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Eglise Saint Jacques à Liège


LE SINGE MITRÉ

extrait de LIEGE, ardente et turbulente, 1993 par Lily Portugaels et Charles Mahaux.


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J'étais un peu perplexe devant ces étranges sculptures lorsque, à mes côtés, une voix devenue familière me donna une explication avec une complaisance suspecte.

- C'est, dit « mon moine », la vengeance d'un sculpteur vis-à-vis du père abbé de ce temps-là. Il avait eu une controverse sévère à propos du montant de la facture de l'artisan. Le père abbé était resté intransigeant.

Une nuit, l'homme s'introduisit dans l'église et transforma en mitre le feuillage en bois qui surmontait la représentation d'un singe. Il faut savoir qu’à l'époque le port de la mitre par un père abbé avait fait l'objet de beaucoup de discussions; l'abbé de Saint-Jacques en avait eu le privilège au grand dam de l'abbé de Saint-Laurent, qui l'obtint un peu plus tard.

Pour en revenir à l'accoudoir des stalles de Saint-Jacques, quelques moines découvrirent rapidement le travail, qui suscita pendant plusieurs offices des accès de fou-rire difficilement réprimés. Mais, craignant de ne pouvoir garder leur sérieux en évoquant l'affaire, aucun n'eut le courage d'en avertir l'abbé. Ce ne fut que bien plus tard que le supérieur eut vent de l'affaire. Il n'en fut pas ravi mais il eut trop à faire dans les semaines qui suivirent pour prendre des dispositions, et il mourut sans avoir eu le temps de se préoccuper d'un tel détail. C'est pourquoi aujourd'hui encore, par-delà les siècles, le singe mitré assure toujours la vengeance de l'artisan.

- Je n'avais jamais entendu parler de cette histoire mais, après tout, elle en vaut bien d'autres.

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