Au moyen-âge, le véritable élément de force, de sécurité et, de liberté pour la plupart de nos bonnes villes, résidait dans les associations bourgeoises connues sous le nom de Compagnies d'Arbalétriers ou d'Arquebusiers. Elles étaient la base de la puissance et de l'indépendance du pouvoir communal (1).
A Liège, les Arbalétriers se divisaient en Compagnie des Jeunes Arbalétriers, et en Compagnie des Vieux Arbalétriers (2).
On trouve dans les Pawilhars un document curieux concernant cette dernière association. Comme il n'est pas dénué d'intérêt historique, nous avons cru utile de le faire connaître. Nous le publions ci-après.
Pour en faciliter l'intelligence, il est bon, peut-être, de toucher un mot de l'origine, de l'organisation et des privilèges des Vieux Arbalétriers. Aussi bien, l'on saura ainsi, à peu près, quels étaient l'origine, l'organisation et les privilèges des Arbalétriers des autres bonnes villes.
Nos annalistes ignorent l'époque de la création de la Compagnie des Arbalétriers: ils supposent, non sans raison, qu'elle remonte à une haute antiquité, la Cité ayant toujours dû pourvoir par elle-même à sa défense (3).
L'existence nous en est révélée au XVe siècle: en 1455, on voit dix de ses membres prendre part à un grand concours d'arbalète qui avait lieu à Tournai (4).
La Compagnie avait ses dignitaires , ses chefs et ses statuts.
Les dignitaires étaient les empereurs et le roi, et ses chefs, les capitaines.
L'arbalétrier qui abattait l'oiseau, était nommé roi; ses fonctions ne duraient qu'un an.
On appelait empereur celui qui avait abattu l'oiseau trois fois de suite (5).
Quant aux capitaines, ils étaient élus annuellement, à la pluralité des voix, par tous les compagnons.
La compagnie était composée de cent et trente-six hommes. Chaque Métier avait droit d'y être représenté par trois de ses membres. Quarante autres bourgeois pouvaient, en outre, y être librement agrégés. Chaque compagnon devait se fournir, à ses frais, d'un habillement d'uniforme, d'une arbalète et de ses accessoires.
Lés Arbalétriers avaient pour principale mission la défense de la Cité et de ses privilèges. Lorsque l'on prenait les armes pour marcher contre l'ennemi, ils avaient l'honorable prérogative d'être au premier rang; si l'on battait en retraite, ils devaient composer l' arrière-garde (6).
Pour récompenser les Arbalétriers de leur dévouement à la république, les trente-deux Bons Métiers les avaient exemptés de toutes tailles, capitations et impositions, de même que du guet, du surguet et de tous autres services extraordinaires.
Ils avaient la propriété exclusive de la barque marchande qui faisait le service entre Liège et Huy (7). Ils mettaient, tous les six ans, cette entreprise en adjudication publique.
La Cité leur avait cédé, par recès du 22 juillet 1494, la porte du Pont des Arches pour y monter la garde (8).
Le 20 juin 1514, elle leur avait accordé, pour servir de lieu d'exercices, un vaste enclos près des remparts de St-Léonard (9).
Chaque année, le jour de la Trinité, on dressait à St-Walburge un mât, au sommet duquel était attaché un oiseau de bois. L'Arbalétrier qui l'abattait était nommé Roi de roiseau , et conduit en triomphe à l'Hôtel-de-Ville, où les bourguemestres offraient un repas à toute la compagnie.
Le prince, lors de son inauguration, aussitôt qu'il avait franchi la porte St-Léonard, se trouvait en présence des Arbalétriers sous les armes. Il s'avançait vers leur drapeau et jurait, à haute voix, d'observer et de maintenir strictement leurs droits et privilèges. Les Arbalétriers, eux, ne lui juraient rien (10).
Qui dit association, dit esprit de corps. Il y en avait beaucoup chez les Vieux Arbalétriers. Ils rivalisaient avec ceux des autres villes pour la tenue, les courses lointaines, et la renommée. Une disposition de leurs statuts leur ordonnait expressément « d'acquérir honneur » dans les concours qui avaient lieu à l'étranger.
La compagnie, comme institution de liberté, eut à éprouver bien des vicissitudes.
En 1467, elle fut abolie, et ses chartes furent annulées par le duc de Bourgogne, qui venait de subjuguer le pays.
Lorsque l'on eut recouvré l'antique indépendance, quelques Arbalétriers se réunirent et réorganisèrent la compagnie. Une charte, de 1482, constata ce rétablissement.
En 1649, le prince-évôque Ferdinand de Bavière étant entré en vainqueur dans la Cité, fit peser sur elle son despotisme. Il cassa tout d'abord la compagnie des Vieux Arbalétriers, et il en confisqua les biens et les revenus.
Vingt-sept ans après, en 1676, les institutions populaires furent rétablies. Les Arbalétriers se remirent aussitôt en possession de leurs privilèges ainsi que de leurs revenus (11).
Ce ne fut pas pour longtemps.
En 1684, le prince-évêque Maximilien de Bavière s'empara de la Cité par la force des armes, et il lui ravit tous ses droits de république municipale. La compagnie des Vieux Arbalétriers, qui s'était signalée par son énergique résistance, fut dissoute, et supprimée pour toujours (12).
On doit un pieux souvenir aux Vieux Arbalétriers. Ils avaient eu leurs jours de gloire militaire, et avaient rendu de notables services dans les guerres du XIVe, du XVe et du XVIe siècle. Ils en avaient rendu de non moins grands à la cause de la liberté, en s'opposant toujours à l'établissement du pouvoir absolu.
Voici le document de 1482. Nous le faisons suivre d'un autre document non moins curieux. Celui-ci est une liste, rédigée en 1568, de tous les membres de la Compagnie. On y lira des noms appartenant à beaucoup de familles qui sont encore aujourd'hui florissantes (13).
FRANCHIESES DES ARBALLESTERIES.
Nous les Maistres, Gouverneurs, Jureiz , Conseil et Université et Franchiese et Banlieu de Liège, à tous ceulx que ces présentes lettres veront et oront, salut.
Comme après la restitution de noz privileiges, franchieses, liberteis et biens à nous faite par le révérend père en Dieu hault et puissant prince nostre très honnoré et très redoubté seigneur monsieur Lowis de Borbon, par la grâce de Dieu evesque de Liège et conte de Loz, et par aulcunes années nous avoient esté abstraits et roustés à l'occasion des guerres et controversions que avons eu allencontre de nostre très redoubté seigneur: nous, ayant accordé et consentu aux compaignons arballestryes de nostre Cité, nommez les Arballesteries serimentez de ladite Cité, de povoir remettre sus et rassembler leur Compaignie, confraternité, aussi reprendre tous leurs biens teilz que laditte Compaignie avoit jouy auparavant lesdittes guerres, et pour d'iceulx ensembles de tous teils droits, previleiges, franchieses et preminences que souloit avoier de toutte anchienneté jouyr et uzer dez alors en avant, et par autant aussi qu'ils feroient leurs debvoirs et services accoustumez, et il soit ainsi que à l'occasion desdittes guerres, à la dernière prinse et destruction de laditte Cité, lesdits compaignons ayant perdu tous leurs chattres, lettres et exploix qu'ilz avoient scellé de nostre très redoubté seigneur, ses prédécesseurs et aussi de laditte Cité et des Trengtedeux Bons Mestiers d'icelle concernant leurs susdites franchieses et privileiges, dont auffin que icelles fuissent renovelées et que lesdis compaingnons polsissent scavoir comment de ce jour en avant se debveroyent comporter et uzer pour plus libéralement eulx mettre sus et appoinctier de hernaz et arballestre en l'honneur de la Cité, comme ont fait leurs prédécesseurs le temps passé, nous ayent humblement prié et requis eulx sur ce nouveau coucher lettres seelée du grand seel de laditte cité et desdis Trengtedeux Mestiers d'icelle: scavoir faisons que par nous, entendue la supplication et requeste desdits Arballesteries, que nous semble y estre utile et raisonable à chascun que leurs compaingnie soit remiese sus et réintégrée pour l'honneur et fortiffication de laditte Cité. Apres que sur ceste matière nous avons prins conseil et meure délibération, avons consenti et accordé, consentons et accordons les droits, franchieses, privileiges, preminences telles que anchiennement solloient avoir et que sensuivent; c'est assavoir.
- Que en laditte Compaignie debverat avoir de chascun desdis Bons Mestiers trois, et que avecque aultres poront encoire estre mis et adjoustés avecque eulx des bourgois de la Cité jusques au nombre de XL personnes, qui debveront estre gens idoines et propice pour uzer l'arballesterie, et dont laditte Cité puisse avoir honneur. Lesquelles personnes debveront estre appoinctées, montés, abillés de arballestres et hernaz honnorablement et plantereusement, et lesquelles seront tenus de chascun d'eulx armer et abiller le propre jour du S. Sacrament pour à iceluy jour faire leurs monstres et aller à la procession de S. Sacrament avecque les seigneurs de la vennerable Engliese et les Trengtedeux Bons Mestiers de laditte Cité, dont après que ledit Sacrament serat remporté en laditte engliese, et là endroit et en présence du mayeur de Liège illecque représentant la personne du prince et seigneur du Pays, et aussi des Maistres de la Cité, jurer solemnellement sur les saincts que les hernaz qui sont sur eux sont à eulx et à leurs corps appartenants, sans ce qu'ils soy puissent armer de quelcque harnaz emprontez.
- Item, touttefois que nécessité serat et le cas requererat que les Trengtedeux Bons Mestiers de laditte Cité, par ung accord et d'unne mesme suytte, se mettent aux champs avecque leurs bannières et poingnonceaux pour combattre et reboutter les ennemis et mal veuillants de laditte Cité et Païs, ou pour courir sus et invader aulcuns seigneurs, bonnes villes ou fortresses, lesdits Arballestriers deveront estre tousjours les premiers allant devant sur les champs, premiers entrant en bataille, courant sus, invadant et assaillant les ennemis, et les derniers retournant et rentrant en laditte Cité.
- Item, aussi s'il advient que par joyeuseté et esbattement aulcune trairye ou joueaux soient ordonnez et mis sus en aulcunes des bonnes villes du pays de Liège et de Loz ou des pays voisins et marchissans, et que lesdits Arbastelleries y soient signifiez et appeliez ainsi qu'il est de coustume, lesdits Arballestriers seront tenus par le sceu, ordonnance et délibération desdis Trengtedeux Bons Mestiers ou en Conseil de laditte Cité, y comparoir, et employer et acquérir honneur affin maintenir bonne amour et voisingnaige l'ung avecque l'aultre.
- Item, moiennant les choeses susdittes, avons affranchi et affranchissons lesdits Arballesteries et leurs successeurs de touttes aultres ostz, chevauchées, tailles, creney, imposition, gueit et surgueit quelconcque que nous ou nous successeurs vouldroient et pouldroient mettre sus et ordonner en laditte Cité pour quelcque choese que ce fust ou estre, voire et entendu que si aulcuns desdis arballesteries pourtoient office de par lesdis Bons Mestiers, que durant le temps qu'ils porteront lesdittes offices de part lesdis Bons Mestiers, serat tenus de paier et contribuer à icelle, et aussi faire gueit avecque les aultres bourgois de laditte Cité: le tout entendu à la bonne foy et sans fraude.
En tesmoingnage de ceste choeses, avons fait appendre aux susdittes présentes le grand seel de la ditte Cité avecque le seel des dits Trentedeux Bons Mestiers, assavoir: Fevres, Charliers, Cherwiers, Moulniers, Bollengiers, Vingnerons, Hoylleurs, Pexheurs, Couveliers, Porteurs, Brasseurs, Drappiers, Retondeurs, Entretailleurs, Vanhohyr, Vieuwariers, Naiveurs, Soyeurs, Mairniers, Charpentiers, Massons (14), Cureurs et Toiliers, Harengiers et Frutiers, Mangons, Tanneurs, Cbandelons et Flocqueniers, Marchiers et Orpbevres, sur l'an de grâce milquattre cents quattre vingts et deux, du mois d'avril le neuffiemme jour.
TOUCHANT LES ANCHIENS ARBALESTRIERS
En Conseil de la Cité de Liège tenu en la Chambre basse en samedi sauseme jour de mois d'octobre 1568.
Là miesme sour certaines remonstrances endit Consel avant mieses et oultredonnées par les grands, petis majeurs et généralité de la Compangnie des Anchiens Arbalestriers de la dite Cité, desqueles la tenuere sensuyt de mot à autre:
Aux très honorés seigneurs messieurs les Magistratz, Jurez et Consel.
Très Honorés Seigneurs.
Pour mostrer à vos Seigneuries le zèle et bone affection que la Compangnie des Anchiens Arbalestriers de ceste Cité porte à vosdites Seigneuries et Cité, nous, les grands et petis majeurs d'icelle Compangnie, avons fait mander la généralité de ladite Compangnie sur nostre Chambre accoustumée, où illec leur at esté remostré plusieurs articles par escript, miesmement les pitieuses novelles et temps dangereux que pour le jourdhui voyons devant nous yeulx, dont pour à ce remedyer (dautant que la ditte Compangnie porat faire et soy employer) leur at semblé bon de mettre les presens articles en avant, affin iceulx observer strictement et aiissy affin que ciapres on puisse savoir en qui on se porat fyer en cas de besoing, come le temps bien le requiert, moienant qu'il plaise à vosdittes Seigneuries les accorder, ce que laditte Compagnie requiert affectueusement.
En premier lieu, unne rolle sera faite par le graphier de nostreditte Compangnie de tous ceulx qu'on trouverat présentement avoir le seriment de nostreditte Compangnie estants et habitans dedens la Cité, tous lesquels seront reputez et pour tels tenus du nombre de laditte Compangnie.
Secondement, pour autant que le nombre de nostreditte Compangnie pour servir la Cité présentement est assez petit, laditte Compangnie requiert à vosdittes Seigneuries de volloir joindre avec icelle les Jeusnes Harkebousiers pour quelcque temps qu'il coviendrat ghuaitier en temps oportun et nécessaire come est à présent.
Tircement, laditte Compangnie soffre et présente voluntairement de guatier à l'unne des portes de la Cité avec nombre convenable soit de diex ou vingt homes par jour ou plus si la nécessité le requiert, voir avec exprès protestation de nullement pour ce prétendre deroguer, violer ny casser noz previleges et franchieses, ains par voz Seigneuries les maintenir en leur force et entyer endroit. Tous les poincts susdits la généralité de laditte Compangnie, en nombre contenu en la rolle icy joincte, les ont d'ung commun accord et franche volunté accordez et advowez, moienant que voz Seigneuries les maintienent en leurs devantdits previleges come jusques à ors ont estez, les laissant joyr et proffiter d'icelles.
La rolle de laquelle est ci-dessus fait mention, contenante les noms et surnoms de ceulx qui ont accordé les susdittes remostrances, sensuyt et est tele.
Sensuyt la Rolle que présentement treuvons des compangnons de la Compangnie des Anchiens Arbalestriers, sermentée de la Cité de Liège, et lesquels peuvent servir icelleditte Cité.
Les officiers.
Raes Dans, sgr de Fontaine, capitaine.
Thiri de Sanier d'or, empereur.
Ambroese Lhoets , grand mayeur.
Jolian de Haccourt, grand mayeur.
Pier de Raechon, graphier.
PREMIER. Le vinable de Marchie.
Guilheaume de Bors dit La Barbe.
Andrieu de Chermitte.
Raeskin de Ihomme armé.
Maturin Palmier.
Gielet delle Rolette.
Aernult de Grande eawe.
Johan de Hodaige.
Johan de Beyne le jeunne.
Jan Caen Cordelier.
Léonard Loyseau.
Michiel Salveur.
Lambert le Fort.
Gérard Caris.
Conrard delle Vingnette.
Collar de Laigle.
Johan de Haulme.
Piron Mibaese.
Johan de Beyne le vieulx.
Herman Woet.
Johan Cornet.
Voes delle Vingnette.
Lambert le Clerck.
Jolian Derwenne.
Servais de Jalheau.
Johan Servais.
Robert Germeau.
Johan de Lanthin.
Martin Morlet.
Gérard Borret.
Heynne de Fleykughen.
Jan Daix.
Henri delle Brebis.
Franchon Calff.
Anthoenne Calff.
Jan Millen.
Johan Hardi.
Aernuld de Bilstain.
Martin le Villain.
Cornet le Clercque.
Mtre Piere le Colurier.
Mathie le Potstainier
Henry Zutman.
Johan le Brun.
Martin Daix.
Piron Zutman.
Jacque delle Gallée.
Lauren delle Ramée.
Cornelis Dans.
Mtre Martin de Vivier
Mtre Martin Putman.
Niese Loers.
Wathot le Machon.
Baduyn Jamart.
Gilchon le Mangon.
Anthoenne Lymborch.
Johan de Hoyoul.
Guilheaume de Chaweheid.
Johan Ponchar.
Gielet Lagali.
Jaspar Remacle.
Stas Tewis.
Henri Hulperman dit Rex.
Le Vinable d’Isle.
Andrieu le Maxheré.
Johan de Maloenne.
Guilheaume Pisset.
Pironnet le Joenne.
Thiri le Voirier.
Henri Godiphoule
Stienne de Cellier.
Gielet Dossin.
Piron des trois Serainnes.
Johan Thiri d'Ougrée.
Robert Borret.
Johan Thomas Merchier.
Nicolas Daix.
Anthoenne Bottin.
Andrieu Wesmale.
Moris délie Spée.
Lambert de Jupille.
Mathieu Fabri.
Johan Motte de Plenevaulx.
Johan Jacob.
Johan delle Cloche.
Lambert Bottin.
Henry de Cocque.
Gielet Brigodeau.
Andrieu Ponto.
Jan Moese.
Le Vinable Sainct Severin,
Peter Mantels
Paulus de Real d'or.
Mtre Bernard Gherinx.
Mons. le canoenne Ronchis.
Johan Franckin dit Buchis.
Martin de Verd Cheval.
Daniel Vlierden.
Cornet de Stavelot.
Piron Pisset.
Gielet delle Roese.
Aernult Lagali.
Vincent le Bollengier.
Jolian de Saive.
Mathier de Saive le jeune.
Bertelemy Oxel.
Martin Ottenne.
Jacque Putteman.
Johan Loys.
Bertelemy Bodeur.
Johan de Hollongne.
Jordan de Graveioule.
Henry le Corbesier.
Le Vinable de Sainct Johan.
Raeskin Germeau brasseur.
Collar Dasse.
Mtre Erard Fullonis.
Colley de Thier.
Jolian de Houltain.
Joban Vinguart.
Loys Moreau brasseur.
Helman Contraire.
Gielet Herbet.
Melchior Lamberti.
Mensis Thirionnet.
Lambert de Pré.
Mathieu de Joie.
Jacque le Serwier.
Henri d'Heure.
Robert Sdroghen.
Conrard Coenne.
Johan des Troix Rois.
Gielet Danneau.
Le Vinable de dela le Pont des Arches.
Guilheaume de Malaxhe.
Wathelet Chilet.
Johan Darchis.
Johan Woet.
Gérard le Gallei.
Johan Surlet.
Thiri Anseau.
Bernardin Porkin.
Guilheaume l'artilleur.
Loys de Streel.
Cornet le Tindeur
Henri Kamanne.
Mathieu Noette.
Johan Sandekin.
Henri de Chaine.
Colley Sacré.
Johan Godet le vieux.
Johan le Pexhereau.
Collar de Wees.
Johan d'Awir.
Adam de Bachenge.
Robert Cornet.
Stiennon Danneau.
Matho Malpare.
Gabriel Juliar. .
Lambert Juliar.
Johan de Lymont.
Renier Dothée.
Denis le Citteur.
Mtre Guilheaume de Thier.
Léonard le Redoublé.
Somme de la Rolle pour servir la Cite en la nécessité présente: cent et LXIIII.
Apres avoir par ledit Conseil sur icelles pris meure advis et délibération, at esté ordonné et apointye que en remercyant par ledit Consel ladite Compangnie de la bonne volunté et affection quelle demostre porter à ladite Cité, et à moien de ce que icelledite Compangnie ferat et accomplirat ce quelle at offert et présenté, et comme ci-desseur est escript; ossy qu'icelledite Compangnie soy conformerat et reduirat selon le contenu de ses anchiens previleges: Messieurs les Burgemestres, Jurez et Consel de ladicte Cité déclarent par ceste ne volloir aucunnement deroguer ausdits previleges mis en deyute usance de ladicte Compangnie.
(1) Les associations armées de nos bonnes villes et de nos communautés, mais surtout celles de la Cité, étaient la seule force permanente qu'il y eût dans le pays. Istae quatuor cohortes Civitatis ad omnia semper paratae existunt. Les bonnes villes tenaient à être maîtresses chez elles; aussi, le prince-évêque ne pouvait-il y avoir de soldats. Dans la Cité, il n'avait droit qu'à une simple escorte, qui ne pouvait être composée de plus de soixante cavaliers. Voir Fisen, Historia Ecclesiae Leodiensis, t. II, p. 300, et notre Histoire du pays de Liège, t. II, p. 161 et 204.
(2) La Compagnie des Vieux Arbalétriers était tout à fait distincte de la Compagnie des Jeunes Arbalétriers. Celle-là avait pour patrons la Vierge et St-Lambert, et celle-ci St-Hubert. L'une et l'autre ne doivent pas être confondues avec d'autres associations armées, telles que la Compagnie des Vieux Arquebusiers, qui avait pour patron St-Christophe, et celle des Jeunes Arquebusiers, dont le patron était St-Georges.
Peut-être est-il bon de rappeler que l’arbalète était un arc monté sur une crosse en bois; ce qui permettait d'ajuster avec précision et de lancer le carreau ou flèche avec vigueur. L'arbalète fut beaucoup perfectionnée le jour où elle devint une arquebuse , c'est-à-dire, lorsque l'on y eut ajouté une buse en fer: on put dès lors atteindre le but plus sûrement encore.
(3) Comme la compagnie des Arbalétriers était une institution toute plébéienne, son établissement pourrait bien ne dater que du milieu du XIIle siècle, époque où le régime de la Cité devint démocratique.
Dans son Historia Ecclesiae Leodiensis, t. II, p. 47, Fisen, en parlant de l'érection de la compagnie des Arbalétriers de Saint-Trond , en 1310, dit que, selon toutes les probabilités, la compagnie des Arbalétriers de la Cité peut reporter son origine au delà de 1310, bien qu’aucun document n'atteste son existence dans les siècles antérieurs: etsi rescripto nullo probare possit. Dans son Recueil héraldique des Seigneurs Bourguemestres de la Noble Cité de Liège, p. 40, Loyens place erronément la création de notre compagnie à l'an 1310, en alléguant Fisen, qui ne dit pas un mot de ce qu'il lui fait dire. Voici le passage de Loyens, passage curieux, comme tant d'autres, par sa triste platitude: La Compagnie des Arbalétriers fut instituée cette année 1310 pour la garde de l’évêque de Liège. C'est ainsi que l'on écrivait jadis notre histoire; et c'est encore ainsi que l'écrivent les historiens pittoresques de nos jours.
(4) Les Arbalétriers de Saint-Trond, qui prirent aussi part à ce concours, obtinrent le troisième prix. (Voir Chotin, Histoire de Tournai, t. II, p. 40, etc.) L'usage voulait alors que le nombre des tireurs députés par chaque compagnie ne put être de plus de dix.
(5) Dictae Societatis Sagittariorum Imperatores, quos à psittaco terna vice decusso vulgus sic appellare solet, etc., dit Polit, Inauguratio serenissimi principis Ernesti utriusque Bavariae ducis in Leodiensium principem, p. 26.
(6) Un recès du magistrat, du 4 février 1516, rappela aux Arbalétriers qu'ils devaient prendre les armes au premier coup de la cloche d'alarme. Littera Civitatis 1516, 4 februarii. Campana armorum appenditur in domo civica ex consilii Civitatis decreto, ad Arcubalistarios evocandum die et nocte cum armis ad Civitatis defensionem, etc. ( Bartollet, Epitoma Chartarum Civitatis Leodiensis, § 198.)
(7) Ex Civitaiis dono, navis mercatoria Leodio Huum pertinet ad Societatem armatam Seniorum Balistariorum. (Inclytae Civitatis Leodiensis Delegatio, p. 95.)
(8) Littera 1494, 22 julii, continet donationem à Civitate Leodiensi factam Societati Arcubalistariorum de aedificio constructo supra pontem Arcarum. (Dans Bartollet, Epitoma Chart. Civil. Leod., § 89.) C'était leur corps-de-garde ordinaire: Littera Civitatis 1566, 19 septembris. Ornatur in consilio Veteres Arcubalistarios excubare apud pontem Arcarum, etc. (Id. ibid., § 212.)
(9) La Cité ne fit cette concession que sous la réserve de la propriété de l'enclos. Littera Civitatis 1514, 20 junii. Consules Arcubalistariis concedunt aream existentem prope muros S. Leonardi, cum ea conditione, quod non sint impedimenlo muros Civitatis, et quod possit Civitas dictam concessionem ad beneplacitum revocare, Arcubalistariis solvendo et restituendo suas meliorutiones. (Id.ibid., § 128.) En 1695, après la suppression de la Compagnie des Arbalétriers, on éleva dans cet enclos les écuries dites aujourd'hui « du Pont Maghin. »
(10) Princeps in suo introitu in urbem, juramentum ad Vexillum Societatis Balistariorum inibi in armis consistentium, dejuribus et libertatibus illius Societatis conservandis facit. (Indytae Civitatis Leodiensis Delegatio, p. 49 et 96.)
C'etait surtout aux solennités inaugurales, que les Arbalétriers se mettaient en frais, soit pour figurer honorablement dans le cortège, soit pour faire de riches présents au prince-évêque. Leur enthousiasme, quand commençait un nouveau règne, était extrême. On trouve là-dessus de curieux détails dans les Chroniques de Liège.
(11) Les Arbalétriers s'empressèrent d'élever un nouveau corps-de-garde sur le Pont-des-Arches. « Le 24 janvier 1677, la Compagnie des Vieux Arbalestriers ont faict ériger sur le Pont-des-Arches un corps de garde de bois et planches avec les armes de Messieurs les Bourguemcstres d'Ans et Plenevaux et de la ditte Compagnie et y sont monté en garde au soir, laquelle garde s'observe de nuict tant seullmeent. » ( Chroniques de Liège).
(12) La disposition du despotique Règlement de 1684 relative à cette suppression, est ainsi conçue: « Nous jugeons convenable de casser les capitaines et compagnies des Vieux Arbalestriers, et de réunir à la Cité et à son profit leurs biens, revenus, maisons et jardins avec leurs charges ».(Dans le Recueil des Édits du Pays de Liège, t. 1, p. 96.)
On laissa subsister dans les autres villes les associations armées, parce que leur influence n'offrait aucun danger; et encore ne négligea-t-on rien pour rendre cette influence tout à fait nulle. Elles arrivèrent ainsi châtrées jusqu'en 1794, où elles disparurent. Quelques unes se sont depuis reconstituées, mais, on le comprend, sur des bases en rapport avec nos mœurs actuelles. Ce ne sont plus que de simples sociétés d'amateurs pour l'exercice du tir.
(13) Ce dernier document se trouve dans les Registres aux Résolutions des Seigneurs Burgemeslres, Jurez et Conseil de la Noble Cité de Liège, qui ont été naguère déposés dans notre Bibliothèque publique à l'Université. Voir le tome de 1568, fol. 89.
(14) Il manque ici, dans les trois copies que nous possédons de ce document, les noms de quatre bons métiers: ce sont ceux des Covereurs, des Corduaniers, des Corbesiers et des Texheurs.
|