Le perron: origines de l'emblème; histoire du perron monument liégeois; restitution archéologique suivant le manuscrit de Warfusèe.
L'histoire de la Maison communale liégeoise serait incomplète, s'il n'était fait mention du perron. Dès une époque très reculée, un perron monumental se dressa au milieu du Marché, vis-à-vis tant du Détroit des échevins que de la Halle et de la Violette.
C'était au pied de cette colonne de pierre qu'avait lieu, en des circonstances importantes de la vie civile, la promulgation des actes dite « Cry du Perron ».
Le perron étant devenu le symbole des franchises de la Cité, la Violette le choisit pour emblème politique. Les communes du pays liégeois en firent autant: partout où furent proclamées les libertés communales, on retrouve le perron cette marque d'affranchissement qui équivaut en Allemagne an Roland ou chevalier monté,
Quelle que soit son origine, et elle est lointaine, le perron acquiert, pour la population liégeoise, toute son importance à partir de ce temps (1303) où il devient le symbole incontesté des franchises municipales. Les lettres et ordonnances de l'ancienne Cité sont toutes scellées à son effigie; une copie officielle se termine invariablement, par les mots « locus Peronis », place du sceau. On retrouve cette marque sur tous les monuments du passé comme au milieu du fronton de la Violette. Elle servait d'appui aux armes des deux bourgmestres, et le personnel au service de la Ville exerçait son office au nom de ce perron dont il portait publiquement la marque. Aujourd'hui, comme autrefois, le Liégeois reconnaît en lui la signature nationale.
Quant à l'origine même de notre perron, après nombre d'archéologues, il vaut encore la peine, semble-t-il, de la rechercher dans le cours de l'histoire.
Le mot de perron, qui vient du bas latin petronus forme augmentative de petra, signifie grosse pierre ou amoncellement de pierres, arrangées ensuite par l'architecture de façon à former une base, en général des marches aboutissant à une plateforme: il y a le perron carré, dont les marches sont d'équerre, cintré ou circulaire, à pans coupés, ou double c'est-à-dire à deux rampes.
Mais l'histoire du mot ne s'arrête pas sur les marches de cette sorte d'escalier; le sens du vocable est étendu à un monument particulier qui s'élève sur cette base première.
Le perron isolé et monumental, comme aussi le perron en effigie, se compose essentiellement de trois parties distinctes: une base ou des degrés assemblés en palier; sur celui-ci, une colonne; finalement, un emblème.
A ne tenir compte que de ce dernier élément, de la croix qui surmonte la pomme de pin terminale du perron liégeois, tel de nos archéologues n'a vu dans le monument qu'une croix de mission, un calvaire (V. Revue de la numismatique belge, t. I et III); tel autre une croix simplement haussée (V. Bullet. de l'Inst. arch. liégeois, XVIII), ou bien tels encore une croix de liberté, indiquant le centre ou une limite.
Il s'agit, dans l'ensemble, d'un antique monument ou emblème que l’on retrouve en nos pays aux premiers temps du moyen âge. C'est sur les monnaies qu'on observe les plus anciennes représentations. Certaine piécette du milieu du XIIe siècle, est frappée au perron croisé; un denier carlovingien présente la même empreinte. On la retrouve même, dit-on, sur des monnaies précédant immédiatement l'ère des Carlovingiens. A reculer jusque là, l'observateur est implicitement invité à chercher plus haut, les Francs peuple nouveau, ayant généralement utilisé les formes de la civilisation antérieure.
Déjà notre ancien chanoine Van den Berch, dans un de ses manuscrits déposé aux Archives, fait cette remarque « que le Pinron, armes de Liège, est aussi une des armes d'un des cantons de Rome. » Il entend par canton un Rione ou quartier; et nous savons que la distribution des quatorze Rioni est basée sur celle des quatorze régions, dites Augustales, parce que celle-là fut organisée par Auguste.
Au Forum romain, des fouilles, partielles encore, dégagèrent incomplètement, en 1813, une colonne dressée, et celle-ci, suivant une inscription, avait porté, sur l'initiative de l'exarque Smaragdus, la statue de l'empereur Phocas, dédiée en 608. Sur quoi reposait la colonne? Aujourd'hui que le sol même du Forum a été mis au jour en suite des travaux systématiquement entrepris depuis 1870 par 10 gouvernement italien, on voit la colonne, d'ordre corinthien, posée sur un palier carré qui domine les cinq marches d'un escalier monumental, Tout juste comme on voit le notre en plein Marché, ce perron romain occupe le milieu de la place la plus célèbre du monde.
C'était bien un monument honorifique que le perron dit de Phocas, et le perron liégeois paraît bien être une colonne honorifique aussi, suivant son prototype.
Cette colonne romaine, symbole de la force, et qui, haussée sur des degrés, était à même, comme elle le fit, de porter vers les nues toute sorte d'images, ne prêta à Phocas, le tyran de Byzance, dont la statue était une insulte au forum de la république, qu'une gloire éphémère et imméritée. Sa statue dorée disparut bientôt. Enlevée par les barbares, Le fût même de la colonne est d'une époque bien antérieure; il date du temps des Antonins, et le dessus du chapiteau porta, avant l'image de Phocas, les statues et les bustes d'autres empereurs romains: la colonne honorifique durait plus qu'eux.
C'était toujours la même colonne, mais, comme sur une pièce de monnaie, l'effigie changeait avec l'inscription.
La colonne dite de Phocas occupait, au Forum, la plus belle place entre les deux basiliques, vrais palais de justice; et elle n'y était d'ailleurs pas la seule de son espèce: les sept soubassements retrouvés en face de la Basilica Julia et marquant la limite sud de la pace publique, passent pour des massifs de maçonnerie ayant servi à l'érection de monuments du même genre.
Que ce perron, comme il s'est appelé, se rencontre à Liège même, ce n'est point là non plus un fait isolé. On l'a retrouvé dans diverses villes de France, et même à Paris. Les Gallo-Romains, comme la Rome du moyen-âge, l'ont imité de la Rome antique; les Francs, qui volontiers empruntaient en Occident les signes représentatifs des pouvoirs romains, auront adopté de même la colonne romaine.
L'exercice de la justice, attribution du pouvoir souverain, a surtout répandu l'usage de la colonne honorifique, portant l'emblème ou l'effigie de celui au nom de qui la justice se rendait. La colonne perrée ou sur montoirs est devenue ainsi un signe de juridiction. - Se souvient-on de la légende de Tell ? Gessier fit placer son chapeau de gouverneur au dessus d'une perche au milieu de la place publique d'Altorf. Une des eaux-fortes les plus étudiées de Rembrandt l' « Ecce homo » montre Ponce-Pilate condamnant le Christ en face d'une colonne portant le buste d'un César romain. - Dans le domaine de l'histoire, on connaît les colonnes Trajane et Antonine. D'un caractère analogue sont celles qu'on a de nos temps dressées à Paris, à Stuttgart devant le Château neuf, ou à Glascow place de Georges. Le voyageur liégeois rencontre avec plaisir son ancien monument national dans le vieux perron élevé par l'archevêque Heinrich en 958, au milieu de la place publique de Trèves qui sert de marché; les trois parties intégrantes y sont: la base, une énorme pierre carrée; une colonne gothique, et l'emblème, une croix faîtière. On voit combien s'était répandue cette tradition de la colonne d'honneur ou perron emblématique: on rencontre celui-ci sur la place de tel village russe.
Il est naturel qu'à Liège, au centre d'une principauté de constitution ecclésiastique, on ait emprunté à la fois à la Rome ancienne la colonne à degrés, et à la Rome nouvelle le signe de la religion chrétienne affirmant sa victoire sociale, la croix , en remplacement des effigies impériales.
C'est là en effet, on l'a dit, l'emblème que nous offrent les représentations les plus anciennes de notre perron national. L'ornementation terminale de la colonne liégeoise varia avec le temps. Un renflement du chapiteau a-t-il pris la forme d'une pomme de pin? Celle-ci vient-elle d'un globe terrestre? On ne sait. En dessous de la pomme se rangèrent des personnages, figurant, suivant l'expression même des anciens et naïfs auteurs, des « ribauds » ou des «paillards des deux sexes », que l'art de Delcour remplaça par les trois Grâces.
Le perron garda sa croix faitière malgré la Révolution. Menacé d'abord comme « hors-d'oeuvre et espèce d'armoiries », il faillit devenir un monument républicain. « Ne pourrait-on pas, écrit le commissaire Bassenge à la municipalité, le 12 thermidor de l'an V (Lettre n° 602, au dépôt des Archives provinciales), ne pourrait-on pas, en entourant cette colonne de légères baguettes de fer cuivré, lui donner la figure d'un superbe faisceau qui, supporté par des lions, symbole de la force, représenterait la belle image de la force et de l'union? » Le Musée de l'institut archéologique liégeois possède un panneau provenant du palais, sur lequel un perron en relief a été ainsi transformé par la sculpture au-dessus du faisceau, le bonnet phrygien porté par une pique a remplacé la pomme de pin et la croix.
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VIEUX LIEGE COIN DES CHERCHEURS
A propos du Perron.
En parcourant, l'été dernier, les salles du British Museum, mon regard a été attiré par un objet dont la forme rappelait étonnamment notre Perron comme vous pouvez le voir par le dessin ci-contre. Il se trouve dans la vitrine 39 de la salle de la vie grecque et romaine et porte le numéro 2579 ainsi que la mention « Jet for a fountain. Roman. - Pompéi. » Il s'agit donc d'un jet d'eau.
Le catalogue de 1929 explique « There are several jets and spouts for the emission of water, one (n° 341) in the form of a pinecone, pierced with small holes for sending out a spray... (1) »
Le n° 341 du catalogue correspond au n° 2579.
Comme vous le voyez, il y a bien une pomme de pin au sommet, percée de trous par où l'eau jaillissait.
N BOLOGNE
(1) Il y a plusieurs jets et tuyaux pour l'émission de l'eau; l'un (n° 341) en forme d'un cône de pin, percé de petits trous pour faire sortir l'eau.
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Laissant la question des origines et l'analyse du symbole, rappelons l'histoire du monument liégeois, faite par Loyens et Abry.
L'établissement de la fontaine principale du Marché, date, au dire des annalistes, de l'an 942, quand Richer y amena les eaux d'une source découverte près St-Servais. La source tarit à la suite des travaux de houillères, mais on s'avisa de profiter de ceux-là pour recueillir des nappes d'eaux souterraines qui rendirent à la fontaine sa première utilité. En 1305, la Ville fit de celle-là un monument en plaçant au centre cette colonne sur degrés à pans coupés, qui domine si bien une rangée de vasques circulaires. Ce fut là le perron, ce monument qui s'associe à toute notre histoire politique. Le Recueil héraldique note avec cris les divers épisodes qui intéressent son existence.
« Le tout, dit-il commençant à se pacifier dans Liège, on n'y oublia point le magnifique perron de cette cité, transporté à Bruges l'an 1467 par ordre de Charles surnommé le Hardi, duc de Bourgogne, qui s'étoit fait un honneur de l'emporter, et de le placer sur la place de cette ville...
Dès ce tems, savoir 1467, quelques amateurs ont eu Ia curiosité de faire dessiner ce perron dans la même forme qu'il avoit pour lors, et comme cette pièce est des plus belles et des plus mémorables, on a cru qu'elle méritoit d'avoir ici place. (V plus loin, p. 454.)
Ce perron, qui étoit des plus artistement faits, avait un pied de diamètre; au-dessus étoit une balustrade où il y avoit une pomme de pin surmontée d'une croix, autour de laquelle paroissoient trois figures nues représentant des paillards des deux sexes, pour marquer la juridiction qu'avoit pour lors le Magistrat de faire punir par les verges ceux qui l'avoient mérité. Ces verges que l'on y voioit, y avaient été ajoutées en 1433.
Cette magnifique colonne fut emportée le jour de Ste-Lucie de 1448, par un vent impétueux , et l'année suivante on la rélablit par la figure d'une pomme de cuivre, qui en rejoignit les deux pièces séparées.
Il est à remarquer que la balustrade, la croix et la pomme de pin, avec les figures de cette colonne, étoient ci-devant toutes de pierre et qu'on les transforma en cuivre..,
Comme donc le peuple de Liège ne demanda rien tant que de profiter de la douceur d'une paix conclue à la mort de Charles le Hardi, les magistrats de ce tems crûrent que la protection de Marie de Bourgogne, fille du dit prince, leur étoit si nécessaire clans une pareille conjoncture, qu'ils firent tout leur possible pour se la concilier.
Cette princesse leur accorda en effet la permission de reprendre leur perron, qui avait resté dans Bruges l'espace de plus de dix ans.
On députa pour ce sujet le maître Humal , les Boverie, les Moreau de Litrenge, les Belle-Flamme,, les Tulcapron, et plusieurs autres, qui formèrent une nombreuse cavalcade, et dont les descendans eurent à perpétuité pour prix de leur zèle, la jouissance des droits et prérogatives des trente-deux bons métiers de la Cité, droits qu'ils ont toujours conservez jusqu'à notre tems,
Cette pompeuse cavalcade rentra dans Liège glorieuse et triomphante au commencement de juin 1478. Le Magistrat même, de concert avec la généralité du peuple, pour rendre cette fête d'autant plus éclatante, ne négligea rien, et fit paraître une joie parfaite à la réception d'une pièce qui faisait l'honneur de la nation liégeoise.
Ainsi l'on s'occupa d'abord à la replacer sur la fontaine du Marché avec les vers suivans, qui y furent gravez en lettres d'or
Le perron rétabli de la manière dont nous venons de le faire voir, se soutint dans son entier jusqu'au 9 janvier 1693, jour auquel aiant tombé vers les neuf heures du soir, il fut rétabli de nouveau sous la régence de Jacques Thomas de Herve, et de Nicolas de Bouxhier.
Le manuscrit de Warfusée est plus sobre de détails, mais ceux-ci restent intéressants, quoique repris de moins loin. »
A la magistrature de Léopold Bonhomme et de Henri d'Aubrebis, en 1692, voici comment est racontée une chute du perron avec ses suites:
« Le perron du Marché, dit le texte d'Abry, assis au haut de la fontaine, tomba par un vent le 9 de l'an 1693, à 9 h. du soir. Son sommet était fait en pomme de pin, souporté de 3 ou 4 figures d'hommes nues de la hauteur de 2 pieds; ce sont selon d'aucuns, 3 ribauds qui furen punis au dit perron l’an 1433 que la fontaine du marché fut achevée et ornée; et le pommeau de son milieu qui embrassait les deux pièces de cette colonne de marbre était de cuivre doré. C'est le même qui fut replacé en cet endroit l’an 1479, le 10 juin et qui ayant encore présidé dans la même place, avait été ramené de Bruges où il avait été mené et exilé par ordre du duc de Bourgogne. On en fit un mauvais augure. Dieu veuille que ce soit au contraire, dans un temps où l'on a tout à appréhender. Les pièces furent ramenées chez le sieur Malaise, rentier de la Cité, qui ont servi avec les cuivres du balcon de la Maison de ville fondues au feu du bombardement, pour la fontaine de Vinâve-d'Ile. »
Relevons encore dans le volume manuscrit d'Abry cet autre texte, relatif au petit perron du Marché. A l'année 1535, en marge du texte se lit cette note:
« Le petit perron vis-à-vis les degrés de St-Lambert supporté de 4 lions dorés est une pièce de cette administration. Les deux premiers qui regardent la Maison de ville portent celui à droite le blason du cardinal de la Marck, de l'autre celui d'Arnold Le Blawy de Jemeppe. Ceux qui regardent du côté du Romarin portent encore celui de la Marck à droite et celui à gauche le blason des Tollet. Il avait servi à la petite fontaine qui regarde les Frères mineurs jusqu'à l'an 1639 qu'il fut changé de là pour faire place à l'effigie du bourgmestre de Beeckman.»
L'emblème de la Cité a donc dominé les trois fontaines du Marché de Liége, et il convient de relever cette adaptation de l'ancienne colonne sur montoirs à la fontaine publique. C'était à la fois un emblème politique et un motif de décoration. Avant de recevoir la Vierge de bronze de Delcour, la fontaine de Vinâve-d'Ile portait au centre de ses vasques un perron de trente-deux pieds de haut,
Dans le Recueil héraldique, Loyens présente au lecteur un dessin linéaire de l'ancien perron, et celui-ci offre tous les caractères d’une juste fidélité: cette reproduction est fondée sur une sûre tradition. C'est bien la un ancien monument de l'art gothique, d'un dessin riche et correct à la fois. Dans le volume d'Abry se retrouvent en outre certaines données, qui complètent l'image léguée par Loyens à la postérité liégeoise. En marge de ce texte manuscrit que nous venons de transcrire, Abry a dessiné à main levée la douille ou bague de cuivre ouvré qui a relié les deux morceaux du fût de la colonne: celte pièce est plus haute que sur le dessin de Loyens; en outre, sa partie supérieure, comme celle d'en bas, se termine par des fleurons, de façon à mieux répondre aux ornements tant du chapiteau que de la bague même du pied. Enfin, comme pour assurer à l'avance cette restitution archéologique du perron liégeois, le vieux généalogiste a inscrit de sa main l'indication du diamètre du fût de la colonne, soit un pied, ce qui permet d'en estimer la hauteur totale: celle-ci devait être de huit pieds.
Nous avons tenu à mettre sous les yeux du lecteur le fac-simile de la pièce dessinée par Abry à côté de la représentation du perron représenté dans le livre de Loyens et ainsi complété.
Signalons comme point de comparaison le très curieux dessin d'un sceau au perron de 1378, relevé par Arn. Schaepkens clans une de ses nombreuses brochures. C'est un document de l'art gothique du plus haut intérêt.
« La colonne (de petite dimension) surmontée de la pomme de pin (entière) avec la croix, repose sur deux oiseaux chimériques qui ont pour supports deux pilastres ou colonnettes, s'appuyant sur des lions couchés ou veillents, avec un second piédestal percé de trois arcatures en ogive et terminé en bas par plusieurs marches. »
Nous ne connaissons pas l'origine d'un dessin inséré dans les pages d'un article de A. B. Carton, publié dans les Annales de la Société d'Émulation pour l'étude de l'histoire et des antiquités de la Flandre. Il représente, probablement d'après Loyens, le perron liégeois, transporté à Bruges: colonne grêle, peu élevée et angulaire: ornements faitiers volumineux; la croix plantée sur un hémisphère taillé en pomme de pin.
Nous ne quitterons pas je perron d'Abry sans rappeler le rôle décoratif attribué au cuivre repoussé dans la confection du monument de pierre: c'est ainsi que l'ancienne et belle fontaine du Marché à Huy, est aussi couronnée par une dinanderie archaïque. De plus, placé comme il était, à hauteur même de la vue, l'ancien perron liégeois avait là un avantage qu'a perdu le grand perron actuel, mis trop haut sur des motifs de décoration qui n'ont plus rien de l'art ancien. C'est Delcour, on le sait, notre meilleur statuaire, qui est l'auteur de la nouvelle ordonnance de la fontaine liégeoise (V. Loyens, in fine).
Après cette reconstruction en marbre, il fallut en 1719 renouveler les bassins; finalement, le monument a été en 1848 rétabli tel qu'il se présente à nos yeux aujourd'hui sur la place du Marché à Liége en témoignage du passé.
J. E. DEMARTEAU.