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LE PEINTRE JEAN.

Par Godefroid KURTH


Le peintre jean, qui, à la fin du Xe siècle et au commencement du XIe, orna de ses œuvres les églises de Liège et d’Aix La Chapelle, est le plus ancien artiste du pinceau qui soit connu dans les annales de la Belgique. Son nom ouvre, si je puis ainsi parler, l'histoire de notre école de peinture, et, à ce seul point de vue, il mérite d’être tiré de l'oubli.

Bien que peu connue, l'histoire du peintre Jean semble, à première vue, des mieux établies. Elle nous est fournie par des documents qui pourraient, avec un peu de bonne volonté, être tenus pour contemporains: la vie de Baldéric II, Evêque de Liège (1), et l'épitaphe de Jean lui-même, dans l'église Saint-Jacques de Liège. (2) Si l'on n’y regardait pas de très près, on pourrait croire que ces documents constituent deux témoignages indépendant l'un de l'autre et se corroborant mutuellement.

Il n'en est rien. En réalité, nous n’avons qu’un seul témoignage, qui est le Vita Balderici, et l’épitaphe a été rédigée postérieurement, d'après les renseignements fournis par ce texte. C’est ce qu'il est aisé de démontrer.

Les données du Vita sont originales, précises, détaillées, nombreuses; celles de l’épitaphe sont vagues, ne contiennent rien qui ne soit dans le Vita, ne donnent qu’un abrégé de ce qu’il y a dans celui-ci et ne le reproduisent pas sans inexactitude.

Nous allons fournir les preuves de ces assertions

Selon le Vita, Jean est un peintre italien de grand mérite, que l’empereur Otton III, désireux d’orner l’église d’Aix la Chapelle encore sans peintures, a fait venir d’au delà des Alpes. Jean obéit, et exécuta de beaux travaux dans le sanctuaire de Charlemagne. Pour le récompenser, l’Empereur lui donna un siège épiscopal alors vacant en Italie. Jean était en route pour aller en prendre possession, lorsqu’il reçut un message par lequel le Duc du pays l’informait qu’il avait à épouser sa fille s’il voulait être reconnu. Alors Jean revint tristement vers l’Empereur, qui l’aimait comme lui-même, qui lui donna une des premières places à sa cour et qui prêta volontiers l’oreille à ses exhortations. Jean lui conseillait la justice, la douceur envers ses sujets, le zèle pour les affaires publiques, et souvent, à sa voix, le caractère impétueux de l’empereur se modéra. Finalement, craignant qu’à cause de ses nombreuses occupations il ne fût exposé à laisser l’homme de Dieu manquer de quelque chose à sa cour (3), l’empereur le recommanda à l’évêque de Liège. Celui-ci servit de mécène au pauvre exilé, qui devint son ami et son conseillé. Jean consola l’évêque de sa cruelle défaite de Hougaerde, dont Baldéric ne pouvait évoquer le souvenir sans larmes ; il lui conseilla de bâtir le monastère de Saint Jacques en expiation du sang versé. L’évêque obéit, et cette célèbre abbaye dut ainsi son origine au conseil du pieux artiste italien, qui l’orna de ses peintures et qui y trouva son tombeau. Les fondements de l’église furent jetés le 25 avril 1016, et la crypte, dédiée à Saint André, fut consacrée le 7 septembre de la même année. Jean y assista, et c’est la dernière mention que fasse de lui le Vita Balderici.

L’évêque mourut le 29 juillet 1018 (4), et l’on ne sait pas si Jean le précéda ou le suivi dans la tombe.

Voilà ce que raconte le Vita Balderici. A cet exposé, l’épitaphe conservée par Gilles d’Orval a emprunté trois traits, et les donne dans l’ordre où elle les a trouvés chez le biographe: a) Jean est un évêque italien chassé de son diocèse; b) il a exécuté des peintures à Aix la Chapelle; c) il a conseillé à Baldéric de fonder l’abbaye de Saint Jacques. La relation de dépendance entre l'épitaphe et le Vita est déjà visible dans cette succession des trois faits; elle devient évidente à l’endroit où l’épitaphe parle des peintures d’Aix la Chapelle. L’auteur du Vita les a vues, à n’en pas douter; il y renvoie son lecteur, il cite les deux vers écrits au dessous de ces peintures, dans lesquels l’artiste se fait connaître et dont le second est ainsi conçu:

Claret Aquis sane tua quâ valeat manus arte.

Or, sait-on comment l’épitaphe commémore en deux vers toute cette activité artistique d’Aix la Chapelle?

Qua probat arte manum, dat Aquis, dat cernere planum Picta domus Karoli rara sub arce poli.

L’emprunt est manifeste, et la bévue aussi. Car c’est l’église d’Aix la Chapelle, au témoignage du Vita, et non le palis de l’empereur que jean fut chargé de décorer (5). Mais, le Vita parlant aussi du palais dans la phrase même où il rappelle les peintures de la chapelle, on comprend qu’avec un peu de distraction l’auteur de l’épitaphe s’y soit trompé.

L'épitaphe est donc une reproduction incomplète et fautive du Vita, et celui-ci reste pour nous la seule source de la biographie du peintre Jean.

Mais cette source elle-même n’est pas absolument pure. Le Vita Balderici fut écrit par un moine de Saint Jacques en 1053, à une date où depuis plus d’une génération Baldéric et probablement le peintre Jean lui-même reposaient dans la tombe. Or, si à cette date, l’auteur pouvait encore trouver dans son abbaye de bon matériaux pour écrire l’histoire du fondateur, il n’en était pas de même en ce qui concernait le pauvre exilé italien. Celui-ci n’était plus qu’une ombre indécise; ses peintures murales et son tombeau, conservées dans l’église de l’abbaye, étaient les seuls gardiens de son souvenir. Aussi l’auteur du Vita est il tellement dépourvu d’informations sur lui, qu’il est réduit à en demander aux deux vers, si peu explicites, qui se lisaient au bas de ses peintures d’Aix la Chapelle. Que pouvait il donc savoir delà partie de l’existence de jean qui s’était écoulée au delà des monts? Rien que des légendes. Il en si bien conscience que sur le point de les raconter, il croit devoir s’excuser auprès du lecteur: « Si notre récit paraît invraisemblable et si nous sommes accusés de raconter des mensonges, la responsabilité en reviendra plutôt à ceux dont l’autorité nous a poussés à écrire et dont nous ne faisons que reproduire le témoignage!...

L’histoire de l’évêché accordé à Jean, mais non occupé par lui, est d’ailleurs hautement invraisemblable, pour ne pas dire fabuleuse. Point n’est besoin de renvoyer dans le royaume des légendes ce duc italien qui ne permet pas à un évêque de prendre possession de son siège, parce que celui-ci ne veut pas épouser sa fille, et cela sans que l’empereur s’avise de le mettre à la raison. Ajoutons à cela qu’Otton III ne peut pas avoir recommandé Jean à Baldéric II, comme l’affirme le biographe de ce dernier puisque Otton III est mort en 1002 et que Baldéric n’est devenu évêque de Liège qu’en 1008. Si le fait de la recommandation est avéré – et je n’éprouve aucune envie de le révoquer en doute – c’est le nom de Notger qu’il faut substituer dans notre épisode à celui de Baldéric II.

En voilà assez pour nous convaincre que les souvenirs du biographe sont en partie confus, en partie légendaires. Ce que nous retiendrons de son récit, c’est que l’empereur Otton III, voulant orner la basilique d’Aix la Chapelle, a fait venir d’Italie (6) un peintre du nom de Jean, qui a travaillé pour lui dans cette ville, et qui, plus tard, a vécu à Liège chez Notger et chez Baldéric II, payant par des œuvres d’art l’hospitalité qu’il y recevait. Il est difficile de dire quel est l’élément historique dans l’histoire de l’évêché manqué, que Jean a été prêtre, et que son art a été, en quelque sorte, une expression de son sacerdoce.

On a voulu de cet artiste faire un Byzantin. Pourquoi? « D’après les propensions bien connues de son impérial protecteur, (il) a dû être, sinon un artiste de Constantinople même, au moins un maître particulièrement initié au style et à la technique tels que les peintres orientaux les pratiquaient encore à cette époque (7)» On a cru même trouver, dans la rapide disparition des œuvres de notre peintre, une autre preuve de son caractère byzantin: cette disparition, en effet, « par l’abus des tons noirs et bruns que les Byzantins affectionnaient à l’excès (8) » Dans tout cela, il n’y a que des hypothèses absolument gratuites, et mieux vaut avouer purement et simplement notre ignorance en ce qui concerne l’éducation artistique de Jean et le caractère de son Art (9)

Quant à la durée des peintures de Jean, elle a été bien moindre encore qu’on ne le pense généralement. On a supposé, sur la foi d’un texte mal interprété, qu’elles avaient subsisté, au moins en partie, jusqu’au XIII: c’est une erreur; celles de saint Jacques ne subsistaient déjà plus au milieu du XIe, et elles n’avaient pas duré en tout cinquante ans. Habitués à se servir du compilateur Gilles d’Orval au lieu de remonter à ses sources, et de plus, ne le consultant que dans l’édition vieillie de Chapeauville au lieu de recourir au texte critique de Heller, les écrivains belges qui ont parlés de Jean se sont persuadés que le passage de Gilles d’Orval qui fait connaître ce mauvais état de conservation était du chroniqueur lui-même, alors que selon son procédé familier, Gilles s’est borné à reproduire purement et simplement le texte du Vita Balderici. Ils ont donc attribué à ces peintures une durée de deux siècles alors qu’au témoignage de notre source, un demi siècle avait suffi pour enlever à celles d’Aix la Chapelle une grande partie de leur éclat, tandis que celles de Liège vieillissaient et se ternissaient à vue d’œil. De plus savant que moi diront si ce sont les procédés byzantins qu’il faut rendre responsables de cette rapide dégradation. Je crois que l’incurie ou l’indifférence des contemporains pourraient bien un peu aussi rendre compte de ce fâcheux phénomène. A Saint Jacques même, on ne se fit pas scrupule de faire disparaître une partie de l’œuvre de jean pour la remplacer par d’autres compositions.

Les peintures de jean étaient accompagnées de vers explicatifs; l’auteur du Vita Balderici en reproduit deux. Le premier était ainsi conçu:

E patriae nido rapuit me terius Otto.

Et l’autre:

Claret Aquis sane tua quâ valeat manus arte.

Tous deux nous entretiennent du poète et semblent indiquer qu’il s’était représenté lui-même dans ses fresques d’Aix la Chapelle et de Liège. Selon toute apparence, ils étaient écrit sur des phylactères, selon l’habitude du moyen-âge (10). Le second est d’une interprétation un peu difficile, en ce sens qu’on ne se rend pas compte du thème pictural qu’il sert à illustrer.

Le biographe admire les peintures de Jean. Ce qui en reste est bien supérieur, selon lui, aux peintures plus récentes qui les ont remplacées. Nous ne sommes pas à même de contrôler la valeur de ce témoignage.

Voilà ce que le Vita Balderici nous ait connaître au sujet de notre artiste. Il n’en parle d’ailleurs que tant que sa biographie est mêlée à celle de son héros, l’évêque Balderic. Il nous sera bien permis de dépasser ce cadre et de nous informer ailleurs encore. Nous avons vu, en rectifiant un souvenir un peu brouillé du biographe, que Jean a dû être le protégé de Notger, et que c’est à ce prélat qu’il avait été recommandé par Otton III. Or, Notger, qui avait rempli d’églises neuves la ville et le pays de Liège, et dont nous savons qu’il les a ornées de toute manière, ne se sera certainement pas privé des services que pouvait lui rendre le pinceau de jean. Et ce n’est pas s’avancer outre mesure que de croire qu’il avait précisément appelé notre artiste dans ce but. Selon toute apparence, Jean aura orné de ses peintures le chœur et les murs de Saint Lambert, et probablement d’autres églises encore. La totale disparition de ses œuvres dès le siècle même qui les vit produire nous interdit d’aller plus loin dans le champ des suppositions. Mais ce n’est pas une raison pour laisser dans l’oubli le souvenir de cet artiste pieux qui, dit Gilles d’Orval, « vécut à Saint Jacques d’une vie angélique, toute entière consacrée à la lecture et à la prière, et qui mourut dans une bonne vieillesse (11).

La tombe de jean se trouvait à Saint jacques dans la nef latérale de gauche, près de l’autel de Saint Lambert (12). L’épitaphe, d’après ce que nous avons vu plus haut, n’a été composée qu’assez tardivement et pas avant la publication du Vita Balderici. Encore faut il remarquer que les deux derniers vers sont de date postérieure. Ils sont ainsi conçus:

Dicta ferunt patrum, signis hoc glorificatum

Corpus, translatum ter et hic meruisse sepulcrum (13)

On voit par ce vers qu’à la date de 1250 environ le corps avait été l’objet d’une triple translation (14), et qu’il avait fait des miracles. Liège s’honorait donc de son bienheureux jean, comme Florence de son bienheureux Angelico. Quoi qu’il en soit, le grand art national qui fait la gloire de la Belgique est né à Liège, sous les auspices de la religion et à l’ombre du sanctuaire.

Godefroid KURTH

(1) Vita Balderici episcopi Leodiensis, dans Monumenta Germaniae historica, Scriptores, t. IV, pp. 724-738. Les parties de cette vie qui concernent le peintre Jean sont les chapitres 13-20. pp. 729-732

(2) Dans Gilles d’Orval (MGH., t. XXV), 11, 61, p.65

(3) « Ne ergo vir tantus ob varias occupationes intra curiam suam aiquam sustineret penuriam, eumdem episcopa nostro commenda vit » Vita Balderici (MGH., t. IV, c, 14, p. 730.

(4) « VII idus septembris, » dit le Vita Balderici, c. 19, p. 731. Lambert le petit, suivi par Gilles d’Orval, dit « VIII idus septembris, » cequi donnerait le 6 de ce mois, mais il y a lieu de s’en tenir au témoignage du Vita, qui est plus autorisé.

(5) « Otto... mansionem accepit in Aquensi pilicio, ut in regia sede et publicae rei domicilio. Ubi aliquandiu commemoratus, ejusdem loci capelam studio devocionis regiis muneribus et bonis honoravit et quod deerat ad decorem ipsius capellae supplere animum intendit. Necdum enim color alicujus picturae eamdem ab Italia arcessivit, et ut doctas manus huic applicaret negotio, oravit et imperavit, etc: » Vita Balderici, c. 14, p. 730.

(6) Jean D’OUTREMEUSE, t. IV, p. 195, sait naturellement ce que la source du XI, siècle ignore. Le peintre Jean était de Lombardie, nous dit-il dans un passage qui contient encore une autre erreur, et qui de plus, semble corrompu. Le voici : « Li evesque Johain, qui fut de Lormbardie, que l'empereire Octon l’avoit envoieit en exilhe, et li pape ?, droit à Liége estoit deleis l’evesque, et Baldris oevroit par son conselhe, ect. »

(7) HERIS. Mémoire sur le caractère de l’école flamande de peinture sous le règne des ducs de Bourgogne, dans Mémoires couronnés de l’Académie royale de Belgique, coll. In-4°, t. XXVII (1855-1856) p. 57.

(8) Le même, loc. cit.

(9) M. J. HELBIG écrit prudemment: « le peintre et évêque Jean, que les chroniques font italien, mais dans lequel d’autres prétendent voir un artiste grec. » La peinture au pays de Liège et sur les bords de Meuse, 2e édit., p. 7. Je voudrais pouvoir me ranger à l’avis du même érudit, lorsqu’il écrit, loc. cit.: « Ce qui semble certain, c’est que Jean a fait un séjour assez prolongé à l’abbaye de Saint Gall. » Le peu que nous savons de Jean ne nous fournit aucun motif de nous rallier à cette conjecture.

(10) Le bon Jean d’Outremeuse, lui, a, comme toujours, un renseignement bien plus intéressant: « Ilh fut après l’emperere qui voit les peintures tant suffisantez, si exscript par deleis chest vers, en quel li evesque Johain parloit en disant: « A patrie nido rapuit me tercius Otto » (Ly myreur des Histors, t. IV, p.197).

(11) « Eo tempore in prefato cenobio sancti jacobi conversans Johannes episcopus, vitam ducebat angelicam, lectioni et orationi vacans. Qui vocatus a Domino in senecute bona viam universe carnis ingressus est. » Gilles d’orval, I.II, 61, p. 65.

(12) Gilles d’Orval, I.11, 61, p. 65. Et non de Saint André, comme dit le distrait jean d’Outremeuse, t. IV, p. 198, parlant cependant d’après Gilles d’Orval. Le nom d’André revient sous sa plume ici, parce qu’il l’avait écrit quatre lignes plus haut.

(13) Le texte porte sepultum, qui est évidement une leçon fautive.

(14) « Au XVIe siècle, » dit M. J. HLEBIG, op. Cit., p. 9, « le tombeau fut renouvelé lors de la reconstruction de l’église. » Il se trouvait alors sous l’arcade qui sépare le chœur de la chapelle de Notre Dame des sept Douleurs.

Sous l’abbé Pierre Renotte (1741-1764), grand vandale devant l’Eternel, cette arcade fut masquée par des boiseries et par des tableaux qui cachèrent également le tombeau du peintre jean, si bien qu’on oublia où il se trouvait. « On remarquait cependant, » dit E. Lavalleye, dans la préface de L’église Saint Jacques à Liège (in-4°, Liège, 1845), p. 8, note 8, « dans la première sacristie de Saint jacques redevenue aujourd’hui une chapelle sous le vocable de Notre Dame des Sept Douleurs, derrière l’autel de la Vierge, une statue en pierre de sable, couchée sur un sarcophage, occupant toute la partie inférieure d’une arcade du chœur cachée depuis longtemps sous de méchants tableaux qui ont disparu depuis. Cette statue était connue de quelques personnes sous le nom de jehan l’consieu, Jean le conseiller. Guidés par cette tradition populaire, MM. Le doyen Van Hex, Bovy, Davreux et Jénicot firent soulever, le 27 septembre 1839, cette statue, et ils reconnurent qu’il existait au dessous un petit coffre en bois de chêne. Ce coffre, de 65 centimètres de longueur sur 35 de largeur et 28 de hauteur, contenait tous les os d’un squelette d’homme de taille ordinaire. Ces os étaient placés pèle mêle dans une serviette de chanvre à dessins en losanges et recouverts d’une lame de plomb, de 23 centimètres de longueur et de 4 de largeur, sur laquelle était gravée en caractères gothiques, avec abréviations, l’inscription suivante… »

Notre auteur reproduit ensuite, non sans de graves inexactitudes, la dite inscription, que je restitue comme suit après en avoir résolu les abréviations:

Hujus venerabilis (a) episcopi ossa levavit dum magnificaret ecclesiam dominus Johannes abbas XXXVIIIus anno XVI° mil CCCCC nativitatis (b) et iterum reconditit (c) anno XXIIII° die VI mensis augusti sub domino cardinali et episcopo Leodiensi Erardo.

(a) Urbis lavalleye.

(b) Le texte porte atenutis (atenutus Lavalleye), mot inexistant. Qu’a-t-on voulu écrire? Je remarque qu’il y a au dessus de l’u un signe d’abréviation consistant en une espèce de tréma (¨) qui reparait trois fois dans l’inscription, et cahque fois pour représenter une syllabe dans laquelle entre la lettre a: levit por levavit, magnifiret pour magnificaret, cardili pour cardinali. En tenant compte de ce fait ainsi que du contexte, je propose de lire nativitatis.

(c) Lavalleye lit regdidit, prenant pour un g le signe d’abréviation de la syllabe con.

La brochure continue:

« Quelques jours après cette importante découverte, le conseil de fabrique de Saint Jacques ayant fait faire un nouveau coffre, garni de plomb, les restes précieux de jean l’italien y furent déposés, ainsi que deux exemplaires du procès verbal de l’ouverture et du replacement, dont un était gravé sur plomb et le second écrit sur parchemin. On joignit à ces deux actes le plomb qui avait été trouvé à l’ouverture du coffre »

Ces mesures de précaution étaient excellente; ce qui l’était moins, ce fut la malencontreuse idée qu’on eut alors de boucher par une maçonnerie la belle arcade qui s’ouvrait au dessus du tombeau, et de détruire celui-ci pour procéder à un si bel ouvrage. Il reste dans le grenier de Saint Jacques et dans la chapelle septentrionale du transept quelques fragments du tombeau, ainsi que de la statue d’évêque couchée qui le surmontait.

L’arcade fut rouverte en 1883 sous le décanat de Mgr Schoolmeesters, qui qui a l’honneur d’avoir admirablement restauré le superbe sanctuaire de Saint Jacques. On retrouva alors les fragments sépulcraux dont je viens de parler.

L’inscription que nous en fîmes suggéra à Mgr Scoolmeesters l’idée d’ouvrir le coffre qui contient les ossements du peintre Jean; il en retira la lame de plomb de 1516, ainsi que celle de 1839 dont voici l’inscription:

Ossemens de jean, évêque italien ami de Baldéric II, recueillis en 1516 par jean de Cromois, XXXVIII abbé de Saint Jacques, qui les fit transporter de la chapelle de Saint André à cette place. Le 27 septembre 1839, ces restes furent découverts par MM. Jacquemotte, vicaire général, Van Hex, curé de Saint Jacques, Jénicot, conseiller de la fabrique, Bovy, docteur en chirurgie, Davreux, professeur de chimie, et remis avec l’inscription qui accompagnait ces ossemens dans une nouvelle boite et déposés de nouveau dans le même lieu.

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