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Château de Chokier

Les alunières de Chokier

Au 16 siècle, Chokier était une commune axée principalement sur la culture de la vigne. Cette culture nécessitait l'usage de l'Alun. En effet, le schiste alunifère ou ampélite (du grec "ampelos" = vigne, et "lithos" = pierre) était utilisé pour l'amendement des vignobles, tandis que l'Alun lui même entrait dans le collage des vins pour les clarifier en absorbant les impuretés et en précipitant.

La production de vin à Chokier dès 1086 par les moines de l'abbaye de Saint Jacques n'a probablement pas manqué d'attirer l'attention sur la roche alunifère dont on fait remonter l'exploitation au XIIIe siècle.

En 1580, nous observons un four dans " La Meuse industrielle à Chokier " de Lucas van Valckenboch.

En mars 1606, on trouve mention d'alun à chokier dans de la correspondance envoyée à Gian Giacomo Barbiano di Belgioso (ou de Bellejoyeuse), 16 ème Seigneur de Chokier de 1602 à 1632, par sa seconde épouse, Anne de Pottier.

En 1617, une alunière au Bois des Moines est mentionnée au moment où le Comte Jean Jacques Barbiano de Belgioso donne en location au Comte Jean de Marche 15 bonniers de terre appelés "bois de Horion".

A cette époque, le droit d'autoriser des thiers à exploiter le sous sol en vue d'en extraire des minerais appartenait de manière exclusive au seigneur. L'autorisation était accordée moyennant le prélevement au profit du seigneur d'une petite partie de la production annuelle. Au début, en matière d'alun, la redevance était de 1/15e de la production. Elle s'abaisse dans la suite à un 20e, 1/22e et parfois même 1/25e. Les seigneurs étaient fort intéressés au développement de ces exploitations car elle leur procuraient des ressources importantes sans qu'ils aient à courrir des risques commerciaux. Ils prétendaient exercer ce droit dans toute l'étendue de leur seigneurie, aussi bien sur les propriétés leur appartenant que sur celles d'autrui.

Léon Halkin, dans Itinéraire de Belgique (1623-1628) précise : " A coté du château, dans un fond, est une officine où l'on fait l'Alun de sable ou terre avec urine, qui vaut bien au château 6000 livres de rentes"

Ce développement de l'industrie entraînant un mouvement continuel de marchandises, avait fait de Chokier, un centre très fréquenté, pour le plus grand profit du commerce et de l'artisanat. A la fin du siècle, la fabrique de bateaux appartenant à Pasquai Donnea jouissait d'une grande réputation.

L'exploitation de l'Alun à Chokier, malgré de nombreux temps d'arrêt liés aux événements militaires se poursuivit jusqu'au début du 19e siècle, date à laquelle, elle occupait encore une centaine d'ouvriers.

A cette époque, les chimistes Chaptal et Curaudeau trouvèrent le moyen de fabriquer l'alun artificiellement. Celui-ci fut importé chez nous dans la 2ème moitié du 19ème siècle et porta un coup fatal aux alunières qui avaient eu jusqu'alors le privilège de fournir à l'industrie tout l'alun dont elle avait besoin.

De nos jours, nous pouvons encore apercevoir les terrisses, fondrisses, puits, et bornes liées à l'exploitation de l'Alun.

MARE ROUGE

Le chemin du château de Chokier faisait office de limite entre les concessions de l'alunière du Bois des Moines et de l'alunière du Houlbouse.

La méthode d'extraction par foudroyage consistait a creuser des galeries à travers les bancs dont on retirait l'étayage après exploitation. Cela avait pour conséquence un effondrement des terrains de surface appelé fondris. Il était toutefois interdit de prélever les schistes alunifères sous les voiries, bâtiments et champs cultivés.

Les deux mares de part et d'autre du chemin du château sont nées de fondris remplis d'eau. Elles hebergent aujourd'hui une faune et une flore particulièrement riche.


USAGES DE L'ALUN

Le schiste alunifère fut très tôt utilisé pour l'amendement des vignobles. Les Chinois se servaient des efflorescences d'alun comme médication et un papyrus fait état de la connaissance de l'alun par les Egyptiens. Au moyen âge, il était très utilisé dans l'industrie du textile pour fixer les couleurs sur les étoffes. Les tanneurs s'en servaient pour raffermir les peaux, les maroquiniers pour les teindre. Les mégissiers tannaient les peaux très souples avec de l'alun pour en faire des gants. Mélangé au suif, il dormait plus de fermeté pour la fabrication des chandelles. Au XVIIème Siècle, il entrait dans la composition des crépis apposés à l'extérieur des maisons. Ces crépis étaient imperméables et ne s'écaillaient pas. Les graveurs l'utilisaient pour la préparation de l'eau forte de Callot (estampe obtenue au moyen d'un support mordu par une solution d'acide nitrique). Dans les conserveries de morues, on consommait beaucoup d'alun pour la préparation du poisson à faire sécher. Il en était de même pour la conservation des gélatines. Il entrait dans la préparation de la laque, du papier (notamment le papier vélin), de certains verres (celui de Venise) et de la colle végétale. Les menuisiers pour teindre les planchers ou parquets en jaune ou en orange, n'y parvenaient qu'avec de l'alun. Dans les moulins, un mélange de borax et d'alun permettait de cimenter et de réparer les meules. Il clarifie bon nombre de liquides, en absorbant les impuretés et en précipitant. La médecine l'utilise comme astringent et antiseptique. On l'applique contre les aphtes et les boutons de fièvre. Placé dans le creux d'une dent, c'est un remède populaire contre la carie douloureuse. Enfin, on peut l'ajouter à l'eau d'arrosage pour faire bleuir les hortensias.

Comme on le voit, son utilité dépassait de beaucoup le cadre de l'après-rasage. Il constituait un produit industriel de première importance.

ALUNIERES DE CHOKIER
(extrait de Les alunières à Flemalle et dans la vallée de la Meuse par la Comm. Hist. de Flemalle - 1992)


ALUNIERE DU BOIS DES MOINES

Les alunières du Bois des Moines

Avant d'aborder l'historique de cette alunière, il est utile d'avoir quelques notions à propos de l'enclave de Stavelot, dans laquelle se trouvait. l'exploitation.

La Principauté de Stavelot-Malmedy constituait une entité indépendante. C'était plutôt une grosse seigneurie d'environ 600 Km2 qui avait pu éviter l'absorption par un de ses voisins immédiats.

Au IXème siècle, l'abbaye de Stavelot, qui était déjà propriétaire de Horion, Lhonneux et Cahottes, reçut des Comtes de Hozémont, une portion de territoire lui donnant accès à la Meuse, ce qu'on appelle "l'enclave de Stavelot" (voir carte ci-jointe).

La fin de l'existence de cette enclave commença en 1885 lorsque les hameaux de la Crâne, Trokay et Usine Mage furent réunis à Chokier. Le reste fut rattaché à Flémalle en 1977, lors des fusions de communes.

L'alunière du Bois des Moines (entre Aigremont et Chokier) fut peut-être appelée ainsi parce que située sur le territoire des Moines de l'abbaye de Stavelot à moins que l'abbaye de St Jacques, dont Chokier constituait un domaine au Xlème siècle, ne soit à l'origine de son nom (11).

Les droits de l'enclave de Stavelot étaient partagés entre les moines de Stavelot, les anciennes religieuses d'Awirs qui avaient habité la ferme dOthet, la seigneurie de Chokier, celle d'Awirs, et les seigneurs de Hozémont.

Cette situation complexe allait créer d'interminables problèmes car le sous­sol de cette enclave contenait charbon et alun, et les exploitants allaient devoir composer avec toutes les autorités.

La première mention d'une alunière au Bois des Moines remonte à 1617, au moment où le Comte Jean Jacques Barbiano de Belgiojoso, seigneur de Chokier, donne en location au Comte Jean de Marche 15 bonniers de terre appelés "bois de Horion". De Marche est un marchand bourgeois de Liège intéressé dans cette nouvelle industrie qu'est celle de l'alun. Il obtient en 1619 l'autorisation de "chercher et user des 15 bonniers pour une mine d'alun et usine, prendre, raffiner et livrer à la rive de Meuse en tonneaux le dit alun". La même année un autre acte nous apprend "... qu'il (De Marche) payera en outre 13 florins de rente pour placer des chenaux dans le reste du bois aux fins d'amener les eaux alunées depuis l'usine jusqu'à l'officine qui est sise au pied du Trokay". L'exploitation se trouvait donc au bois de Horion (au Sud de l'actuelle rue de la Crâne, ancienne campagne des Trixhes) tandis que l'officine était dans la vallée.

Mais il semblerait que le sieur De Marche gère mal son alunière car en 1627 la relicte (veuve) du Comte de Belgiojoso lui reprend ses 15 bonniers, son usine et un vignoble proche, pour cause de non paiement.

Après diverses vicissitudes, exploitation et officine passent, en 1631, en mains du beau-frère de la dame, Ludovic Barbiano. Ce dernier réside habituellement en Italie. Dans le courrier qu'il échange avec sa belle-soeur, on lit que, en plus de négliger ses paiements, le sieur De Marche a "détérioré grandement ses 15 bonniers". Les chenaux qui conduisent l'eau alunée depuis l'exploitation jusqu'à l'officine descendent à travers prés, bois et rochers, et c'est précisément la pose et la surveillance de ces chenaux qui détériorent les 15 bonniers en question. On parle, dans plusieurs actes relatifs à la seigneurie de Chokier, de dégâts causés par les exploitants de l'alunière qui ne se gênent guère pour couper des arbres afin de fabriquer les chevalets nécessaires à la pose des chenaux, laissant ce qui ne les intéresse pas "traîner dans les bois jusqu'à pourriture". Il apparaît aussi que De Marche loue uniquement l'espace nécessaire à la pose des chenaux, le reste du bois demeurant propriété du seigneur. Or, ce dernier y loue des parcelles pour la coupe et la vente des arbres, mais à cause des abus de J. De Marche, les locataires deviennent rares.

En 1640, Paul de Berlo devient seigneur de Chokier et traite avec Belgiojoso au sujet de l'alunière.

En 1648, l'alunière est exploitée par Gilles Fourneau, celui-là même qui est connu aux Awirs depuis 1621. Il prend possession de l'Usine Mâge et en érige une autre sur un bien appartenant à Amel delle Garde de Dieu (nom déjà vu également) au pied des "vignes de coweis" (Mage est l'appellation wallonne de Marche, et c'est sous ce nom que l'on désigne l'alunière, même quand elle aura d'autres propriétaires). Les vignes de coweis seraient au pied du Trokav. On les retrouve souvent. dans des actes de cette époque: "...chenals qui estoit sur une pièce de terre au pied des vignes de coweis et sur un rocher sarts et bocages jusqua riwes de moese a trokeal".

En 1667, une maison Mage est mentionnée comme se trouvant au Sud du hameau qui voisine le Trokay, c'est-à-dire la Tesnière. Cet acte concerne des "terres, prés, jardins et appartenances".

En 1670, Jean De Marche étant décédé, l'usine est "rendue" à Mathieu Fourneau de Jemeppe, fils de Thomas Fourneau, lui-même fils de Gilles. Malgré 3 générations de Fourneau, l'exploitation est toujours considérée comme "ouhène Mâdge" dans certains actes.

L'alunière va encore fonctionner jusqu'au 20 novembre 1699. Le 2 décembre suivant, Jean Stiennon, maître et comparchonnier de l'ouvrage, fait apposer une affiche sur la porte pour signifier la fermeture mais aussi pour spécifier que les aluns qui s'y trouvent appartiennent à Hubert Fourneau le vieux et à la veuve d'Amel delle Garde de Dieu.

Le 18 août 1700, un autre avis défend aux ouvriers et maîtres-ouvriers de brûler ou d'emporter de l'alun hors de l'usine. La mise à l'arrêt d'une alunière ne signifie donc pas la fin totale des activités. On peut ainsi la mettre en sécurité sans nuire à sa reprise éventuelle, même après plusieurs années.

En 1707, apparaît dans un acte notarial "...maison, cour, jardin, prairies, appendices et appartenances, appelés communément usine Marche".

L'ensemble est donc resté intact, et, en 1715, Fourneau remet. l'usine en activité et l'exploite jusqu'en 1730. A ce moment, elle est fortement freinée par l'abondance des eaux. Les exploitants s'orientent alors vers l'alunière d'Aigremont où ils savent qu'une areine de bonne qualité pourrait les aider.

Dès 1731, on voit arriver à l'usine Mâge, M. Clercx, maître de l'ouvrage voisin et qui fait rendage pour 1/30; La même année, la concession s'étend vers l'Est. En 1732 et. 33, l'usine ne produit pas, ce qui ne signifie pas la cessation de l'exploitation puisqu'en 1734-35 elle sort 4.600 livres d'alun.

Il faut voir ici que, même si l'usine est en veilleuse, on continue l'extraction du schiste qu'on emmagasine sur les paires où il subit l'influence des intempéries, ce qui lui est bénéfique. Pendant ce temps, on procède aux réparations intérieures et extérieures de l'officine, travaux impossibles quand tout le mécanisme fonctionne.

L'extraction, elle, on l'arrête quand les eaux montent, dans les galeries souterraines. C'est certainement la raison pour laquelle, en cette même année 1731, la veuve Fourneau est autorisée par M. Clercx à "Periettoyer et enfoncer quelques vieux bures pour voir s'il ne resterait pas des terres à travailler". Mais les eaux étant un obstacle, il ne sera pas possible de foncer les bures plus profondément. Mme Fourneau envisage donc de remettre en activité d'anciens bures moins profonds mais contenant encore du schiste propre à permettre le fonctionnement de l'usine.

L'année 1736 produit 3.000 livres d'alun tandis que 1737 voit la production tomber à 2.000 livres. Bien que l'usine soit en état de produire, il semble que les difficultés naissent du manque de matière première.

C'est en 1740 que le problème sera résolu grâce à la fusion entre le Bois des Moines et Aigremont.

Un acte du 15 septembre 1739 nous révèle qu'on pêchait dans le ruisseau du Trokay: "les eaux des ouvrages de Bois des Moines portent préjudice et dommage puisque avant l'écoulement des eaux, il y avait des truites et des poissons dans le ruisseau qu'on ne voit plus maintenant".

En 1757, Hubert fourneau et les enfants Villette, marchands de Liège, sont cités comme exploitants du Bois des Moines.

En 1758, un nommé Lambert Tilkin "demeure à l'usine mâge, terre de Stavelot".

En 1762, on effectue des réparations à l'usine pour une somme de 1.421 florins pour "le xhorè, l'enfoncement et le ressortement des aluns". Bénéficiant maintenant de l'areine d'Aigremont, le Bois des Moines peut aménager ses xhorres et y déverser ses eaux au fur et à mesure de l'avancement des travaux.

De août à septembre 1762, on sait que 3 botteresses font partie du personnel de l'ouvrage du Bois des Moines.

En 1765, l'occasion d’un partage des parts dans l'entreprise, on voit apparaître Mathieu Hardy. A ses côtés, intervient Gérard Louis Lambermont, Révérend Abbé agissant au nom de demoiselle Wauthier, religieuse d'Aulne.

En 1209, la Communauté Cistercienne d’Awirs émigra dans le Brabant wallon et donna le nom d'Aywières à leur monastère, en souvenir du village où leur couvent était né. Or, l'abbaye d'Aulne était leur maison-mère. C'est la raison pour laquelle le nom de ce Révérend apparaît dans des actes concernant l'alunière du Bois des Moines dont les galeries d'extraction s'étendaient en partie sous les terres des abbesses. Dans un autre acte, et la même année, les dames d’Aywières font rendage de la propriété des aluns, à François Fourneau, Jean Sacré, Hauzeur et Mathieu Hardy, des terres qui sont "sous les vieux dommaiges de Loncin" (la famille de Loncin fut locataire-fermier du bien d'Othet pendant plus d'un siècle, de 1630 à 1734, d'où cette formulation).

L'usine est remise en marche en 1768 après de nouvelles répartitions et partages des revenus, et dès 1769 il est de nouveau question "d'ériger une xhorre".

La production continue jusqu'en 1775 saris interruption mais un nouveau procès oppose Bois des Moines à Clercx, toujours au sujet des xhorres et areine.

En 1775, c'est Mathieu Hardy qui est maître de l'usine. Lambert Tilkin y habite. On l'y retrouvera encore en 1781.

En 1787, Bois des Moines se propose de reprendre l'alunière St Pierre à Flémalle-Haute, laquelle est à l'arrêt.

En 1789, survient une transaction entre Bois des Moines et Aigremont pour un montant de 8.000 florins, afin de permettre à Bois des Moines de construire une xhorre rejoignant celle d'Aigremont. Hardy et Clercx pensent qu'il serait bon de la construire "au rabais" dans la terre dite "le blanc pays qui cotoie les veines" (le "blanc pays" est le grand terrain qui s'étend entre le hameau de la Crâne et le Trokay, et le besoin d'y entreprendre une xhorre atteste que l'exploitation de la veine s'est fortement étendue). Le projet a-t­il abouti ? On ne sait pas. Mais en 1795, Rome et Hennay se plaignent. à propos d'une "areine tierce" qui aurait son oeil sur Chokier, dans le Trokay. Il faut savoir que Rome et Hennay étant concessionnaires de l'alunière d'Aigremont, cette "areine tierce" orientée vers Chokier leur fait perdre des droits dont ils pourraient user si Bois des Moines se servait de l'areine d'Aigremont.

En 1794, un Commissaire français estime que l'alunière peut fournir 12.000 livres d'alun.

La même année, un nouveau rendage fait apparaître les noms de Martine Stienne et les 4 enfants de Lambert Tilkin. Ils cèdent l'exploitation à Hubert Namur.

En 1798, alors qu'on trouve au Bois des Moines les nommés Hardy, Byleine et Mélotte, le problème de l'évacuation des eaux reste prioritaire et les difficultés à ce propos semblent impossibles à résoudre.

En 1800, l'exploitation étant profondée jusqu'à 80-90 m, il est devenu totalement impossible d'extraire les eaux.

En 1810, fort ralentissement. La veuve Hardy, maîtresse de l'ouvrage, demande qu'on évalue la galerie d'écoulement des eaux. En même temps, elle voudrait transférer, depuis l'alunière St Pierre, des ustensiles qui pourraient être utiles au Bois des Moines.

En 1812, l'alunière occupe 106 ouvriers sous la direction de la veuve Hardy et du sieur Mélotte.

1822 voit la fermeture du Bois des Moines. Le 19 novembre 1824, devant le notaire Fraikin à la résidence de Chokier, a lieu la vente des "meubles et ustensiles qui ont servi à la fabrication de l'alun".

Reproduction de plan dressé au début du XIXème siècle, lorsque l'alunière du Bois des Moines se proposait de reprendre la partie Est située sur Chokier. Alors qu'auparavant l'officine se trouvait au pied du Trokay, elle est ici renseignée sur la colline. Serait-ce une conséquence des dégâts causés dans le bois par la pose des chenaux?

En 1827, une nouvelle demande de pousuite de concession est refusée par la Députation Permanente, les demandeurs ayant négligé de régulariser les précédentes.

On trouve une dernière mention du Bois des Moines dans un acte du notaire Delbrouck en 1834. Il met en adjudication le château d'Aigremont et signale que l'acheteur bénéficiera des redevances dues par le Bois des moines pour la faculté de se servir de "la bonne xhorre existante dans les biens compris dans le chateau".

L'emplacement de l'officine du Houlbouse doit avoir varié au cours du temps. D'une part, un acte du XVIIème siècle la situe à cheval sur le ruisseau. Un autre, de la fin du XVIIIème, nous dit qu'elle se dressait "derrière le moustler" (église), ce qui,est très imprécis. Et sur le plan que nous possédons et qui date du début du XIXème (page 85), on la trouve sur la rive droite du ruisseau. Nous ne connaissons pas la durée de vie d'une officine et, dans ce cas-ci aucun acte ne révèle les raisons de son déplacement.

Quoi qu'il en soit, ces anciennes demeures auraient pu abriter des ouvriers de l'alunière...



ALUNIERE DU HOULBOUSE

Les alunières du Houlbouse

Enserrée entre le Bois des Moines et l'alunière St Pierre, Houlbouse paraît avoir eu moins d'importance que ses voisines.

Sachons d'abord qu'à Chokier comme ailleurs, c'est le seigneur local qui concédait l'exploitation du minerai d'alun en se réservant un certain tantième de la production. D'autre part, l'usine étant édifiée sur les communes, les manants du village exigeaient. une redevance annuelle.

La plus ancienne mention de l'alunière du Houlbouse remonte au 4 janvier 1606, quand Louis Ketwich, un étranger demeurant, alors à Chokier, s'engage en qualité de maître ouvrier aux mines et usines d'alun appartenant, à Thomas de Sclessin (commissaire de la Cité de Liège qui avait pris des participations dans le financement des industries nouvelles). Ce même Ketwich avait d'ailleurs déjà fait des recherches en 1605.

En mars 1606, on trouve mention d'alun dans de la correspondance envoyée à Gian Giacomo Barbiano di Belgiojoso (ou de Bellejoyeuse), seigneur de Chokier, par sa seconde épouse, Anne de Pottier (la seigneurie de Chokier avait été dévolue à Belgiojoso par le décès de sa première femme, Marie de Senseille, qui l'avait reçue en héritage de son premier mari, George de Berlaymont, décédé en 1582).

En avril 1620, un acte est signé devant notaire, dans lequel Bartholomé Trocquea, résidant à Chokier, sera tenu de surveiller "les terres d'alun au mieux qu'il lui sera possible advisant si les ouvriers font bien leur devoir dedans les fosses et si iceux livrent ce qu'il aptient, ceux qui travaillent à journée qu'il s'en acquitera comme ils doivent, que les cuveleurs besognent bien et. comme il convient…"

Après la mort de Thomas de Sclessin, ce sont sa veuve et son gendre qui reprennent l'usine. Cette succession est, confirmée dans un écrit du 5 août 1620: "Isabeau, relicte de feu Thomas de Sclessin, Jean Guillaume demeurant à Choquier... pour gouverner l'usine de Choquier", et un autre du 13 mai 1622: "mise en arrêt de tous les alluns à Choqier, usine de la relicte de feu Thomas de Sclessin jadis commissaire de la Cité, et Loys de Cartier son gendre".

Léon Halkin, dans "Itinéraire de Belgique" de Dubuisson-Aubenay (1623-1628) nous livre ce détail: "A côté du château, dans un fond, est une officine où l'on fait l'alun de sable ou terre avec urine, qui vaut bien au château 6.000 livres de rentes" (alun de sable = alun en menus grains).

Vers 1625, le seigneur de Bellejoyeuse loue l'usine à Hubert Jennin demeurant au Chaffour et Amel del Garde-de-Dieu de Chokier. Le 6 août 1628, le premier cité cède sa part au second moyennant 1950 florins.

En 1643, l'entreprise est concédée à Pacquea delle Garde de Dieu, Hubert delle Garde de Dieu et Louis du Chesne de Flémalle-Haute, beau-frère des précédents. La même année, ces derniers reçoivent "le pouvoir d'achever la xhorre qu'ils ont commencée sur la hauteur de Flémalle au dessous d'un chemin appelé Houlbousse". Il s'agit probablement de l'areine tracée sur le plan.

En 1663, l'usine érigée dans "l'héritage appelé le Bois de Cheval" appartenant à Amel delle Garde de Dieu, possède 6 fourneaux et se trouve à cheval sur le ruisseau, ce dernier formant. limite entre les deux communes. Ceci est confirmé par un acte du 7 août 1686 : "il y a une usine bâtie sur la juridiction de Flémalle et de Choquier dont les fourneaux sont bâtis sur celle de Flémalle". Les fourneaux étaient donc sur la rive gauche du ruisseau. (Entre cette époque et la fin du XVIIIème siècle, on a certainement, dû reconstruire l'usine car le plan nous la situe sur la rive droite)

En 1699, Gabriel Mantanus est, maître ouvrier de l'ouvrage de Houlbouse. L'année 1706 voit la fusion Houlbouse-Aigremont, devant le notaire Destordeur.

En 1707, la Collégiale St Pierre à Liège s'insurge contre les maîtres de l'usine de Houlbouse, Michel de Lonchin et Pierre de Chesrie, qui ont l'intention, sans sa permission, de creuser une xhorre sur la commune de Flémalle­Haute (il faut savoir que St Pierre possédait les alunières voisines, celles situées sur Flémalle-Haute).

De 1707 à 1712, nous apprenons qu'on a tiré les schistes sous les biens de feu Michel de Lonchin, des dames d'Aiwir et du Comte de Berloz. A l'époque, Piron Renard est l'un des maîtres ouvriers.

Août 1712: fin de l'ouvrage du Houlbouse qui restera à l'abandon pendant presque un siècle. En 1801, Maximilien Hennay d'Engis et Gabriel Théodore Rome des Awirs reprennent l'alunière. Ils constatent que les anciens maîtres "ont indubitablement, travaillé ces mines, vu la grosseur de leur terrisse, et qu'ils ne les ont abandonnés que par rapport qu'ils n'ont plus trouvé le moyen d'en tirer parti ... il ne reste plus aucun vestige de terre alumineuse, bures, puits, usine".

L'activité renaît donc, et l'usine occupe 20 à 25 ouvriers. En juillet 1810 permission est accordée de diriger les eaux sur la galerie d'écoulement de St Pierre. Grâce à la ténacité des maîtres d'ouvrage, on dénombrera 106 ouvriers en 1812. Cependant ce succès sera de courte durée car l'alunière sera définitivement abandonnée pendant la période hollandaise.



ALUNIERE DU CHÂTEAU DE CHOKIER
(non repris dans l'étude sur les alunières de Flemalle)

Sur le domaine immédiat du château, face à celui-ci au dessus de la 3eme terrasse des jardins, on peut encore apercevoir une dalle massive qui recouvre un puits assez profond. A une centaine de mètres en contrebas, un éboulement de surface laisse apparaître une areine éventrée alignée sur le chemin menant au Trokay.

Cette galerie assez importante possède la particularité de ne présenter que peu de déchets d'extraction. Ceux-ci ont utilisés pour combler les fossés du château et l'excédent a nivelé pour réaliser la troisième terrasse. Cette terrasse dispose d'un ancien terrain de tennis dont la surface réalisée en déchet d'Alun est l'ancêtre des terrains de tennis en brique pillée. Cette surface à la particularité d'être aisément nivelée à l'état humide et d'être extrêmement dure à l'état sec.

Alunières du château de Chokier.

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