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L'enseignement à Liège

Les Frères de la vie commune de la Maison
de Saint Jérome de Liège (1495 - 1595)

par Léon HALKIN

1649-Blaeu-Ancien couvent des Frères Hieronymites devenu le collège des Jesuites en Ile - N° 48 au dessus de la tour en bêche

Le couvent des Hieronymites se situe à la pointe droite de l'île au n° 48

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Fondé à Deventer en 1384, l'institut des Frères de la Vie commune ou Hiéronymites se propagea d'abord dans les régions voisines de cette ville, où les plus anciennes Maisons furent érigées à Zwolle (1384), à Amersfoort (1395) et à Delft (1401); celle de Bois-le-Duc ne remonte qu'en l'an 1424 (1). Cependant, déjà avant la fin du XIV e siècle, en 1397 au plus tard, des Frères vinrent s'établir à Liège, sur l'invitation de Jean de Bavière, pour y prendre la direction de la Maison des Bons-Enfants que ce prince avait résolu d'installer dans les locaux de l'hôpital Sainte-Elisabeth, situé à proximité du palais épiscopal (2). Il est vrai que cette expérience fut loin d'être heureuse et que Jean de Heinsberg dut bientôt se résigner à faire procéder à la réforme totale de ce couvent et à le transformer en un monastère de chanoines de Saint-Augustin, qui fut incorporé en 1433 à la congrégation de Windesheim.

1553 - Le couvent des Hieronymites à l'extrême gauche et le pont des Arches à droite
1553 - Le couvent des Hieronymites à l'extrême gauche et le pont des Arches à droite
avec la chapelle Ste Barbe surmontée d'une croix derrière la Dardanelle.
(Coll Archives de l'Etat à Liège)

Le second établissement des Hiéronymites à Liège, dont l'existence devait se prolonger exactement pendant un siècle, est de date beaucoup plus récente; c'est même leur dernière fondation sur le territoire de la Belgique actuelle. En 1495, à la requête de Jean de Hornes et du Magistrat de la cité, les Frères de Bois-le-Duc acceptèrent de venir ouvrir une filiale dans le quartier de l'Ile et d'y organiser, dans une Maison qu'ils placèrent sous le patronage de saint Jérôme, un collège d'un type assez original; il comportait d'abord six années d'humanités gréco-latines, puis deux années de cours supérieurs consacrées principalement à l'étude des mathématiques, de la logique, du droit et de la théologie. Le nombre des élèves ne tarda pas à s'élever à plus de seize cents, de sorte qu'il n'était, dépassé qu'à Deventer dans les autres écoles des Hiéronymites; les moins fortunés recevaient gratuitement la nourriture et le logement dans un convict, appelé Dormis pauperum clericorum Sancti Gregorii, qui était doté d'abondants revenus; les externes payaient par trimestre un minerval de trois sous de Brabant. Les jeunes gens qui se destinaient à la carrière ecclésiastique bénéficiaient en somme dans cet institut d'une formation spéciale analogue à celle qui fut dispensée plus tard par les premiers séminaires; ceux qui avaient l'ambition d'aller ensuite s'inscrire au rôle d'une université y trouvaient une initiation précieuse à plusieurs disciplines académiques. Les collégiens étaient souvent autorisés à donner au public de la ville des représentations dramatiques; ils jouaient soit des comédies empruntées au théâtre antique, soit des pièces néo-Latines composées par leurs professeurs eux-mêmes ( voir MACROPEDIUS). Les promotions annuelles s'accompagnaient de concertations et de distributions solennelles de prix (3).

L'excellence de l'organisation interne du Collège Saint-Jérôme produisit une impression si profonde sur Jean Sturm, qui avait pu l'apprécier pendant quatre années, qu'il n'hésita pas à le proposer comme modèle aux scolarques de Strasbourg pour le gymnase protestant dont ils avaient décidé l'érection en 1538. Mais l'étonnante prospérité de l'établissement liégeois s'explique surtout par la valeur scientifique et pédagogique de son corps professoral, qui comptait d'ordinaire plusieurs maîtres ès-arts, comme aussi par la haute valeur de l'éducation religieuse et morale que les Frères donnaient à leurs élèves.

Ainsi que la Maison-mère de Bois-le-Duc, celle de Liège avait à sa tête deux recteurs, qui n'avaient ni le même rang, ni les mêmes attributions. Le plus élevé en dignité était le supérieur de toute la communauté; il portait ordinairement le litre de pater, devait avoir reçu l'ordination sacerdotale et tenait ses pouvoirs de l'élection; il avait la direction spirituelle des Frères, leur dispensait les sacrements et s'efforçait, par sa parole et son exemple, de les conduire dans les voies de la perfection chrétienne. Il ne portait pas d'insignes particuliers et devait se contenter à table de l'ordinaire de la Maison. C'est lui aussi qui choisissait les autres dignitaires, notamment le procureur, qui était chargé de l'administration temporelle, et le bibliothécaire, qui prenait soin des livres et des manuscrits et s'occupait de la confection des reliures et des miniatures (4).

Quant au recteur du Collège proprement dit, il avait la direction de la Maison Saint-Grégoire et y jouait le rôle d'un préfet des études et de la discipline. Tous les professeurs étaient placés sous son autorité immédiate; il fixait le programme des leçons et des exercices; il arrêtait la liste des auteurs, formait les décuries et en désignait les moniteurs. A la fin de l'année, il appréciait les progrès des élèves et décidait de leur passage dans une autre classe. Mais, quelque importantes que fussent ses fonctions, il restait toujours soumis à la surveillance du supérieur du couvent Saint-Jérôme; celui-ci possédait donc un véritable droit de regard sur toute l'organisation scolaire (5).

Nous nous sommes proposé, dans les pages qui suivent, de retracer la carrière de quarante-sept Frères qui ont appartenu à la Maison Saint-Jérôme et dont nous avons réussi à retrouver les traces. Si nous y sommes parvenu, c'est principalement grâce à un dépouillement systématique des multiples documents d'archives relatifs à cette Maison qui sont conservés dans les dépôts de Liège et dont un petit nombre seulement ont été publiés jusqu'ici. Les Hiéronymites qui nous sont connus par d'autres sources sont assez rares; il y a d'abord les trois premiers supérieurs Henri de Diest, Paul Sluyter de Bois-le-Duc et Jean Malcoir de Fooz, dont les noms se lisaient jadis sur l'épitaphe qui ornait leur tombeau commun dans l'église Saint-Jérôme. Citons ensuite Arnold d'Eynatten et Lambert de Brogne, dont Jean Sturm a fait l'éloge dans sa correspondance. On sait enfin que Georges Macropédius et Libert Houthem ont conquis une réelle notoriété par la publication d'ouvrages littéraires et de livres scolaires qui leur ont valu l'honneur de figurer dans la Biographie Nationale.

On ne trouve malheureusement dans ces archives ni registre de profession, ni nécrologe, où nous aurions eu chance de recueillir de précieux renseignements biographiques. Il s'agit presque toujours d'actes d'acquisition ou d'aliénation de biens et de rentes, dans la conclusion desquels les Frères ont été appelés à intervenir, soit isolément, soit en corps. Plusieurs de ces documents signalent les rentes viagères, payables en nature ou en espèces, que certains religieux touchaient annuellement sur leur part d'héritage (portio vitalis, pensio vitalis, hereditas paterna); on peut y glaner souvent des indications utiles sur l'origine et la famille des bénéficiaires.

Dans tous ces textes, les Frères sont généralement désignés par un simple prénom, suivi de l'indication de la localité d'où ils proviennent; les noms patronymiques y sont exceptionnels et les noms dits de religion complètement inusités. La forte proportion des Frères de langue néerlandaise s'explique par cette double circonstance que la plupart des Maisons des Hiéronymites ont été établies dans les provinces septentrionales des Pays-Bas et que celle de Liège a été fondée par des religieux qui y furent transférés de Bois-le-Duc.

Voici l'énumération des principales catégories d'archives, que nous avons consultées, avec l'indication des sigles employées dans nos références:

C H = Cartulaire des Hiéronymites: Stipites bonorum Fratrum Sancti Hyeronimi (sic) in insula Leodii et bonorum pauperum Sancti Gregorii simul religati anno 1675. Un volume in-4° de XXIX et 56 fos. Archives de l'Evêché, C. VII. 20.

C S L = Cartulaire de l'église Saint-Lambert, t. V (Liège, 1913), publié par Ed. PONCELET. Fonds de la cathédrale Saint-Lambert, aux Archives de l'Etat.

F H = Fonds des Hiéronymites, aux Archives de l'Etat.

G H = Liasse de 14 documents originaux et de 2 copies. Archives de l'Evêché, G. VIII. 18.

R R = Registre des revenus des Hiéronymites: Registrum Domus pauperum Sti Gregorij apud Fratres necnon Fratrum conventus Domini Hyeronimi reddituum, 1516 ad 1610. Un volume in-4° de 510 fos . Archives de l'Evêché, C. VII. 19.

Dans un certain nombre de ces actes, on voit les Frères, assemblés en chapitre, prendre des décisions dont le texte débute par l'énumération de tous les religieux qui y ont participé; ceux-ci y sont régulièrement classés par ordre hiérarchique et selon leur degré d'ancienneté dans chacune des trois catégories de prêtres, de clercs et de frères-lais (6). Comme, par souci de brièveté, nous renvoyons souvent à ces listes, nous en donnons ici le relevé avec la composition, la date et la référence de chacune d'elles:


I. — Liste de onze Frères: 19 avril 1508. CH, f° II v° (copie).

« Henricus Diest rector, Paulus Sluyter, Wilhelmus Haerlen, Abraham de Leodio, Cornélius Helvort, presbyteri; Egidius de Fléron, Hermannus Kempis, Ghisbertus de Buscoducis, Libertus de Awans, Lambertus Brongne, Hubertus Brée conventum seu saniorem partem conventus domus Fratrum Sanctorum Hieronimi et Gregorii in insida civitatis Leodiensis situate représentantes et facientes... »


II. — Liste de quatre Frères: 27 juin 1531. C H, f° 30 (copie).

« Religiosi viri fratres Embertus Goeswini de Osterwijck presbyter pater pretacte domus Fratrum de communi vita in insula Leodiensi site, fratres Paulus Sluters et Petrus de Cameraco etiam presbyteri dicte domus Fratrum in insula Leodiensi professi et religiosi et cum eis supranominatus frater Cornélius Helvort professus etiam ejusdem domus tam pro se quam pro ceteris dicte domus Fratrum in insula Leodiensi site Fratribus et professis absentibus... »


III. — Liste de quatre Frères: 5 septembre 1532. F H, n° 2.

« Nos Embertus Goswini de Oesterwijck pater, Paulus Sluter. Guilhelmus Mylen et Joannes de Maeseick, Fratres domus clericorum Sancti Hieronymi in insula Leodiensi site...»


IV. Liste de quatre Frères: 6 avril 1536. G H, n° 6. — R R, f° 356 v° (copie).

« Nous frère Paulus de Bois-le-Ducke pater, frère Wilhéamme Harlem, frère Pier de Cambraie, frère Cornelis de Helworte, ensemble partie faisants pour tout le couvent généralité des Frères Fratres situez en la cité de Liège... »


V. — Liste de douze Frères: 4 décembre 1542. R R. f° 357 v° (copie).

« Nous Arnuld Eynetten pater, frère Cornelis Helwort, frère Gerlaixhe d'Aixhe, frère Getzianne de Villers, frère Thomas de Mollenbaix, frère Henri Milen, frère Henry Borset, frère Renier Vilemme, frèro Johan Ytteren, frère Johan Eclen et frère Gérard d'Aixhe, faisant partie si que frères et professes de la maison des Fratres, orde de Sainct Jéromme, avons unanimement et d'ung commun accord donné et par ces présentes donnons plaine puissance, charge et authorité à frère Willéame Milen, notre procureur et recepveur, de comparoir par devant toutte personne ou juge...»


VI. —- Liste de dix Frères: 10 août 1544. DARIS, Bull, de l'Inst. arch. liégeois, t. XI (1872), p. 225.

« Arnoldus Eynaten pater, Cornélius Helvort librarius, Gentianus Villers, Henricus Mylen, Thomas de Molembaye, presbyteri; Henricus Borset, Wilhelmus Verlaine, Johannes Maeseyck et Gerardus Aquensis, clerici, fratres et religiosi domus S. Hieronymi in insula civitatis Leodiensis sitae, de communi vita nuncupati, capitulum seu convention praetactae domus facientes et constituentes... »


VII. —- Liste de douze Frères: 18 février 1545. R R, f° 354 (copie).

« Nous fratres Arnult Eynetten pater, Cornélius Helwert, Gentzianne de Villers, Henry Milen, Thomas de Mollembay, Henry Borset, Guilheam de Verlen, Johan Borchloen, Gielet de Bleray, Gérard d'Aixhe et Johan Eelen, frers et professes en l'église, maison et couvent de Sainct Jhéromme condist les Fratres en Ysle à Liège, avons conamment et d'ung commun accord... donné charge... à frère Willem Milen, nostre procureur et recepveur... »


VIII. — Liste de dix Frères: 20 août 1545. FH, n° 4.

« Wij broederen Arnolt Eynetten pater, Cornelisvan Helvort, Gentianus Villers, Thomas de Gesto Sancti Johannis, priesters; Johannes van Brochloen, Gielis van Blerey, clercken, ende Johannes van Maeseick, professende broederen van clooster ende godshuys der Frateren van Sinte Jeronimy gelegen in der stadt van Ludick... Wilhems van Myelen procurateurs, Henrix van Myelen ende Henrix Pryem alias Borsset, professy- der religiosen der convent vorschrijve...»


IX. Liste de quatre Frères: 28 juillet 1552. R R, f° 370 (copie).

« Nos fratres Arnoldus de Eynatten pater, Henricus Milen, Gentianus Villeers et Henricus Borset, presbyteri et religiosi domus Sancti Hieromini... »


X. — Liste de dix Frères: 24 novembre 1554. G H, n° 15, p. 12 (copie).

« Nous frère Arnould d'Enatenne pater, Gille Mentoye procureur, Guilham (sic) Villers, Hendricke Millers, Thomas de Gesto Hoannes, Hendrick Molle de Bruxellis, prêtres; Christianne Millen, Jehan d'Elderenne, clercqs; Sébastianne Hermalle et Pieter, frères religieux professes en la monastère et couvent de Sainct Jerosme en Isle à Liège... »


XI. — Liste de dix Frères: 6 mars 1556. C S L, n° 4029.

« Nos fratres Arnoldus Eynetten pater, Egidius Menjoye procurator, Gentianus Villers, Henricus Myelen, Thomas de Gesto Johannis, Christianus Myelen, Henricus de Bruxellis, Johannes Elderen, Petrus de Freris ceterique professi monasterii fratrum... »


XII. — Liste de trois Frères: 10 février 1557. R R, f° 371 v° (copie).

« Nos fratres Arnoldus de Eynatten pater, Gentianus Villers, Henricus Milen rector... »


XIII. Liste de huit Frères: 24 mai 1558. GH, n° 14. — RR, f° 355 (copie).

« Nos fratres Arnoldus Eynatten pater, Egidius Menjoye procurator, Gentianus Villers librarius, Henricus Pauli de Mielen rector, Thomas de Gesto Johannis, Christianus Huesdem de Mylen, Henricus Mola Bruxellensis, presbyteri, et Petrus Freris sartor, religiosi professi domus Fratrum sive Sancti Hieronimi de communi vita vulgariter nuncupati in insula Leodiensi degentes... »


XIV. —Liste de sept Frères: 7 septembre 1581. CSL, n° 4352. — R R, f° 388 v° (copie).

« Frère Henri de Millen pater et recteur, Thomas de Jehanges (sic), Hubert de Seraing, Johan Denis delle Boskée, Arnoul de Viller, Philippe Hoxs et Remy Fabri, tous frères dudit collège des Fratres capitulairement et solempnellement congrégez et assemblez en leur dite maison et lieu capitulaire... »


XV. — Liste de cinq Frères: 3 décembre 1587. R R, f° 375 v° (copie).

« Vénérables et honorables seigneurs Mesire Henry Milen, chanoine de l'égliese de St. Paul superintendent, Mesire Thomas de Gesto Johannis, frère Hubert Seraing, Mesire Johan Boeschelt chanoine de St. Denis en Liège et Mesire Remy Paludanus (sic), tous confrers de l'ordre condist des Fratres, capitulairement en leur maison scituée près de St. Jacque congrégez et assemblez... »


XVI. — Liste de quatre Frères: 6 avril 1596. R R, f° 390 v° (copie).

« Vénérables sires Hubert de Seraing chanoine de l'engliese collégiatte de St. Pol, Jean Denis a Bosqueille chanoine de St. Denis, Denis (sic) Faber curé de Lanthin et Arnuld Egidii curé de Villers-l'Evesque, tous confrères de la congrégation Monseigneur Sainct Jérosme condist communément les frères Fratres en Liège... »


Nous publions ci-après ces biographies en les classant dans l'ordre chronologique et en indiquant, en tête de chacune d'entre elles, les années pendant lesquelles la présence du Frère est attestée à Liège. On trouvera ainsi, dans la suite de ces notices, une esquisse sommaire des annales du Collège Saint-Jérôme. On sait qu'après avoir connu une ère assez longue de prospérité, cet établissement était tombé, sous le règne de Gérard de Groesbeek, dans une soudaine décadence; le nombre des élèves, comme celui des maîtres eux-mêmes, ne cessait de diminuer et la communauté perdait peu à peu la vigueur de sa discipline primitive. Le prince-évêque se résolut alors à enlever aux Hiéronymites la direction du Collège pour la confier à un ordre nouveau, la Compagnie de Jésus, qui lui paraissait à bon droit l'emporter sur eux par sa forte centralisation, par son habileté à combattre l'hérésie et par la supériorité de ses méthodes pédagogiques.

Après de pénibles négociations, les Frères acceptèrent, par une convention en date du 28 septembre 1580, de céder aux Jésuites leur couvent ainsi que leur église, moyennant l'octroi de certains avantages qui seraient garantis aux membres de la communauté. Les Pères purent s'installer dans les locaux de l'Ilot Hochet le 10 novembre 1581 et y ouvrir leurs premières classes le 30 avril de l'année suivante. Enfin, par sa bulle du 23 mars 1595, Clément VIII prononça en fait la dissolution de l'institut liégeois des Hiéronymites en décidant que tous les biens qu'ils possédaient encore seraient affectés à la mense capitulaire de la collégiale Saint-Paul. Mais au cours des cent années qui s'étaient écoulées à cette date depuis la fondation de la Maison Saint-Jérôme, les disciples liégeois de Gérard Groote avaient singulièrement contribué, par leur spiritualité ascétique, leurs prédications, leurs publications et leur enseignement, à favoriser dans le diocèse, non seulement la diffusion de la « dévotion moderne », mais aussi et surtout l'efflorescence de l'humanisme.


1. — Henri de Diest (1495-1520)


Henri de Diest fut le fondateur et le premier recteur de la Maison liégeoise des Frères de la Vie commune. Né à Diest, ville du duché de Brabant qui appartenait alors au diocèse de Liège, il fit probablement ses études moyennes au Collège de Bois-le-Duc et ses études supérieures à l'Université de Louvain. En tout cas, il avait déjà conquis le grade académique de maître ès-arts et il avait même reçu l'ordination sacerdotale lorsque, en septembre 1495, il est cité pour la première fois dans les documents relatifs au Collège Saint-Jérôme (7). A cette époque, il faisait partie du couvent des Hiéronymites de Bois-le-Duc, lesquels dirigeaient avec grand succès un convict destiné aux élèves fréquentant le Collège de cette ville. C'est alors aussi que le prince-évêque Jean de Hornes, en plein accord avec le Magistrat de la cité, entreprit des démarches auprès de Jean de Brée, recteur de la Fraterhuis de Bois-le-Duc, pour qu'il consentît à la fondation d'une filiale à Liège (8).

Lorsque Jean de Brée, après avoir mûrement examiné la question, se fut décidé pour l'affirmative, il se rendit à Liège, accompagné de Henri de Diest et de quelques autres religieux, pour y visiter la ville et y chercher l'emplacement qui conviendrait le mieux à la réalisation du projet. Leur choix se porta sur un endroit du quartier de l'Ile encore inculte, qui était entouré de deux bras de la Meuse et appelé l'Ilot Hochet; c'est là que s'élèvent aujourd'hui les bâtiments principaux de l'Université.

Ce fut à Henri de Diest qu'incomba la tâche délicate de présider à l'organisation de la nouvelle communauté et de prendre les mesures nécessaires à l'édification de l'église et du couvent. Il commença par s'occuper de l'église, qui fut dédiée à Saint Jérôme et dont il fit poser la première pierre le 27 mai 1495; mais ce ne fut que treize ans plus tard, le 21 janvier 1509, qu'Erard de la Marck, le successeur de Jean de Homes, put procéder à la consécration.

Quant au couvent, sa construction, qui ne devait durer qu'une année environ, fut commencée le 26 juillet 1496. Dans le courant du même mois, pour surveiller la marche des travaux, Henri de Diest transféra sa résidence à Liège et vint s'établir, avec quelques confrères de Bois-le-Duc, dans le prieuré Ste-Marie-Magdeleine situé dans le voisinage de l'église St-Paul (9). C'est dans les cloîtres de cette collégiale qu'il réunit d'abord ses premiers élèves et leur fit commencer leurs études d'humanités. Enfin, vers le milieu de l'année 1497, il put prendre possession des locaux de l'Ilot Hochet. Dès le mois de juin 1496, les autorités communales lui donnent, dans les documents officiels, les titres de pater, de souverain pater ou de recteur des Fratres de Liège (10). Il lui fallut toutefois attendre encore trois ans avant d'obtenir, le 7 juin 1499, que le Chapitre cathédral de Saint-Lambert approuvât sans réserve la nouvelle institution et s'engageât à la prendre sous sa protection perpétuelle (11).

Pour faciliter aux écoliers pauvres la fréquentation du Collège St-Jérôme, Henri de Diest fonda à leur intention la Domus pauperum clericorurn Sancti Gregorii, qu'il organisa sur le modèle de celles de Zwolle et de Bois-le-Duc. On le voit, dès le 29 novembre 1501, solliciter avec succès la générosité des fidèles pour procurer à ce convict un patrimoine substantiel de biens-fonds et de revenus annuels. Le 6 août 1502, il acquit, dans le voisinage immédiat du couvent, une maison, sise en la rue des Carmes, pour y loger et y entretenir « les poeuvres clercques qui venront alle escolle ausdis Fratres d'an en an perpétuellement ». Il obtint ensuite, le 15 mai 1504. la libre disposition d'une autre maison, proche de la première, pour des pouvres enffans estudians des Fratres en Liège» (12).

Le 19 avril 1508, une résolution adoptée par l'assemblée générale des Frères, sous la présidence du recteur Henri de Diest, reconnaissait qu'aux termes d'une fondation d'Everard de la Marck, oncle du Cardinal, en date du 7 février 1496, ils bénéficiaient d'une rente annuelle de cent florins de Brabant et qu'en retour ils étaient tenus notamment d'éduquer gratuitement deux écoliers pauvres désignés par la famille du fondateur (13). Les archives des Hiéronymites mentionnent encore, de 1510 à 1519, sous le rectorat de Henri de Diest, l'acquisition de diverses rentes en espèces ou en nature, ainsi que de propriétés foncières, non seulement au profit de la Maison St- Grégoire (14), mais aussi et surtout du couvent St-Jérôme (15).

Comme c'était la coutume dans toutes les communautés des Frères, Henri de Diest veilla soigneusement à ce que les procureurs tinssent une comptabilité régulière des payements des cens et des rentes effectués par les débiteurs ou par leurs héritiers; mais les plus anciens registres de comptes que l'on ait conservés remontent seulement à l'année 1516 pour les cens, et à l'année 1525 pour les rentes (16).

La correspondance de Jérôme Aléandre nous fournit quelques détails intéressants sur le Collège de Liège à la fin de l'époque où Henri de Diest présidait à ses destinées. Le célèbre humaniste italien nous apprend d'abord que le corps enseignant comptait en 1515 un professeur réputé, Nicolas Nickman de St-Trond, qui, bien que simple prêtre séculier, avait cependant sa résidence au couvent; c'est la preuve qu'à cette date déjà, les Hiéronymites liégeois faisaient appel à des maîtres étrangers à leur institut (17). Aléandre fait ensuite allusion à une maladie contagieuse qui décima alors la population du Collège et lui enleva une douzaine d'élèves (18). Au reste, il ne semble pas faire grand cas de la plupart des Hiéronymites avec lesquels il entra en relations et dont sans doute il n'était pas capable d'apprécier la simplicité tout évangélique (19). Il avoue toutefois qu'il a fini par découvrir dans le couvent, en remplacement de Nicolas Nickman trop occupé, un excellent précepteur, qui pourrait être chargé de l'éducation du jeune neveu d'Erard de la Marck (20).

Henri de Diest s'éteignit le 4 janvier 1520, après avoir dirigé sans interruption, durant près d'un quart de siècle, le Collège St-Jérôme et la Maison St-Grégoire et en avoir assuré la prospérité. Pour perpétuer le souvenir de son nom, les Hiéronymites lui érigèrent dans leur église un tombeau, qui recueillit ensuite la dépouille mortelle de ses deux premiers successeurs, Paul de Bois-le-Duc et Jean Malcoir de Fooz. C'est ce que nous apprend le texte de leur épitaphe, dont une copie lacuneuse nous a été conservée par l'abbé Ernst: « Hic jacet sepultus venerabilis Pater Dominus Henricus... primus fundator domus hujus, qui obiit anno Domini MVeXX mensis januarii die quarta, et Pater Paulus de Busco Ducis secundus anno 1532, et Pater Johannes... » (21).

Ce monument funéraire disparut sans doute lorsque les Jésuites, successeurs des Hiéronymites dans le couvent de l'Ilot Hochet, firent démolir l'église St-Jérôme, qu'ils avaient remplacée par un sanctuaire plus vaste, qui fut dédié au Saint-Sacrement en l'an 1701 (22).


2. — Paul Sluyter de Bois-le-Duc (1508-1536)


La plus ancienne mention de ce Frère que nous rencontrions dans les archives liégeoises date du 19 avril 1508 et figure dans l'acte par lequel les Hiéronymites reconnaissaient les obligations qui leur incombaient en raison de la fondation faite en leur faveur en 1496 par Everard de la Marck; sur la liste des religieux qui formaient alors la communauté, Paul Sluyter est cité immédiatement après le recteur et en tête des autres presbyteri (cf. supra, liste n° I). Comme il était originaire de Bois-le-Duc, il est très probable qu'il avait fait sa profession dans la Fraterhuis de cette ville et qu'il se trouvait au nombre des Hiéronymites qui vinrent fonder à Liège le Collège St- Jérôme sous la conduite de Henri de Diest. C'est pour cette raison sans doute qu'à la mort de celui-ci, le 4 janvier 1520, ses confrères le choisirent pour lui succéder en qualité de supérieur. Il paraît avec ce titre pour la première fois dans un acte du 28 janvier 1523, qui est relatif à un accroissement du domaine du couvent sur l'Ilot Hochet (23). Dans la suite, de 1524 à 1527, et en sa qualité de pater des Frères, il effectua plusieurs acquisitions de rentes en nature au profit des pauvres clercs de la Maison St-Grégoire, dont il est dit « le directeur et principal administrateur » (24).

Il faut placer à l'époque de son rectorat le séjour à Liège, comme élèves du Collège St-Jérôme, de deux jeunes Luxembourgeois originaires de Schleiden dans l'Eifel, Jean Sleidan et Jean Sturm, qui devaient passer plus tard à la Réforme et s'illustrer, l'un par ses travaux historiques, l'autre par son activité pédagogique. Lorsque les scolarques de Strasbourg décidèrent en 1538 de fusionner les écoles latines de la ville et d'y fonder un gymnase, Jean Sturm, auquel cette mission avait été confiée, résolut d'organiser cet établissement sur le modèle de celui dont il avait fréquenté les cours durant quatre années, de 1521 à 1524, et auquel il était redevable de son excellente formation d'humaniste. Le Rapport qu'il rédigea à cette occasion nous révèle, avec un grand luxe de détails, le programme des études, les méthodes d'enseignement et l'organisation intérieure du Collège St-Jérôme à l'époque où Paul Sluyter était chef de la communauté; le nombre des élèves s'élevait alors à plus de seize cents; les six classes inférieures n'avaient chacune qu'un maître, tandis que les deux plus élevées en comptaient plusieurs, lesquels étaient chargés d'y enseigner des branches réservées d'ordinaire aux universités, à savoir les mathématiques, la logique, le droit et la théologie; quant au recteur du Collège, qui avait la direction générale des études et veillait au maintien de la discipline, il était néanmoins placé sous le contrôle du supérieur du couvent (25).

C'est également Jean Sturm qui, dans sa correspondance, nous fait connaître les noms de quatre professeurs dont il fut l'élève à Liège: d'abord deux séculiers Maître Nicolas Nickman et Maître Henri de Brème, puis deux religieux Frère Lambert de Brogne et Frère Arnold d'Eynatten; c'est à ce dernier qu'il avait voué l'affection et la gratitude la plus vive (26).

Après avoir exercé pendant une dizaine d'années l'autorité suprême au monastère St-Jérôme, Paul Sluyter, à la suite de circonstances que nous ignorons, rentra dans le rang. Aux termes d'un acte du 14 décembre 1520, il comparaît devant les échevins de Liège, « partie faisant pour ladite maison, engliese et couvent des Fratres », dans le dessein d'acquérir une rente de 4 muids d'épeautre; mais il y est simplement appelé « Frère Paulus de Bois-le-Duc ». Dans la suite, le titre de pater est attribué à Jean Malcoir de Fooz (15 mars et 12 juillet 1530), puis à Embert Goeswin (27 juin 1531 et 5 septembre 1532). Toutefois sa retraite ne fut pas définitive, puisque, dans le dernier acte où son nom figure, celui du 6 avril 1536, il est dit derechef « Frère Paulus de Bois-le-Duc pater » (liste n° IV).

Au surplus, si nous ne connaissons pas la date exacte de sa réélection, nous sommes dans la même ignorance en ce qui concerne celle de sa mort. En tout cas, on ne peut admettre qu'il soit décédé en 1532, comme semble l'indiquer l'épitaphe gravée sur le tombeau commun qui fut érigé dans l'église St-Jérôme aux deux fondateurs et premiers recteurs du couvent. L'abbé Ernst, qui nous en a conservé le texte, a évidemment commis une faute de transcription (27). Ce fut sans doute dans les derniers mois de l'an 1536 qu'il vint à mourir, puisque, dès l'année suivante, le gouvernement de la Maison fut confié, pour la seconde fois, à Jean Malcoir de Fooz.


3. — Guillaume de Harlem (1508-1536)


Ce Frère, qui figure le 19 avril 1508 sur la plus ancienne liste des Hiéronymites que nous possédions (liste n° I) et qui y occupe la 3° place parmi les presbyteri, faisait probablement partie du petit groupe des religieux de la Maison-mère de Bois-le-Duc qui vinrent fonder une filiale à Liège en 1495, sous la direction de Henri de Diest. Les listes suivantes, celle du 27 juin 1531 (n° II) et du 5 septembre 1532 (n° III) étant incomplètes, il ne faut pas trop s'étonner de n'y pas rencontrer son nom. On le retrouve encore sur la liste dressée le 5 avril 1536 (n° IV), où il est cité immédiatement après le nouveau recteur Paul de Bois-le-Duc. Comme il n'est pas mentionné sur la liste complète établie le 4 décembre 1542 (n° V), on doit supposer qu'il était décédé à cette date.

Guillaume de Harlem est l'auteur de deux prières fort touchantes, l'une pro docilitate, l'autre pro bono et salutari fine, que Simon Verrepaeus a publiées une trentaine d'années après sa mort, en les attribuant à « Gulielm(us) Harlem(ius) rector domus Hieronymianae Leod(ii) » (28). Si l'éditeur était bien informé, Guillaume de Harlem aurait donc été le supérieur de la Maison St-Jérôme de Liège; mais, comme on ne possède aucun document où il soit cité avec le titre de pater du couvent, il est beaucoup plus probable que Verrepaeus a confondu la Domus S. Hieronymi avec la Domus S. Gregorii et que Guillaume de Harlem n'a été revêtu que de la charge secondaire de recteur des pauvres clercs; il bénéficia sans doute de cette promotion à la fin de sa carrière, aux environs de l'an 1536.


4. — Abraham de Liège (1508)


Ce Frère est cité, à la 4e place, au nombre des prêtres de la Maison de Liège, dans l'acte du 19 avril 1508 (voir supra, liste n° I). Il mourut probablement avant le 27 juin 1531, puisque son nom ne figure pas sur la liste n° II, dressée à cette date, mais qui n'est pas complète.


5. — Corneille de Helvoirt (1508-1545)


La plus ancienne mention de ce Frère se rencontre dans la liste dressée le 19 avril 1508, où il occupe la 5e place parmi les presbyteri (liste n° I). Comme il était originaire de Helvoirt, village situé à proximité de Bois-le-Duc, on peut conjecturer qu'il avait fait sa profession dans le couvent de cette ville et qu'il était au nombre des Frères qui vinrent fonder la Maison de Liège en 1495. Il semble bien qu'il succéda à Jean de Hasselt, dans la charge de procureur; en tout cas, il porte ce titre dans une nombreuse série d'actes relatifs aux biens et rentes du couvent St-Jérôme, qui s'échelonnent entre le 10 novembre 1528 et le 22 décembre 1539 (29). Peut-être même sa désignation remonte-t-elle à l'année 1525, date à laquelle commence le Registrum fratrum conventus Sti Hieronymi.

Il fut remplacé dans cet office, dès avant le 24 juillet 1450, par le Frère Gerlae d'Aix-la-Chapelle. Sur la liste dressée le 4 décembre 1542, il est inscrit à la 2e place immédiatement après le pater, mais sans aucun titre (liste n° V). Sur la liste dressée le 10 août 1544 (n° VI), ainsi que dans un acte du 12 août suivant, il porte le titre de librarius (30); mais il ne garda pas longtemps la direction de la bibliothèque du couvent, puisque, dans les deux derniers documents où il est cité, le 18 février 1545 (liste n° VII) et le 26 août 1545 (liste n° VIII), on ne lui donne plus ce titre. A cette époque, il était sans nul doute le doyen d'âge de la communauté liégeoise. Comme il ne figure pas sur la liste du 28 juillet 1552 (n° IX), on peut en conclure qu'il n'était plus en vie à cette date.


6. — Gilles de Fléron (1508)


Ce Frère n'est mentionné que dans un seul document, en date du 19 avril 1508, qui nous fait connaître la plus ancienne liste (n° I) des Frères du couvent St-Jérôme; il y figure à la sixième place, en tête des clerici. On doit le ranger parmi les premières recrues que les Hiéronymites firent au pays de Liège dans la population wallonne. Il mourut probablement avant le 27 juin 1531, puisqu'il n'est pas cité dans la liste n° II, établie à cette date.


7. — Herman de Kempen (1508-1522)


Ce religieux était né dans une localité du diocèse de Cologne, située entre Venlo et Crefeld et dont était originaire le célèbre Thomas a Kempis. Sur la plus ancienne liste (n° I) que nous possédions et qui date du 19 avril 1508, Herman occupe la 2e place parmi les clerici. Le 11 décembre 1517, il comparaît devant les échevins de Liège, « au nom de la maison des pauvres clercqs studians située sur l'ysléal aux hoiches », pour acquérir à leur profit une rente de 20 setiers d'épcautre (31). Le 22 novembre 1521, il acquiert, pour les mêmes pauvres clercs de St-Grégoire, une rente de 2 florins de Liège, en qualité de procureur (32). Ultérieurement, à savoir le 8 février et le 15 mars 1522, il procède encore à des acquisitions de rentes d'épeautre « au nom du membre des poeuvres Fratres » (33). Il ne porte plus alors le titre de procureur, qui avait passé dans l'intervalle à Jean de Hasselt (34). Comme Gilles de Fléron, il est probable qu'il mourut avant le 27 juin 1531.


8. — Gisbert de Bois-le-Duc (1508-1528)


On rencontre pour la première fois le nom de ce Frère sur la liste dressée le 19 avril 1508, où il figure parmi les simples clerici à la 3e place (liste n° I). Comme il était originaire de Bois-le-Duc, on peut supposer qu'il faisait partie des religieux qui furent transférés de cette ville à Liège en 1495.

Dans la suite, il est cité à plusieurs reprises, à savoir le 7 octobre 1516, le 7 juin 1518, le 24 janvier 1522, le 26 mars 1527 et le 28 mars 1528, dans des actes où il fait des acquisitions de biens ou de rentes au nom des Frères (35); mais il n'y porte pas de titre, sauf dans l'acte du 7 juin 1518, où il est dit agir en qualité de « procureur et mambour desdis pater et maison des Fratres en Liège » (36). C'est, le plus ancien procureur liégeois que nous connaissions. Son nom ne figure pas sur la liste n° II en date du 27 juin 1531.


9. — Libert d'Awans (1508)


Nous ne connaissons ce Frère que par la liste n° I dressée le 19 avril 1508, où il figure parmi les simples clerici et y occupe la 4° place. Originaire d'un village de la Hesbaye liégeoise, il faut le ranger au nombre des premières recrues que firent dans la région wallonne les fondateurs de la Maison de Liège Nous ignorons la date exacte de sa mort, qu'il faut sans doute placer avant le 27 juin 1531, puisqu'il ne figure pas sur la liste n° II, qui fut dressée à cette date.


10. — Lambert de Brogne (1508-1524)


On a vu que Jean Sturm fréquenta le Collège Saint-Jérôme de 1521 à 1524 et qu'il y suivit les cours de quatre professeurs, dont il nous a fait connaître les noms, à savoir deux séculiers Nicolas Nickman et Henri de Brème, et deux religieux le frère Arnold d'Eynatten et le frère Lambert (37).

A la différence des trois premiers, qui nous sont connus par ailleurs, le dernier n'est cité par aucun autre auteur et Sturm ne mentionne même pas son lieu d'origine. Mais comme, parmi les Frères de Liège, on n'en rencontre qu'un seul qui porte le même nom, il est permis de l'identifier avec lui sans courir grand risque d'erreur. Il s'agit de Lambert de Brogne qui, sur la liste n° I, établie le 19 avril 1508, est cité au nombre des clerici et y occupe l'avant-dernière place. On ne le trouve mentionné sur aucune des trois listes suivantes: n° II (1531), n° III (1532) et n° IV (1536), qui sont d'ailleurs incomplètes. Comme la liste n° V, qui est complète, ne porte pas son nom, on doit supposer qu'il était décédé à l'époque où elle fut dressée, à savoir le 4 décembre 1542, à moins toutefois qu'il n'eût changé de Maison avant cette date.

Il est assez malaisé de préciser l'enseignement dont Lambert de Brogne était chargé. Si, comme c'est probable, J. Sturm énumère ses quatre maîtres liégeois dans un ordre de gradation descendante, et s'il est exact, comme on l'a conjecturé, qu'il ait débuté en 1521 par la sixième, il semble bien que le Frère Lambert s'était vu confier la direction de cette classe. C'est en tout cas l'unique professeur d'origine wallonne qui contribua à la formation humanistique de Jean Sturm au Collège Saint-Jérôme (38).


11. — Hubert de Brée (1508-1519)


Ce religieux était originaire d'un village de la Campine, d'où provenait aussi Jean de Brée, lequel était recteur de la Maison de Bois-le-Duc en 1495, lors de la fondation du couvent de Liège. Son nom se rencontre pour la première fois sur la liste des Frères liégeois dressée le 19 avril 1508, où il occupe la 6e et dernière place parmi les simples clerici (liste n° I). Le 7 juin 1518, il comparaît devant la cour de Warfusée, en compagnie de Gisbert de Bois-le-Duc (qui est dit procureur et mambour des Fratres), pour acquérir une rente de 8 muids d'épeautre (39). Le 27 juillet 1518 et le 29 décembre 1519, il se présente devant les échevins de Huy en qualité de « boursier et receveur de l'église et couvent », pour acheter deux rentes d'un montant total de 25 florins du Rhin (40). On ne trouve plus son nom sur la liste n° II, datant du 27 juin 1531.


12. — Abraham Bruens, alias Cloesteners (1511-1528)


Ce Frère intervient, au nom du membre des pauvres clercs des Fratres de Liège, dans 2 actes, l'un du 6 novembre 1511 (41), l'autre du 23 mars 1514 (42) ; mais ces documents ne nous révèlent pas la charge dont il était alors revêtu.

Un contrat, en date du 27 juin 1531, donne le texte d'une donation qu'il avait effectuée le 25 août 1528 et nous apprend qu'il avait fait sa profession religieuse à Bois-le-Duc, d'où il passa ensuite à Liège (43). Ce transfert doit être postérieur au 19 avril 1508, puisque ce Frère n'est pas cité dans la liste n° I, établie à cette date (44). Il était l'oncle de Nicolas Demarteau, citain de Liège, bienfaiteur des Frères, lequel est signalé comme partie au dit contrat.


13. — Arnold d'Eynatten (1521-1558)


Ce religieux était originaire du village d'Eynatten, situé, au diocèse de Liège, entre Eupen et Aix-la-Chapelle, dans le duché de Limbourg (45). Il enseignait au Collège St-Jérôme en 1521-1524 lorsque Jean Sturm vint y achever ses humanités. Des quatre maîtres que ce dernier y connut, c'est Arnold d'Eynatten dont il avait conservé le souvenir le plus reconnaissant. En 1565, lorsqu'il publia ses Classicae epistolae, il tint à le mentionner en lui décernant des éloges particulièrement vifs: « Quant à Arnold d'Eynatten, dont j'ai suivi les cours au Collège des Hiéronymites, je l'ai tellement aimé qu'aujourd'hui encore, je lui suis attaché du plus profond de mon cœur (46). » Peu auparavant, le 18 mai 1563, dans une lettre adressée au prince-évêque Gérard de Groesbeek, il l'avait, cité aussi au nombre de ses anciens professeurs liégeois (47).

Cependant, le nom de ce religieux n'apparaît dans nos documents d'archives qu'une vingtaine d'années après l'arrivée à Liège de J. Sturm; à cette date, il avait reçu l'ordination sacerdotale et avait été élu supérieur de la communauté. Ce ne furent pas sans doute uniquement ses mérites pédagogiques qui firent se porter sur sa personne les suffrages de ses confrères, mais aussi et surtout son zèle pour les observances monastiques, l'éclat de ses vertus et ses capacités administratives (48). Quoi qu'il en soit, c'est en cette qualité de pater que, du 4 décembre 1542 au 24 mai 1558, on le voit intervenir dans la conclusion d'une dizaine d'actes relatifs aux propriétés du couvent (49). Plusieurs de ces actes concernent l'aliénation de la Domus pauperum clericorum, qui était située dans le voisinage du Collège et où résidaient les pauvres clercs avec leur propre recteur. Déjà le 4 mai 1541, le Chapitre de St-Lambert avait autorisé cette aliénation (50); mais ce ne fut que le 10 août 1544 qu'elle fut réalisée au profit de Conrard de Crissengnée moyennant une rente de 45 florins de Brabant (51). Au préalable, Arnold d'Eynatten s'était rendu personnellement à Bois-le-Duc pour y solliciter le consentement de la Maison-mère, ce qui lui fut accordé sans difficulté (52).

En mai 1554, deux Jésuites, les PP. Char'art et Bouclet, qui étaient de passage à Liège, obtinrent du supérieur des Hiéronymites la permission de prêcher au Collège St-Jérôme, en français pour les élèves des trois classes inférieures et en latin pour ceux des classes supérieures. Les orateurs sacrés obtinrent un tel succès auprès de leurs jeunes auditeurs qu'Arnold d'Eynatten leur exprima le désir de recevoir la visite d'autres religieux de la Compagnie de Jésus, qui s'occuperaient cette fois à travailler à l'édification spirituelle de ses propres confrères (53).

Il est probable qu'Arnold présidait encore aux destinées de la communauté liégeoise lorsque, le 10 juin 1561, le pape Pie IV accorda au prince-évêque Robert de Berghes la bulle Redemptoris nostri qui l'autorisait à ériger à Liège un Collegium publicum, dont la direction serait confiée aux Jésuites et qui devait assurer la formation du clergé paroissial, surtout dans les campagnes; mais diverses circonstances firent échouer cet intéressant projet qui, deux ans avant la promulgation du décret du Concile de Trente, eût doté Liège d'un séminaire diocésain; il est vrai qu'à la faveur de cette fondation, les Jésuites auraient pu déployer une concurrence fort redoutable pour le Collège St-Jérôme, qui avait joué jusqu'alors le rôle d'un séminaire avant la lettre (54). C'est dans le cours des années suivantes, vers 1565, que doit se placer la mort d'Arnold d'Eynatten (55).


14. — Jean de Hasselt (1522-1523)


Ce Frère ne nous est connu que par quatre actes qui sont relatifs aux biens et revenus du couvent de Liège et dans la conclusion desquels il intervint en qualité de procureur: le 31 janvier 1522, le 28 janvier 1523 (dans 2 actes différents) et le 29 avril 1523 (56).


15. — Georges Macropédius de Gemert (1525-1529 ?)

Macropedius - Georges van Lanckvelt de Gemert


De tous les Hiéronymites qui enseignèrent au Collège de Liège, le plus célèbre est sans conteste Macropédius; c'est même le seul qui ait réussi à conquérir une réelle notoriété; il la mérita amplement par son activité pédagogique, par l'excellence de ses ouvrages classiques et par la valeur littéraire des pièces de théâtre qu'il composa à l'intention de ses élèves (57).

Georges van Lanckvelt (plus connu sous le nom hellénisé de Macropédius) était né vers l'an 1475 à Gemert, près de Bois-le-Duc. Après avoir terminé ses humanités au Collège de cette ville, le jeune gentilhomme alla probablement fréquenter les cours d'une université étrangère; c'est là qu'il dut acquérir cette connaissance approfondie des langues hébraïque et chaldaïque, ainsi que des sciences et des instruments mathématiques, pour laquelle il était si justement réputé (58). En tout cas, ce n'est qu'en 1502, c'est-à-dire à l'âge d'environ vingt- sept ans, qu'il obtint son admission dans la communauté des Hiéronymites de Bois-le-Duc (59). On ignore la classe du Collège dont il fut d'abord chargé, mais il enseigna avec tant de succès qu'on ne tarda pas à lui confier la direction de l'établissement (60).

La plupart des biographes modernes de Macropédius sont d'accord pour affirmer que la deuxième phase de sa carrière professorale se déroula à Liège. Seul, l'un des plus récents historiens des Frères de la Vie commune, R. R. Post, se montre moins catégorique et formule d'expresses réserves sur ce point (61). Il nous semble néanmoins qu'en dépit du silence total des archives liégeoises, où l'on ne trouve aucune mention de lui, nous possédons des indices suffisamment probants pour pouvoir en conclure sans grands risques d'erreurs, que Macropédius, après ses débuts à Bois-le-Duc, fut transféré à Liège et placé à la tête du Collège Saint-Jérôme.

C'est d'abord l'attestation formelle de son ancien élève et collègue de Bois-le-Duc, le Frère Arnold Van Tricht de Nimègue, qui, dans une élégie consacrée à sa mémoire, rappelle les trois étapes qu'il parcourut successivement, à savoir Bois-le-Duc, Liège et Utrecht:


.... Non iibi Lutetia est, non visa Colonia, non quas

Ex studiis urbes Itala terra colit.

At dum Silvosa ludum moderaris in urbe,

Inque illa, quac olim Legia dicta fuit

Atque Ultraiecti tandem, sic doctus ad unguem

Prodis ut possit nemo stupere satis... (62)

Il y a ensuite le témoignage d'un autre de ses disciples, Jean Némius, qui fut aussi professeur au Collège de Bois-le-Duc et vraisemblablement à celui de Liège; dans un éloge de son maître regretté, il énumère également les trois milieux scolaires où celui-ci exerça ses fonctions: ... Qui Eburonicam, Brabanticam, necnon Batavam docuit inventutem pro moderamine... (63)

On peut enfin tirer argument de ce fait significatif que Macropédius a publié un manuel de style épistolaire où il a inséré une description enthousiaste de la ville de Liège, qui y figure comme modèle de lettre proposé aux collégiens en guise d'exercice scolaire. Sans citer les Hiéronymites, qui auraient pu légitimement s'en enorgueillir, il vante l'étonnante précocité des écoliers liégeois qui, dit-il, « dès l'âge de sept ans, savent parler le latin et qui, avant d'avoir atteint leur quatorzième année, l'écrivent si bien en prose et en vers qu'ils peuvent rivaliser avec n'importe quel poète ou prosateur ». On trouve encore dans ce panégyrique de la cité mosane une foule d'autres détails, dont la précision et l'exactitude ne peuvent s'expliquer qu'en admettant que l'auteur y avait résidé pendant un temps assez long (64).

Aucun document ne nous permet de fixer avec certitude la date du séjour à Liège de Macropédius; ici encore, il nous faut recourir à une conjecture. Jean Sturm, qui fréquenta le Collège Saint-Jérôme de 1521 à 1524, ne le cite pas parmi les quatre maîtres dont il suivit alors les leçons (65). D'autre part, il est établi aujourd'hui que Macropédius enseignait déjà à Utrecht en 1529 ou 1530 (66). Ce serait donc dans l'intervalle, entre les années 1525 et 1528, qu'il fut appelé à prendre la direction du Collège de Liège (67).

La majeure partie de son existence laborieuse s'écoula à Utrecht, où il exerça la charge de recteur pendant près d'un quart de siècle (68). Ce n'est en effet que vers l'an 1554 que son grand âge et la maladie le forcèrent enfin à prendre une retraite bien méritée. Il se retira dans le couvent de Bois-le-Duc, où il s'éteignit au mois de juillet de l'an 1558; il fut inhumé dans l'église St-Grégoire de la Fraterhuis, où on lui érigea un tombeau orné d'une épitaphe pompeuse rédigée dans le goût du temps (69).

Tous les ouvrages de Macropédius furent publiés de 1535 à 1555, c'est-à-dire pendant son séjour à Utrecht ou immédia-tement après son retour à Bois-le-Duc; on nous pardonnera donc de ne pas en faire ici l'analyse, ni même rémunération.

Ils intéressent cependant l'histoire du Collège Saint-Jérôme, du moins d'une façon indirecte. Les onze pièces de théâtre composées par Macropédius jouirent d'un succès prodigieux au XVIe siècle, ainsi que le prouve le grand nombre d'éditions, de traductions et d'imitations dont elles furent l'objet (70); il n'est pas douteux qu'elles furent souvent représentées sur la scène liégeoise, surtout à l'époque antérieure à la publication des comédies du Frère Libert Houthem. On sait d'ailleurs que c'est grâce à l'influence de Macropédius et de son compatriote Guillaume Gnapheus que les Hiéronymites renoncèrent peu à peu à faire jouer par leurs élèves les chefs-d'œuvre du théâtre classique et notamment les comédies de Térence, pour leur substituer des pièces néo-latines dont le sujet, de caractère religieux ou moral, était emprunté à l'Histoire sainte ou à la vie courante (71). Dans deux des comédies de Macropédius (Rebelles et Petriscus), on voit des écoliers des Hiéronymites déserter le collège pour échapper aux traitements brutaux du recteur; l'auteur, qu'on n'entend jamais protester contre l'emploi de la férule dans les classes, ne partageait probablement pas l'horreur d'Erasme pour les châtiments corporels et il préférait, comme la plupart des pédagogues de son époque, recourir à la manière forte (72); tel était sans doute aussi le système des maîtres liégeois.

Quant aux livres de classe de Macropédius, les plus connus sont des grammaires du grec et du latin, une prosodie, une logique, un traité d'art épistolaire, un calendrier comportant des préceptes de chronologie et des règles de calcul, ainsi qu'un recueil des Epîtres et des Evangiles dont le texte était lu dans les églises de Liège, d'Utrecht et de Cologne.

Tous ces manuels, dont la plupart comptèrent plusieurs éditions, obtinrent une très large diffusion même en dehors de nos provinces; ils durent être couramment en usage au Collège Saint-Jérôme, comme dans tous les établissements des Hiéronymites.

Au surplus, pour se faire une idée exacte de l'action exercée par Macropédius à Liège, dans le domaine scolaire, il faut se rappeler ses rares qualités pédagogiques ainsi que son remarquable talent d'éducateur; pendant les quelques années où il lui a été donné de pouvoir se consacrer au développement intellectuel, ainsi qu'à la formation religieuse et morale des jeunes Liégeois, ceux-ci ont eu la chance de bénéficier des leçons, des conseils et des exemples d'un maître incomparable.


16. — Jean Malcoir de Fooz (1525-1545)


Ce Frère, qui était originaire du village de Fooz en Hesbaye, portait un nom patronymique qui s'écrivait, indifféremment Malcoir, Machour ou le Macuer.

...



(1) Sur les Frères de la Vie commune, les travaux les plus récents sont ceux de H. R. POST, De moderne Devotie. Geert Groote en zijn stichtingen (Amsterdam, 1940) et de H. NOTTARP, Die Brüder vom gemeinsamen Leben, dans Zeitschr. der Savigny-Stift., Kanon Abt., t. XXXII (1943), pp. 384-418.

(2) Cette première Maison des Frères à Liège ne date pas du début du XVe siècle, comme nous l'avions d'abord conjecturé; il nous paraît évident en effet que le plus ancien prieur Ruthger de Weerdt, signalé en 1412 par Pierre Impens, doit être identifié avec Rogiers de Wyertte, cité en cette même qualité dans un document du 27 janvier 1397. Cf. Léon HALKIN, La Maison des Bons-Enfants de Liège, dans le Bull, de l'Inst. arch. liégeois, t. LXIV (1940), pp. 21 et 27.

(3) Cf. Léon HALKIN, Le Collège liégeois des Frères de la Vie commune, dans les Annales de la Fédér. arch. et hist. de Belg. (Congrès de Namur, 1938), pp. 299-304.

(4) Nous empruntons ces détails aux Consuctudines de la Maison de Bois-le-Duc, qui reproduisent les statuts de celle de Zwolle, lesquels ont dû être adoptés aussi par celle de Liège. Cf. M. SCHOENGEN, Jacobus Trajecti (Amsterdam, 1908), p. 248.

(5) Cf. Léon HALKIN, o. c., pp. 305-310.

(6) Quand ces listes sont complètes, elles nous font connaître l'effectif des Frères à la date indiquée, ce qui est un renseignement précieux pour estimer le degré de vitalité de la communauté; en règle générale, le nombre des Frères, ne pouvait pas dépasser la vingtaine; à Liège, il ne semble pas qu'il y en ait jamais eu plus de douze.

(7) Diplôme de Jean de Hornes (30 septembre 1495): « D. Henricus de Diest, presbyter dicte nostre diocesis. » — Décision du céarier épiscopal (19 octobre 1495): « Maistre Henry de Diest, frère de ladicte Vie commune. » — Ces deux documents, conservés aux Archives de l'Etat, sont analysés par E. PONCELET, Cartul. de l'église S. Lambert, t. V (Liège, 1913), n° 3281 et 3280 = C S L.

(8) Pour l'histoire de cette fondation, voyez Léon HALKIN, Le Collège liégeois des Frères de la Vie commune (Namur, 1938), pp. 300-304.

(9) Nous ignorons les noms des Frères de Bois-le-Duc qui furent désignés pour former, sous l'autorité de Henri de Diest, le noyau de la Maison liégeoise. Il est probable qu'il faut ranger parmi eux les religieux, cités dans la liste n° I en date du 19 avril 1508, qui sont originaires de Bois-le-Duc ou des environs de cette ville, à savoir Paul Sluyter de Bois-le-Duc, Gisbert de Bois-le-Duc, Guillaume de Harlem et Corneille de Helvoirt.

(10) CH, f° 4 (16 juin 1496). — CH, f° 20 (1er juillet1496). — CH, f° 17 (31 octobre 1496).

(11) E. PONCELET, C S L, n° 3281. — C H, f° 3 v° (copie).

(12) C H, f° IV v° (29 novembre 1501). — C H, f° VI v° (6 août 1502). — C H , f° IV v° (15 mai 1504).

(13) CH, f° 11 v° - 14. — Cf. E. SCHOOLMEESTERS, Bull, de la Soc. des Bibl. liégeois, t. X (1912), pp. 151-163. — A cette date, la communauté liégeoise comptait au moins onze membres (liste n° I).

(14) C H, f° XXII (6 juin 1510). — C H, f ° VII (13 sept. 1511). — C H, f° XXIII (6 nov. 1511). — RR, f° 384 v° (23 mars 1514). — CH, f° XXII v° (11 déc. 1517).

(15) II s'agit de dix actes dont le plus ancien est daté du 1er juillet 1496 (C H , f° 20) et le plus récent du 29 décembre 1519 (C H , f° 15 v°).

(16) Ces deux registres ont été reliés en un seul volume après la dissolution de la communauté et le transfert de ses biens et rentes à la Collégiale St. Paul en 1595 (Archives de l'Evêché, C. VII. 19 = R R).

(17) Cf. Léon HALKIN, Un humaniste liégeois oublié: Maître Nicolas Nickman, dans Les études classiques, t. IX (Namur, 1910), pp. 309-379.

(18) J. PAQUIER, J. Aléandre et la princip. de Liège (Paris, 1890), p. 78, n° 42 ; p. 79, n° 43 (23 et 25 octobre 1515).

(19) J. PAQUIER, o. c., p. 78, n° 42: Pro nepotulo tuo ter et amplius sum allocutus istos fraterculos, qui bus, ut videre videor, nihil simplicius nec ineptius dicam.

(20) J. PAQUIER, o. c., p. 70, n° 38.

(21) ERNST, Tableau histor. et chron. des suffragants ou co-évêques de Liège (Liège. 1806), p. 338.

(22) Th. GOBERT, Liège à travers les âges, t. III (Liège, 1926), p. 411.

(23) C S L, n° 3587 = C H , f° 45 v° ; cf. f° 53.

(24) CH, f° XXV (7 mars 1524). — Cf. CH, f° XXVI (5 juillet 1525). — C H , f° 44 (27 mai 1527). — C H, f° 43 (29 novembre 1527).

(25) Cf. Léon HALKIN, Le Collège liégeois des Frères de la Vie commune (Namur, 1938), pp. 305-310.

(26) Cf. Léon HALKIN, Une lettre inédite de J. Sturm à G. de Groesbeek, dans la Chron. arch. du Pays de Liège, t. XXXII (1941), p. 19: « Apud fratres Hieronymianos hic fundamenta jeci meorum studiorum, cum docerent dominusNicolaus Nigmannus, dominus Henricus Bremensis, frater Arnoldus Einatensis et frater Lambertus » (18 mai 1503). — Au surplus, voyez infra la notice d'Arnold d'Eynatten (n° 13).

(27) Voyez ce texte supra, p. 18. Paul de Bois-le-Duc y est appelé secundus, sous-entendu fundator domus hujus. Ayant secondé, puis achevé l'œuvre de son prédécesseur, il était considéré, à juste titre, comme co-fondateur de la Maison de Liège.

(28) S. VERREPAEUS, Precationum piarum enchiridion. Editio ultima (Anvers, 1576), p. -Mi et p. 161. — Cf. ibid., f° 19) (dans la liste des auteurs de prières): Guilielmus Harlemius Hieronymianus. — Ces deux prières se trouvent aussi dans les autres éditions de cet ouvrage publiées en 1567 et en 1575, ainsi que dans la traduction française publiée en 1582 Le recueil est dédié au prince-évêque Gérard de Groesbeek et sort des presses de l'imprimeur Jean Bellère, qui était d'origine liégeoise. — Nous devons ces renseignements à une obligeante communication du R. P. M. A. Nauwelaerts, C. I. C. M.

(29) RR, f° 372 (10 novembre 1528). — C S L, n° 3824 (22 décembre 1539).

(30) RR, f° 360 (12 août 1544).

(31) C H, f° XXII v°.

(32) CH, f° XXI = RR, f° 382 v.

(33) CH, f° XIX v° = R R , f° 394 v°. — CH , f° XVIII v°.

(34) Le plus ancien Registre des comptes de la Maison des pauvres clercs qui nous a été conservé date de l'an 1516; il est probable qu'il fut commencé par Herman de Kempen.

(35) C H, f° 21 et f° 26 (7 octobre 1516). — C H, f° 40 (24 janvier 1522). — C H, f° 41 (26 mars 1527). — C H, f° 53 v° (28 mars 1528).

(36) C H, f° 37 et f° 37 v°.

(37) Cf. Léon HALKIN, Une lettre inédite de Jean Sturm, p. 19. Voir supra, p. 20, n. 2.

(38) Brogne était situé dans le comté de Namur et faisait alors partie du diocèse de Liège.

(39) C H, f° 37 et f° 37 v°.

(40) C H, f° 14 (13 florins). — C H, f° 15 v° (12 florins).

(41) CH , f° XXIII.

(42) R R, f° 384 v° (copie). L'original se trouve dans la liasse G. VIII. 18, aux Archives de l'Evêché = G II , n° 2.

(43) C H, f° 27 : « ...Abraham, Bruens, alias Cloesteners, ...qui régulam dicte domus in opido buscoducensi pridem professus fuit et postmodum ad domum dictorum fratrum in insula leodiensi pretaeta sitam translatus... »

(44) Il faut noter toutefois que, cette liste étant incomplète, le nom du Frère Abraham a pu simplement y être omis.

(45) Cf. A. LE ROY, Biogr. Nation., t. VI (Bruxelles, 1878), col. 809. - L'auteur suppose à tort qu'Arnold appartenait à la famille d'Eynatten « très ancienne et illustre au pays de Liège », dont plusieurs membres faisaient alors partie du Chapitre de St-Lambert. Cf. C S L , pp. 235, 295, 464, etc.

(46) J. STURM, Classicae epistolae, édit. J. ROTT (Strasbourg, 1938), III, p. 24: « Arnoldum vero Einatensem, quem Leodii audivi in collegio Hieronymiano, ita amavi ut adhuc mihi in visceribus atque medullis haereat ». — Cf. J. VERKHELDEN, Afbeeldingen van : ommighe in Godts Woorrt ervarene mannen (La Haye, 1603), p. 91: « Als nu Sturmius goede en naerstighe leer-meesters, als ook Arnoldum Einatensem... tôt Luydiek hadde gehoort... ».

(47) Léon HALKIN, o. c., p. 19. Voyez ce texte supra, p. 20, n. 2. — La prédilection de J. Sturm pour Arnold d'Eynatten s'explique sans doute aussi par cette circonstance qu'ils étaient tous deux originaires du duché de Limbourg et parlaient le même dialecte bas-allemand, dit ripuarien, en usage dans l'Eiffel.

(48) Nous ne connaissons pas la date de son élection; il est probable qu'il faut la placer au plus tôt en 1541, puisque Jean Malcoir de Fooz était encore supérieur en 1540.

(49) Il s'agit des actes dont le texte débute par les listes nos V à XIII, citées supra.

(50) C S L, n° 3835. Cf. E. PONCELET, o. c., t. V, p. 327.

(51) J. DARIS, Bull, de l'Inst. arch. liégeois, t. XI (1872), p. 225. — Cf. supra, liste n° VI.

(52) R R, f° 353 v° . — Cf. J. DARIS, o. c., p. 226.

(53) Cf. Léon HALKIN, Les origines du Collège des Jésuites et du Séminaire de Liège, dans le Bull, de l'Inst. arch. liégeois, t. LI (1926), p. 100.

(54) Cf. Léon HALKIN, o.c., pp. 124 sq., où sont exposées les circonstances qui firent échouer ce projet. — Voyez aussi ibid., p. 177, ce qu'il faut penser de l'hostilité probable des Hiéronymites et de leurs protecteurs à ce projet.

(55) On peut se rendre compte de l'importance des bâtiments de la Domus Fratrum Leodiensium sous le rectorat d'Arnold d'Eynatten en consultant les deux vues manuscrites du quai sur Meuse en 1553, reproduites par E. PONCELET, Paysages mosans du XVIe siècle (Liège, 1939).

(56) CH, f° 42 v°. — CSL, n° 3587 = CH, f° 45 v° et 46 v°. — CH, f° 48 (Frère Johan de Hasque).

(57) Pour la biographie de Macropédius, voyez notamment: F. SWEERTIUS, Athenae Belgicae (Anvers, 1728), pp. 83 et 274. — FOPPENS, Bibliotheca Belgica (Bruxelles, 1739), pp. 339-341 (avec un portrait). — PAQUOT, Mém. littér., t. XII (Louvain, 1768), pp. 204-210. — DELPRAT, Verhand. over de broederschap van G. Groote (Utrecht, 1830), pp. 131-135. — SCHUTJES, Gesch. van het bisdom 'S Hertogenbosch (St. Miehiels-Gestel, 1873), t. IV, pp. 409-410. — D. JACOBY, Allg. deutsche Biogr., t. XX, p. 19. — F. VANDER HAEGHEN, Bibliotheca Belgica, 2e série, t. V. — A. ROERSCH, Biogr. Nationale, t. XIII (Bruxelles, 1894), col. 10-22. — J. HARTELUST, De dictione G. Macropedii (Utrecht, 1902). — Nieuw Nederl. Biografisch Woordenboek, t. VII, p. 822.

(58) A. VAN TRICHT (voyez infra) nous apprend que Macropédius n'étudia ni à Paris, ni à Cologne, ni dans les universités italiennes; il ne parle pas de Louvain, où d'ailleurs le Collège des Trois Langues ne fut fondé qu'en 1517. Peut-être faut-il le considérer simplement comme un autodidacte.

(59) Cf. G. VAN DEN ELSEN et W. HOEVENAERS, Analecta Gijsberti Coeverinx, t. II (Bois-le-Duc, 1905), p. 115.

(60) Sur l'école latine du Chapitre de Bois-le-Duc, passée sous l'autorité des Hiéronymites, voyez : M. A. NAUWELAERTS, De Bossche Broeders van het gemeen leven, dans Studia Catholica, t. XVIII (1942), pp. 228-232.

(61) R. POST, Studiën over de Broeders van het gemeene leven, dans Nederl. Historiebladen, II (1939), p. 142. — Le même, De moderne Devotie (Amsterdam, 1940), p. 97.

(62) ARNOLDI NOVIOMAGI ...Elegia, éditée par C. VLADERACCUS, Apotheosis D. Georgii Macropedii (Anvers, 1565), f° 13-15.

(63) VLADERACCUS, o. c., f° 12. — Cf. J. NEMIUS, Apologia scholae principalis (Bois-le-Duc, 155G), f° 2a : « ...tôt tantosque labores apud Colonienses, Menapios, Eburones... exantlatos ». — Textes communiqués par M. A. NAUWELAERTS.

(64) Epistolica Georgii Macropedii studiosis Traiectinae scholae tyrunculis nuncupata (Anvers, 1554). — Cf. A. ROERSCH, Une description de la ville de Liège au XVIe siècle, dans le Bull, de la Société liégeoise de bibliogr., T. I (1892), pp. 177-185.

(65) J. STURM, Classicae epistolae, III; pp. 24-20 de l'édition ROTT (Strasbourg, 1938). - Cf. Léon HALKIN, Une lettre inédite de J. Sturm, pp. 22 sq.

(66) G. KUIPER, Orbis artium en Renaissance (Harderwijek, 1941). I. pp. 347-350.

(67) Il semble bien que Macropédius fut simplement recteur de la Maison St-Grégoire et qu'il n'exerça pas les fonctions de pater ou supérieur de la communauté, qui, à cette date, devaient être confiées à Jean Malcoir de Fooz (voyez infra sa notice, n° 16).

(68) D'après un document du 25 mai 1553, il semble qu'il dirigeait alors non seulement le Collège, mais aussi la Domus pauperum d'Utrecht. Cf. A. EKKER, De Hieronymusschool te Utrecht (1863), t I. p. 43. — On sait que Macropédius publia en 1553 une pièce intitulée Hypomone, qui fut représentée au profit des écoliers pauvres des Frères.

(69) On en trouvera le texte dans SWEERTIUS, o. c., p. 274 et dans SCHUTJES, o. c., t. IV, p. 410.

(70) On trouvera un excellent résumé du sujet de ces comédies dans la notice d'A. ROERSCH, citée plus haut. Nous nous contenterons d'en donner ici les titres: Rebelles, Aluta, Petriscus, Asotus, Andrisca, Hecastus, Bassarus, Lazarus, Josephus, Adamus, Hypomone. Ces onze pièces, d'abord publiées à part, furent réunies en 2 volumes par l'auteur lui-même sous ce titre: Omnes Georgii Macropedii fabulae comicae. Utrecht, 1552-1553. On lui attribue encore quatre comédies dont le texte n'a pas été retrouvé. Plusieurs de ses pièces de théâtre comportaient l'exécution de chœurs, dont certains nous ont été conservés. Cf. R. BRAGARD, dans le Bull, lie l'inst, arch. liégeois, t. XXXV (1911), p. 202.

(71) En 1522, au témoignage de J. STURM, Class. epist., X (pp. 64-66 de l'édit. ROTT), les Hiéronymites liégeois faisaient encore représenter le Phormion de Térence sur la place sise devant l'église St Martin-en-Ile, à proximité de leur Collège.

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