471. CHOKIER. DESSIN D'ED. HOSTEIN ET BAYOT.
Lithographie de Lemercier. Publié à Paris par Veith et Hauser.
Chokier s'appelait, au XIe siècle, Calcharia et tient donc son nom des fours à chaux. Véritable nid d'aigle, le château est accroché à la corniche rocheuse qui domine la rive gauche de la Meuse. Position stratégique des plus favorables mais qui rendit difficile le déploiement des bâtiments résidentiels au XVIe siècle.
Chokier relevait de la cour féodale de l'avouerie de Hesbaye et appartint aux Rulant de Hozémont jusqu'au début du XVe siècle. Il passa alors aux Surlet qui y bâtirent une « neufve maison ». Faut-il le rappeler ? C'est un baron Surlet de Chokier qui présida, en 1830 et 1831, le Congrès national qui donna à la Belgique sa Constitution. Aux Surlet succédèrent à Chokier les Berlaymont, un Italien nommé Jacques de Barbationo, les Berlo de 1639 à 1800, le général Loison sous l'Empire, puis les Clercx.
En sa partie basse faite de gros moellons de calcaire, la tour ronde qui surplombe le parc pourrait être du XVe siècle et constituer une partie subsistante de la « neufve maison » des Surlet. Le corps de logis forme avec ses ailes datées de 1588 un U irrégulier qui s'ouvre vers les potagers en terrasses. Les murailles en calcaire ont gardé leur aspect austère qu'atténuent les chaînages et le mariage de la brique avec la pierre.
La façade méridionale donne sur la vallée. Féerique lorsqu'elle émerge des brumes automnales de la Meuse, elle se compose de trois travées centrales en légère saillie, percées par deux séries de baies en plein cintre, et de quatre travées latérales aux fenêtres plus sobres. Sommant le frontispice, un fronton triangulaire porte les armes des Berlo.
Les amateurs de meubles liègeois seront ravis d'en trouver de fort beaux à Chokier mais ils admireront aussi quelques plafonds de style rocaille que Loison, malgré son dédain pour ce genre de décor, eut la bonne idée de ne pas détruire.
Pierre le Grand et Napoléon y séjournèrent.