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1559 - Pierre Brueghel - La Huque bleue

Expressions thioises à Chokier

CLIQUER SUR LES NOMBRES POUR LES IDENTIFIER
Regarder à travers ses doigts (Laisser dire)
Le balai est dehors (Les maîtres ne sont pas à la maison)
Etre mariés sous le balai (Vivre en concubinage)
Rester les sabots aux pieds (Attendre inutilement)
Les galettes poussent sur te toit (Vivre dans l'abondance)
Tirer une flèche après l'autre (Ne pas être récompensé de ses efforts)
Les porcs errent dans le blé (Tout va de travers)
Il a le feu au derrière (Être pressé)
Jouer de la musique sous le carcan (S'occuper de choses futiles)
Tourner son manteau selon le vent (Faire la girouette)
Rester planté à regarder la cigogne (Laisser échapper ta fortune)
Jeter les plumes au vent (Perdre le fruit de son propre travail)
A son plumage on reconnaît l'oiseau
Tuer deux mouches d'un coup (Faire d'une pierre deux coups)
Peu importe à qui est la maison qui brûle pourvu qu'on puisse se chauffer aux tisons
La peur fait trotter la vieille (La peur donne des ailes)
Trainer une souche (Avoir le coeur gros)
Un aveugle guide les autres
Crottin de cheval n'est pas figue
Le voyage n'est pas fini parce qu'on aperçoit l'église et le clocher (Ne pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué)
Il regarde danser les ours (Il est affamé)
Avoir l'oeil � la voile (Faire attention)
Avoir le vent en poupe
Chier sous le gibet (Danser sur un volcan)
Pourquoi les oies marchent-elles pieds nus? (Etre indifférents à ce qui ne nous regarde pas)
Les corbeaux volent où est la charogne (Il n'y a pas de fumée sans feu [?])
Chier sur le monde (Se moquer de tout)
Le couteau est accroché (il s'agit d'un symbole de défi)
L'idiot a l'atout en main (Aux innocents les mains pleines)
Se tenir par le nez (Avoir quelqu'un dans le nez)
Les dés sont jetés
Oeil pour oeil un oeil entre les lames ouvertes des ciseaux, et sur les yeux, ou anneaux de ces ciseaux)
Il y a un trou dans son toit (Avoir la tète fêlée)
Un vieux toit à toujours besoin de réparations
Avoir mal au dent derrière les oreilles (Être un fourbe fieffé)
Pisser à la lune (Vouloir l'impossible)
II y a des jattes sur le toit (les murs ont des oreilles)
Deux fous sous le même manteau (Combiner deux sottises en même temps)
Faire la barbe au fou sans savon (Profiter de la sottise d'autrui)
Pousser hors de la fenêtre (Ne pas pouvoir se cacher)
Tomber du boeuf sur l'âne (Passer du coq à l'âne)
Baiser l'anneau (Courber l'échine)
Pêcher derrière le filet des autres (Se contenter des restes)
Se frotter le derrière contre la porte (Manquer de reconnaissance)
Le mendiant n'aime pas qu'un autre mendiant s'arrête à la même porte
Réussir à voir à travers une planche de chêne pourvu qu'il y ait un trou dedans (Enfoncer des portes ouvertes)
Etre suspendu comme chiottes sur un fossé (cette locution désigne peu-être une chose usuelle, évidente)
Deux qui chient par le même trou (Faire de nécessité vertu)
Jeter l'argent dans l'eau (Jeter l'argent par la fenêtre)
Un mur fendu est vite abattu
Enrager parce que le soleil se reflète dans l'eau (Entre envieux)
Il pend sa tunique à la barrière (Jeter son froc aux orties)
Nager contre courant
Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se casse
Dans le cuir d'autrui on taille de belles courroies (Être généreux avec le bien des autres)
Attacher chaque hareng par ses propres ouïes (il faut payer de sa propre bourse)
Le monde à l'envers
Que peut la fumée contre le fer? (La lutte du pot de ter contre le pot de terre [?])
Les fuseaux tombent dans les cendres (Tirer à vide)
S'asseoir entre deux chaises, dans la cendre (Désirer trop et ne rien obtenir)
Si tu laisses entrer le chien, il va dans l'armoire (Donne un doigt, on te prend le bras)
Cela dépend de la manière dont tombent les cartes (Le hasard)
Les ciseaux sont pendus dehors (Il y a des coupeurs de bourse alentour)
Ronger toujours le même os (S'obstiner sans pouvoir conclure)
Laisse au moins un oeuf dans le nid (Sois discret)
Oeuf à pondre, poussins incertains (analogue au n° 20)
Le pot de chambre est dehors (On ne peut pas cacher une activité honteuse)
Parler par deux bouches (Être mauvaise langue)
Porter la lumière au jour dans un panier (Divulguer des nouvelles qu'il vaudrait mieux cacher)
Faire brûler un cierge pour le diable (Demander des faveurs à ses propres ennemis)
Aller se confesser au diable (Faire des confidences à qui peut en user à nos dépens)
Souffler à l'oreille (Mettre la puce à l'oreille)
A qui sert un beau plat s'il n'y a rien dedans?
La cigogne reçoit le renard (allusion à la fable d'Esope)
C'est marqué à la craie (Cela ne pourra pas être oublie [?])
Une cuillerée d'écume (Vendre du vent)
Pisser sur la broche (Insulter à mort)
Il attrape les poissons � la main (Il est tr�s adroit)
Les gros poissons mangent les petits
On ne peut pas tourner la broche avec lui (On ne peut pas raisonner avec lui)
Être sur des charbons ardents
Attraper l'anguille par la queue (Se tirer d'affaire avec peine [?])
Prendre l'oeuf de la poule et laisser échapper celui de l'oie (Pour un petit avantage en perdre un grand)
Être suspendu entre ciel et terre (Vivre dans les nuages [?])
Tomber en défonçant le panier (Gâcher ses propres chances)
Un chapeau sur le pilier (Avoir un secret)
Ne faire griller le hareng que pour son parfum (Analogue au n° 110 [?])
Porter l'eau d'une main et le feu de l'autre (Cancaner ou bien avoir des opinions contradictoires)
Le cochon enlève le pointeau (Se conduire comme un porc)
Qui porte une armure, accroche une sonnette au chat (Les armes donnent du courage même aux plus peureux)
Digérer même le fer (?)
Armé jusqu'aux dents
L'une met sur la quenouille ce que l'autre file (Débiter des médisances [?])
Faire endosser le manteau bleu au mari (Tromper son mari)
On saigne le cochon par la panse (analogue au n° 31 [?])
Jeter des roses aux cochons (Donner des perles aux pourceaux)
Deux chiens ne s'accordent jamais sur un os (Être comme chien et chat [?])
Faire danser le monde sur son pouce (Tromper tout le monde)
Mettre une barbe d'étoupe à Notre-Seigneur (Penser esquiver le châtiment)
Aux deux derniers reste un craquelin (gâteau de l'Epiphanie) (Heureux le dernier invité si les autres ont été discrets)
Etre assis à la lumière (se faire ombre à soi-même)
Il a les mains liées (?)
Bâiller devant le four (N'être bon à rien [?])
La meilleure des femmes lia le Diable au coussin (Les femmes sont plus malines que le Diable [?])
Se cogner la tête contre le mur
Porter l'armure (Enrager [?])
Tonds-la, ne l'écorche pas (Vas-y doucement)
L'un tond la brebis, l'autre le porcelet (Ne pas savoir suivre les bons exemples)
Doux comme un agneau
Beaucoup de cris et peu de laine (Beaucoup de fumée et peu de rôti)
Combler le puits quand le veau est noyé (Fermer l'étable quand les boeufs se sont échappés)
Il faut savoir plier si l'on veut avancer dans le monde (La vie exige des compromis)
Mettre des bâtons dans les roues
Qui a laisse choir la bouillie, ne peut pas la ramasser toute (Il faut savoir payer ses fautes [?])
Le manche et la cognée (Tout)
Une bêche sans manche (Un objet inutile)
Il n'arrive pas d'un pain à l'autre (Joindre les deux bouts)
Chercher la hache la plus petite (Etre un ouvrier paresseux)
Le mangeur de pilier (Le d�vot hypocrite mange les piliers de l'�glise)

Disons tout de suite qu'il ne sera jamais possible d'identifier avec certitude le village de Chokier dans cette oeuvre. Cependant, les nombreuses représentations de la forteresse de Chokier par Brueghel ainsi que la concordance entre les éléments architecturaux présents dans cette oeuvre et celles d'autres artistes de la même époque offrent des coincidences troublantes.

1558 Hieronimus Cock
Tobias et l'Archange Raphael
1565 Thomas Puteanus
Saint Jean à Patmos rédigeant l'Apocalypse

Le bâtiment principal de Brueghel s'apparente à l'évidence au bâtiment central du village de Chokier de Hieronimus Cock et deThomas Puteanus.

Nous y retrouvons la toiture à demi croupe, l'auvent surmonté de dessins, la demi ouverture en façade avec une colonne à gauche et le banc à droite (absent chez Puteanus), et l'annexe sur colonne pourvue d'une toiture à trois versants. Cette dernière en présente quatre chez brueghel qui dans l'esprit de concision de cette oeuvre raprelle la large porte avec auvent voisine. Devant elle, un tonneau que l'on retrouve dans le bâtiment chez Brueghel rappelle la culture de la vigne par l'abbaye de Saint Jacques de Liège dès 1070.

Le port est limité par une clôture à clayonnage que l'on retrouve chez Puteanus, Remacle leloup et sur des gravures plus récentes du château de Chokier..

Derrière ce bâtiment, Brueghel représente le Bastion-Porte de péage du tonlieu de l'île du gué de Chokier pourvu de son pont d'accès. Voulant faire d'une pierre deux coup, il rappelle les fours à chaux et à Alun de Chokier que l'on chargeait par le dessus. Le puits d'extraction du minerai est symbolisé par l'expression 111 "Combler le puits quand le veau est noyé".

Le gibet de l'île rappelle également Chokier car nous savons que le seigneur de Chokier qui disposait du droit de Haute et Basse Justice exécutait ses sentences au milieu de la Meuse. Le pilori nous est inconnu mais il peut fort bien avoir existé ou avoir été ajouté pour illustrer l'expression.

On pourrait cependant s'étonner que le village de Chokier ait été choisi pour illustrer les proverbes flamands. Rappelons simplement que les terres du futur village de Chokier (à ne pas confondre avec la forteresse) avaient été cédées par le Prince-Evêques Baldéric de LOOZ et que les seigneurs de Chokier ont eu des liens privilégiés avec le comté de Looz tout au long de la lignées des Hozemont et des Surlet.

ADDENDUM

dédié à Luc SAVELKOUL

L'attribution des " Proverbes Flamands " au village de Chokier est confortée par la certitude que Pierre Brueghel connaissait parfaitement le château de Chokier, et la ville de Liége, comme il peut l'être démontré au travers de deux de ses oeuvres.

La chasse au lièvre - 1560 - Pieter Brueghel

présente la face ouest de la forteresse de Chokier vue depuis l'amont de la Meuse

1560 La chasse au lièvre
Dessin de Brueghel
1560 La chasse au lièvre
Gravure de Brueghel

La vue du dessin correspond à la réalité, comme s'il s'agissait d'une étape indispensable d'assemblage de croquis selon l'échelle et les raccords souhaités, avant de la graver. Mais la gravure est inversée lors de l'impression, et pour precevoir la vue originale qu'elle représente, il faut l'inverser. Malheureusement la gravure a perdu de nombreux éléments qui permettent d'identifier le château dans le dessin, dont notamment la prolongation de l'aile Est qui en est le sel historique. Il faudra tenir compte de cette liberté lors de l'analyse de Brueghel.

Cette oeuvre présente un détail que nul autre avant Brueghel n'avait représenté. Ce détail, qui a si peu d'importance dans ce dessin, permet d'expliquer l'ensemble de l'oeuvre. Il représente le moment oú la forteresse a été amputée à front de Meuse, et augmentée sur la face opposée de manière à "reculer" le château vers l'intérieur des terres. Ce déplacement fut probablement nécessaire par l'évolution de l'exploitation du massif calcaire.

Sur la gauche, on peut apercevoir la nouvelle tour Nord en construction, tandis l'ancienne subsiste encore. Sur la droite on apercoit la nouvelle tour carrée dont les caves subsistent aujourd'hui, puis, à l'extérieur de la forteresse, un bâtiment posé derrière l'ancienne tour Sud dont les vestiges ont disparus au lendemain de la seconde guerre mondiale. Personne n'aurait pu implanter, ni imaginer ce bâtiment à front du dénivelé du massif calcaire s'il n'avait vu ce bâtiment durant sa transformation. C'est une preuve absolue que Brueghel l'a vu de ses propres yeux. Par ailleurs, Lukas van Valckenborch nous confirme son existence en 1580 dans son oeuvre "La Meuse industrielle à Chokier". Ce détail apparu furtivement le temps de la transformation de la forteresse et capturé par les yeux de Brueghel est une petite merveille.

Les autres détails du paysage correspondent parfaitement mais ils sont dissocés dans la réalité. Le lieu de la chasse se situe à environ 500 mètres de là, et correspond parfaitement au lieu oú sont implantées aujourd'hui les vignes des "Coteaux de Dame Palate", et l'on retrouve sur le dessin la tour dite "Dame Palate" qui subsiste encore aujourd'hui avec sa petite tour accolée abritant les escaliers. Cette tour à malheureusement disparu dans la gravure. Au regard de l'alignement de la plantation, on pourrait se prendre à rêver, et penser qu'il s'agissait déjà de vignes, mais taillées en gobelet, par comparaison entre leur épaisseur et celle de l'arbre plus épais, à moins qu'il ne s'agisse d'un verger.

Le suicide de Saul - 1562 - Pieter Brueghel - 33,5 x 55 cm

Kunst Historisches Museum - Vienne

présente la face Est de la forteresse de Chokier vue depuis l'aval de la Meuse

1647 - Leodium Liege Luttich - Matthaus Merian (1593 - 1650)

Cette vue représente la silhouette Est de l'ancienne forteresse de Chokier encore observable dans les caves. On retrouve les nouveaux bâtiments de la face Ouest nécessités par l'extension vers le Nord, mais non la nouvelle tour présentée dans La chasse au lièvre, car elle est encore trop petite, et imperceptible depuis le contrebas du château. Sur la face Est, elle présente le premier petit bâtiment de l'extension vers le Nord. Le fait le plus étrange se situe probablement dans l'oeuvre restaurée qu'une autre main avait corrigée pour correspondre à la réalité d'une époque postérieure. Brueghel présentait bien la réalité en dessinant le bâtiment d'accès au pont-levis, la petite tour en ruine adaptée en escalier aujourd'hui, et les dépendances implantées à un niveau plus bas dont le rehaussement à nécessité une surélévation du chemin d'accès. Brueghel avait cependant adapté la face Sud avec une certaine élégance pour la lier à la ville de Liège en figurant la cavité du rocher comme une porte menant à un escalier. L'illustration présentée ici correspond à l'oeuvre corrigée, et non à l'oeuvre restaurée. On apercoit enfin, comme dans l'oeuvre, précédente, le fortin sur l'ile de la Meuse.

On notera la représentation sur la gauche de la ville de Liege selon un angle proche de Thomas Puteanus, mais se rapprochant de la perpendiculaire du Boulevard d'Avroy. On retrouve tous les éléments de l'avant plan de Thomas Puteanus légèrement étalés sous cet angle, mais pas le Pont des Arches qui se trouve caché derrière l'île. Le plus intéressant consiste probablement en deux légers mouvements de l'eau de part et d'autre du boulevard Piercot actuel qui rendent compte de l'île, et dont le premier se poursuit par de très fins traits derrière la porte d'Avroy vers la courbe de la Sauvenière, pour faire place à un bleu rappelant la muraille sur l'autre rive. Cette vue n'est plus stylisée pour représenter la ville de Liège comme chez Thomas Puteanus, mais dessinée d'après un avant plan précis, et une silhouette de la vue lointaine, car l'objectif était de placer le cadre de la ville de Liège.

Les flammes aux dessus de la ville posent le cadre du Sac de Liège par Charles le Téméraire. Le suicide de Saul pourrait ainsi représenter la mort de Jean Surlet, Maréchal d'arme de la ville de Liège, Seigneur de Chokier, Prévôt de Tongres et de Maaseyck, devant son château. Il est rapporté que Jean Surlet, dont le cheval de guerre avait été empoisonné la veille, aurait pu se sauver mais qu'il préféra mourir au combat.

Il est donc certain que Brueghel connaissait à la fois la forteresse de Chokier, la ville de Liège, et probablement son histoire.

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