17 février 1584.

(52) Voyez l'acte du 1er décembre 1568, où Jeanne de Berlo apparaît encore comme abbesse, ce qui prouve que la date de 1566, supposée par nos listes imprimées comme celle de sa mort, ne peut être acceptée.

(53) LE FORT. Mss. généal., 1ere partie, tome II, fol. 129.

(54) Archives de l'Etat à Liège. Val-Benoît. Registre aux stuits. 1546-1580, fol. 61 v°.

(55) Acte du 1er juillet 1585.

(56) Acte du 9 décembre 1585.

(57) Recueil héraldique des Bourgmestres de Liège, p. 306.

(58) Archives de l'Etat, à Liège Chambre des Finances. Compte de la recette générale de 1587-1588, f° 233 v°, cité par PINCHART: Archives des arts, sciences et lettres, 1re série, tome II, p. 9.

(59) Acte du 31 mai 1586.

(60) NAVEAU  Analyse du recueil d'epitahes des Le Fort, pp. 67 et 68.

(61) Bulletin de la Société liégeoise de littérature wallonne, t. IV, Mélanges, p. 59.

(62) GOBERT Les Rues de Liège, tome IV, page 36.

(63) BORMANS ET SCHOOLMEESTERS: Cartulaire de l'église St-Lambert, tome I, p 325.

(64) A Liège, de l'imprimerie de Jean Ouwerx, 1633, reproduit dans les Mémoires pour servir à l'histoire monastique du Pays de Liège (publication des Bibliophiles Liégeois). L'original du manuscrit est conservé aux Archives de l'Etat à Liège, Fonds Robermont.

(65) Voyez à ce sujet Th. GOBERT Les rues de Liège, t. III, pp. 404 et suivantes.

(66) LE FORT, Mss. généal , 1re partie, tome 21, fol 13.

(67) L. NAVEAU, o. cit., p. 69

(68) Rerum Leodiensium status anna M. D. C. XLIX, publié par le docteur ALEXANDRE, dans la collection des Bibliophiles liégeois.

(69) Biographie Nationale, article de M. HELBIG.

(70) Coll, van der Heyden a Hauzeur: Liasse contenant l'état des dépenses de la boursière Bartholomée Oteren sous l'abbesse Catherine de Heymonde.

(71) Renseignement dû à l'obligeance de M. le chevalier Camille de Borman.

(72) Liasse du Vai-Benoit aux archives de l'Etat à Liège.

(73) Th. GOBERT, Les Rues de Liège, tome IV, p 40

(74) Archives de l'Etat à Liège. Liasse du Val-Benoit.

(75) LE FORT, Mss. général, 1re partie, tome 16, fol. 190.

(76) GOBERT. Le Rues de Liège, t. IV, p 40.

(77) Archives de l'Etat à Liège. Liasse du Val-Benoit.

(78) GOETHALS Dictionnaire généalogique et héraldique.

(79) Nécrologe de Marche-les-Dames, dans les Analectes pour servir à l'histoire ecclésiastique, tome VIII, p. 193.

(80) GOBERT, o. cit, p.40.

(81) Archives de l'Etat, à Liège, Val-Benoit, liasse n° ancien 1299.

(82) Liasse du Val-Benoit aux archives de l'Etat à Liége. Ancien n° 1299.

(83) GOBERT, op. cit.. p. 40 et suivantes.

(84) Voyez, au sujet des dernières années du Val-Benoît, TH. GOBERT, op cit., p. 40 et suivantes, qui entre dans de longs et intéressants détails que nous ne pouvons que signaler ici, et aussi les deux articles de M. CLERCX, dans le Bulletin de l'Institut archéologique liégeois, t. VII, pp. 269-310, et XVI, pp. 485 et sqq, ainsi qu'un article de M Jos. HALKIN dans le Bulletin de la Société d'art et d'histoire du diocèse de Liège, t. XII.

(85) En ce moment il y avait encore au Val-Benoît 17 religieuses et 6 soeurs converses. Le montant du capital qui leur était dû s'élevait à fr. 190,004; celui des dettes passives, à fr 72,445-15. L'évaluation de la valeur en capital de leurs propriétés foncières au 1/30 de leur produit était faite à fr. 331,908, et celle des dettes actives et capitaux de rente au denier 20 à fr. 243,371-11. (J. HALKIN, op. Cit.)

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