WWWCHOKIER


Liège Expo 1905

EXPOSITION UNIVERSELLE DE LIEGE

Plan général de l'Exposition et Itinéraire

SECTEUR DE FETINNE

Liege Expo 1905 - Pont de Fragnée  à l'entrée de Fetinne

LA DESCRIPTION - ITINÉRAIRE

(Extrait du tome I de Le livre d'or de l'Exposition Universelle et Internationale de 1905 à Liège p. 405-440)


Avant d'aborder la description détaillée des Sections étrangères et des diverses classes de la Section belge, nous avons voulu, en une course rapide à travers les jardins et les halls, rappeler le charme et le pittoresque qui, à chaque pas, arrêtait l'oeil, tantôt à un coin de palais blanc émergeant des feuillages, tantôt à l'enfilée d'un cours d'eau, remémorer l'imprévu amusant ou trop ignoré d'un côté de la World's Fair, dire enfin, ce que le promeneur pouvait trouver de beau et d'intéressant dans l'Exposition complètement achevée et considérée comme un nouveau quartier de la ville.

Par ses dispositions générales, l'Exposition de Liège se divisait en trois parties: la section comprenant l'ancienne enceinte du jardin d'Acclimatation et le Parc de la Boverie, que nous dénommerons le Quartier des Palais; la Plaine des Vennes, constituée surtout par les jardins et les Halls et reliée au Quartier des Palais par le pont Mativa; et enfin, le nouveau lit de l'Ourthe étant franchi, le Vieux-Liège et le quartier des attractions, ce dernier installé dans la plaine de Fragnée, au-delà du grand pont du même nom.

Concentrant nos souvenirs, nous voulons revoir l'Exposition par une belle journée d'été, parée de la verdure de ses arbres, rafraîchie par la brise de la Meuse, mariée aux tons chauds de ses parterres de fleurs. C'est cette heure, si propice à la maturité d'une grande entreprise magnifiant une pensée de joie, que nous ferons apparaître devant le lecteur.

Par souvenir, nous allons donc visiter l'Exposition tout entière, citant au fur et à mesure et sans ordre méthodique tout ce que nous rencontrons sur notre passage, car un peu du charme de la World's Fair provenait de son tohu-bohu. Nous nous bornerons naturellement à signaler l'aspect extérieur d'un palais, sans nous arrêter à ce qu'il contient, puisque nous le décrirons quand il fera l'objet d'une étude détaillée.

Il sied d'envisager un monument pour sa valeur relative dans le cadre du paysage qui l'entoure avant d'en évoquer l'histoire et d'en découvrir les bas-reliefs.



LE QUARTIER DES PALAIS
Secteur de la Boverie


Quartier des Palais! C'est bien ainsi que mérite d'être dénommée cette partie de l'Exposition comprise dans l'enceinte de l'ancien jardin d'Acclimatation et le Parc de la Boverie. Là, en effet, s'alignaient ces superbes palais de styles variés, dont la diversité même constituait un intérêt et un charme; palais blancs, blottis dans les feuillages et reflétés dans les lacs, palais somptueux alignés le long de la large voie centrale du Parc de la Boverie, rapprochement de pensées et de mondes.

Le jardin d'Acclimatation était un des plus beaux parcs de notre ville où la société élégante se réunissait l'été pour y entendre des concerts.

Planté d'arbres superbes, sillonné de beaux chemins, il constituait le rendez-vous des enfants de la classe bourgeoise qui y trouvaient, en toute sécurité, un lieu propice à leurs divertissements.

L'Exposition avait changé profondément l'aspect de ce parc; ce qu'il avait perdu en charme intime, il l'avait gagné en élégance, témoin cette magnifique entrée monumentale remplaçant le guichet d'autrefois. De larges piliers aux lignes architecturales élégantes supportent des groupes d'une grande valeur sculpturale dus aux ciseaux des éminents statuaires Ch. Samuel et Jef Lambeaux.

Pensée excellente, les organisateurs de la World's Fair avaient conservé le superbe et décoratif marronnier de l'entrée, répandant une ombre bienfaisante sur les visiteurs qui attendaient leur tour au guichet Les palais se succédaient ici en deux alignements; l'un côtoyait la Meuse, l'autre bordait l'allée opposée; le milieu était occupé par les anciens lacs bordés de saules et de buissons, et reflétant dans leurs eaux calmes les constructions blanches; des ponts rustiques passaient sur les minces canaux qui les reliaient et permettaient de merveilleux coups d'oeil, sur des lointains de légère brume lumineuse.

Liege Expo 1905 - Entrée du Parc de la Boverie

Pénétrant dans l'enceinte de l'Exposition, nous passions entre deux petits pavillons, l'un consacré à la vente du « Guide remboursable », l'autre groupant les cartes, les prospectus et des spécimens de navires de la Compagnie de Voyages, le Great Eastern Railway. Ce dernier voisinait avec le petit pavillon de M. Meyer Leuter, fabricant de pianos mécaniques.

Liege Expo 1905 - Great Eastern Railway

Liege Expo 1905 - Pianos Electiques et Couveuses d'enfants et Régie Ottomane

Liege Expo 1905 - Couveuses d'enfants

Les bébés étaient vivants si l'on observe le texte sur la porte d'entrée!

Un peu plus loin, se dressait un gai pavillon carré, surmonté d'un petit dôme et orné du croissant symbolique; c'était un comptoir de vente de la Régie ottomane.

Liege Expo 1905 - Métiers Bourgeois avec Boulangerie

Après avoir laissé à sa gauche le pavillon bas, peinturluré de bleu des Couveuses d'Enfants, on remarquait l'Office colonial français; on y accédait par une allée bordée d'une double rangée de bustes d'amiraux célèbres.

Avant ce pavillon, s'arrondissait, luxueuse et aristocratique, une large terrasse ornée ça et là de grands vases d'où débordaient des fleurs et formaient comme un tapis somptueux de plantes décoratives aux couleurs chaudes et variées. S'accoudant à la balustrade, on jouissait du charme du fleuve. Bordé d'ombre vers la rive, il s'écaillait plus loin, en milliers de petits flots dansants et lumineux; sur l'autre bord, de lourds chalands s'accotaient, portant haut dans les airs les « flammes » de leurs grands mâts.

Liege Expo 1905 - Palais du Congo

En poursuivant sa flânerie, on rencontrait le restaurant Lisansky, puis le Palais du Congo. A côté de celui-ci, une légère construction en bois couverte de chaume, un nom frais s'y lisait: Aquarium. Rien n'était amusant et imprévu comme ces théories de poissons, aux yeux arrondis, écarquillés, nageant à dix centimètres des yeux du visiteur. Une terrasse extérieure, s'avançant légèrement au-dessus de la Meuse, invitait au repos.

Liege Expo 1905 - Restaurant Lisansky après l'exposition

Liege Expo 1905 - Aquarium

Traversant un des petits ponts rustiques jetés sur les canaux reliant les lacs, on se rendait dans l'allée opposée où se succédaient les jolis palais des Arts et Métiers et de la Petite Mécanique; de là, il n'y avait qu'un pas à faire pour pénétrer dans le Village chinois, que sa haute pagode signalait de bien loin.

Liege Expo 1905 - Pagode Chinoise

L'Extrême-Orient évoqué là, dans ce temps où il semble se réveiller, n'était nullement farouche ni cruel aux étrangers. Les visages jaunes qui nous regardaient, par dessus les comptoirs chargés de grès sculptés, de dragons, de vases de porcelaine et de paquets de thés, ne laissaient voir que des physionomies placides de vendeurs; un cinématoraphe installé là près, rappelait ce que la civilisation actuelle offre de plus raffiné.

Liege Expo 1905 - Cinématographe

Gravissant la butte sur laquelle se juchait la pagode à six étages, on remarquait dans de très belles vitrines, aux angles fouillés de dragons, des Boudhas rêveurs et énigmatiquement souriants; en contrebas, se trouvait un café chinois où l'on servait des sorbets et du thé glacé. Du haut de la pagode, la vue était merveilleuse. Aux pieds, une succession de lacs luisaient sous le soleil ardent et reflétaient avec une fidélité absolue, les blanches constructions éparses parmi les arbres; ça et là les drapeaux se tendaient au vent; balancées mollement, les cimes d'arbres ondulaient, dérobaient un morceau d'allée minuscule. Dans celle-ci, les promeneurs semblaient des fourmis travailleuses, s'écartant de temps en temps de la file mais y revenant bientôt; tout, de là-haut, montrait un air de fête et de joie.

La sortie se faisait par la porte chinoise, grande entrée monumentale, ou pailow, composée, comme en Chine, d'une porte centrale et de deux baies, plus petites, ouvertes sur les côtés. Le tout était surmonté de toits aux arêtes relevées et se couvrait d'inscriptions souhaitant la bienvenue aux visiteurs.

Le jardin japonais voisinait et s'étendait sur la pente douce d'un lac. Rien d'amusant comme ces peupliers, ces chênes, ces sapins en pots; on se croyait transporté soudain dans un pays de Lilliput. Derrière, c'était le petit palais de la Tunisie, puis, continuant l'allée, on rencontrait un pavillon bas, peinturluré de vert, de rouge et de jaune et couvert de masques grimaçants, qui abritait l'exposition des Possessions françaises d'Asie.

Liege Expo 1905 - Possessions françaises d'Asie

Passer de ce continent en Afrique, nécessite ordinairement un, voyage de quelque durée; ici, la réalité était presqu'aussi rapide que la pensée et il suffisait d'abaisser ses regards sur l'eau d'un lac pour y voir l'image réfléchie du palais des Possessions françaises en Afrique occidentale, adaptation modernisée d'une mosquée de Tombouctou.

Liege Expo 1905 - Palais du Congo

A part la galerie qui donnait sur le lac, on remarquait, en effet, les mêmes arêtes vives découpant la partie supérieure des murs, la tour dominante, sorte de tétraèdre triangulaire, aux lignes arrondies et à la partie supérieure tronquée.

Sur les bords du même lac, en face d'un restaurant allemand et du local du Sport Nautique, se trouvait le pavillon de la Presse coloniale française, maison entièrement construite en bois et que trois hommes pouvaient édifier en quatre jours. Non loin, le Restaurant du Lac déversait jusque sur la berge de l'étang, ses chaises et ses tables.

Regardant le palais des Possessions françaises en Afrique, à l'aspect attirant, par sa galerie à fines colonnettes, remplie de palmiers dans leurs intervalles, évoquait tout de suite ce département français de la côte d'Afrique: l'Algérie.

Liege Expo 1905 - Pavillon de l'Algérie

Derrière, un peu isolée, une maison rustique, faite de troncs à peine équarris, groupait l'exposition de la Norvège.

Liege Expo 1905 - Pavillon de la Norvège

Plus loin, au milieu d'une large pelouse, quelques grands arbres mettaient un coin de fraîcheur et d'ombre; une petite table de pierre, un chêne-rouvre y rappelaient la Fête des Arbres.

Nous nous trouvions ici dans l'enceinte de l'ancien Parc de la Boverie dont nous dirons quelques mots d'histoire.

Il y a trois ans à peine, le Parc de la Boverie était occupé, presqu'en entier, par un grand vélodrome jadis célèbre et qui vit la plupart des gloires internationales de la bécane; autour, des allées étaient chères aux cavaliers, tandis que les berges en pente douce, bordées d'arbres et la prairie de la pointe de la presqu'île s'animaient, dans les chaudes journées estivales, d'une foule d'enfants, pittoresque, bruyante, grouillante.

Quant à la rive de la Meuse, elle était occupée par un loueur de canots et un établissement de bains; à la pointe de la presqu'île, s'avançait parmi les arbres, l'élégant chalet de l'Union Nautique qui existe encore.

L'Exposition apporta à tout cet ensemble un changement radical et plus rien n'indiquait aux étrangers l'ancienne destination du Parc. En face du visiteur qui arrivait du jardin d'Acclimatation, s'ouvrait une double rangée de palais d'un effet réellement grandiose.

Liege Expo 1905 - Une double rangée de Palais

D'un côté, c'était tout d'abord le Palais des Beaux-Arts, large et imposante construction de style français. Sur l'un de ses côtés, une annexe consacrée aux oeuvres du célèbre sculpteur liégeois Léon Mignon, dont la réunion avait été poursuivie à l'initiative du Cercle des Artistes.

Les grands palais du Canada, de l'Art ancien, le Photorama, le palais de la Ville de Liège, un café japonais se succédaient ensuite, côte à côte.

Les palais et sont placés en vis à vis dans l'ordre où ils se succèdent (voir photo ci-dessus)

Liege Expo 1905 - Palais du Canada Liege Expo 1905 - Pavillon de la Bulgarie
Liege Expo 1905 - Palais de l'Art Ancien avec la reproduction de la Violette en son centre Liege Expo 1905 - Palais de la Femme
Liege Expo 1905 - Pavillon du Montenegro
Liege Expo 1905 - Pavillon de la Serbie

Liege Expo 1905 - Pavillon Japonais

Enfin, venait le palais de la Ville de Liège, conçu en vieux style mosan, par M. Lousberg, architecte de la Ville de Liège.

On y apprenait, par exemple, que de 1900 à 1904, la population de Liège avait augmenté de près de 11.000 habitants; les registres de l'Etat-Civil indiquaient pour la même année, 3.155 naissances, 1.659 mariages et 2.731 décès.

Parmi les renseignements donnés sur la police, la sécurité, l'hygiène, nous glanons ceux qui pourraient intéresser nos lecteurs.

L'éclairage public de la voirie était assuré, au 1er juillet 1905, par 4.228 lanternes à gaz, 76 lampes électriques à arc et 553 lanternes à pétrole; cet éclairage avait coûté en 1904, la somme de 438.520,08 francs.

La même année, la Garde Civique comprenait 161 officiers pour 2.818 hommes, tandis que la production en armes de guerre s'élevait à 2.479.936 pièces; preuve de la belle vitalité de l'industrie armurière et de sa renommée dans le monde entier.

Le service de l'instruction publique nous offrait des documents particulièrement intéressants.

Au lendemain de la Révolution de 1830, Liège ne comptait que 4 écoles primaires communales de garçons; elle possède maintenant 124 écoles, instituts, crèches, écoles professionnelles, etc., avec 1 université, 1 athénée royal, 1 école industrielle, 1 école moyenne de garçons, 2 écoles de demoiselles, et 9 écoles professionnelles.

Le service des Beaux-Arts nous montrait encore les superbes locaux du Conservatoire royal de Musique et de la nouvelle Académie des Beaux-Arts. Si on ajoute à ces établissements officiels une foule d'institutions libres, pour lesquelles les documents exacts nous manquent, on aura une idée du développement de l'instruction publique à Liège.

L'Assistance publique, sans contredit une des plus belles institutions modernes, nous initiait à l'organisation de bien d'oeuvres charitables: hôpitaux, hospices, asiles, orphelinats, sociétés de bienfaisance particulières subventionnées par la Ville, englobant des oeuvres plus discrètes, mais non moins utiles.

Le service des Travaux publics nous révélait l'organisation compliquée, mais sûre, des sections des eaux, de la voirie et du nettoyage de la voirie, de l'architecture, du gaz et de l'électricité, tandis que les Finances et le Contentieux intéressaient plus spécialement la Ville elle-même.

C'est tout cela que le palais de la Ville de Liège nous montrait; les documents, quelquefois en nature mais surtout en graphiques, y abondaient. Le tout groupé avec un soin judicieux faisait le plus grand honneur aux organisateurs. Beaucoup d'étrangers y étudièrent l'organisation des Services publics de notre ville avec un soin minutieux.

Revenant en arrière, il restait à admirer la belle suite de palais qui bordaient la Meuse. En face du palais des Beaux-Arts, le palais de la Bulgarie; à côté, bas et roses, les pavillons de la Dentelle et de la Femme voisinaient avec l'exquise bonbonnière qu'était le Monténégro; puis la Serbie, reconstitution d'un vieux monastère serbe.

Liege Expo 1905 - Pavillon du Montenegro

Ensuite, l'embarcadère des gondoles vénitiennes et terminant ce que nous avons dénommé le Quartier des Palais, un restaurant allemand.

Liege Expo 1905 - Restaurant Allemand Liege Expo 1905 - Fabrique de Pipes devant l'embarcadère des gondoles

Devant nous s'ouvrait, en dos d'âne, Un léger pont construit en béton armé par la Société Hennebique, et dénommé le pont Mativa. Par le quai du même nom, il conduisait le visiteur à la Plaine des Vennes, où se trouvaient les jardins et les halls.

Liege Expo 1905 - Ruine Liege Expo 1905 - Pont mativa en Béton armé, Alimentation Française ,et accès aux gondoles vénitiennes



LA PLAINE DES VENNES
Secteur de Fetinne

Liege Expo 1905 - Dome Central

Liege Expo 1905 - Vue générale du secteur de Fetinne

Liege Expo 1905 - Entrée principale et Pavillon de Spa Liege Expo 1905 - Vue générale de Halls


La Plaine des Vennes, sur laquelle s'étalait l'immense construction des halls et une foule de pavillons particuliers, était autrefois une sorte de marécage; l'hiver et l'été, une immense prairie sauvage avec, ça et là, dans les dépressions de terrains, des mares où grouillaient les grenouilles. An loin, se massait un rideau de peupliers, dérobant en partie une vision fuligineuse et fumeuse de charbonnages et d'usines. Le lieu, triste l'hiver, à cause d'innombrables bandes de corbeaux et de pies qui planaient au-dessus des têtes des rares passants, s'égayait un peu l'été, par la présence d'enfant en vacances venus y chercher un champ immense, propice à leurs jeux.

Le boulevard Emile de Laveleye était constitué alors par l'Ourthe, une Ourthe aux rives irrégulières, mangées par l'eau débordée de l'hiver et parsemée de cailloux. Quelques pêcheurs s'y livraient à leur distraction favorite.

Nous avons rappelé précédemment les grands travaux qui durent être effectués pour niveler et assainir cette vaste plaine; combien l'utilité de ces travaux saute maintenant aux yeux! Un quartier luxueux naîtra sur ce sol affermi, un grand boulevard le traversera, et là où fut la World's Fair s'élèveront d'innombrables constructions où Liège déversera le trop plein de sa population.

Le quai Mativa qui y conduisait, bien que amélioré depuis quelques années, était encore d'aspect assez primitif, surtout par ses berges où les lavandières étalaient leur linge et où, en été, des bandes d'enfants du peuple s'ébattaient avec ivresse, dans l'herbe haute.

L'Exposition fit convertir cette berge fruste en une rive régulière, soutenue par des murs d'eau. La pointe, jadis ébréchée, de la maison Monnier, fut consolidée, l'Ourthe comblée vit son cours s'enfermer entre de hautes murailles; tout devenait net, propre et sain, sinon pittoresque!

Le Quartier des Palais, nous l'avons dit, était relié à cette deuxième enceinte de l'Exposition par le pont Mativa et le quai de même nom. Ce pont, merveille de légèreté et de finesse, reliait gracieusement les deux rives de la Dérivation de la Meuse; un peu voûté, il s'agrémentait ça et là d'écussons et de petits drapeaux français.

Du centre de ce pont, on jouissait d'une vue superbe; entre la berge du quai Mativa et la pointe de la presqu'île de la Boverie, s'étalait la dérivation de la Meuse; le pont de Fétinne, la porte d'Amercoeur, entrée du Vieux-Liège et les nombreux toits du quartier ancien encadraient ce paysage, tandis que le polit de Fragnée, doré et majestueux, soulignait de ses contours éblouissants les grands bois lointains de Kinkempois.

Faisant volte-face et regardant vers la Boverie, on remarquait la clôture feuillue du Parc que dépassait seule la tour pointue du palais de la Ville de Liège; loin, sur la rive opposée, à l'entrée du nouveau pont dénommé pont des Vennes, se trouvait le pavillon de la Roumanie ; plus prés, à droite, l'immense Palais de l'Alimentation française qui se reflétait en partie dans l'eau, puis la « Boucle », une des attractions qui n'avaient pas trouvé place au quartier de Fragnée.

Liege Expo 1905 - Alimentation Française

On connaît la Boucle, plus connue sous le nom de Looping the Loop: un wagonnet descend à une vitesse de train express sur un plan incliné, puis remonte; au point culminant, à un moment donné, les voyageurs se trouvent la tête en bas, mais sont collés contre le plancher du wagonnet, par la force centrifuge; cela dure quelques secondes, déjà le wagonnet redescendait puis remontait sur la plate-forme de débarquement.

Ceux qui expérimentèrent ce plaisir doivent avoir éprouvé pendant la descente vertigineuse, la sensation d'un étouffement, tandis que là-haut le subit afflux de la force centrifuge donnait l'illusion d'un coup de bâton sur la nuque!

Aucun danger n'était à craindre, d'ailleurs, et en fait, pendant l'Exposition, nul accident ne s'y produisit.

Liege Expo 1905 - Service de Gondole Venise à Liège

Se dirigeant vers le quartier des halls en suivant le quai Mativa sous les arbres, on côtoyait la berge de la dérivation de la Meuse, couverte de petits arbres fruitiers et de fleurs; on passait à côté d'un embarcadère de gondoles et on arrivait bientôt en face du restaurant allemand, puis du pavillon des Wagons-Lits et de la grande construction, simple et heureuse du Palais de l'Agriculture et de l'Horticulture françaises.

Liege Expo 1905 - Société des Wagons Lits et Source Chevron

Liege Expo 1905 - Agriculture Française et Pavillon du Maroc

Si, s'approchant de la rive, on laissait errer ses regards en évoquant ses souvenirs, on avait peine à se remémorer ce que ce coin avait été naguère. A la place même où l'on était arrêté, s'élevait autrefois la mince construction du passeur d'eau Beaujot; en face, par delà de l'Ourthe - car l'Ourthe primitivement passait ici - la petite maison Monnier, postée sur la pointe de la presqu'île, dont les charmilles, les berceaux, les tables rustiques ont abrité les escapades dominicales de la Bohême du bon vieux temps. Monnier avait vu sa guinguette mangée de lierre et de glycines, remplacée par une élégante villa modern-style, élevée sur un terrain aplani, régulier, soutenu de hauts murs, bordés d'élégants garde-fous et lui, qui auparavant n'avait pour se révéler le soir que la clarté de la lune ou la douce lueur des étoiles, possédait maintenant un grand phare électrique qui le soir l'inondait de clarté. Seul vestige de l'ancienne situation, on avait conservé un grand arbre entouré d'un parterre bordé de petits rochers.

Un itinéraire ignoré et pourtant intéressant consistait alors à contourner les halls; l'envers d'une Exposition était chose suggestive.

Outre les pavillons déjà cités, on rencontrait encore l'élégante construction de l'Eau de Chevron, sorte de grotte artificielle où une Ardennaise, en costume local, débitait l'eau minérale; puis le pavillon du Maroc fouillé d'arabesques, comme un Alhambra, et enfin le quartier de l'Extrême-Orient, la seconde attraction située en dehors du quartier de Fragnée.

Liege Expo 1905 - Pavillon du Maroc

L'Extrême-Orient avait le tohu-bohu d'un caravansérail dans lequel se seraient réunies des caravanes venant de pays les plus divers. A sa façade, s'incrustaient de nombreuses échoppes où on vendait des vases en cuivre niellé, des objets exotiques; on y remarquait même une attraction foraine: la pêche miraculeuse.

Liege Expo 1905 - L'extrême Orient

Mais l'intérêt de ce quartier résidait plutôt dans les attractions de sa partie intérieure, des nègres jouant interminablement du tam-tam sur une espèce de plate-forme et un superbe hindou, se promenant à l'entrée, indiquaient déjà le genre attractif des spectacles offerts au public.

Le but de l'entreprise avait été de donner la vision d'un coin du monde, merveilleux comme une féerie des Mille et une Nuits. A l'intérieur, se trouvait un théâtre chinois où une compagnie théâtrale anglaise donnait un grand ballet franco-indien; plus loin, un bazar soudanais réunissait des ouvriers venus d'Egypte et d'Abyssinie et qui fabriquaient sur place divers produits, notamment des vases aux lignes très belles.

A côté, on remarquait un harem copié sur celui d'un Radja célèbre, puis une pagode enchantée où les derniers progrès de la machinerie et de l'électricité donnaient l'illusion d'un conte de fée réalisé.

Le Théâtre des Mystères nous initiait aux croyances boudhiques et aux salamalecs des Fakirs; une foire indienne nous montrait des indigènes de Pondichéry et du Chandernagor, enfin, les bosses japonaises, sorte de tobogan, donnaient l'illusion d'une glissade rapide, parmi une foule d'obstacles. En face du visiteur sortant du quartier de l'Extrême-Orient, se dressait le Palais des Fêtes qui abrita une foule de congrès et d'expositions temporaires et servit pour toutes les grandes fêtes, les auditions de la Grande Symphonie et des Vieilles Chansons.

Au côté droit de ce palais, selon la façade, on trouvait les locaux de la garde militaire de l'Exposition, compagnie formée de sujets d'élite, pris dans nos divers régiments et placée sous le haut commandement de M. le capitaine Ivens, secondé par MM. les lieutenants Houbion, Janssen et Mozin.

Un autre bâtiment léger suivait; il abritait les bureaux des divers services de la Douane, des Entrées, de la Surveillance et de la Manutention.

Le corps de garde des pompiers voisinait avec une pompe à vapeur toujours prête à fonctionner.

Un autre service, qui heureusement eut à soigner plus de blessures légères que de cas graves, fut celui de la Croix Rouge. Dans un hôpital modèle, des infirmiers, des infirmières, des médecins étaient constamment prêts à offrir leurs soins.

Contournant le Palais des Fêtes, on trouvait le long de son aile gauche, la légère construction de la Cidrerie Ruwet, de Thimister; une ardoisière française où deux ouvriers travaillaient sous les yeux du public, enfin, plus proche des halls, une grande grue à vapeur qui n'avait pu trouver place à l'intérieur.

Continuant sa marche, on passait bientôt sous le grand pont du Nord-Belge, et on se trouvait sur une sorte de place publique dont une partie était occupée par une station de garage des tramways Decauville. S'engageant ensuite sous le haut remblai du chemin de fer, on se trouvait réellement en face de l'envers d'une Exposition.

On remarquait cependant encore deux petites portes vitrées conduisant dans les halls et donnant directement accès à la section hongroise; plus loin se dressait la haute cheminée de l'abri des chaudières.

Au lieu où nous nous trouvions, fonctionnait la station centrale assurant la marche des machines en mouvement dans les halls et répandant partout, par des milliers de lampes électriques, l'éclairage nécessaire.

Partout, des rails chargés de wagons, des magasins, des ateliers, puis d'immenses chaudières emmurées et dont les bouches s'ouvrant à même une galerie vitrée, laissaient échapper de grands jets de vapeur; des ouvriers y circulaient, la figure noire de charbon, sur laquelle la sueur traçait des sillons clairs; des contremaîtres, des surveillants affairés y donnaient des ordres, donnant l'impression d'un labeur rude. Les visiteurs qui eurent l'inspiration heureuse de venir voir ce coin d'Exposition non inscrit sur les guides n'eurent pas à le regretter.

Plus loin, une sorte de grande esplanade, occupée par des rails et hérissée de signaux divers, constituait l'Exposition pratique des chemins de fer.

Veanait ensuite une porte donnant directemet accès à la section allemande.

Liege Expo 1905 - Entrée de la section allemande

Le premier pavillon qu'on rencontrait ensuite sur la rive de la Dérivation de l'Ourthe, opposée au Vieux-Liége, était l'exposition de la Société des Conduites d'Eau, un grand monument fait de tuyaux et de conduites assemblées.

Sur cette rive, une succession de pavillons particuliers s'échelonnaient; ils appartenaient à différents exposants se livrant aux industries les plus diverses. On y trouvait les torréfacteurs de la Torréfaction Barts, du Rapide Idéal F. Gothot, de l'Emmerichertorréfaction; auprès, le public suivait avec intérêt les procédés de la soudure autogène et examinait les appareils pour l'éclairage à l'acétylène de la Photolithe, des appareils de chauffage à vapeur, des filtres à air pour compresseurs, des barattes Victoria.

Liege Expo 1905 - Diaporama Militaire et Génie Civil

En face, adossés aux halls, on remarquait le pavillon d'une société allemande de forage, de grandes cloches, un petit pavillon où étaient exposés différents échantillons de guano. Les produits céramiques Kamp et Cie, et des échantillons. de pierre provenant de diverses carrières, telles que les carrières de Montfort, les carrières Quérit et les carrières Spinette, d'Andenne terminaient cette série d'installations qui nous acheminaient vers le grand palais du Génie Civil voisinant avec le restaurant Emmel et le Diorama militaire, à côté duquel se trouvait la petite installation de M. Reymen.

En face les voies du Nord-Belge, déjà signalées précédemment, partageaient les halls en deux parties. On apercevait encore les deux gares édifiées spécialement pour l'Exposition; la gare royale et, plus rapprochée, la gare pour le public.

Le pont laissé derrière soi, on rencontrait encore quatre petites installations: un Trinck-Hall et les expositions de MM. Geldens, Smulders, de l'Eternite qui nous montraient respectivement des broyeurs, des échantillons de grilles, des échantillons de tubes. Venaient enfin des briques de Nieuport et des appareils de la Société Liégeoise pour la construction de machines.

On arrivait ainsi au côté extrême de la partie gauche de la façade. Deux restaurants allemands puis un restaurant flamand occupaient la galerie; à côté d'eux, très modeste, se trouvait le petit bureau de la Télégraphie sans fil et son haut poteau destine à recevoir les ondes hertzéennes communiquées par l'appareil situé à Comte.

On débouchait alors sur la grande Esplanade des Vennes, ayant fait le tour extérieur entier des halls. Dans les jardins français, édifiés là par le service des Plantations et des Promenades de la Ville de Paris, se dressaient une foule de pavillons; des allées y conduisaient, ornées de bancs de pierre, de groupes en grès, en bronze on en plâtre, postés parmi des massifs de fleurs ornementales.

Une maison allemande, aux fenêtres minuscules, aux portes basses couvertes d'inscriptions accueillantes, c'était le « Schlichte », une ferme Westphalienne; à côté, le Restaurant Universel se logeait dans un élégant chalet.

Liege Expo 1905 - Schlichte

En passant à côté de l'installation de la Ville de Spa, on pénétrait dans ce grand cercle formé par les pavillons de la Vieille-Montagne, de la Société de la Soie de Tubize, de MM. Mélotte et des établissements Solvay; au centre, se dressait le kiosque central occupé ordinairement, à partir de deux heures de l'après-midi, par des sociétés de musique; le soir des belles journées, la Grande Symphonie, quittant le Palais des fêtes, y donnait ses concerts si appréciés.

Le pavillon de la Vieille-Montagne était entièrement construit en zinc; aux quatre points cardinaux, des niches s'approfondissaient et nous offraient dans le même métal que celui du pavillon tout entier, des reproductions de statues célèbres.

Liege Expo 1905 - Schlichte

A l'intérieur, d'élégantes vitrines groupaient les échantillons de minerais des différentes mines que cette Société possède en Belgique et à l'étranger. On y voyait encore tout ce que l'industrie peut faire produire au zinc jusqu'à en fabriquer de fines statuettes. De même que la Société avait tenu à nous montrer toute sa puissante organisation minière, elle nous apprenait encore tout ce quelle a fait pour le bien-être de ses ouvriers: maisons ouvrières, caisses de retraite, services médicaux, etc.

Le pavillon de la Soie artificielle de Tubize, d'un blanc crème délicieux, était un pur bijou Louis XIV digne d'abriter les merveilleux produits qu'elle exposait. Cette soie artificielle, dont la fabrication est tenue secrète, se révélait ici dans ses teintes les plus somptueuses, les plus chatoyantes, dans ses utilisations multiples: tapis, robes, coussins, prie-Dieu, ornementations de sièges de salon. Le regard des visiteurs était surtout attiré par la reproduction du couvre-lit de la reine Marie-Antoinette à Versailles, merveille de patience et de beauté.

Le large pavillon carré, aux baies claires, de MM. Mélotte frères, attirait surtout les gens de la campagne, cultivateurs ou fermiers, venant s'y initier aux avantages qu'ils pouvaient retirer de l'adoption pour leurs travaux, d'instruments perfectionnés.

Les charrues Brabant et demi-Brabant alternaient avec des écrémeuses; c'était un plaisir pour les yeux de voir ces instruments si perfectionnés et pourtant si simples.

Le pavillon des établissements Solvay était entièrement construit en fer et verre; sorte de serre aux vitres élimées, terminée en rotonde; il s'ornait, à l'extérieur, d'une bordure éclatante de fleurs et de verdure et réunissait à l'intérieur les produits chimiques, d'une réputation mondiale, des établissements Solvay.

Liege Expo 1905 - Cigare Ernest Tinchant

Auprès, se trouvaient un comptoir de vente de la firme Ernest Tinchant et une sorte de grand restaurant à deux étages où l'on mangeait ordinairement froid: le Buffet Central.

Liege Expo 1905 - Buffet Restaurant Central

Pour jouir du coup d'oeil le plus beau sur la façade principale et la découvrir dans son ensemble, le meilleur parti à prendre était de gravir cette légère rampe qui conduisait au Pont de Fétinne et près de laquelle on remarquait la reproduction d'un fragment du monument à Victor Hugo, du sculpteur Barau.

De là, la vue était superbe; la façade imposante des halls, toute éblouissante de clarté, se fleurissait ça et là de drapeaux multiples et variés.

Sous la galerie étaient aménagés, d'un côté, les services des Postes, Télégraphes et Téléphones, qui furent appelés à rendre tant de services et dont personne ne se plaignit jamais, chose étonnante pour l'afflux de monde qu'en certaines occasions les employés durent satisfaire le plus rapidement possible; de l'autre côté, étaient établis les salons de la Presse où les journalistes avaient à leur disposition les premiers éléments techniques, susceptibles de les renseigner rapidement sur l'Exposition elle-même; dans la salle de lecture se trouvaient la plupart des journaux belges, tant quotidiens que périodiques; tous les grands journaux parisiens, et les grands journaux français, allemands, anglais, autrichiens, turcs, canadiens, danois, suédois, italiens, russes, etc.

Parmi les journalistes qui fréquentaient ce bureau, nous nous ferions un grief de ne pas signaler notre excellent confrère Albert de Gobart, du Journal de Liège, dont les longues jambes et l'in-susceptibilité à toute épreuve font le type le plus représentatif du reporter rapide et insinuant, doué parfois du don d'ubiquité.

Saluons encore M. Fritz Potiers, président de la Presse Bruxelloise qui, chaque jour, venait écrire dans ce bureau un long article consacré à l'Exposition; on le lisait le lendemain dans la Chronique de Bruxelles.

Sous le portique central de la façade, à la base des piliers, à droite et à gauche de l'entrée, on admirait les groupes décoratifs du sculpteur Deckers, d'Anvers, représentant des ouvriers d'une belle intensité de vie; ça et là, on remarquait les légers étals des vendeurs de cartes postales; au centre s'érigeait une grande et merveilleuse jardinière de marbre rose, due à la Société anonyme de Merbes-le-Château.

Au-dessus, un beau ciel, clair et joyeux, avait été peint par M. Doneux.

Les halls étaient divisés en deux grandes parties par le chemin de fer du Nord-Belge, parallèle à la façade; en perpendiculaire, une longue galerie centrale courait d'un bout à l'autre des halls et était occupée en son milieu par des groupements qui n'avaient pu trouver place dans la grande section belge.

C'est ainsi que, dans cette allée centrale, on remarquait, dans la première partie des halls, les merveilleuses expositions des Bronzes et Arts Décoratifs, de la bijouterie et de la collectivité des Diamantaires, de l'ameublement et enfin des verreries et glaceries.

Au côté droit de cette allée, le visiteur passait successivement en Allemagne, en Angleterre, Chine, Etats-Unis, japon, Italie, pour déboucher à nouveau, en traversant la République Dominicaine et la section internationale, en face du Bureau Commercial.

A part ce bureau, le côté gauche des halls d'amont était occupé en entier par la grande section française; dans celle-ci une annexe était réservée à l'Exposition de la Ville de Paris, dont les larges fenêtres donnaient vue sur un tournant de galerie extérieure.

Un passage rafraîchi de plantes vertes, aménagé sous le chemin de fer du Nord-Belge, donnait accès à la seconde partie des halls où étaient installées les dernières sections étrangères et les différentes classes de la section belge.

L'allée centrale était occupée, ici encore, par différents groupes belges: la Décoration des édifices et des habitations; les Fils, les Tissus, Vêtements, l'Electricité, les Mines et Métallurgie et enfin les Charbonnages.

A gauche, des travées perpendiculaires à l'allée centrale donnant accès à différentes sections étrangères; il en sera parlé en détail plus loin, comme, du reste, des différentes classes de la section belge.

C'étaient la Hollande, la Russie, la Turquie, l'Autriche, la Bosnie et la Hongrie, la Suisse, la Suède, la Perse, la Grèce, le Grand Duché de Luxembourg, et enfin séparées de ces derniers par une grande travée ornée de bustes blancs, les sections belges de l'Hygiène, Economie sociale, Assistance publique, Education et Enseignement.

A droite, on pénétrait par des travées identiques dans les différentes classes de la section belge, voisinant avec la merveilleuse galerie internationale des Machines, l'abri des chaudières signalé précédemment, et dans un approfondissement des halls, la section toujours internationale, du matériel des Chemins de Fer et des Tramways.

Les différentes classes de la section belge comprenaient la Librairie, la Musique, les Instruments de Médecine et de Chirurgie, la Photographie, la Cartographie, les Instruments de précision, le Génie Civil; à côté, se trouvaient la collectivité des Tabacs, des Cuirs et des Peaux, enfin les Armes anciennes, l'Armurerie et l'Art militaire. Dans la travée proche de la Galerie des Machines, on trouvait les classes de l'Alimentation, des industries chimiques, du matériel de la Navigation et du Commerce, et de la Colonisation, les Sports et l'avoisinant naturellement les collectivités de la Carrosserie et de l'Automobile.

La Belgique pour une grande part, la France, les Etats-Unis, l'Allemagne et enfin une section internationale se partageaient la Galerie des Machines et l'Exposition du matériel des chemins de fer et tramways.

La visite des halls était dès lors terminée; il restait à voir une troisième et dernière partie qui était le Vieux-Liége et le quartier des Attractions, situés sur la plaine de Fragnée.

Le pont de Fétinne, édifié sur la dérivation de l'Ourthe, établissait une limite naturelle entre ces derniers et la plaine des Vennes.



LE QUARTIER DES ATTRACTIONS


Arrivant sur le large pont de Fétinne, le visiteur découvrait encore un coin superbe. Barrée par son déversoir dont de petits drapeaux rouges montraient le danger aux navigateurs inexpérimentés, la dérivation de la Meuse s'étendait jusqu'au pont Mativa dont on apercevait la sveltesse si bien appropriée aux deux rives vertes et rapprochées qu'il réunissait; à la pointe extrême de la presqu'île de la Boverie, s'avançait, parmi les arbres, le local de l'Union Nautique.

Au débouché du pont de Fétinne, se dressait le monument du célèbre inventeur wallon Zénobe Gramme, faisant face à la massive porte d'Amercœur, entrée du Vieux-Liege.


LE VIEUX-LIÈGE

Liege Expo 1905 - Entrée du Vieux Liege


Dans la plupart des expositions qui se sont succédées durant ces dernières années, il fut de coutume d'édifier, à côté des halls abritant les dernières découvertes faites dans le domaine général des Sciences et des Arts, quelques reconstitutions de la ville elle-même, où se tenait la grande foire mondiale, à une certaine époque de son histoire, ou même à différentes époques marquantes de celle-ci.

L'Exposition d'Anvers 1894, vit se créer le magnifique et savoureux Vieil-Anvers; Amsterdam, l'année suivante, évoqua l'Amsterdam à ruelles sombres, noires, commerçantes, vues par Rembrandt et l'Amsterdam pittoresque, à longues rues à canaux terminées par quelque aile battante de moulin à vent; Bruxelles-Kermesse, en 1897, fut une pure et folle fête et le Vieux-Paris, à l'Exposition de Paris 1900, évoqua le somptueux, le rutilant, le joli siècle de Louis XIV.

En face de tels précédents, Liège ne pouvait rester insensible; ce fut une Société Anonyme qui conçut le projet d'une reconstitution ancienne et qui s'occupa de la mener à bonne fin. Par son importance, sa beauté, sa valeur documentaire rigoureusement historique, le Vieux-Liége était certes plus qu'une attraction.

Nous en parlerons surtout an point de vue archéologique et artistique.

Le Quartier du Vieux-Liége était édifié entre la Meuse et la dérivation de l'Ourthe. De loin, rien n'était plus joyeux de voir ces tours aiguës ou à bulbes, ces toits à versants inclinés. Ce quartier formait avec la pointe verte de la presqu'île de la Boverie, d'autre part, un joyeux cadre à cette blanche et riante vision qu'était la façade principale des halls et le Palais des Fêtes.

Le Quartier occupait une superficie de près de quatre hectares et se composait de plus de cent maisons, monuments et échoppes; leur reconstitution fut des plus ardues Disséminées ou dénaturées, les vieilles maisons présentant un caractère typique se font rares, il fallut parcourir l'ancien pays de Liège et relever dans les villes, dans les villages et les hameaux éloignés, les éléments les plus intéressants de la vieille architecture wallonne et, au moyen de ceux_ci, édifier et reconstituer des constructions conformément à la pensée de leurs auteurs.

Evocation de la vieille cité, le Vieux-Liège était encore une synthèse de l'architecture wallonne.

Entre les ponts de Fragnée et de Fetinne, regardant par dessus le monument Zénobe Gramme, l'enfilée animée et riante du fleuve, se dressait une haute et massive tour, percée à sa base; c'était l'ancienne « Porte d'Amercoeur » qui donnait accès au quartier du Vieux-Liège.

Un escalier monumental qu'on descendait conduisait à la place aux chevaux, dominée par l'Hôtel-de-Ville de Visé, dont le joli campanule à carillon accusait le XIIe siècle.

Devant nous s'ouvrait le « Vinâve », la rue des Commerçants: on y remarquait la maison du Cornet de Poste (Renaissance) avec son large porche, la maison en ardoises d'Ensival (Renaissance), la maison Batta de Huy, de style Renaissance, ainsi qu'une gracieuse fontaine Louis XV.

Liege Expo 1905 - Place du Marché du Vieux Liege

La Grande Place du Vieux-Liège évoquait l'ancienne et savoureuse place du Marché. Dominant tous les édifices de sa flèche qui s'élevait à 60 mètres de hauteur, se dressait, an centre de la place, une reconstitution partielle de l'antique cathédrale de Saint-Lambert, avec ses escaliers d'arches construits sous Notger.

Liege Expo 1905 - Cathédrale du Vieux Liege

Il n'avait pas fallu songer à reconstituer le monument comme il était dans l'origine. En effet, sans les cloîtres, ses dimensions étaient de 600 pieds de long sur 400 pieds de large et sa plus haute tour avait 104 mètres de hauteur.

Auprès de la Cathédrale, se trouvait le vieil Hôtel-de-Ville, tel qu'il avait été conçu à l'origine. On s'inspira pour sa reconstitution de la base d'un ancien hôtel-de-ville bâti en 1493-1497, en suivant les lignes générales d'un autre hôtel-de-ville gothique, celui de Léau.

On remarquait encore, entourant la place, le château gothique de Vêve, la halle aux blés de Durbuy, de style Renaissance, la sacristie de Léau, datant du milieu du XIIIe siècle, pur bijou ogival, remarquable par l'élégance de ses lignes et la finesse de ses détails. Venaient enfin les arcades intérieures de la seconde cour du Palais de justice dont les entre-colonnes étaient occupées par de pittoresques échoppes.

Au centre de la place, entouré de ces monuments parlants, se dressait le Vieux Perron, symbole glorieux de la cité.

Dans plusieurs rues, de rustiques échoppes abritaient des ouvriers travaillant sous les yeux du public, à d'anciens métiers. La vieille industrie de la paille de Glons y revivait et mettait un coin d'Italie dans cette évocation d'un pays occidental.

D'autres maisons offraient aux regards des passants de vieilles et savoureuses enseignes d'auberges, d'estaminets; dans nombre d'entre elles le wallon, chanté en choeur sur des paroles de poètes folkloristes, témoignait de sa renaissance brillante; parfois encore, quelques représentations de marionnettes où « Tchantchet » assumait le principal rôle, ajoutait à l'intérêt local du quartier.

Après la Grande Place, la Place du Marché était la plus intéressante. On y remarquait la maison rouge de la Neuville-en_Condroz, la maison Wiertz, de Dinant, le Repos de chasse de Grivegnée.

Sur cette place, des centaines de pigeons s'ébattaient et venaient picorer dans la main du visiteur les grains qu'il y avait déposés

Constituant un décor vivant et bien local, ces oiseaux étaient encore beaux de leur blancheur silencieuse parmi les vieilles murailles noires.

A l'extrémité sud du Quartier s'érigeait une houillère en pleine exploitation.

La haute et massive cheminée se dressait là-bas comme elle se dresse sur les hauteurs qui entourent la ville. Les gardes portaient le costume classique des houilleurs: chapeau en cuir bouilli, mouchoir rouge noué autour du cou, blouse bleue; des wagonnets circulaient, la machine haletait; l'illusion était complète.

Prenant place dans la cage de descente, le visiteur entrait tout-à-coup dans le « noir », la pleine et dense obscurité. A en juger par le courant froid qui lui fouettait la figure, la descente était rapide. Il allait vers l'abîme. Arrivé en bas, il circulait dans les galeries étroites; à la clarté de la lampe qu'on lui avait remise, le mica des couches de charbon scintillait comme du diamant. Au fond, un buffet était installé, d'accortes hiercheuses, la tête petite et vive sous le mouchoir de tête, en prenaient soin.

La sortie du Vieux-Liége s'effectuait ensuite par le quai dénommé « Sur les Remparts », cotoyant la Dérivation de l'Ourthe. C'était plaisir alors de s'asseoir sous quelque tonnelle pour jouir dans un doux repos, de la vie intense de l'esplanade des Vennes, noire de monde, d'un contraste si vif avec la pleine et immobile blancheur de la façade des halls.

Dans le cadre archaïque du Vieux-Liège voisinaient les bourgeois, artisans et hommes d'armes, houilleurs et botteresses aux pittoresques costumes, de couleurs vives. Il y eut dans le Quartier une renaissance des moeurs d'antan, des joyeuses fêtes de jadis.

De ces fêtes, les unes étaient permanentes, d'autres furent occasionnelles; chaque soir, des cramignons déambulaient gaiement dans les rues m'arquant, par une dernière chanson et un dernier éclat de rire, la retraite et le couvre-feu.

Parmi les fêtes qui furent organisées, quelques-unes initièrent à la vie de plaisir de nos aïeux; la plupart d'entre elles existent encore. C'étaient les fêtes de quartier avec leurs traditionnelles réjouissances, les fêtes de métiers, les concours de chant, de tir, de jeux de quilles, de pinsons, de chants de coq. D'autres fêtes, les cortèges historiques, une joyeuse Entrée, la fête de Mai, la fête des vendanges, nous montrèrent de belles filles wallonnes, de jolis costumes, en nous faisant entendre les plus gaies et les plus vives chansons que puisse rythmer le geste allègre et endiablé d'un cramignon.

Ce fut là le Vieux-Liege à l'Exposition. Son principal et durable mérite fut surtout de réunir un ensemble de documents sérieux et complets relativement à l'architecture mosane d'autrefois,

Nous voulons encore mentionner ici que la Société anonyme du Vieux-Liège organisa un concours d'affiches-réclames auquel participèrent de nombreux artistes. Deux des projets exécutés furent ceux de MM. Jean Ubaghs et Georges Koister, qui obtinrent respectivement le premier et le second prix.


LE QUARTIER DES ATTRACTIONS PROPREMENT DITES
Secteur de Fragnée

Liege Expo 1905 - Entrée Pincipale de Fragnée


Ce quartier qui occupait la plaine de Fragnée, n'était pas exclusivement composé d'attractions. Des installations, comme celles de la Société allemande Le Forage des Mines, les pavillons des Forêts et de la Chasse, du Nitrate de Soude, la Ferme démonstrative, les pavillons de l'Agriculture belge et celui des Sauveteurs de Belgique, y avaient été installés, par suite de l'insuffisance de place aux Vennes.

La plaine de Fragnée était séparée du Vieux-Liège par la Meuse, sur laquelle avait été jeté ce magnifique pont de Fragnée, qui eut être comparé au pont Alexandre, édifié à Paris pour l'Exposition de 1900. Les hauts pylones surmontés de Renommées claironnant; les groupes décoratifs, le garde-fou doré lui donnaient un air majestueux.

Liege Expo 1905 - Les arènes liégeoises

Liege Expo 1905 - Les arènes liégeoises

Au débouché de ce pont, se massaient les imposantes et hautaines Arènes liégeoises; ses murs à balèvres savoureuses, ayant une délicieuse patine de vieillesse, les créneaux qui en dentelaient la partie supérieure, la tour qui la dominait contribuaient à l'évocation du temps féodal où vécut ce « Sanglier des Ardennes » et dont le poète Jules Sauvenière retraça les émouvantes aventures en un drame très bien conçu.

C'était en vue de la représentation de cette pièce historique que les Arènes liégeoises avaient été édifiées; quelques représentations, très brillantes et très réussies, eurent lieu; cependant, par suite de raisons diverses, ce drame disparut des affiches et les Arènes liégeoises virent, à l'abri de leurs murs revêches, s'installer un music-hall tout-à-fait moderne. Aux flancs du château féodal, s'incrustaient de nombreuses échoppes abritant des cafés populaires et des restaurants à bon marché.

En se dirigeant par le quai de Fragnée, que limitait d'une part la porte latérale des Arènes, vers la rue du Vieux-Mayeur, on remarquait l'intéressante exposition de travaux des élèves de l'Institution des Aveugles, et, à la descente de la rue susnommée, le pavillon carré des Sauveteurs de Belgique, flanqué de chaque côté d'un petit escalier et surmonté d'un perron.

Revenant alors sur ses pas, on pouvait jouir à son aise - avant de s'en aller vers les attractions - du prestigieux décor dont se revêtait la World's Fair.

La vue, tout d'abord arrêtée par un massif de roses s'étendant comme un tapis odorant sur la berge, embrassait ensuite le fleuve où se découvrait une si jolie animation.

Ça et là, évoluaient, en se croisant, des canots automobiles, des bateaux à voiles, de petits yachts, des gondoles vénitiennes semblant faire une escorte allègre à un bateau-mouche déchirant l'eau verte et ourlant cette blessure d'une fine bordure d'écume blanche et bruissante.

Par delà, tremblait, toute lumineuse, la façade des grands halls à laquelle s'opposaient harmonieusement les massifs d'arbres jetés sur les rives du jardin d'Acclimatation.

Ce décor était d'une beauté très prenante; un petit vent frais et sain venant du fleuve y ajoutait son charme.

Liege Expo 1905 - Les arènes liégeoises du coté du parc des attractions

Faisant face au pont de Fragnée et auprès des Arènes liégeoises, un escalier offrait un accès prompt dans la plaine de Fragnée.

On contournait alors un étang fleuri de plantes d'eau et on se trouvait à même le charivari et le tohu-bohu amusant des attractions.

Liege Expo 1905 - Tour de forage des mines Liege Expo 1905 - Base de la Tour de forage des mines

On remarquait tout d'abord à sa gauche une tour Eiffel, en réduction bien que de respectable hauteur. Celle-ci dominait le pavillon d'une société allemande de forage des mines; voisin de celui-ci, le restaurant de la Haute-Bavière offrait ses cloisons jaunes où s'étalait sa gigantesque enseigne. L'intérieur de ce restaurant reproduisait la configuration accidentée d'un village bavarois; de solides tables, des bières allemandes servies en de lourdes pintes à couvercle de métal par des serveuses en jupes courtes et au petit chapeau piqué, mutinement, d'une plume verte, y ajoutaient la note locale et pittoresque.

Liege Expo 1905 - Haute-Bavière

Des danses, très caractéristiques, contribuaient à égayer les consommateurs. Au signal de l'orchestre, un gars solide et vif et une jolie fille, étrange, avec un regard piquant d'Andalouse, se mettaient à danser.

Ils mimaient les espoirs, les timidités et les hardiesses de l'amour.

La rivière souterraine Styx enserrait le restaurant de ses méandres ombreux.

Liege Expo 1905 - Water Chute

An sortir du restaurant bavarois, on trouvait le Water-Chute.

Sur un plan incliné, des chaloupes, emplies de passagers, descendaient, avec une vitesse, sans cesse accrue, vers un petit lac. L'eau s'entr'ouvrait, jaillissait blanche, creusant un sillon où glissait l'embarcation. Celle-ci rebondissait ensuite, au milieu des rires et des cris des passagers, descendus un instant après sur un petit embarcadère.

Les sentiments opposés de la sensation instinctive de la peur et de la sensation raisonnée de la sécurité constituait l'attrait de cette chute vertigineuse dans l'eau

A quelque distance, les wagonnets d'une Montagne russe effectuaient, sur plancher solide, les mêmes bonds.

Liege Expo 1905 - Aeroplane captif

Auprès du lac du Water-Chute, on remarquait l'Osteria-Capri où se servaient des vins italiens, l'établissement Focking et les Aéroplanes Maxim d'une si hardie exécution.

C'était une sorte d'immense parapluie qui, débarrassé de son étoffe, supportait, à l'extrémité de chaque haleine, une chaloupe de forme allongée.

A l'état immobile, les nacelles où prenaient place les passagers, reposaient sur les bords de la plate-forme cachant le mécanisme de l'appareil propulseur; mais dès que celui-ci fonctionnait, les nacelles s'écartaient, se tendaient au bout des baleines, s'élevaient dans les airs, y glissant d'un vol d'oiseau aux ailes étendues et formaient finalement, avec le mât central, un angle presque droit.

C'était là une application très hardie de la force centrifuge fertile en apeurements délicieux.

Liege Expo 1905 - Panorama de la Mecque et Aéroplane captif

Auprès, se trouvait le gigantesque panorama de la « Mecque au Caire » dans les flancs duquel s'était niché un café à orchestre, et, en partie derrière celui-ci, une vaste installation, aux cloisons couvertes de fibres de palmiers: c'était le « Village Sénégalais

Liege Expo 1905 - Village Sénégalais

Cent cinquante indigènes parquaient au village noir dont l'appropriation très juste donnait l'illusion de quelque groupement indigène du continent africain

C'étaient d'abord les petites cases couvertes de paille entre lesquelles serpentaient les ruelles tortueuses; on remarquait ensuite le monument public ou l'édifice national, un simple hangar recouvert de paille. On y donnait des fêtes et les griots chanteurs y venaient exercer leur art. Dans une suite de cases, divers artisans exerçaient leurs métiers; on y voyait le bijoutier, le cordonnier, les tailleurs, les dessinateurs; sous un hangar, un maître d'école tentait d'expliquer une leçon à ses petits élèves, plus occupés à suivre de l'oeil les mains des visiteuses.

Dans un coin, une femme pilait du riz, l'enfant attaché au dos; un Sénégalais accompagnait ses prières de rite mahométan de pratiques étranges. C'était un village noir dans sa vie de tous les jours.

Vers l'entrée principale de Fragnée, les attractions faisaient place à des installations d'un genre différent.

C'était tout d'abord la saboterie de M. Didier de Grivegnée, où se fabriquaient, sous les yeux du public, les sabots les plus divers.

Liege Expo 1905 - Saboterie Didier

Puis, aboutissant à la rue de Fragnée, venaient les installations si curieusement intéressantes et attractions du groupe belge des Forêts et de la Chasse: c'était un très original pavillon renfermant des collections des produits de la silviculture, une pépinière expérimentale, une série d'énormes tronc, d'arbres exposés par les firmes les plus connues du commerce du bois.

Liege Expo 1905 - Pavillon Foret et Chasse

Du côté opposé de la plaine, on remarquait un petit pavillon couvert de chaume; c'était l'installation du Nitrate de Soude. Puis venait une habitation claire et pimpante, qui représentait, en réduction, une « ferme » idéale.

Liege Expo 1905 - Agriculture belge et Ferme Modèle

Enfin, on visitait encore le grand Palais de l'Agriculture belge d'un effet si harmonieux qui voisinait avec une Boulangerie liégeoise et une installation pimpante où se débitaient des « choux » de Paris, et l'on se retrouvait finalement aux Arènes liégeoises.

Les nouveaux jardins, édifiés ici encore, étaient délicieux et disposés avec une belle science de l'effet à obtenir.

Le visiteur avait dès lors parcouru cette immense réunion d'installations de la plaine; la sortie de l'enceinte s'effectuait alors par l'entrée principale de Fragnée, offrant en une courbe harmonieuse, une succession de petits pylones surmontés de drapeaux.

Une excursion à Cointe achevait la visite de l'Exposition tout entière.



L'ANNEXE DE COINTE


Cointe, oasis élégante de verdure et de villas, réunissant en elle le luxe reposant et la rusticité appropriée à nos goûts modernes, ne pouvait que constituer un décor convenant merveilleusement à la destination spéciale qu'on conférait à cette partie un peu extérieure de l'Exposition; c'était à la fois une vaste plaine propice aux jeux sportifs et un décor adéquat aux différentes expositions ou concours agricoles.

De l'enceinte même de l'Exposition, rien de ce qui se trouvait là-haut ne se révélait, sinon un décor verdoyant de montagne boisée, séparée, presqu'en face de la façade principale des halls, par une large dégringolade vert-clair de prairies plantées d'arbres fruitiers.

La voie naturelle qui conduit à Comte constituait une promenade d'un charme riant et d'une fraîcheur bienfaisante. De partout, à mesure qu'on s'élevait, la Ville se découvrait plus large, plus lointaine; les clochers montaient, l'Exposition apparaissait tout entière; on s'apercevait réellement de la grandeur des édifices publics, fiers et dominants au-dessus des maisons bourgeoises qui se séparaient en deux parties par le large cours de la Meuse.

En suivant la rive de Fragnée, remontant le cours du fleuve, on arrivait bientôt en face du pont de Val-Benoît, puis, passant un viaduc aménagé sous le chemin de fer qui, là-bas, à Angleur, se sépare en deux parties: l'une conduisant en Allemagne, l'autre s'enfonçant en un serpentement capricieux dans les vertes régions de la vallée de l'Ourthe, on accédait à cette avenue légèrement montante qui est le point de départ du vaste boulevard circulaire qui enserrera la Ville de sa large promenade à panoramas grandioses.

Un large pont de béton, jeté sur le Nord-Belge, franchi, et c'était l'Avenue des Thermes, taillée au versant de la colline, au milieu de la déclivité verdoyante.

Déjà, l'atmosphère de silence et la fraîcheur des feuilles se faisaient sentir; un apaisement descendait sur le promeneur arrivant ébloui, abasourdi de la World's Fair.

Se retournant pour jouir, avant de s'enfoncer dans les avenues luxueuses qui encerclent Cointe, de la vue de l'Exposition, on découvrait avec la plus grande netteté, le quartier des attractions, la route glorieuse et flamboyante du pont de Fragnée, conduisant aux halls, le fouillis de clochetons, de toits anguleux, de tours aiguës du Vieux-Liège; la façade principale des halls et le Palais des Fêtes jetant sa large bande éblouissante, fleurie de drapeaux par delà ce quartier sombre; au loin, on aperçoit les grands arbres bordant le plateau de Bois-de-Breux soutenu par la colline de Grivegnée.

Au-dessous de nous, déjà un charbonnage se révélait par son halètement puissant et court, comme le « han » d'un travailleur. Si nous redescendions la montagne, nous aboutirions bientôt à Sclessin, début de cette grande région industrielle qui atteint son apogée à Ougrée et à Seraing.

Ici, au contraire, tout était feuillu; un petit bois de haute futaie se dressait à notre droite; à notre gauche, descendait un taillis; une avenue dans laquelle nous pénétrions les séparait.

Des chalets variés, gais et clairs, avec leurs barrières rustiques, leurs petits berceaux, la bordaient; on lisait avec une envie très légitime: « Villa des Hirondelles, Villa des Frênes, Villa Mon Désir » et on pensait à l'existence paisible des habitants, retirés de leur vie travailleuse et fébrile, et maintenant bien quiets, dans la réalisation de leur rêve.

Après une courte marche, on arrivait à l'Observatoire; là près, on s'arrêtait devant un petit étang bordé de plantes vertes; au milieu d'elles, se dressait une horloge solaire; plus loin, on rencontrait encore un petit monument abritant divers baromètres et thermomètres, puis enfin, quelques attractions foraines, une barrière claire, des drapeaux, une aubette de contrôleur: c'était une des trois entrées de l'Annexe de l'Exposition à Cointe.

Le vent sain et frais des hauteurs atténuait l'embrasement du soleil, la vue était rafraîchie par des parterres de plantes verdoyantes; on circulait avec bonheur, la poitrine gonflée d'air pur, dans ce large boulevard de Cointe où se déversa quelque fois le trop plein d'une Exposition temporaire, comme ce fut le cas pour le concours de machines agricoles.

Une façade vert clair et rouge, un grand drapeau claquant au faîte d'un toit en angle obtus: on avait devant soi le Palais de l'Horticulture belge.

Ce palais servit à divers usages: il abrita les concours de chrysanthèmes, de fleurs coupées, de beurre, de fromage, de volailles, il servit encore à de grandes festivités, comme le Banquet des Travailleurs. Au fond, une annexe, avec buffet, formait la salle des banquets offerts à l'occasion de quelque concours agricole; les aéronautes, lors du concours de ballons sphériques, y remisèrent leurs appareils. En face de ce palais, différents parterres agrestes égayaient de leur verdure sombre ou claire, les lacets bruns des allées et des sentiers; des plantes vivaces croissaient comme dans les grands jardins de nos maraîchers et leurs étiquettes seules révélaient qu'on se trouvait en présence du jardin de l'Horticulture, démonstration vivante et pratique de différents modes de culture.

Non loin de là se trouvait un petit chalet, à côté duquel se dressait un haut mat: c'était le bureau de la Télégraphie sans fil qui communiquait là-bas, avec un bureau semblable, installé au côté des halls et adossé à la section des Etats-Unis.

Une vaste plaine s'approfondissait derrière le Palais de l'Horticulture et s'élargissait jusqu'à un petit bois, c'était la grande plaine des sports, nivelée à souhait. Cette plaine servit aux différents concours et aux fêtes sportives. Au fond, adossé au petit bois cité plus haut, s'étendait une longue tribune couverte.

A côté de celle-ci, on remarquait encore un grand jardin potager modèle, une pépinière très vivace, puis continuant, on arrivait à un rond-point: devant soi s'enfonçait une large avenue bordée de maisons d'une simplicité élégante: c'étaient les maisons ouvrières modèles pour l'érection desquelles M. Paul Van Hoegaerden déploya une si grande activité. Il en sera parlé dans la notice consacrée à l'Economie sociale;

Contournant le couvent de Bois-l'Evêque, une seconde entrée laissée à sa gauche, on suivait le grand boulevard de Cointe entre des massifs feuillus et on arrivait bientôt en face de quelques grands arbres.

Accoudé à la balustrade rustique, aux branches tordues, dans l'encadrement des troncs, on avait sous ses yeux le panorama le plus vaste et le plus varié.

Vagues bleutées et figées des toits, hardiesse élégante des clochers, ruban vert des boulevards, large secouée de soleil, sur la Meuse que les ponts noirs délimitaient en bassins, loin vers Bressoux et Jupille comme vers Grivegnée et la vallée de la Vesdre, le paysage empli d'une brume que des centaines de cheminées, comme des torches éteintes et charbonnant, striaient de bandes fuligineuses, tout indiquait la cité travailleuse, ayant su se créer au milieu de la vision noire de son labeur, les coins joyeux et charmants, susceptibles de contenter la finesse et la sensibilité de la race.

De cette corniche liégeoise qu'on suivait par le boulevard de parterres fleuris, on redescendait par un large sentier en lacets prenant naissance en face du Palais de l'Horticulture, vers l'avenue de l'Observatoire.

La descente de cette belle avenue avait un grand charme; d'un côté, on marchait sous le regard amusé et clair de riantes villas, de l'autre côté, par delà des dégringolades de prairies à pommiers, de jardins, avec ça et là une tour, un coin de villa blanche, un arbre mangé de lierre, on apercevait encore l'Exposition, mais c'est surtout le quartier des Palais que l'on découvrait dans toute sa beauté.

De l'eau et des arbres constituent déjà un charme intense de la nature; ici la beauté de ces deux éléments primordiaux se compliquaient encore du charme vivant du fleuve, du soleil qui en montrait l'agitation.

Des cimes d'arbres laissaient apercevoir entre elles de blanches visions accroupies, puis, à mesure que l'on descendait l'avenue, les arbres montaient, dérobaient tout sous leur ceinture verte; bientôt, la tour de la grande pagode chinoise dépassait seule, puis les maisons de la ville, à leur tour, s'interposaient entre les regards et le fleuve; à nos pieds, la gare des Guillemins s'étalait avec son grand vitrage enfumé, son sol noir où brillent les rails; des trains arrivaient, partaient; il y avait des sifflets aigus, des hurlements prolongés; des jets de vapeur fusaient; des machines haletaient; tout ce bruit, cet effarement, cette vie intense, en un mot, c'est l'étranger qui nous l'apportait et c'est l'Exposition qui nous l'avait offerte.



LES JARDINS DE L'EXPOSITION


Les jardins et les parcs sont « la participation de la nature à l'Exposition universelle » et ce mot n'a jamais été plus véridique peut-être qu'à Liège.

Le site merveilleux du confluent de la Meuse et de l'Ourthe, aux bords desquelles allait se dérouler la splendeur d'une évocation magique de tous les peuples de la terre, de leurs arts, de leurs industries, formait comme l'arène d'un amphithéâtre naturel, immense enceinte de montagnes enveloppées de verdoyantes frondaisons.

Il ne s'agissait que de coordonner aux beautés sans égales de la grande nature les formes assouplies des jardins-paysagers.

Nous pouvons dire qu'à Liège, en 1905, tout fut mis en oeuvre pour que rien ne laissât à désirer à cet égard.

Tout d'abord, l'Exposition de Liège eut l'heureuse fortune de voir la Ville de Paris, en échange de la concession gratuite d'un emplacement dans les galeries pour son exposition particulière, faire établir et entretenir par ses propres services le jardin de la plaine des Vennes, précédant l'entrée monumentale des halls de l'industrie.

Mais par une promenade à travers les jardins, nous allons nous convaincre du merveilleux attrait qu'ils apportèrent au succès splendide de l'Exposition.

Entrant par la porte du parc de l'Acclimatation, nous voici dans la partie boisée des jardins de l'Exposition. Les éléments naturels préexistants en cet endroit sont venus apporter à l'architecte des jardins les ressources dont il a su tirer le meilleur parti en animant d'une somptueuse décoration florale les verdures sévères de ce parc. Ici, tout concourait à la création d'un site incomparable dont les séductions se succédaient sans interruption à travers le jardin d'Acclimatation raccordé, soudé, confondu à tel point avec le parc de la Boverie, qu'il semble que cela n'a jamais formé qu'un seul tout. Le parc de la Boverie, dernier vestige des prés superbement arborés de ce nom, est de création relativement récente.

Le grand chemin central qui les parcourait en serpentant avec élégance, dans toute leur longueur, révélait aux visiteurs les sites les plus charmants de ces deux parcs merveilleux.

A la boucle de l'étang du jardin d'Acclimatation, en un site qui s'y prêtait à ravir, se dessinait sur la berge déclive un curieux jardin japonais, exacte reproduction d'un jardin d'Extrême-Orient.

On y voyait des rocailles d'un agencement bizarre, des lanternes sculptées dans la pierre, des statues de jardins, des ponceaux minuscules en bambou, des chemins tortueux pavés de grandes dalles où trottaient menu des « mousmés » vêtues du « kimono » national, de petits arbres nains et pourtant très vieux, et dans sa maison curieuse, le jardinier nippon vêtu de son costume authentique.

Plus loin, se dressaient encadrés d'une végétation appropriée, d'eux portiques chinois comme on en voit à la Nécropole des empereurs à Moukden.

Celui qui voulait trouver un peu de calme au milieu de l'animation fiévreuse de la World's Fair, pouvait s'égarer là par les nombreux chemins de promenade, dans les bosquets embaumés de fraîcheur et de parfums, ou le long des eaux calmes de la Dérivation qui s'écoulaient en nappe lumineuse entre les deux berges abondamment fleuries du quai Mativa et du parc de la Boverie.

Tout à l'extrémité du promontoire de la Boverie, là où viennent se heurter en vagues qui se pressent et chevauchent les unes sur les autres en déchirant un liseré d'écume, les eaux tumultueuses et confluentes de la Meuse et de l'Ourthe, se déploie sous les yeux du promeneur, toute la splendeur architecturale du pont de Fragnée, rehaussé de balustrades de bronze et d'or et qu'animent ces grandes figures statuaires prodigieuses de mouvement.

Par la berge de la Dérivation de l'Ourthe où croissaient dans l'interstice des pierres, des courges aux flancs rebondis et que bordaient d'immenses parterres où des milliers de rosiers de toutes nuances étalaient une orgie de couleurs chatoyantes, nous nous rendons sur notre pont « Alexandre III », d'où se déroule aux yeux émerveillés le plus grandiose panorama qu'il soit possible de rêver en cet endroit. Le fleuve gronde sous nos pas, sillonné d'embarcations de tous genres et de bateaux-mouches légers et rapides. Au loin, vers la droite, se profilent les grands arbres de la Boverie et de l'Acclimatation qui laissaient deviner entre leurs bras feuillus le Palais des Beaux-Arts dans sa somptuosité classique, celui de l'Art ancien, pittoresque évocation des temps révolus, le pavillon de la Ville de Liège, ceux des colonies françaises aux aspects exotiques et une foule d'autres édifices qui constituaient un assemblage fantastique, déconcertant l'imagination, tel un prestigieux décor de féerie.

Vers la gauche, la Ville apparaît somptueuse, le long de ses admirables quais, et s'étage sur les flancs des montagnes jusqu'aux plus lointains sommets visibles, vers la citadelle et les hauteurs de Sainte-Walburge.

Plus près de nous, non loin de la rive droite du pont, les halls de l'industrie et des sections étrangères, empanachés de drapeaux et d'oriflammes, découpaient sur le ciel leur silhouette colorée, tandis que par delà le Vieux-Liège, coin de vie des époques lointaines, les hauteurs boisées de Kinkempois et de la vallée de l'Ourthe encerclaient l'horizon de leurs verdures profondes.

Le quartier de Fragnée fut celui des multiples attractions animées et bruyantes. Une large allée centrale, bordée d'une double plate-bande de fleurs, appuyée elle-même à un rideau de feuillage, menait à une élégante balustrade en exèdre, taillée dans la pierre éclatante d'Euville et encadrant le double plan incliné semi-circulaire. Ce plan incliné rachetait la différence de niveau 'entre la plaine de Fragnée et le quai du même nom au bord de la Meuse. Le talus, dont le pied baignait dans un bassin circulaire d'où émergeaient des nénuphars et d'où jaillissait le panache d'un jet d'eau, disparaissait lui-même sous un amoncellement de fleurs.

En dehors du champ principal de l'Exposition, mais non le moins bien situé, s'étage le plateau de Cointe et le parc entièrement nouveau, que M. van der Swaelmen, l'auteur des jardins de notre Exposition et des promenades qui survivront à celle-ci, y a créé.

Un site pittoresque et légèrement accidenté se prêtait à merveille à la conception d'une oeuvre d'art en matière de jardins.

Au point de vue Exposition, tout semblait y être disposé déjà par la nature en vue d'y présenter agréablement tout ce qui est du domaine de l'Horticulture. Le plateau adossé vers le nord à une colline boisée, abrité contre les vents froids, présente aux rayons du soleil une vaste plaine légèrement déclive où toute la flore du monde était représentée. Il y avait là des arbres exotiques et indigènes de toutes les essences, des arbustes à fleurs, d'autres à feuillage ornemental, des fleurs de toutes les espèces et constamment renouvelées. Tout un massif était réservé à la flore japonaise représentée notamment par une incomparable collection de lys, et plus tard de chrysanthèmes. Dans le massif s'élevaient deux lanternes japonaises authentiques, sculptées dans la pierre, massives, curieuses et du plus pittoresque aspect.

Une pièce d'eau était réservée aux plantes aquatiques où s'épanouissaient des nymphéas bleus, blancs, jaunes et rouges. On pouvait y voir un site rocheux où croissaient des plantes alpines, un chemin creux tapissé de toute la collection de fougères. Tous ces aspects les plus variés de la flore étaient coordonnés logiquement de manière à donner l'impression d'un parc conçu d'un seul jet où toutes les séductions florales sont réunies.

Un quartier pour l'installation de serres de divers genres, du matériel horticole et des appareils de chauffage, un autre réservé aux pépinières, aux arbres fruitiers, au jardin potager modèle complétaient cette installation embrassant l'universalité des matières qui concernent le règne végétal. A l'arrière plan du jardin de l'horticulture était aménagée une vaste plaine où trouvaient place les baraquements et les locaux couverts pour les expositions temporaires d'agriculture, les concours de chevaux et de bétail, les sports et les jeux athlétiques.

Enfin, vers la droite, sur le versant de la colline, appuyée aux grands arbres du bois, la jolie silhouette d'un groupe de maisons ouvrières.

Et, ce qui ne fut pas le moindre attrait du plateau de Cointe, c'est l'admirable point de vue dont on jouit. Un chemin de promenade bordé de fleurs serpente à l'extrême bord du plateau, largement ouvert sur le prodigieux panorama que l'on admire du milieu du fleuve, mais que l'on voit maintenant de beaucoup plus haut, s'étendant à perdre de vue jusqu'aux brumes lointaines de la Hollande, du Pays de Herve et du Condroz; au centre de la vallée, le fleuve déroule son ruban d'argent qu'enjambe toute une enfilade de ponts. Et de la Ville d'où émergent les clochers de ses églises et les tours de ses palais, s'élevait une rumeur de vie intense, les cris de joie d'une foule en fête, des musiques de cuivre, les sirènes des milliers de machines à vapeur, le roulement du tonnerre des marteaux sur le fer dans les forges et dans les usines, et les panaches de fumée s'enroulant à la hampe des hautes cheminées comme les drapeaux multicolores qui flottaient joyeusement sur tous les édifices. C'était chaque soir un attachant spectacle que de voir du haut de la colline s'embraser toute la plaine. Les rues de la ville apparaissaient comme de longs rubans de feu, les édifices illuminés pointaient de partout, le vaste champ de l'Exposition s'irradiait plus lumineux que tout le reste, taudis que plus loin, sur les « terrils » des usines, les coulées de scories incandescentes et les flammes intenses des convertisseurs, tel le chalumeau gigantesque d'un Titan, faisaient penser à des torrents de laves descendant de quelque cratère!

PLAN DU SITE