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Château de Chokier

D'après CHAMPMARTIN
Portrait du comte Louis-Henry Loison Pastel et gouache. 63 x 36,5 cm

Le général Loison
L'aquisition du château de Chokier
par Henri Jeanpierre

Cette page est extraite du site consacré au Général d'empire Comte Loison avec l'aimable autorisation de mon ami Henri Jeanpierre. Je vous invite a consulter cette étude reprenant l'ensemble de l'épopée Napoléonienne à travers le général Loison à l'adresse

http://users.skynet.be/bs802199

Après la chute de l'Empire, le Général Loison fut mis à la retraite par la Restauration avec la rente de six mille francs, à partir du 15 novembre 1815. Comme beaucoup de ses compatriotes il rejoignit, une première fois, les Bourbons puisque dès le 27 juillet 1814, Louis XVIII, le nomma Chevalier de Saint Louis. Sa conduite aux Cent jours puis, la seconde Abdication de Napoléon le mirent dans une situation ambiguë C'est sans doute, une des raisons, pour laquelle il ne retourna pas au pays de ses aïeux. De plus, la rivière Loison avait beau couler près de Damvillers, elle ne parviendrait pas à effacer l'opprobre de la destruction de l'abbaye toute proche, d'Orval.

Ayant séjourné pendant quelques années à Liège, il s'y fit quelques amis et semble qu'il garda un bon souvenir des Liégeois. Depuis longtemps, le Comte Loison, au gré de ses nombreux passages, au pied du nid d'aigle, le Château de Chokier, rêvait, d'en être "le propriétaire". Construction presque inaccessible, son achat ne l'était point à ses deniers.

Il avait, évidemment, acquis une fortune considérable. Les actes de l'enregistrement de Bar-le-Duc font mention, pour le seul ressort de ce bureau, de créances d'un montant de 110.000 francs. Il détenait, en l'an XIV, la 21e fortune de la Meuse et acquittait, annuellement, 1.365 francs de contributions. C'est l'un des rares notables que l'on retrouve sur toutes les listes, celle des "trente" celle des "soixante" et celle de 1813

Il chargea donc, le notaire Boulanger, son ami de longue date, de s'occuper activement, de cette affaire. Loison lui était sans doute, reconnaissant d'avoir fait traîner le litige qui l'avait opposé, en son temps, au Sénateur Monge, dans l'échange éventuel, du château de Flémalle-Grande, avec celui de Seraing.

Dès, son installation à Liège, devenu depuis peu, les Pays-Bas, le Comte Loison adhéra, à la Société Libre d'Émulation. Définitivement constituée, la Société organisa un système de ballottage. Les nouveaux candidats devaient être agréés par les Administrateurs en service et par un Comité Spécial d'Election. Loison fut inscrit, Comte, Lieutenant-Général, en 1816. Sources communiquées par Madame Anne-Françoise Lemaire, Directrice de la Société d'Émulation, actuellement dans ses locaux d'activités: rue Charles Magnette, 9, à Liège. (1992).

Le Comte Louis-Henri Loison, après avoir participé activement à l'épopée des cent jours et mis à la retraite, le 15 novembre 1815, espérait, vraisemblablement vivre, dans son château de Chokier, récemment acquis, une vie aristocratique. Il n'eut pas cette chance car, s'il avait traversé indemne, les vingt-cinq années de guerres révolutionnaires et impériales, à part un ridicule accident de chasse où, on dut l'amputer du bras gauche, les nombreux incidents survenus à l'Empereur et à ses favoris, minèrent son moral. L'inactivité, d'une part, son infirmité de l'autre altérèrent sa santé à un tel point, qu'il décéda, le 30 décembre 1816 alors, qu'il venait à peine d'avoir 45 ans. Décédé, inopinément, chez son Officier Payeur et ami, celui-ci en compagnie d'un autre ami, l'Avocat Emonts. Ce dernier alla déclarer son décès.

Peu après la mort du Général, sa dépouille mortelle fut inhumée au château de Chokier, depuis peu sa propriété. La famille lui fit ériger un monument créé par le Sculpteur-graveur Jean-Jacques Flatters.

Sa fille, Françoise-Marie-Louise, mariée avec le Baron, Alexandre-Nicolas de Serdobin, Officier au service du Tsar, héritait d'une immense fortune, autant en France qu'en Belgique alors, dénommée: Pays-Bas. De ce mariage naquirent trois enfants: Louise-Henriette-Alexandrine, née à Chokier, le 17 juin 1817, Alexis-Boris, né à Chokier, le 5 octobre 1818 et Marie-Catherine-Henriette, née à Chokier, le 8 avril 1820.

Après l'exhumation, dans les délais prévus par l'acte de vente du Château de Chokier, les restes du Général Loison furent réinhumés, le 10 avril 1867, au Père Lachaise. Il rejoignait ainsi, pour toujours, la 19e division (Ière ligne de la 27e division et 2e ligne de la 29e) itinéraire à suivre pour retrouver l'endroit où il repose. Ces divisions remplaceraient à jamais, les nombreuses divisions militaires que le Général eut l'honneur de commander pendant sa courte existence.

On raconte volontiers à Chokier que la fille du général donna " l'épée du général " au bourguemestre de Chokier en remerciement du service qu'il lui avait rendu dans la translation du Mausolée de Chokier à Paris. En réalité, il s'agirait plutôt du Bijou Maçonnique du Général orné non pas de Strass mais de pierres précieuses.

Aperçu historique sur la franc-Maçonnerie à Liège avant 1830.

par Ulysse CAPITAINE

En histoire surtout, celui qui prend un sujet neuf pour thème de ses recherches a droit à une indulgence particulière.

P. Rousseau.

Aujourd'hui qu'on attribue à la franc-maçonnerie une influence plus ou moins importante dans nos débats politiques et qu'elle est devenue le point de mire ou la personnification de certains partis, il n'est pas sans intérêt, croyons-nous, de jeter un regard rétrospectif sur les diverses phases que cette société secrète a parcourues chez nous depuis la fin du siècle dernier.

Ce travail présente d'autant plus de difficulté que les éléments font défaut, les archives des loges étant inaccessibles aux profanes. Aussi ne donnons-nous ces recherches que comme un aperçu que nous ne saurions garantir tout à fait exempt d'erreurs ou d'omissions. Nous avons dû en effet travailler sur différents documents rassemblés çà et là, sans pouvoir même nous aider des conseils des personnes initiées; car, on le sait, la vie de la maçonnerie, c'est le secret.

Ce que l'homme ne peut savoir ou comprendre, il se le figure tant bien que mal: de là ces rêveries périodiques sur la maçonnerie, son origine, son but, ses cérémonies. Pour ceux-ci les loges sont des clubs politiques, des conciliabules anti-catholiques, des réunions bacchiques; pour d'autres, ce sont des associations de bienfaisance, des cercles philanthropiques, etc. Quelques-uns, pour plus de certitude, y voient tout cela à la fois. N'étant point maçon et ne voulant ici nous ériger ni en détracteur, ni en apologiste de cet ordre, nous laisserons à d'autres mieux informés le soin de résoudre la question, et nous bornerons notre travail à de simples notions historiques.

La franc-maçonnerie, dans le sens qu'on y attache aujourd'hui, est une institution moderne; elle fut introduite en Belgique par l'armée anglaise au commencement du XVIIIe siècle. La plus ancienne loge belge dont il soit fait mention est la Parfaite Union de Mons, constituée par la grande loge d'Angleterre, le 24 février 1721, quatre ans avant qu'aucun établissement de ce genre n'existât en France. Depuis lors, de nombreux ateliers se formèrent dans différentes localités des Pays-Bas autrichiens.

Ce ne fut que sous le règne du prince-évèque Charles de Velbruck que la franc-maçonnerie fit son apparition à Liège: malgré les bulles de Clément XII et de Benoit XIV, malgré les persécutions dont cette secte était l'objet dans plusieurs localités avoisinantes (1), ce prélat philosophe non seulement toléra l’établissement des loges maçonniques dans ses états, mais, à l'exemple de Frédéric II (2), il leur accorda sa protection (3).

On a souvent mis en doute la véracité de cette assertion qui, cependant, est tout à fait exacte. Différents ouvrages du temps en font foi. Pour ne citer qu'une preuve, nous allons reproduire une pièce de vers chantée le 16 février 1777 (4) à un banquet donné par la loge de la Parfaite Intelligence de Liège, à l'occasion des lettres patentes accordées à la marquise de J... par une loge d'adoption française.

Chantons, amis, cette Nymphe charmante.

Au teint de lys, au souris séducteur;

Chantons ses traits, son éclat, sa fraîcheur,

Et ses beaux yeux et leur flamme éloquente.


O mes amis! cette aimable mortelle

A l'art royal consacre ses loisirs;

Son nom sans doute excite vos désirs,

Hébé J... est le nom de la Belle.


C’est vainement que l'aveugle Ausonie,

Lance sur nous des arrêts foudroyans;

Laissons l’envie exciter ses serpens,

Et moquons-nous de leur rage ennemie.


Dans nos climats, loin de ces vains caprices,

Sûrs de l'appui d'un Prince révéré,

Sensible, bon, juste autant qu'éclairé,

Nous élevons en paix nos édifices.


Rien ne nous nuit, rien ne nous intimide;

Que pourrions-nous redouter désormais,

Quand la Beauté préside à nos secrets,

Quand la Vertu nous prête son égide?


A la santé d'un Prince qu'on adore,

Frères, tirons nos canons à la fois;

Pour la Beauté qui nous dicte des loix,

Rechargeons vite, et tirons-les encore.


La première loge que Liège ait possédé porta le titre de l’Union des Coeurs et fut fondée le 16 décembre 1774 par le chevalier Pierre de Sicard (5). Nous possédons peu de détails sur cet atelier qui n'eut qu'une existence éphémère (6), puisque l'année suivante la plupart de ses membres créèrent, sous les auspices du grand Orient de France, un nouveau temple qui prit le titre de la Parfaite Intelligence et dont l’inauguration eut lieu le 12 octobre 1775.

L'appui accordé par le souverain à cette association ne tarda pas à y amener de nombreux initiés tant laïcs qu'ecclésiastiques, parmi lesquels nous remarquons le comte Ch. De Horion, grand mayeur de Liège, de Goër d'Haltine, président du Conseil Ordinaire, de Bourguignon et de Hodeige, bourgmestres de Liège, de Lantremange et de Paix (7), chanoines de la cathédrale, etc.

La grande loge de France, qui alors était en dissidence avec le grand Orient, ne put voir sans jalousie la nouvelle succursale que sa rivale venait d'établir: dès l'année suivante, elle constituait dans notre ville un second atelier, sous la dénomination de la Parfaite Égalité. —Le 13 mars 1778 la grande loge de Hollande fondait aussi à Spa le temple de l’Indivisible (8).

Ces trois ateliers continuèrent assez paisiblement (9) leurs travaux jusqu'en 1792, époque à laquelle la révolution fit cesser les réunions et dispersa la plupart des membres.

Déjà depuis 1784, époque de l'avènement de Hoensbroeck au siège épiscopal de Liège, ces associations, qui ne jouissaient plus que d'une simple tolérance, avaient perdu toute leur splendeur et passaient presque inaperçues. Ainsi la loge de la Parfaite Egalité aussi constituée au seul rite ancien réformé avec chapitre, ne comptait plus en 1787 que dix membres, à la tête desquels se trouvait un modeste libraire (10). Le sort de la Parfaite Intelligence fut le même que celui de sa soeur cadette; depuis la mort de Velbruck, les réunions étaient devenues fort rares et peu fréquentées. De Goër d'Haltine, élevé à la dignité de vénérable de cette loge peu avant 1789, s'était même vu obligé de transférer le temple dans sa propre maison (11), les frères n'étant plus ni assez nombreux, ni assez zélés pour subvenir aux frais d'un local spécial.

Bien que nous ne puissions rien affirmer sur l'esprit des loges à Liège avant la révolution, nous croyons cependant quoi qu'en ait dit l'abbé Barruel (12) que ces associations étaient favorables au prince-évêque et contraires aux tendances subversives. Du reste, lorsque l'opinion publique commença à se préoccuper sérieusement de la célèbre affaire des jeux de Spa qui devait renverser le gouvernement épiscopal, les loges, du moins chez nous, étaient tombées dans une telle déconsidération qu'elles ne pouvaient plus exercer aucune influence. Ce n'est pas à dire qu'il n'y eût point à Liège des sociétés secrètes, dites patriotiques, mais elles étaient complètement étrangères à la secte dont nous nous occupons.

La franc-maçonnerie ne se reconstitua pas en France avant 1796; ce ne fut que le 17 novembre 1805, précisément à l'époque où cet ordre recevait une organisation politique (13), que la Parfaite Intelligence de Liège reprit une nouvelle vie, sous les auspices immédiats du Grand Orient de France et grâce aux efforts constants de M. de Goër d'Haltine (14) et surtout de M. Debois (15), qui avait succédé à ce dernier en qualité de vénérable. A peine réinstallée, cette loge rédigea des statuts qui furent publiés (16) et, à l’aide d'un emprunt souscrit par ses membres, elle acquit un local propre aux réunions, assemblées, etc. (17).

La Parfaite Égalité, qui avait adopté le rite écossais, ne rouvrit son atelier que le 2 novembre 1808. Cette loge prit bientôt une grande extension (18). Le 20 janvier 1809, elle adopta un règlement particulier (19) et, dans le courant du mois de mars, elle célébra par une fête brillante l'ouverture d'un nouveau temple, l'ancien étant devenu trop petit (20).

Peu après, elle fit une réception splendide au maréchal Kellerman, grand administrateur général de l’ordre maçonnique qui était venu la visiter (21). Parmi les F.˙. qui assistèrent à cette réunion, nous remarquons MM. de Micoud d'Umons, préfet du département, Charbonnier, général de division et Bailly, maire de Liège, délégués par la Parfaite Intelligence.

Cette époque fut l’âge d'or de la franc-maçonnerie qui constituait alors une véritable puissance. Napoléon craignait cette secte; mais au lieu de la détruire, il l'encouragea, l’étendit, la domina et parvint à disposer de son influence. — Le préfet Desmousseaux (22) et son successeur de Micoud aidèrent beaucoup à la réédification des loges à Liège, en leur accordant une protection toute spéciale. Il ne se trouvait guère de fonctionnaire public qui ne crût de son devoir de se faire initier, ne fût-ce que pour imiter ses chefs. Aux noms que nous avons cités plus haut, nous pourrions encore en ajouter beaucoup d'autres, tels que ceux du comte Loison, général de division, Guynemer, procureur impérial, Liégeard, secrétaire général de la préfecture, de Chestret, membre du corps législatif, Robinot-Varin, sous-préfet à Huy, Clapiers, commissaire des guerres, etc. (23).

On conçoit aisément le prestige que ces notabilités sociales donnaient aux loges, à une époque où les autorités jouissaient d'une considération aujourd'hui bien amoindrie. Approcher du général-commandant ou du préfet, leur parler, était sous l'Empire une grande faveur: que ne devait-ce pas être lorsque, réunis en loge, on se trouvait placé côte à côte avec eux et qu'en vertu des principes maçonniques l'on devenait leur égal? Les initiés avaient encore un autre avantage, celui de se produire et de se faire connaître. Les maçons étant tous frères et devant s'entraider les uns les autres, les avocats, les médecins, les négociants, etc., trouvaient dans la puissance de la loge un auxiliaire des plus avantageux pour leurs intérêts privés.

Ce fait suffirait seul pour expliquer le nombre de temples qui furent fondés à cette époque. Ajoutons qu'alors le grand Orient de France constituait à peu près autant de loges qu'il y avait de demandes (24). Aussi vit-on trois nouveaux ateliers se former la même année dans le département de l’Ourte, tous au seul rite ancien réformé, sans chapitre: à Huy, les Amis de la Parfaite Intelligence le 28 février 1809; à Chaudfontaine, l’Etoile (25), le 3 juillet, et à Verviers les Philadelphes le 17 septembre (26).

Les chefs maçons ne s'en tinrent pas là, ils voulurent aussi établir parmi nous des loges de femmes connues en termes mac.˙. sous le nom de loges d'adoption (27), mais cette innovation n'eut pas le succès que l’on en attendait: le bon sens des Liégeoises fit échouer cette tentative. Un seul atelier de ce genre fut fondé à Chaudfontaine. Il ne subsista que pendant quelques mois et ne compta jamais que douze ou quinze soeurs.

Comme on a pu le voir, l'Empire fut pour la franc-maçonnerie une ère de prospérité et de propagation. Les événements politiques qui marquèrent en Belgique les années 1813 et 1814, furent des plus préjudiciables à ces institutions. La plupart des ateliers cessèrent momentanément leurs travaux, d'autres se fermèrent pour ne plus se rouvrir; au nombre de ces derniers figure la Parfaite Egalité.

Dès que le traité de Paris qui séparait la Belgique de la France eut été signé, on comprit qu'il ne pouvait plus exister entre les maçons des deux pays d'autres relations que celles de la fraternité ordinaire, et l'on reconnut la nécessité de donner une nouvelle organisation à la franc-maçonnerie belge. Les loges des provinces méridionales soustraites à la domination du grand Orient de France se trouvaient déjà depuis quelque temps sans boussole, lorsqu'à la fin de 1815 le roi des Pays-Bas manifesta le dessein de centraliser toutes les loges et de les réunir en un seul corps dont le prince Frédéric, son fils puîné, deviendrait le grand-maître. Cette mesure avait une importance politique d'autant plus grande que toutes les loges qui, à ce moment, existaient en Belgique, avaient été constituées par le grand Orient ou lui étaient affiliées.

Les maçons de Liège restèrent encore pendant quelque temps fidèles au grand Orient de France, mais insensiblement ils subirent l'influence du nouvel ordre de choses et suivirent l'impulsion générale des autres loges du royaume. Vers la fin de l'année 1816, le prince Frédéric, grand-maître national de Hollande, fit un voyage à Liège et assista à une fête maçonnique que lui offrit la loge de la Parfaite Intelligence. C'était la première fois qu'un atelier des provinces méridionales était honoré de la présence de ce haut dignitaire (28). Lorsque les loges belges furent appelées à envoyer des députés à Bruxelles pour assister aux assemblées générales, convoquées dans le but d'établir pour les provinces méridionales un centre mac.˙. unique, les loges de Liège, de Verviers, de Huy et de Chaudfontaine nommèrent des délégués; enfin, lors des fêtes solsticales de 1817, la Parfaite Intelligence porta encore la santé du grand Orient de France, mais ce fut pour la dernière fois (29).

Les voeux que le roi des Pays-Bas avait manifestés à la fin de 1813 se réalisèrent: le décret d'union entre toutes les loges méridionales et septentrionales fut signé le 14 décembre 1817. A partir de ce moment, jusqu'à la révolution de 1830, la franc-maçonnerie belge fut administrée par un grand Orient qui se subdivisa en trois sections: un conseil supérieur et deux grandes loges d'administration, ayant chacune une juridiction particulière, l'une pour les provinces méridionales, l'autre pour les provinces septentrionales. La haute surveillance de l’ordre en général appartenait au conseil supérieur. Le prince Frédéric, qui avait été élu le 2 juin 1816 grand maître national de Hollande, conserva ce titre et étendit son autorité sur les provinces belges.

Sous cette nouvelle organisation, les loges de Liège, de Verviers, de Huy, de Spa et de Chaudfontaine reprirent leurs travaux avec une nouvelle ardeur, mais ce fut en vain qu'elles essayèrent de redevenir ce qu'elles avaient été sous l'empire.

Fidèle au gouvernement des Pays-Bas, la loge de Liége ne prit part à aucune des manifestations politiques qui marquèrent en Belgique les dernières années de la domination hollandaise. Le seul fait de quelqu'importance qui ait signalé cette période est la fusion de la loge de Chaudfontaine à celle de la Parfaite Intelligence de Liège qui, à partir du 2 avril 1823, prit le titre cumulé sous lequel elle est encore connue aujourd'hui: la Parfaite Intelligence et l’Etoile réunies.

Les journaux de cette époque nous donnent quelques détails sur plusieurs refus de sépulture ecclésiastique qui firent grand bruit. Nous signalerons particulièrement les différends qui surgirent entre les autorités religieuses et les frères maçons, lors des obsèques de M. Louis de St-Martin (30) et de M. Louis Harzé (31), tous deux anciens vénérables de loge.

En résumé, l'histoire de la maçonnerie à Liège jusqu'en 1830, présente quatre époques bien distinctes: protégée par le prince-évéque de Velbruck, cette secte réunit la noblesse, le clergé, le patriciat; abandonnée par le successeur de ce prince, elle devient bourgeoise, perd son prestige et reste amie du pouvoir; pendant la révolution elle se dissout: l'Empire la reconstitue, la protège et lui donne d'autant plus d'éclat et d'extension qu'elle se laisse mieux dominer. Le gouvernement hollandais la favorisa également, mais malgré ses efforts, et la haute protection du prince Frédéric, les associations maçonniques ne purent recouvrer l'éclat dont elles avaient brillé sous le grand Orient de France.


(1) Nous mentionnerons particulièrement les prêches du dominicain Grunzmann et du capucin Schuss qui, dans le courant d'avril 1779, ameutèrent le peuple d'Aix-la-Chapelle contre les francs-maçons, les accusant de toutes espèces de crimes et les assimilant à des voleurs de grands chemins qui, peu auparavant, avaient été pendus à Rolduc et à Fauquemont. Ces déclamations furibondes eurent pour résultat un décret émanant des magistrats d'Aix-la-Chapelle sous la date du 26 mars 1779, par lequel les peines les plus sévères furent portées contre ceux qui permettaient de tenir loge chez eux ou qui donnaient asile aux francs-maçons.

Voir le Courrier du Bas-Rhin des 5 et 23 mai 1779.

(2) Frédéric II, malgré la défense de son père, se fit recevoir franc-maçon le 14 août 1738 dans le palais du prince de Korn à Brunswick. — Le 16 juillet 1774, il délivra à la grande loge provinciale d'Allemagne établie à Berlin, des lettres patentes par lesquelles il lui accordait « sa très-gracieuse protection, sauvegarde et faveur royale, ne doutant pas que cette marque de grâce spéciale ne lui serve d'aiguillon pour redoubler continuellement de zèle, aux fins de l'avancement, du bien-être et de la félicité de la société humaine. »

(3) Les auteurs de différents traités maçonniques ont prétendu que Velbruck s'était même déclaré vénérable d'honneur de la loge de la Parfaite Intelligence de Liège. Nous ignorons jusqu'à quel point on peut ajouter foi à cette assertion; toutefois nous n'avons pu trouver aucun document qui la confirmât

(4) Ces vers ont été insérés, le 8 mars 1777, dans la « Feuille sans Titre », journal qui se publiait alors à Liège. — On a bien voulu nous communiquer plusieurs chansons maçonniques chantées de 1805 à 1830 aux banquets donnés par les loges de Liège: ces pièces, à peu d'exceptions près, sont faibles de style et singulièrement emphatiques; elles ont constamment pour objet l'amour, le vin, la concorde, l'union etc.

(5) Pierre de Sicard, ancien officier de marine au service de France, etc., avait déjà établi quatre loges avant de venir fonder celle de Liège: La Parfaite Union à la Martinique en 1747, les Vrais Amis à la Guadeloupe en 1752, la Concorde à Altkirch (Alsace) en 1761 et lu Parfaite Union à Bruxelles en 1769.

(6) Nous devons à l’extrême obligeance de M Gyr, vicaire de St Christophe à Liège, qui s'occupe en ce moment d'une traduction française annotée du célèbre ouvrage d'Eckert sur la franc-maçonnerie, la communication des statuts inédits de cette loge. Nous reproduisons plus loin, d'après le manuscrit autographe du chevalier de Sicard, cette pièce curieuse qui est le plus ancien document que nous ayons rencontré sur la maçonnerie à Liège

(7) Le chevalier H, J. de Paix, tréfoncier de St-Lambert et franc-maçon zélé, a écrit un petit poème héroïque intitulé: Eloge de la Franc-Maçonnerie. Cette pièce, d'une versification heureuse et facile, fut imprimée à petit nombre, distribuée aux loges et à quelques maçons privilégiés: comme elle est peu connue, nous avons cru devoir la donner à la fin de cet article. V pièces justificatives, n" 2.

De tous les produits de la verve poétique des maçons Liégeois, c'est la seule que nous ayons vue qui ait une valeur littéraire,

(8) Nous avons peu de renseignements sur cette loge qui, vers la fin du siècle dernier, et surtout pendant la saison des eaux, compta un nombre de membre assez considérable. En 1787, elle avait abandonné la grande loge de Hollande pour passer sous la domination du grand Orient de France, V. Barruel Mémoires pour servir à l'histoire du Jacobinisme, t. V, p. 66. — Fermé sous l'Empire, le temple de l'Indivisible fut réédifié le 27 décembre 1819, au seul rite ancien reformé sans chapitre, par la grande loge d'administration des provinces méridionales des Pays-Bas. En 1820, cet atelier, qui avait pour vénérable M. G. Collin, comptait 18 frères.

(9) La ville de Bouillon possédait à la fin du siècle dernier un grand Orient qui essaya vainement de fonder une loge à Liège. Des débats assez vifs s'engagèrent à ce sujet entre la Parfaite Intelligence et la Parfaite Égalité. Voici les renseignements que nous trouvons sur le grand Orient de Bouillon dans l’Histoire du G.˙. O.˙. de France par le F.˙. Thory. « A Dunkerque et dans plusieurs villes du royaume, des LL.˙. et des Chap.˙. avaient été érigés par le G.˙. O.˙. de Bouillon. Ils se rangèrent dans la classe des corps indépendants. Ce G.˙. O.˙. de Bouillon n'existe plus; il avait son siège à Bouillon, pays de Luxembourg, Ses travaux étaient sous la protection du duc de Bouillon, ainsi que le constate un sceau gravé que nous possédons, autour duquel on lit: Godfridus Dei gratia dux Bulloniensis protector. Le tableau de sa composition offre les noms de personnes de distinction parmi lesquelles on remarque ceux des princes de Rohan et de Guémenée, du duc de Montbason et d'autres. Nous ignorons la doctrine professée par ce G.˙. O.˙. Nous savons seulement qu'il délivrait ses constitutions et ses capitulaires au nom de la métropole d'Edimbourg, ce qui peut faire supposer que ses degrés avaient de l'analogie avec ceux du régime Ecossais. »

(10) A cette époque, pour établir une loge, il suffisait qu'un frère en achetât la constitution; elle était en son nom et sa propriété. Il distribuait les grades à prix d'argent et ne se désaisissait de ses droits qu'à deniers comptants. Bref, c'était une spéculation. Ce fut ainsi que le libraire Vasse obtint le titre de grand-maître de la Parfaite Egalité. Voici, d'après le rôle original, la composition de cette loge en 1787:

J H. Vasse , libraire, grand-maître.

J. F. J. de Brabant, capitaine au service de la principauté, 1er surveillant.

S. Langen, bourgeois, 2e surveillant.

A. C. Chefneux, chanoine de Cornillon, orateur.

J. Magnée, officier au service du prince, secrétaire.

J. Monier, marchand, maître des cérémonies.

J. B. Dupon, marchand bijoutier, garde des sceaux.

Ur. Lejeune, ancien officier au service de la principauté, aumônier,

H. Thiry, commerçant, et J. C. de la Ville, ancien avocat au Parlement, frères non gradés.

(11) De Goër d'Haltine habitait l'Hôtel occupé aujourd'hui par les bureaux de l'administration provinciale, Place du Conservatoire. Ce fut là que se tinrent, avant la révolution, les dernières réunions de la Parfaite Intelligence.

(12) Mémoires pour servir à l’histoire du Jacobinisme, Hambourg, 1799. t. V, p. 66.

(13) Ce fut cette année que Napoléon nomma son frère Joseph grand-maître de l'ordre, Joachim Murât et Cambacérès adjoints au grand maître, etc.

(14) J. F. G. Bon de Goër d'Haltine, ancien président du conseil ordinaire de Liège, puis chambellan de l'Electeur de Cologne, naquit en 1728 à Liège où il mourut en 1806. Voir pour plus de détails: Honneurs funèbres rendus dans la V.˙. L.˙. de la Parfaite Intelligence à l'or.˙. de Liège le 25e jour du 12e mois de l'an 5806 à la mémoire de T.˙. V.˙. F.˙. de Goër d'Haltine, l'un des fondateurs de la L*. en 1770 (?), et depuis son V.˙. pendant la révolution de plusieurs années maç.˙. Liège. Desoer, 5806, in-8° de 22 pp. — Les dignitaires de cette loge étaient en 1806: MM St Martin, vénérable; Digneffe, 1er surveillant; Clapiers, 2e surveillant; Guynemer, orateur; Harzé, oral, adj.; Debois, garde des sceaux, et Desoer, secrétaire.

(15) J, T. Debois, négociant, juge au tribunal de commerce et membre du bureau de bienfaisance, né à Liège en 1751, mourut en 1812. V. Honneurs funèbres rendus dans la R.˙. L.˙. de la Parfaite Intelligence à l'or.˙. de Liège le 25e jour du 8e mois de l'an de la V.˙. L*. 5812 à la mémoire du T.˙. V.˙. F.˙. Debois, du T.˙. R.˙. F.˙. de Chestret, du T.˙. C.˙. F.˙. Lenoir. Liège, Desoer, 1812, in-8° de 31 pp. — Dignitaires de la Parfaite Intelligence en 1812: S Martin, vénérable; Lesoinne. 1er surveillant; de Goër, 2e surv.; Ansiaus, orateur; J. Desoer, garde des sceaux; Debeaune, secrétaire.

(16) Statuts et règlements de la R.˙. L.˙. de S. Jean sous le titre dislinctif de la Parfaite Intelligence à l'or.˙. de Liège, constituée l'an de la V.˙. L. 5775, remise en activité le 22e jour du 9e mois 5805. Liège, Desoer, 1805, in-8° de 33 pp. Dignitaires en 1805: Saint-Martin vénérable, Debois, ex-vénèrable; Desoer, 1er surveillant; Digneffe, 2e surveillant; Harzé, orateur; de Hayme, orateur-adjoint, Desoer, secrétaire; Ferd. Desoer, secrétaire-adjoint. — Une nouvelle édition de ces statuts légèrement modifiés parut en 1810. Liège, Desoer in-8° de 59 pp. — Un article dit que l'on fera imprimer annuellement le tableau des membres en activité de la loge; cette close n'a été exécutée que pendant deux ou trois années. Nous avons sous les yeux un exemplaire de la liste pour l'année 1806, publié chez Desoer sous ce titre: Tableau des FF.˙. qui composent les R.˙. L.˙. de St Jean, sous le titre distinctif de la Parfaite Intelligence à l'O.˙. de Liège, à l'époque du 9e jour du 11e mois de l'an V.˙. k*. 5806, in-8° de 7 pp. A cette époque la Parfaite Intelligence comptait 58 membres. — Dignitaires en 1810: St Martin, vénérable; Harzé, ex-vénérable; Guynemer, 1er surveillant; BeAnin, 2e surveillant; Ista, orateur; Debois, garde des sceaux; Bouju, secrétaire.

(17) Ce local, situé Fonds St Servais, et qui est encore aujourd'hui le siège de la loge, fut acquis en 1808. En cas de dissolution de cette association, c'est-à-dire lorsqu'elle ne comptera plus que cinq membres, la propriété de cette maison, d'après le voeu des acquéreurs et conformément aux statuts, doit être transférée au bureau de bienfaisance, comme chose à elle appartenante.

(18) En 1809, la Parfaite Égalité comptait 76 membres: ses principaux dignitaires étaient MM, André-Mandre, vénérable; L. F. Hennevaux, ex-vénérable; R. J. Florkin, 1er surveillant; G. J. Emons, 2e surveillant; J B. Renard, orateur; J. C. P. Ansiaux, secrétaire; Lereboullet, trésorier, — André-Mandre, avocat français, avait embrassé dans sa jeunesse l'état ecclésiastique. Il vint se fixer à Liège peu après notre réunion à la France et se fit remarquer comme défenseur juré près le tribunal criminel. Après les événements de 1814, André-Mandre retourna en France, rentra dans les ordres sacrés et prêcha avec succès plusieurs carêmes dans différentes villes.

(19) Règlemens de la R.˙. L.˙. Ecossaise de St. Jean sons le titre distinctif de la Parfaite Égalité à l'O.˙. de Liège. Liège, Léonard (1809), in-8° de 128 pp.

(20) Verbal de la Fête de l'Ordre et l'inauguration du temple de la R.˙. L.˙. de la Parfaite Égalité à l'O.˙. de Liège. Liège, Léonard, 1809 , in-8° de 32 pp. Sous l'Empire, !a loge de la Parfaite Égalité tint ses réunions à la Halle des Drapiers, rue Fèronstrée.

(21) Verbal de la Fête donnée autrès-ill.˙. et três-subl.˙. F. Kellermann, grand administrateur général de l'O.˙. mac.˙., etc, par la R.˙. L.˙. de la Parfaite Égalité à l'or.˙. de Liège. Liège, Léonard (1809), in-8° de 20, 8 et 5 pp.

(22) Pièce d'architecture prononcée à la R.˙. L.˙. de la Parfaite Intelligence à l'O.˙. de Liège, le 25e jour du 2e mois de l’an de la V.˙. L.˙. 5806 par le T.˙. C.˙. F.˙. Desmousseaux. Liège, Desoer (1806), in-8° de 15 pp.

(23) Dans plusieurs ouvrages maçonniques, nous trouvons le nom de Zaeppffell, évêque de Liège, mentionné parmi ceux des initiés. Nous doutons que l'on puisse produire une seule pièce officielle qui constate ce fait.

(24) Pour former une loge et la rendre maçonniquement parfaite, il suffît qu'elle soit composée de sept membres.

(25) Cette loge, organisée en 1807 sous le titre de la Nymphe de Chaudfontaine, n'a été définitivement reconnue qu'en 1809, époque à laquelle elle changea sa première dénomination pour celle de l’Etoile. En 1814, elle était encore exclusivement reconnue au seul rite ancien reformé, mais en 1817 elle adopta le rite écossais ancien accepté dont le chef-d'oeuvre pour les Pays-Bas, établi près la L.˙. des Philantrophes à Bruxelles, constitua dans son sein un chapitre au 18e degré. V. Règlement de la R.˙. L.˙. de St. Jean de Jérusalem sous le titre distinctif de l'Etoile de Chaudfontaine , O.˙. de Liège. Petit in-4° manuscrit de 104 p. M. Ch, Davreux a bien voulu nous communiquer l'exemplaire original de ce règlement dont le dernier article est ainsi conçu: « Le présent règlement ne sera imprimé dans aucun cas. Il sera seulement tiré un nombre de copies suffisantes que la respectable loge déterminera ». Cependant, malgré cette close formelle, le règlement fut imprimé. Nous en possédons un exemplaire publié sous ce titre: Règlement de la R.˙. L.˙. de St. Jean, sous le titre distinctif de l'Etoile de Chaudfontaine à l'O.˙. de Liège (Liège, 1817), in-8° de 104 pp. A cette époque, l'Etoile comptait 28 membres: ce fut à Liège, dans une maison de la rue Agimont, qu'elle tint ses dernières séances. — Nous reproduisons ci-joint le sceau de cette loge sur lequel figure comme emblème la fontaine que l'on voit derrière le grand Hôtel des Bains. V. Chaudfontaine. Wallonnade par M. J. GGGG , p. 151 du Bulletin.

(26) D'après ce qu'on lit dans l’Histoire du marquisat de Franchimont (Liége, 1809, 2e partie, p. 149) par R. J. Detrooz, Verviers serait la première ville de la principauté de Liège où la franc-maçonnerie ait été établie. Cette assertion n'a rien d'impossible, mais nous avouons n'avoir découvert aucun document qui fasse mention d'une loge verviétoise avant l'année 1809. Voici du reste le passage du travail de Detrooz que nous voudrions voir ratifier par quelque preuve authentique. « L'établissement de la loge maçonne de Verviers date de 1760. Quantité de personnes respectables de la ville et des environs y furent d'abord agrégées; l'ordre, la décence, l'union régnèrent constamment dans cette loge. Beaucoup de frères étrangers qui venoient à Spa, se faisoient un plaisir de la visiter, et sa réputation fut telle qu'on l'engagea plus d'une fois à aller faire des réceptions à Spa même, quoiqu'il s'y trouvât une loge établie. — Ces réceptions étoient remarquables par le nombre des personnes distinguées qui y assistoient, et il seroit difficile de rassembler ailleurs un si grand concours d'hommes illustres, tous frères maçons, et composé de tant de nations différentes. »

(27) Le Grand Orient de France avait pris les loges d'adoption sous sa protection en 1774. Cette innovation trouva assez d'adhérentes à Paris, mais elle ne se répandit jamais d'une manière notable dans les départements. Nous n'avons pu découvrir aucun document relatif aux loges d'adoption à Liège, mais nous en avons entendu souvent parler et nous connaissons encore plusieurs dames qui ont fait partie de la loge de Chaudfontaine.

(28) Annales de la Franc-Maçonnerie des Pays-Bas, 5823, T. 2, p. 86.

(29) Annales de la Franc-Maçonnerie des Pays-Bas, 5823, T. 2, p. 381

(30) Saint-Martin (P. Louis de), né à Paris le 10 janvier 1753, embrassa d'abord l'état ecclésiastique. En 1781, il fut nommé conseiller clerc au Chatelet de Paris et chargé le 25 août 1784 de prêcher le Panégyrique de St Louis devant l'Académie Française. Plus tard, il adopta les principes de la révolution, se maria et devint successivement juge au tribunal de cassation, membre du tribunal de révision établi à Trêves pour les quatre départements de la rive gauche du Rhin, juge en cour d'appel et conseiller à la cour supérieure de Liège. Il avait aussi fait partie d'une commission nommée pour recueillir les monuments des arts en Italie. St Martin mourut à Liège le 13 janvier 1819. On connait de lui: Les établissemens de St Louis suivant le texte original et rendus dans le langage actuel, avec des notes. Paris, Nyon 1786, in-8° de xxiv et 539 pages. Vers la fin de 1816, il fit don à la ville de Liège de trente tableaux parmi lesquels figurent son portrait et plusieurs toiles dues à des artistes Liégeois. V. le Journal de la province de Liège du 6 décembre 1816. Ces tableaux ornent aujourd'hui le Musée de la ville, — Par testament du 29 novembre 1818, il légua à la Parfaite Intelligence de Liège une somme de 300 frs pour être distribuée par elle aux pauvres et une autre de 500 frs pour l'embellissement de la salle des réunions. Il demanda aussi que son corps fût déposé dans le jardin de la loge. En présence de ces faits, le clergé de Liège refusa d'assister aux funérailles de St Martin. De là grande rumeur dans le public. Des débats très vifs s'engagèrent et les choses en vinrent même à ce point que le roi des Pays-Bas dut intervenir pour donner gain de cause au clergé. Parmi les personnes qui prirent le plus particulièrement fait et cause dans la discussion, nous signalerons d'une part, M de Foere (V. le Spectateur belge, T. VIII, p. 97 et suiv.), de l'autre, M***, auteur des Annales de la Franc-Maçonnerie des Pays-Bas (T. III, p. 507 et suiv.) et M. P. Destriveaux, alors orateur de la loge à laquelle appartenait St Martin, qui publia les Honneurs funèbres rendus dans la R.˙. L.˙. de la Parfaite Intelligence à l'or.˙. de Liège, à la mémoire du T.˙. V.˙. F.˙. St. -Martin, ancien vénérable de la R.˙. Liège, Desoer , 1818, in-8° de 31 pp.

(31) Harzé (L. F. G.), jurisconsulte distingué, publiciste, avocat à la cour supérieure de Liège, ancien juge à la cour de cassation, ancien commissaire du pouvoir exécutif près le tribunal du département de l'Ourte, etc., né en 1764 à Liège où il est mort le 8 juillet 1820.

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