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L'enseignement à Liège

CENTENAIRE DE L'ECOLE DES MINES

Les nouvelles installations de la faculté des Sciences Appliquées.

par Marcel DEHALU,
Administrateur-Inspecteur de l'Université de Liège

ULG Val Benoit - 1937 - SM le roi Léopold III se fait expliquer le fonctionnement du stéréoplanigraphe par Marcel Dehalu

Au cours de ses cent années d'existence, notre Faculté Technique, pour s'adapter à des situations nouvelles nées des progrès scientifiques ou industriels, a dû subir bien des transformations. Aucune cependant n'a dépassé en ampleur celles qui se poursuivent actuellement. Pour en comprendre toute la portée, il faut se rendre compte de l'état dans lequel se trouvaient nos installations.

En 1892, notre Faculté Technique avait bénéficié partiellement de la construction du bâtiment principal de la place du Vingt-Août dont le second étage avait été entièrement réservé aux collections de géologie, minéralogie, paléontologie minérale et paléontologie animale. L'Institut Chimique, en fait consacré aux cours de chimie analytique et de chimie industrielle, avait été édifié à front de la rue de l'Université. Aux étages, étaient logés les services de l'exploitation des mines, de l'architecture industrielle, de l'exploitation des chemins de fer et de la topographie.

L'aile de construction plus ancienne, longeant la place Cockerill, renfermait les collections de minéralogie et de cristallographie. Mais ce bâtiment menaçant ruine, il fallut les déloger en 1937 pour les installer provisoirement dans les locaux de l'ancienne Banque Liégeoise, rue de l'Université.

L'Institut Electrotechnique Montefiore, établi primitivement, en 1883, dans la partie centrale du bâtiment de la Bibliothèque, fut transféré en 1891, dans l'Ecole Normale des Humanités, construite en 1881, au bas de la rue St-Gilles.

En 1892, on acheva le Laboratoire de Mécanique appliquée, modeste local, situé au quai des Etats­Unis, où Dwelshauvers-Dery installa une machine à vapeur dont il entreprit avec ses élèves une étude rationnelle, montrant ainsi la voie dans laquelle s'est développée depuis, dans toutes les écoles d'ingénieurs, l'étude de la thermodynamique appliquée. Ce fut seulement en 1901 que l'Institut de Mécanique trouva à s'abriter au boulevard de la Constitution dans une construction édifiée à titre précaire, mais qui a continué à lui donner asile jusqu'à présent.

Puis se créèrent successivement le Laboratoire de Métallurgie spéciale, celui de Métallurgie générale et de Sidérurgie qui, faute de mieux, furent logés dans les caves du bâtiment principal, enfin, « the last not the least » le laboratoire des Constructions du Génie Civil qui fut installé dans l'Ecole primaire désaffectée de la rue Grétry, que la Ville de Liège avait mise gracieusement à notre disposition. On consolida tant bien que mal les murs branlants de ce vieil immeuble et les laboratoires d'essais de matériaux furent établis dans les caves et dans une petite cour qui fut couverte par un vitrage.

Si malgré tout, parmi nos laboratoires, il s'en trouva avant la guerre qu'on pouvait nous envier, tel l'Institut Electrotechnique Montefiore, par exemple, il faut bien reconnaître que nos services d'enseignement étaient logés fort à l'étroit, sans aucune possibilité d'agrandissement, dans des locaux souvent inconfortables ou très éloignés les uns des autres.

Une coordination rationnelle de nos divers laboratoires s'imposait nécessairement si l'on voulait faire oeuvre durable. Cette question n'avait pas été d'ailleurs sans préoccuper nos anciens maîtres, et j'ai exposé dans le Bulletin des Amis de l'Université de Liège (année 1930) les efforts qu'ils tentèrent vainement pour porter remède à cet état de choses.

Mais depuis la guerre, les progrès industriels se sont développés à un rythme tellement accéléré que les écoles d'ingénieurs ont été obligées non seulement de procéder à une révision sérieuse de leur programme d'enseignement, mais encore d'augmenter dans de très fortes proportions l'outillage de leurs laboratoires. Il était donc urgent de mettre à la disposition de nos divers services, des locaux adéquats, si l'on ne voulait pas que la situation existante en perdurant, ne mît en péril l'existence même de notre Ecole.

L'exemple des efforts accomplis par les grandes Ecoles d'ingénieurs en Belgique même et à l'étranger, indiquait assez la seule voie à suivre: édifier une Faculté Technique nouvelle, conçue suivant les exigences les plus modernes et capable de résister longtemps aux épreuves du temps.

Le Gouvernement belge comprit enfin qu'il ne pouvait laisser péricliter une institution qui avait contribué pour une si large part à doter le pays d'ingénieurs remarquables et à étendre à l'étranger la réputation de son industrie; il consentit à nous accorder les crédits nécessaires.

Nous devons rendre un hommage de reconnaissance à M. le Premier Ministre H. Jaspar qui décida le Gouvernement, qu'il présidait alors, à intervenir largement en faveur de notre Ecole, et aux Ministres qui depuis 1922 ont présidé aux destinées du Département de l'Instruction publique, notamment à M. le Comte Lippens et à M. J. Hoste.

Aux noms de ces éminents protecteurs de notre Université il convient encore d'associer ceux de M. Liégeois, Directeur Général de l'Enseignement Supérieur, et de M. le Recteur Duesberg.

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Pour atteindre le but proposé, il fallait tout d'abord disposer d'un terrain suffisamment étendu pour y édifier d'importantes constructions et prévoir les extensions futures. C'est un problème difficile dans une ville qui, comme Liège, s'étend dans une vallée; mais nous fûmes assez heureux pour trouver aux confins de la ville une vaste propriété dépendant de l'ancienne Abbaye du Val-Benoît dont nous pûmes d'abord acquérir deux lots (A et B) représentant une superficie totale de 8,25 ha, grâce à une libéralité des industriels de notre bassin et à de généreuses interventions de la Province et de la Ville de Liège. Plus tard M. le Comte Lippens, Ministre de l'Instruction Publique, décida le Gouvernement à l'acquisition du troisième lot (C), ce qui porte à 10,50 ha l'étendue du terrain réservé aux constructions de la Faculté Technique.

ULG Université de Liège Val Benoit - 1937 - Implantation de la faculté technique

Ce terrain s'étend entre la rue du Val-Benoît, la rue Armand Stévart, le quai de Rome et l'avenue des Tilleuls.

La rue A. Stévart, de création récente, a été établie sur une digue transversale réunissant à la rue du Val-Benoît, le quai de Rome, lui-même exhaussé à la suite des grandes inondations de 1925-1926. De la sorte nos terrains sont actuellement à l'abri des crues du fleuve.

Dans le lot B, était compris l'ancienne Abbaye du Val-Benoît datant du début du XVIIe siècle. Elle est séparée de la rue du Val-Benoît par une vaste cour de 100 X 65 m. environ à laquelle on accède par un remarquable portique datant de 1618.

Le lot C, en bordure de l'avenue des Tilleuls, comprend le château du Val-Benoît et ses annexes, orangerie, serres, maison de concierge, dont l'ancienne propriétaire, Mme Veuve Lamarche-Roman, est autorisée à conserver la jouissance gratuite sa vie durant.

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ULG Université de Liège - 1937 Porte baissante de 10 m à la rue du Val-Benoit

Actuellement sont construits un Institut de Chimie et de Métallurgie, un Institut du Génie Civil, un Laboratoire de Thermodynamique et une Centrale thermo-électrique.

Le premier Institut groupe les services de la chimie analytique, la chimie industrielle, l'électro­chimie, la physico-chimie, la métallurgie spéciale, la métallurgie générale et la sidérurgie: le second comprend les constructions du génie civil, l'hydraulique, l'architecture civile, l'architecture industrielle, l'exploitation des chemins de fer, l'exploitation des mines et la topographie. Ils représentent chacun un volume d'environ 90.000 m3.

Quoique ces bâtiments aient été largement conçus, on s'est réservé la possibilité de les agrandir et d'en transformer éventuellement les dispositions intérieures. A cet effet on a adopté un type de constructions à grandes portées où chaque étage a été divisé en locaux au moyen de cloisons légères en briques de cendrées. Rien n'empêchera donc, dans l'avenir, si la nécessité s'en fait sentir, de modifier à peu de frais en déplaçant les cloisons, l'arrangement intérieur actuel. Celui-ci a été réalisé dans chaque service suivant les vues des professeurs intéressés. Mais nous avons voulu que les laboratoires fussent établis avec tout le confort désirable: rien n'a été négligé pour qu'ils fussent abondamment éclairés et aérés. Sous ce rapport la ventilation de nos laboratoires de chimie peut être citée en exemple.

Enfin, on a prévu pour les planchers à tous les étages, des surcharges variant suivant les cas de 750 à 1500 kg par mètre carré. De cette manière il est possible d'installer des machines ou des appareils relativement lourds dans tous les laboratoires indistinctement, sans qu'il soit nécessaire d'établir des fondations indépendantes pour les recevoir, ce qui sauvegarde entièrement l'avenir. D'autre part, le mode de construction par charpentes continues qui a été adopté, met en jeu des masses si considérables que les chocs et vibrations occasionnels sont rapidement amortis, ce qui permet l'emploi, sans précautions spéciales, d'instruments de mesure très délicats, tels les galvanomètres.

Nous avons voulu également qu'une place honorable fut réservée à l'enseignement oral; car nous ne partageons nullement l'avis de ceux qui le considèrent comme accessoire. L'enseignement oral oblige le maître à coordonner ses idées, et un exposé bien fait laisse dans l'esprit des auditeurs une trace durable. Mais pour cela, il importe que les leçons soient rendues attrayantes par l'image et par des démonstrations expérimentales. A cet effet, tous les amphithéâtres, grands et petits, sont précédés d'une salle de préparation où l'on peut réunir les planches, cartes, modèles et produits pour servir aux leçons; ils sont en outre munis de lanternes à projection pour l'épi- et la diascopie.

Les collections de modèles ont été autant que possible placées dans des galeries ouvertes, de manière à constituer une exposition permanente et en tout temps accessible aux étudiants.

Enfin, en vue de faciliter la manutention des objets lourds ou encombrants, les salles de collections et les auditoires correspondants ont été établis à un même niveau.

Mais il ne suffisait pas de prévoir des bâtiments vastes et bien conçus, il fallait encore doter nos laboratoires de puissants moyens techniques dont l'agent essentiel est l'électricité.

Je n'étonnerai personne en disant que les dépenses en électricité absorbent une bonne partie des crédits normaux des laboratoires. Ces dépenses ne font d'ailleurs que s'accroître chaque année, souvent d'une manière si inattendue, qu'elles menacent de compromettre les prévisions budgétaires les mieux établies. Pour alléger cette charge, il faut pouvoir se procurer le courant à bas prix. Ce n'est pas chose aisée dans notre pays et toutes mes tentatives dans cette voie restèrent vaines. Mais une étude approfondie du chauffage de nos locaux vint apporter une solution toute naturelle à cette question importante.

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Le chauffage des vastes locaux de la nouvelle Faculté Technique devait nécessiter une quantité considérable de chaleur. Les jours de grand froid, un seul Institut consomme à lui seul près de trois millions de calories-heures, et l'on peut estimer que, dans les mêmes conditions atmosphériques, la dépense totale dépassera huit millions de calories par heure pour trois instituts.

Il était donc logique de centraliser la production de chaleur: on améliore ainsi le rendement total des installations et on diminue notablement le personnel.

La dépense de combustible qu'entraîne le chauffage de tels bâtiments est si considérable, qu'il convient de tirer le meilleur parti de l'énergie disponible dans le charbon. Or, la production de vapeur à haut potentiel n'entraîne pas une consommation de combustible sensiblement plus élevée et elle permet, par détente de la vapeur dans un turbo­alternateur, de disposer d'une énergie électrique importante.

La puissance ainsi réalisable dépasse considérablement les besoins actuels des nouveaux instituts. Toute l'économie du système envisagé était ainsi liée à la possibilité de débiter dans un réseau extérieur le surplus d'énergie. Le kilowatt-heure pouvait être livré à des conditions fort intéressantes pour l'acheteur, puisque toute la chaleur d'échappement des machines reste disponible pour le chauffage et que l'Université n'a pas à faire intervenir des frais d'amortissement et d'intérêts. Il était possible de récupérer de cette façon le prix du combustible brûlé.

L'installation ainsi conçue avait le mérite de présenter un intérêt didactique indiscutable, puisqu'elle permet non seulement de compléter l'enseignement théorique de nos futurs ingénieurs par des démonstrations d'un grand intérêt technique, mais encore de réaliser des essais et d'entreprendre des recherches variées principalement dans le domaine thermique. Mais afin de mettre mieux à profit cette heureuse circonstance, la centrale thermo-électrique a été placée en annexe du laboratoire de thermo­dynamique pour lequel elle constitue un adjuvant des plus précieux.

Ce sont d'ailleurs des considérations du même genre qui ont justifié les installations récentes de la Technische Hochschule d'Aix-la-Cha elle et de Polytechnique Fédérale de Zurich.

Mais la vente de l'énergie électrique disponible n'était pas chose aisée. J'avais espéré un arrangement avec le service d'électricité de la Ville de Liège; malheureusement mes démarches n'aboutirent pas et je dus me résoudre à m'adresser à une société privée. La seule dans notre bassin indus­triel capable d'absorber une telle quantité d'énergie résiduelle, était la Société Anonyme Linalux (Union des Centrales électriques de Liege-Namur­Luxembourg) qui groupe tous les producteurs industriels de notre région. La combinaison envisagée apparaissait d'autant plus heureuse que la « Linalux » s'engageait à fournir gratuitement l'énergie électrique nécessaire pendant les périodes d'arrêt de la chaufferie (été et services de nuit en hiver), à concurrence d'un certain maximum de puissance à fixer.

Je proposai donc au Gouvernement d'affilier l'Université de Liège à ce groupement coopératif. Le Ministre de l'Instruction Publique se rallia à mes propositions après les avoir soumises à l'examen de l'Office central d'Electricité et d'Electro­mécanique pour ce qui concernait l'économie du projet et à celui de la Cour des Comptes pour le point de vue juridique.

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La centrale thermo-électrique comprend 1° une salle de chauffe; 2° une centrale électrique; 3° une salle de haute tension; 4° une salle de contrôle de la marche des chaudières.

ULG Val Benoit - 1937 Centrale Thermo-élécrtique

1° Dans la salle de chauffe sont installées deux chaudières à haute pression, timbrées à 45 kg/cm2, mais fonctionnant à 38 kg/cm2. Elles sont munies de grilles mécaniques et sont chauffées à l'aide de fines lavées 0-10 mm. Un emplacement a été réservé pour l'installation éventuelle d'une troisième chaudière.

La commande automatique des chaudières est réalisée au moyen du système Integra.

2° La centrale électrique comporte un turbo­alternateur à deux corps et à soutirage de 1250 kW, marchant à 3000 tours sous 6300 volts et un détendeur désurchauffeur qui permet d'assurer le chauffage des locaux en cas d'arrêt de la turbine.

La centrale est reliée au poste de répartition d'Ougrée de l'Union des Centrales.

L'installation se complète par un tableau de haute tension avec schéma lumineux, un tableau basse tension et un pupitre de commande. Celui-ci est pourvu d'un synchroniseur automatique, d'un appareil de mise en parallèle automatique et d'un régulateur automatique de tension.

La tableau à basse tension comporte deux panneaux affectés au comptage.

3° La salle de haute tension est équipée au moyen de disjoncteurs à air comprimé Brown-Boveri qui se commandent de la centrale.

4° La salle de contrôle de la marche des chaudières comprend trois panneaux Intégra dont deux identiques sont affectés à chacune des chaudières. Ils comportent des enregistreurs de CO2, de dépression à la cheminée et de pression sous la grille.

Le panneau central comprend les appareils enregistreurs du débit de vapeur (production des chaudières, consommation totale de la turbine, quantité soutirée) et de la pression de vapeur au collecteur général et au soutirage.

En plus de ces différents appareils, des enregistreurs de Leeds et Northrup donnent les températures aux chaudières, les températures des fumées à l'entrée et à la sortie de l'économiseur et des réchauffeurs, la température de l'air à la sortie des réchauffeurs, les températures de l'eau à l'entrée et à la sortie de l'économiseur, la température de surchauffe, celle de l'eau d'alimentation, enfin celle de la vapeur soutirée.

Un panneau Siemens contrôle la commande automatique des vannes motorisées réglant le soutirage d'après la température désirée dans les locaux. Ce panneau comporte également un compteur des calories débitées et un indicateur des températures de l'air à l'extérieur et dans quelques salles des instituts.

Deux sous-stations raccordées en boucle avec la centrale ont été installées, l'une à l'Institut du Génie Civil, et l'autre à l'Institut de Chimie et de Métallurgie. Cette dernière est munie d'un redresseur à vapeur de mercure et d'un groupe diviseur de tension.

A la centrale ainsi que dans chaque Institut, une batterie d'accumulateurs alimente les circuits de signalisation et assure automatiquement l'éclairage de secours en cas de panne de courant.

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Passons maintenant à la description sommaire des Instituts. Ceux-ci comportent en réalité deux rez-de­chaussées, par suite de la surélévation de la voirie au-dessus du niveau du parc.

L'un débouche à même le parc; on le désigne improprement sous le terme de sous-sol; l'autre se trouve quelque peu surélevé au-dessus du niveau de la voirie existante. Aucun local n'a été établi en-dessous du niveau du parc, autre que les couloirs souterrains reliant la centrale aux divers Instituts et contenant toutes les canalisations.

L'Institut de Chimie et de Métallurgie, placé à front de la rue Armand Stévart, affecte la forme générale d'un U.

ULG Val Benoit - 1937 Institut de Chimie et de Métallurgie - Façade ouest

Les locaux en façade principale sont réservés en majeure partie à l'enseignement oral, tandis que les laboratoires sont installés dans les ailes.

Deux grands amphithéâtres superposés et aménagés au point de vue acoustique, pouvant contenir 170 étudiants, occupent le milieu des deux branches de l'U. Cette disposition est classique; on la rencontre dans maints instituts universitaires à l'étranger et même à l'Université de Liège. C'est le cas notamment des Instituts de Zoologie et de Physiologie. Mais au Val-Benoît, on a évité l'inconvénient que présente cette disposition, en réunissant par une aile les amphithéâtres aux laboratoires. Dans cette aile sont installées les salles de préparation de cours qui communiquent ainsi directement avec les laboratoires, ce qui facilite le transport des produits et du matériel nécessaires aux démonstrations et rend l'accès de l'auditoire plus facile aux professeurs et au personnel préposé à la préparation des leçons.

Outre cette aile de liaison, il a fallu prévoir une seconde aile transversale pour permettre de réaliser une disposition rationnelle des services de la métallurgie. Cette partie du bâtiment qui ne devait comporter qu'un rez-de-chaussée et un étage, fut exhaussée en cours de construction, d'un second étage destiné à recevoir les nouveaux laboratoires de physico-chimie de la Faculté des Sciences, créés à la suite des changements intervenus dans l'enseignement de la Chimie générale et destinés au professeur Victor Henri. Ainsi, avant même d'être achevé, ce vaste bâtiment s'avérait déjà trop petit!

Enfin isolé de celui-ci, s'élève la halle de fonderie, bâtiment sans étage destiné au service de métallurgie générale et de sidérurgie.

La partie principale de l'Institut de Chimie et de Métallurgie, c'est-à-dire la forme en U, est un bâtiment à ossature métallique, tandis que les ailes et les grands amphithéâtres comportent une ossature en béton armé.

L'ossature métallique est une charpente constituée de fermes continues à noeuds rigides et à étages multiples de grandes portées, dont les dispositions nouvelles sont dues à M. le professeur Campus.

Voyons maintenant rapidement les parties occupées par les différents services.

Dans l'aile Est, les locaux du sous-sol et du rez­de-chaussée sont occupés par la métallurgie spéciale qui dispose en outre d'une partie de l'aile transversale. Ceux du 1er et du 2 étages sont réservés à la chimie analytique.

Dans l'aile Ouest, la métallurgie générale et la sidérurgie disposent partiellement des locaux du sous-sol, de ceux du rez­de-chaussée et d'une partie de l'aile transversale. Une partie du sous-sol et le 1er étage ont été réservés à l'électro-chimie et le 2e étage à la chimie industrielle.

En façade principale, vers la rue Armand Stévart, se trouvent, comme nous l'avons dit, les locaux destinés à l'enseignement; ils occupent le rez-de-chaussée et deux étages.

ULG Val Benoit - 1937 Institut de Chimie et de Métallurgie. Entrée principale

En sous-sol sont installées des batteries et l'on a réservé un vaste local pour servir de magasin.

ULG Val Benoit - 1937 Institut de Chimie et de Métallurgie. Salle des batteries de Physico-chimie

L'Institut du Génie Civil diffère complètement du précédent. Deux grands amphithéâtres superposés ont encore été prévus, mais, selon une heureuse conception de M. le professeur Campus, ils ont été disposés suivant la diagonale d'un ensemble de bâtiments affectant la forme d'un quadrilatère. Cette disposition est avantageuse parce qu'elle simplifie la circulation dans le bâtiment. Le hall d'entrée présentait certaines difficultés de construction qui furent résolues par M. le professeur Campus. C'est le cas notamment pour le grand escalier qui, placé en porte à faux sur l'ossature de l'entrée principale, donne l'impression d'une remarquable légèreté et pour le local situé au 2e étage du hall qui est constitué par une pièce de 20 x 20 m sans support apparent. Cette salle est destinée à l'exposition de grands modèles.

Comme pour l'Institut de Chimie et de Métallurgie, l'ossature de l'Institut du Génie Civil est partiellement en béton armé et partiellement en acier enrobé de béton. La partie métallique a été la première charpente continue, entièrement soudée et en acier spécial, érigée en Belgique et probablement dans le monde entier.

ULG Val Benoit - 1937 Institut de Chimie et de Métallurgie. Accès à l'auditoire

Dans le prolongement de la façade vers la Meuse s'élève un bâtiment annexe qui constitue le laboratoire d'hydraulique. Derrière celui-ci se trouve un chantier expérimental sur lequel s'élève une halle isolée servant aux essais sur des constructions importantes.

Plusieurs services sont logés dans cet Institut. En façade vers la Meuse, les locaux du sous-sol et du rez-de-chaussée sont occupés par les services des constructions du génie civil, sauf deux locaux réservés au professeur d'hydraulique générale (bureau et salle des archives). Au premier étage se trouvent l'architecture civile et l'hydraulique générale, et le second étage est occupé entièrement par les salles de dessin des cours de constructions du génie civil.

En façade Sud, au sous-sol et au rez-de-chaussée, sont installés les ateliers et laboratoires du génie civil. Les 1er et 2e étages sont occupés par les salles de dessin et les collections du cours d'architecture civile.

En façade Ouest, le sous-sol et le rez-de-chaussée sont réservés à l'exploitation des mines, le premier étage à l'architecture industrielle et le second étage comprend une salle de dessin et ses annexes pour les services de topographie et d'hydraulique générale.

ULG Université de Liège Val Benoit 1937 - Institut du Génie Civil Façade Ouest

En façade Nord, la topographie occupe le sous-sol et le rez-de-chaussée; le premier étage est réservé à l'exploitation des chemins de fer et le second étage comprend une salle de dessin pour le cours d'architecture industrielle.

Le laboratoire d'hydraulique dépend des services d'hydraulique générale, d'hydraulique appliquée et d'hydrodynamique.

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Pour achever le programme des nouvelles installations destinées à la Faculté Technique, il reste à construire

1° Un Institut de Mécanique dont le gros-oeuvre est actuellement entamé et dont le laboratoire de thermodynamique complètement terminé, constitue une annexe;

2° Un Institut des Sciences minérales qui, pour des raisons budgétaires, comprendra en outre des services de géologie et de minéralogie, ceux de la physique expérimentale.

On n'a pas envisagé le déplacement de l'Institut Electrotechnique qui restera donc rue St-Gilles.

ULG Université de Liège - Institut Electro-technique Montéfiore

Toutefois, nous avons réservé dans le lot C, le terrain nécessaire pour y construire éventuellement un nouvel Institut Electrotechnique.

J'appelle de tous mes voeux le jour heureux de cette réalisation qui couronnera l'ouvre si patiemment poursuivie.

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Les plans de l'Institut de Chimie et de Métallurgie furent confiés à M. le professeur Puters, ingénieur­architecte, et plus tard ceux de l'Institut du Génie Civil à M. l'architecte Moutschen. Ces deux constructions contrastent singulièrement non seulement par leur forme mais encore par leur conception architecturale. Il n'y a là rien d'étonnant puisque la destination de ces deux bâtiments est totalement différente, l'un abritant d'importants laboratoires de chimie et l'autre des salles de dessin, des laboratoires d'essai de matériaux, etc.

Les problèmes à résoudre n'étaient donc pas de même nature, et l'on peut affirmer que MM. Moutschen et Puters les ont résolus parfaitement, tout en se laissant guider par leur tempérament artistique propre.

Le début des études fut particulièrement difficile, car nous n'étions pas organisés pour entreprendre une tâche de cette importance. Je dus bientôt faire appel à la bonne volonté du professeur Campus qui, cédant à mes sollicitations, m'accorda son concours d'abord comme ingénieur conseil, ensuite comme Directeur du Bureau technique. Ses études, sa grande expérience professionnelle acquise par des travaux similaires dans la Sarre, son remarquable esprit d'organisation et son sens exact des responsabilités le désignaient tout spécialement pour remplir ce rôle et mener à bien l'oeuvre commencée dont il fut un des principaux artisans. Il apporta aux architectes un concours inestimable dans l'élaboration de leurs plans et ne se laissa rebuter par aucune difficulté de construction. Pour moi, il fut un collaborateur précieux dont je me plais à reconnaître le dévouement et la haute conscience professionnelle.

A ma demande aussi MM. les ingénieurs Bidlot et Danze, chargés de cours à la Faculté Technique, voulurent bien entreprendre l'étude délicate du chauffage et de la ventilation. Après un voyage à l'étranger, ils exposèrent dans un rapport lumineux les avantages et les inconvénients des systèmes de chauffage qu'ils avaient rencontrés et préconisèrent l'établissement d'une centrale thermo-électrique. Leur proposition ayant été adoptée, MM. Bidlot et Danze établirent les projets d'équipement de la centrale, et du chauffage des deux premiers Instituts en connexion avec la centrale. Ils assurèrent la rédaction des cahiers des charges en vue des adjudications, et se chargèrent en outre des essais et des réceptions se rapportant à ces travaux. La part qu'ils ont ainsi prise à la réalisation de nos installations est importante et leur fait le plus grand honneur.

L'établissement des canalisations de l'Institut de Chimie et de Métallurgie nécessita d'importantes études auxquelles furent appelés à collaborer les deux frères Anciaux de Bruxelles.

Ils apportèrent à M. le professeur Puters le concours de leur longue expérience. Malheureuse­ment Fernand Anciaux mourut avant l'achèvement des études et son frère le suivit dans la tombe peu après la fin de l'entreprise.

Le Bureau technique, créé à l'origine à la demande de M. le professeur Puters pour l'étude de la résistance et de la stabilité de l'Institut de Chimie et de Métallurgie, s'est occupé tout d'abord de l'étude des ossatures, en acier et béton armé, et des planchers. Plus tard, lors du commencement des travaux, son rôle s'est étendu à la direction et à la surveillance de ceux-ci. C'est lui qui fut ensuite chargé de l'établissement des cahiers des charges et des adjudications. Le personnel, peu nombreux au début, augmenta progressivement au fur et à mesure des besoins et le Bureau technique finit par avoir toutes les attributions ordinaires d'un service spécial de direction des travaux. C'était d'ailleurs inévitable puisqu'il importait de coordonner toutes les entreprises et de respecter les règles administratives de l'Etat.

La tâche accomplie par les ingénieurs et le personnel attaché au Bureau technique a été considérable et lourde de responsabilités; la manière dont tous se sont acquittés de leur mission ne mérite que des éloges.

Celle de notre administration a été aussi des plus importantes, si l'on considère que jusqu'à ce jour elle a procédé pour les nouveaux Instituts à une centaine d'adjudications publiques distinctes et que chaque entreprise a donné lieu à des décomptes.

Les longues et minutieuses formalités administratives que ces opérations entraînent, venant en surcroît de la besogne courante, n'ont pu être accomplies que grâce au zèle du personnel du secrétariat et de la comptabilité.

Je dois mentionner tout spécialement le rôle ingrat et difficile qu'assuma en l'occurrence M. Lacomble, conservateur général et comptable général de l'Université.

Tous les artisans grands et petits qui ont apporté leur collaboration à l'oeuvre réalisée, ont acquis des titres à la reconnaissance de ceux qui s'intéressent à la grandeur de notre Ecole d'Ingénieurs. Personnellement, je ne puis oublier le concours dévoué qu'ils m'ont apporté et je leur garde au fond du coeur une profonde gratitude.

En terminant cet exposé succinct d'un ouvrage dont l'importance apparaîtra mieux à la lecture des descriptions détaillées de nos principales installations, je voudrais encore mentionner que toutes les entreprises furent confiées à des firmes belges et que, sauf de très rares exceptions, tous les matériaux employés furent d'origine belge.

La réalisation actuelle fait donc honneur à nos industries nationales. En occupant pendant plusieurs années une main-d'oeuvre nombreuse, elle a contribué à adoucir la crise qui pesait, à cette époque, très lourdement sur notre pays.

A tout point de vue, elle aura été un bienfait dont il ne nous reste plus qu'à tirer le meilleur parti pour le bon renom de notre Ecole et la grandeur de notre Patrie.


L'INSTITUT DE CHIMIE ET DE MÉTALLURGIE

par Albert PUTERS, Ingénieur-Architecte.

ULG Val Benoit - 1937 Institut de Chimie et de Métallurgie. Plan du rez-de-chaussée.

Institut de Chimie et de Métallurgie. Plan du rez-de-chaussée.

200 Huissier 253 Chambre noire
201 Porche 254 à 256 Microscopie et polissage
202 à 204 Hall 257 Pouvoirs calorifiques
205 à 209 Escalier 258 et 259 Points critiques
210 à 213 Ascenseur 260 et 261 Salle de fours
214 à 216 Auditoire 262 Laboratoire d'analyse
217 à 221 Préparation de cours 263 Assistant
222 et 223 Cabinet d'attente 264 Fours électriques et électrolyse,
224 à 229 Vestiaire voie humide
230 et 232 W-C hommes 265 Balances
231 et 233 W-C dames 266 Evaporation
234 et 235 Garçon de laboratoire 267 Electroylse analytique
236 et 237 Cabinet de professeur 268 Appareils
238 et 239 Antichambre 269 Métallographie et polissage
240 et 241 Laboratoire de professeur 270 Chambre noire
242 et 243 Collection 271 Spectrographie
244 Bibliothèque 272 Radiologie
245 et 246 Salle de fours 273 Répétitions
247 Essais mécaniques 274 Préparateur et produits
248 Monte-charges 275 Magasin
249 Grand escalier 276 Atelier de précision
250 Préparateur 168 Fonderie
251 Atelier de préparateur 169 Douches et W-C
252 Assistant 170 Essais de sables
252bis Essais de conductibilité 171 Essais de viscosité

Examinons quels sont les principes généraux qui ont été pris en considération pour aboutir à la conception architecturale de l'Institut de Chimie et de Métallurgie.

Les conditions topographiques ont d'abord déterminé deux niveaux de départ; le terrain se présentant sous la forme d'une cuvette bordée par des rues formant digues, a conduit à envisager un sol d'étage inférieur surélevé de quelques centimètres par rapport à la cuvette, et un rez-de-chaussée établi à environ un mètre au-dessus du niveau de la rue. On constituait ainsi deux rez-de­chaussées superposés, deux niveaux d'accès de l'édifice: l'un de l'intérieur de la propriété, l'autre de la rue.

Il fallait ensuite, et avant toute autre chose, prendre en considération les principes essentiels de la destination, de la fonction de l'établissement à créer. Cette fonction ressortait clairement des données formulées par Monsieur l'Administrateur Inspecteur de l'Université sur l'organisation de l'enseignement oral et de l'enseignement pratique ainsi que des idées particulières émises par les professeurs titulaires des cours.

Le programme qui résultait de la coordination de toutes ces données étant établi et permettant d'entrevoir une forme de plan, il s'agissait alors de s'occuper concurremment d'autres facteurs très importants et essentiels la réalisation technique, les conditions acoustiques, la ventilation, les canalisations de tous genres; tous points de vue qui pouvaient contrarier en partie l'avant-projet. Les problèmes concernant la réalisation technique ont été confiés au bureau d'études techniques des Instituts du Val Benoit sous la direction de M. le professeur Campus; ceux relatifs à la ventilation à MM. les ingénieurs Bidlot et Danze; pour les canalisations, MM. Anciaux m'ont apporté leur précieux concours.

C'est le moment d'examiner quelques caractéristiques de la construction. En principe, on a envisagé une séparation assez nette des divers services en les groupant par moitiés d'étages. D'autre part, on exigeait la plus grande liberté possible pour le cas où des modifications se révèleraient désirables à l'intérieur, surtout dans les laboratoires; cela conduisait à l'aménagement de grandes salles sans supports intérieurs, subdivisées éventuellement par des cloisons légères; d'où des portées importantes à réaliser par un système de construction à ossature métallique ou en béton armé. Il fallait réduire le plus possible la sonorité; indépendamment des moyens techniques envisagés à cet effet, il a paru prudent tout d'abord de la réduire par une distribution appropriée des locaux: on a séparé systématiquement les laboratoires plus ou moins bruyants des auditoires. C'est de cette considération que résulte la forme générale du plan: un corps principal à rue comprenant en majeure partie les auditoires; puis deux ailes principales en retour aux extrémités du corps principal et contenant les laboratoires. Par une heureuse coïncidence, cette séparation systématique des genres de locaux se révèle également favorable pour simplifier les trajets des canalisations de ventilation.

Afin de préciser la distribution des locaux, considérons comment ils se répartissent dans un étage. Parmi les locaux destinés à l'enseignement théorique (auditoires) et ceux réservés à l'enseignement pratique (laboratoires), on distingue des locaux principaux (grands auditoires, grands laboratoires), leurs annexes obligées (vestiaires, salles de préparation de cours, salles d'évaporation, salles de balances) et des locaux secondaires (petits auditoires, laboratoires spéciaux). On distingue ensuite des espaces nécessaires pour constituer les moyens de communication permettant les relations entre locaux: c'est la voirie dans l'urbanisation du bâtiment; elle consiste en entrées, halls, escaliers, ascenseurs, couloirs, dégagements. Il y a enfin des locaux de services généraux, à but administratif ou hygiénique: loges pour huissier, garçons, logement de concierge, salle de chauffe, lavatories, caves à canalisations.

Tous ces locaux ne se disposent pas au hasard; il est pour eux des endroits optima qui présentent un maximum d'avantages; ceux-ci résultent de la position relative des locaux et de l'appropriation plus ou moins heureuse des liaisons, des moyens de communication. Un premier principe consiste à placer les locaux principaux fort fréquentés à proximité des entrées; ce sera le cas pour les grands laboratoires, pour les auditoires petits et grands; ces locaux seront disposés de part et d'autre de leurs entrées respectives.

L'entrée principale de l'institut est située dans l'axe de la façade à rue et donne accès aux auditoires; une entrée latérale existe vers le milieu de chacune des ailes de laboratoires; enfin, deux sorties secondaires vers les cours donnent communication pour tous les services à une partie commune comprenant des laboratoires communs; donc cinq entrées collectives réparties de manière à desservir les points principaux de l'institut. De la sorte, les laboratoires et les auditoires sont accessibles indépendamment les uns des autres, le travail se concentrant à certaines heures dans les uns ou dans les autres; les entrées des locaux inoccupés peuvent ainsi être fermées. Les entrées principales d'auditoires et de laboratoires sont précédées chacune d'un porche qui permettra de s'abriter éventuellement des intempéries avant l'ouverture des locaux. Après le porche, un hall (formant salle de pas­perdus devant les grands auditoires); sur le côté du hall se trouve l'escalier. De plus, pour les entrées des laboratoires, le hall relativement petit est limité an fond par des cloisons vitrées qui permettent de fermer un étage de laboratoires tout en laissant accessibles les autres étages, puisque l'escalier est ainsi extérieur par rapport aux entrées particulières des étages.

En envisageant l'emplacement des locaux principaux, nous avons été naturellement amenés à parler des relations entre l'extérieur et ces locaux, et de leurs communications; c'est-à-dire à envisager la circulation dans l'édifice. Evaluons maintenant l'importance des dégagements. Tout comme pour les halls, dont les superficies sont proportionnées aux besoins, on trouvera également les couloirs répartis en plus ou moins grande importance dans les différentes parties de l'édifice. Les halls principaux forment salles de pas-perdus devant les grands auditoires et sont de superficies supérieures à celles de ces auditoires. De ces halls partent des couloirs dans deux directions opposées, longeant la façade postérieure pour desservir les petits auditoires et subsidiairement conduire vers les ailes de laboratoires; ces couloirs sont donc éclairés par les baies donnant sur les cours. Les couloirs relativement courts des ailes de laboratoires sont situés dans les axes de ces ailes à proximité des halls d'accès de chaque étage. Les laboratoires et leurs annexes respectives se commandent l'un l'autre dans la plupart des cas. Dans la région des salles de préparation annexées aux grands auditoires, les dégagements ont été également réduits au minimum.

Les communications verticales sont réalisées par des escaliers se trouvant sur le côté de l'entrée principale et des entrées de laboratoires; des escaliers secondaires desservent également les quatre étages de laboratoires à l'endroit des sorties vers les cours, c'est-à-dire aux noeuds entre les ailes principales et l'aile de liaison des laboratoires. Ces escaliers sont établis sur le même principe que les précédents, à savoir avec possibilité de pouvoir isoler certains étages sans en condamner d'autres. De plus, à l'usage du professeur et du personnel, on trouvera des ascenseurs et des monte­charges près des escaliers principaux et secondaires des ailes de laboratoires. Ces ascenseurs circulent dans des gaines fermées. Voilà les moyens de communication. Signalons encore à ce sujet que la distribution des services par demi-étages superposés a pour avantage de faire bénéficier le professeur d'importantes réductions de parcours horizontaux grâce au mode de transport facile dans le sens vertical.

Passons à l'examen des locaux d'enseignement proprement dit: les auditoires et leurs annexes. Il a été prévu deux grands auditoires pour 170 élèves chacun et quatre petits auditoires pouvant recevoir chacun un quarantaine d'élèves.

Les grands auditoires ont la forme classique à gradins imposée pour des raisons de visibilité; pour assurer une acoustique favorable, le plan est trapézoïdal et le plafond à profil parabolique. Les grands auditoires nécessitant plus de hauteur par suite de la disposition en gradins, ont été établis en dehors du corps principal dont les étages sont limités à 5 mètres de hauteur; de la sorte il est possible de combiner les niveaux sans compliquer ceux du corps principal. Il a paru de plus logique de superposer deux grands auditoires de même forme générale pour économie de fondations. Le grand auditoire situé au niveau du rez-de-chaussée de la rue sert aux deux cours de métallurgie, tandis que dans l'auditoire supérieur se donnent les cours de chimie. Chacun des grands auditoires comporte en annexe du côté de la chaire, une salle de préparation commune servant au moment des cours. Le service de préparation se dédouble grâce à deux salles de préparation particulières de manière que la préparation de chaque cours puisse se faire à tout moment indépendamment de l'horaire de l'autre cours. Ces salles particulières se trouvent entre la salle de préparation commune et l'aile des laboratoires correspondants aux cours envisagés. L'ensemble de ces locaux s'échelonne suivant un même axe reliant les entrées des laboratoires en constituant une aile de raccordement. Des vestiaires se trouvent à proximité de l'entrée des auditoires, ce qui isole ceux-ci du bruit éventuel produit dans les halls.

Les petits auditoires établis en façade principale sont des salles rectangulaires comportant comme annexes, du côté de la chaire, une salle de préparation, et côté du fond, un vestiaire; c'est par ce vestiaire que les élèves ont accès à l'auditoire; cette communication indirecte entre le couloir et l'auditoire isole du bruit. Les petits auditoires pouvaient être traités en laissant les pupitres et bancs à un même niveau et en élevant la chaire sur une estrade. Une autre solution a été admise: sans estrade et avec des gradins intéressant chaque fois deux rangées de bancs; ce système est préférable; il permet au professeur de se déplacer plus facilement pour ses expériences et démonstrations, ainsi que pour le commentaire des projections lumineuses; la chaire est ainsi de plain-pied avec la salle de préparation; de plus la visibilité est beaucoup meilleure pour les étudiants.

Les salles de collection où sont exposés des objets de démonstration pour les cours, sont situées à la jonction des ailes de laboratoires et d'auditoires, de manière à se trouver à niveau avec les salles de préparation de cours et à mi-chemin entre ces salles correspondant aux grands et aux petits auditoires. Pour assurer le rendement maximum, les salles de collection sont toujours accessibles; elles servent en même temps de dégagements.

Etudions maintenant le système des laboratoires. Ici, comme pour les auditoires, des vestiaires sont aménagés près des entrées de chaque service, soit à chaque étage; ils sont meublés d'armoires-vestiaires métalliques à porte rentrante. Les divers services se partagent l'étage inférieur pour leurs besoins secondaires et approvisionnements. Chaque enseignement procède de principes différents pour la distribution de ses laboratoires principaux. La chimie analytique a partiellement influé sur les autres disciplines par ses exigences de laboratoires d'une largeur de 15 mètres libres permettant de disposer en regard l'une de l'autre deux tables de 4,50 m. plus les éviers, avec allée centrale et allées latérales. Ces grands laboratoires sont groupés de part et d'autre de l'entrée, ayant chacun une salle d'évaporation attenante; ces salles d'évaporation sont à deux issues de façon à permettre l'accès et le retour par sens unique; ces issue communiquent avec le laboratoire exclusivement par intermédiaire d'un sas. Les salles de balances craignant fort les émanations de laboratoires ont été systématiquement refoulées à l'opposé des salles d'évaporation; un sas ou couloir ventilable a de plus été interposé entre elles et les laboratoires. Des petits laboratoires spéciaux et des salles de doctorat ont été aménagées à l'étage supérieur. Le mobilier des laboratoires de chimie analytique consiste principalement en tables de travail de 4,50 x 1,30 m, auxquelles seront occupés quatre élèves; une hotte à quatre compartiments est établie au centre de la table; cette hotte est raccordée au système de ventilation, par succion, l'air appelé étant remplacé par de l'air pris au-dehors et passant sur les radiateurs placés sous les fenêtres.

Pour la chimie industrielle, les laboratoires sont en règle générale plus subdivisés. Le long d'un couloir central à cloisons vitrées dans le haut, se groupent d'un côté les laboratoires et de l'autre côté les salles de mesures. Dans ces laboratoires, des tables de travail alternent avec des tables­hottes.

Les salles de travail de métallurgie sont conçues sur un autre plan: un local central ou laboratoire d'analyse dans lequel se concentrent les résultats des opérations qui s'effectuent dans les locaux adjacents: salles de fours et salles de travail.

Les professeurs disposent en particulier d'un cabinet avec antichambre et d'un laboratoire; ces locaux étant situés à proximité de l'entrée des laboratoires, c'est-à-dire à distances égales des auditoires, au centre des laboratoires, en même temps à proximité de l'ascenseur, de manière à faciliter et diminuer les parcours. Dans le service de chimie analytique, exceptionnellement, à cause des émanations nocives abondantes et continuelles, le cabinet et le laboratoire particulier du professeur ont été relégués intentionnellement près du hall de l'entrée des auditoires, c'est-à-dire aussi loin que possible des laboratoires d'étudiants.

Les chefs de travaux et assistants disposent également de cabinets-laboratoires.

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Quelques mots maintenant à propos de la construction et de son parachèvement

Il est écrit ailleurs à propos de l'ossature métallique et de celle en béton armé. L'ossature métallique a dû être enrobée de béton et en façade ce béton même a été englobé dans la maçonnerie en briques. La charpente en béton armé des grands auditoires et des ailes secondaires est restée apparente et son parement a été bouchardé.

La maçonnerie en briques a été choisie de teinte violette parce que c'est celle sur laquelle la patine obscurcissante marquera le moins; elle s'harmonise d'ailleurs avec la teinte actuelle de l'ancienne abbaye voisine. La pierre de taille a été utilisée pour les soubassements, les escaliers extérieurs, les marches des escaliers intérieurs, les seuils de fenêtres et cordons, les couvre-murs des parapets.

Les chassis de fenêtres sont métalliques. Les portes d'entrée extérieures sont en chêne, ainsi que les menuiseries du hall principal et des grands auditoires. Pour les portes intérieures, on a employé des bois contreplaqués et lamellés; les faces de ces portes sont généralement en limba clair (bois du Congo) avec encadrement en chêne. La quincaillerie est en acier inoxydable.

Le sol des halls, des dégagements et des laboratoires est généralement constitué de carrelages céramiques dont le dessin sobre signale particulièrement les emplacements des portes et couloirs de circulation. Pour les auditoires, on a employé des parquets en chêne. Enfin les salles de lecture, les bureaux de professeurs et quelques laboratoires de chimie physique ont le sol revêtu de linoleum.

Les halls ont un lambris en céramiques émaillées; on y remarquera des valves murales à glaces coulissantes.

En général, les murs sont peints à l'huile en teintes claires de tons chauds; les chambres noires sont en rouge foncé.

Pour les canalisations, le grès a été utilisé sous le sol; la fonte et le plomb pour les chutes et décharges; le cuivre pour l'eau; le fer pour le gaz.

Le mobilier est traité d'après les mêmes préoccupations que pour le bâtiment, c'est-à-dire particulièrement en vue de satisfaire au mieux la fonction. Les moulures ont été proscrites et le bois lamellé a été utilisé sur une grande échelle. Comme essence, on a choisi le chêne. Le mobilier des auditoires a été conçu en vue de procurer le confort maximum compatible avec des moyens simples; les tableaux sont à guillotine; les sièges sont constitués par des strapontins mobiles permettant le passage aisé et délimitant une place individuelle pour chaque étudiant.

L'ensemble de cette oeuvre représente un travail important qui n'a pu être mené à bonne fin que grâce à l'aide dévouée de jeunes collaborateurs architectes, auxquels je suis infiniment reconnaissant.

Je ne puis terminer sans dire quelques mots des préoccupations esthétiques dont s'est soucié l'architecte.

Je me suis expliqué ailleurs ( « La Technique des Travaux, juillet 1933 ») sur ce qu'il faut entendre par une architecture fonctionnelle et ce qui la différentie de l'application de formes traditionnelles ainsi que de l'architecture rationnelle et de l'architecture réactionnelle. Je me suis expliqué longuement à ce sujet non pour sous-estimer la beauté des formes du passé, non plus que pour diminuer l'importance de la technique plus que jamais indispensable, mais pour faire remarquer que la tendance actuelle du mouvement architectural le plus vivant remet à sa place la fonction; que cette fonction devient le point de départ de l'architecture nouvelle.

L'architecte s'est donc soucié de créer une oeuvre fonctionnelle dans laquelle le problème de la répartition des locaux ne soit pas dominé par toute autre idée, voire celle de monumentalité. Sans préjudice pour une telle conception, il s'est par surcroît efforcé de réaliser une certaine eurythmie par le choix de certaines proportions, appliquant en cela une tradition qui existe à toutes les époques où les esprits ne sont pas égarés par l'asservissement au détail décoratif extrinsèque; il espère être arrivé ainsi à réaliser une certaine harmonie.

Enfin, qu'il me soit permis de faire une dernière remarque - non de vanité, mais de pure satisfaction -: lorsque cet édifice fut conçu, les exemples de ce style étaient pour ainsi dire inexistants à Liège. On y était hostile. Aujourd'hui, dans tous les coins de l'agglomération liégeoise, l'architecture fonctionnelle se révèle.


L'INSTITUT DU GENIE CIVIL

par Jos. MOUTSCHEN, architecte
Professeur à l' Académie Royale des Beaux- Art de Liège.

ULG Université de Liège Val Benoit 1937 - Génie Civil

La création, à l'Université de Liège, d'une section de langue française du Génie Civil, imposait la construction d'un Institut spécial.


L'emplacement.

L'Institut du Génie Civil est planté le long de la Meuse en bordure du quai de Rome prolongé. Les deux faces principales sont complètement dégagées, l'une vers le fleuve, l'autre vers le parc qui entoure le bâtiment conservé de l'abbaye du Val-Benoît, ancienne construction Renaissance, abritant certains services administratifs.

Le terrain, presque de niveau, est en contrebas de plus de deux mètres du quai de Rome.


Le programme.

L'Administration demandait:

Une entrée principale, quai de Rome, particulièrement accessible et une entrée secondaire vers les antres Instituts.

Deux grands auditoires de 150 places, au moins, à portée du public et pour les cérémonies extérieures et avec les annexes indispensables, salles de préparation, cabine de projection, vestiaire, lavatory.

Cinq auditoires, moyens ou petits, avec locaux accessoires, bibliothèque, archives, bureau de professeur, de chef des travaux, etc.

Un groupe de laboratoires pour le génie civil.

Un groupe de laboratoires pour l'enseignement de l'hydraulique.

Des laboratoires spéciaux, photogrammétrie, etc., avec leurs annexes, diverses chambres noires, etc., etc.

Les collections devaient se répartir, rationnellement, dans le voisinage immédiat des auditoires.


Le plan.

Pour satisfaire à ces exigences diverses, le plan adopté est, cependant, simple; il réalise une ossature peu encombrante, pouvant elle-même s'agrandir dans tous les sens, permettant une utilisation, sans entraves, au mieux des nécessités d'un enseignement en constante évolution qui réclame, à juste titre, le maximum d'aisance pour la modification des locaux.

Révélant cette préoccupation le plan est l'aboutissement de très nombreux avant­projets qui permirent, par simplifications successives, de condenser la distribution en un carré traversé d'une diagonale et accolé d'une annexe pour les laboratoires d'hydraulique ainsi que le démontre le schéma qui illustre cet article.

Un tunnel, en sous-sol, groupe méthodiquement toutes les canalisations sanitaires, égouts, électricité, chauffage, incendie, gaz, etc.

Les circulations s'inscrivent à la périphérie de ce carré. Elles aboutissent à deux escaliers principaux desservis par deux entrées, l'une au quai de Rome, l'autre en façade postérieure. Cette circulation en cycle fermé, présente des élargissements formant les salles de collections à portée immédiate des locaux d'enseignement les concernant.

Les deux grands auditoires occupent la diagonale entre les deux grandes entrées. Les laboratoires divers, et notamment ceux du génie civil, se trouvent au niveau inférieur, avec accès, eu tous points, aux camions de transport, pour les machines et les matériaux. Aux étages, les auditoires ordinaires et toutes leurs annexes s'inscrivent sur les quatre faces du carré vers l'extérieur. Les salles de dessin occupent les emplacements les plus clairs du deuxième étage.

Le troisième étage, au­dessus de l'entrée principale, est consacré à diverses salles de réunion, spécialement réservées pour les étudiants.


La construction.

La structure fut étudiée en collaboration très étroite avec la Direction Technique, confiée à la grande compétence de M. le professeur Campus. Deux ailes postérieures sont en charpentes métalliques, soudes et enrobées suivant le système remarquable de M. le professeur Campus, le reste est en béton armé.

L'ossature est supportée par des pieux « Franki ». Les murs ne sont donc que de simples remplissages.

Ils sont creux, revêtus en façades extérieures par des placages en pierre de taille, et, en façades intérieures, par des parements en briques sablées.


Les matériaux.

Il n'est pas superflu, à l'occasion de la construction d'une école du Génie Civil de dire quelques mots des matériaux utilisés.

Pour l'extérieur, ceux-ci furent choisis

1° Pour s'adapter à l'atmosphère particulièrement nocive et fumeuse de la région industrielle de Liège.

2° Parmi les plus simples et les plus éprouvés.

3° Pour leur économie.

Le béton est parementé à l'extérieur par un béton blanc au silex, moulé dans des coffrages métalliques, participant à la résistance; décapage au jet de sable.

La pierre de taille est utilisée comme parement avec le maximum d'économie que confère le puissant outillage mécanique actuel des carrières. Les façades sont revêtues de dalles sciées de 10 cm d'épaisseur simplement lavées, posées sur accroches en bronze. Découpe suivant des formats sensiblement analogues, le plus souvent de 1,25 m sur 71 cm.

Les autres éléments en pierre de taille socle, seuils de fenêtres, dalles formant chapiteaux, et couvertures du parapet, sont traités avec les profils les moins coûteux, avec ciselure de 1 cm. Un dispositif d'évidement des oreilles des seuils de fenêtres évite les dégoulinements qui dégradent, si souvent, les allèges extérieures; il s'est révélé efficace.

L'emploi du petit granit est donc basé sur des principes tout simples, tirant parti à la fois de l'outillage moderne des carrières et du rôle spécial attribué à ce matériau naturel dans une construction où les résistances sont assumées par une ossature indépendante.

Les parements verticaux en dalles sciées sont laissés bruts de sciage, seules les dalles de soubassements, les socles et seuils de fenêtres, sont largement ciselés, afin d'offrir, par leurs cannelures, une évacuation rapide aux souillures. Ce dispositif a suffi pour conserver aux oeuvres en pierre, un aspect propre si rare en nos régions; il dérive de l'observation de nos anciens monuments et, en particulier, des tombeaux des vieux cimetières, banc d'épreuve par excellence de la pierre naturelle.

Le choix des briques et leur emploi, ont nécessité certaines précautions pour réduire les effets désastreux de l'atmosphère qui altère à Liège, au bout de si peu de temps, les plus belles teintes.

Les châssis métalliques sont étudiés pour obtenir une rigidité réelle. Une bonne répartition des parties ouvrantes permet le nettoyage total par l'intérieur, condition très importante pour l'entretien.

Toutefois, les grands châssis fixes, d'une seule pièce, sont garnis de verre dit « Oceanic » et ne nécessitent, pratiquement, aucun entretien extérieur. Les portes extérieures, pivotantes ou à accordéon, sont systématiquement métalliques et d'une grande solidité pour répondre à leur destination qui est presque celle d'une usine.

L'étanchéité des terrasses, problème essentiel, est traité à l'aide de matériaux courants. Quatre couches de composition asphaltique remontant et contournant les parapets forment des terrasses, de véritables bacs étanches, protection horizontale solide, par un pavement en céramique de Jurbize sur forte épaisseur de sable - protection verticale par un revêtement en béton armé - pentes prononcées - dégorgeoirs en plomb épais - joints de dilatation par des jeux de feuilles de cuivre complètement dissimulés, n'apportant aucune entrave à la circulation sur les terrasses.

A l'intérieur, on a adopté:

Pour les pavements, les céramiques 15/15 ou 30/30, des parquets en Kamballa ou en liège.

Pour les lambris les revêtements en ciment ou en ciment au silex et des contreplaqués de limba foncé. Dans les installations sanitaires, les revêtements sont en plaquettes de grès.

Pour les portes, des types unis en contreplaqué de chêne ou de bois du Congo furent choisis.


Les installations.

Pour les diverses installations de chauffage, d'éclairage ou sanitaires, les canalisations maîtresses sont concentrées dans le tunnel inférieur se développant sous toutes les parties et rendent, ainsi, aisément possibles les transformations et réparations ultérieures.

De nombreux passages en attente sont ménagés aux colonnes.

Le chauffage par radiateurs, convecteurs et aérothermes et l'installation spéciale du conditionnement d'air pour les grands laboratoires furent réalisés sous la direction de Messieurs les Ingénieurs Bidlot et Danze.

La ventilation est mécanique pour les locaux sanitaires et certains laboratoires; elle est naturelle, par prises multiples, graduée pour les autres locaux.

L'éclairage électrique est réparti par une petite station de transformation au centre de l'édifice; les canalisations générales sont apparentes avec passages réservés dans les poutres.

L'appareillage pour l'éclairage est extrêmement sobre boules et plafonniers de série. Cette installation fut exécutée sous la direction de M. l'ingénieur David.

Installations sanitaires, réparties à chaque extrémité du plan et devant les grands auditoires, ne comportant que des appareils de types courants en grès belge, revêtements intérieurs en grès moucheté sur 2,30 m de hauteur.


Les aspects extérieurs.

Les sujétions parfois contradictoires des différentes parties ont néanmoins permis la répartition simple des masses; première condition de l'unité d'aspect, accentuée encore par des verticales également distantes et dominantes des colonnes de l'ossature laissées bien visibles.

La conception des façades extérieures et des cours, la mise en oeuvre de leurs matériaux sont réellement conditionnées par l'encrassement inévitable dans la région liégeoise. Ce souci impérieux régit jusqu'au moindre profil et a conduit, pour l'Institut du Génie Civil, aux dispositifs extérieurs suivants

a) Prépondérance des verticales.

b) Parement en pierres ou brique continus, évitant les coupures horizontales.

c) Vitrages d'une pièce.

d) Béton extérieur au silex concassé et décapé.

e) Jeu de teintes naturelles donnant un rapport de valeur conservant une impression propre, malgré la patine et les dégradations.

Sous leur apparente simplicité, les façades présentaient plusieurs points d'une certaine difficulté, comme par exemple la façade postérieure (une superposition de grands halls accolés de locaux de service), la soudure de l'aile de l'hydraulique avec les autres ailes (par suite des différences de niveaux des étages) et plus particulièrement à l'entrée principale au quai de Rome.


Le problème de l'escalier principal.

En effet, l'entrée principale, sur angle, dénivelée et désaxée totalement, présentait une difficulté réelle pour obtenir l'indispensable aspect monumental qu'impose le caractère de l'édifice et la nécessité de construire à l'échelle du fleuve. Cet angle est la partie de la composition qui réclame le plus de masse, le plus de grandeur, car il est très bien vu de l'autre rive et de très loin, comme on peut en juger par les fig. n° 3 et 4.

L'emboîtement de l'escalier extérieur vers le parc, de la cage vitrée du grand escalier intérieur, des entrées surmontées d'un grand auvent et des grands parements en pierre de taille donnent un jeu de masses imposant et confèrent à l'ensemble la signification requise.

Mais il fallait éviter, à côté de la légèreté des autres façades, une accumulation de maçonnerie déséquilibrant le jeu des volumes. Cet escalier suspendu en quatre points à chaque volée présente, à l'extérieur, une cage entièrement vitrée.

Chaque escalier a reçu une solution originale: le laboratoire d'hydraulique a un escalier circulaire à noyau évidé; les halls postérieurs, des escaliers doubles en ligne brisée et sur les terrasses la tourelle du vase d'expansion s'agrémente d'un escalier de service dont chaque marche est une console.

Le niveau du parc est relié à celui du quai de Rome par un ensemble de marches monumentales entre murs d'échiffre, à redents successifs, qui forment socle à la cage de l'escalier principal.


L'aspect d'ensemble.

Aucune concession n'a été demandée au plan, aux nécessités de service pour satisfaire à des effets de façade. Celles-ci expriment avec rigueur la distribution intérieure et le caractère vrai des locaux: halls, classes ou services.

Seuls certains motifs courbes utiles, comme les tourelles des vases d'expansion, les tourelles des monte-charge ou des escaliers d'accès aux terrasses relient les blocs entre eux malgré leurs dénivellations et forment des éléments d'intérêt.

Cependant l'ensemble n'est complet et le jeu des couleurs ne peut être apprécié qu'avec l'effet de la verdure. Celle-ci a été prévue dès les premiers plans; elle joue un très grand rôle comme dans les cités universitaires anglaises ou américaines. La décoration par les pelouses, par les plantes grimpantes qui entourent toutes les façades a été largement prévue et celles-ci ne peuvent se comprendre sans l'apport des très beaux arbres qui ont été conservés et de ceux qui seront plantés.


Les intérieurs.

Tous très sobres, les intérieurs ne tirent leur aspect que de la seule affirmation de leur fonction.

L'importance des vitrages, leurs dispositions qui peuvent paraître très particulières résultent de la dimension des locaux. La hauteur nette étant de 4,60 m pour une profondeur de 9,20 m l'éclairage bilatéral s'imposait. Pour accentuer encore l'impression de clarté, il n'y a pas de trumeaux de maçonnerie sauf dans les locaux de service, les châssis sont de modèles très grands, et les couloirs fortement éclairés assurent le second jour abondant des classes.

La compacité du plan ne permet pas l'éclairage direct des halls qui ne prennent réellement leur jour que par les cages d'escalier, ce qui explique et justifie les grands vitrages sur angle en verre océanic des deux escaliers principaux, comme le montrent les vues des halls.

Dans les façades, les vitrages montent de fond, sans allèges extérieures de maçonnerie. Quelques centimètres de matière isolante s'interposent entre le verre épais de l'allège vitrée et le support des radiateurs. L'allège est ainsi réduite à son minimum comme encombrement et rationnellement appropriée à son rôle pour le chauffage central, d'où un gain réel en poids et en efficacité thermique.

Aucun luxe dans les lambris, les ferronneries, les menuiseries, les quincailleries; aucune moulure ou aucun ornement surajouté. Simplicité, exécution serrant l'utile d'aussi près que possible, tels sont les caractères voulus pour tous les intérieurs et d'ailleurs adéquats à cette école que l'on peut considérer comme une usine scientifique.

Les vues des grands auditoires, des halls, des laboratoires et même des couloirs, (où toutes les poutraisons sont laissées apparentes) sont démonstratives de la rigueur qui a présidé volontairement à l'étude et à l'exécution des intérieurs.

La peinture a été comprise dans le même esprit; elle est discrète, exécutée avec le souci d'accentuer l'aspect de netteté des locaux et de laisser aux matériaux principaux: pierre, ciment, bois, fer, leur couleur naturelle.

Les précautions contre la sonorité ont été prévues par les moyens les plus simples et ne comportent pas de frais spéciaux. Seul, le traitement acoustique des deux grands auditoires a fait l'objet d'une étude spéciale, d'ailleurs peu coûteuse.

Créé pour un programme bien particulier, l'Institut du Génie Civil a motivé certaines recherches originales comme l'emploi systématique en parement des dalles de pierre sciées, en petit granit belge, l'utilisation en grand, extérieure et intérieure, du béton au silex provenant de la région et des vitrages continus avec allèges en matériaux isothermes appropriés.

A côté de l'Institut de Chimie et Métallurgie dû au talent de M. le professeur Puters et de celui de la Mécanique brillamment étudié par M. le professeur Campus, l'Institut du Génie Civil ne peut viser à jouer son rôle que par la franchise de son parti, ainsi que par la simplicité, l'économie ou l' « honnêteté » de son architecture.


NOTE SUR LES INSTALLATIONS

DE L'INSTITUT DE MÉCANIQUE, EN COURS DE CONSTRUCTION

par CH. HANOCQ, Professeur à l'Université

ULG Université de Liège Val Benoit 1937 - Institut de Mecanique

Le bâtiment actuellement en construction a été conçu pour grouper à la fois:

A) tous les cours techniques qui servent de base à l'étude des machines
B) tous les cours d'application qui abordent systématiquement:

a) le calcul des dimensions générales des machines,
b) le calcul de leurs organes fondamentaux.
c) l'étude du tracé correct et de la réalisation mécanique de ceux-ci.

Bien entendu un tel enseignement pour être formatif et réellement efficace ne peut rester dans des généralités, ni chercher à englober par un vain effort de synthèse, l'étude de toutes les machines: il ne peut procéder que par exemples bien choisis.

Dès lors, cet enseignement doit tout naturellement faire une place d'exception aux machines qui sont d'un emploi tout à fait général, qui constituent comme l'âme même de l'industrie, c'est-à-dire:

I. - Aux machines motrices, thermiques et hydrauliques.

II. - Aux machines opératrices destinées à comprimer ou à élever, ou simplement à déplacer les fluides.

III. - Aux machines-outils qui servent de base à la fabrication de toutes les machines.

IV. - Aux machines et appareils servant à la manutention des matériaux.

V. - Aux machines servant à assurer les moyens de transport, notamment aux moteurs marins, aux moteurs d'automotrices, d'automobiles et d'avions.

Des cours ayant été prévus qui permettent de conduire au grade d'ingénieur mécanicien (section d'aréonautique) ou au grade d'ingénieur des constructions aéronautiques (grade complémentaire), une place particulière a été faite à l'aérodynamique.

Les cours qui servent essentiellement de base à l'ensemble des cours d'application sont les suivants: Physique appliquée, Hydraulique générale, et Aérodynamique d'une part; Résistance des matériaux d'autre part.

L'ensemble des installations réservées à la physique appliquée et à la résistance des matériaux dont la partie la plus importante est déjà réalisée, a fait l'objet d'une étude séparée de notre collègue M. du Chesne. Nous n'aurons pas à y revenir ici, pas plus que sur les installations réservées à l'hydraulique générale (professeur M. Schlag) qui ont été rattachées aux laboratoires de l'Institut du Génie Civil.

Notre tâche se bornera donc, en utilisant les éléments qui ont été mis aimablement à notre disposition par les collègues intéressés: MM. Chantraine, Allard et Jacovleff, à décrire l'ensemble des installations concentrées au rez-de-chaussée et au premier étage de l'aile sud du bâtiment de la Mécanique. Il s'agit là des laboratoires se rapportant:

1) au cours de construction des machines;

2) à l'hydraulique appliquée aux machines

3) à la technologie (y compris la métrologie);

4) au cours sur les moteurs à explosion et à combustion à grande vitesse;

5) à l'aérodynamique.

Mais avant d'entrer dans les détails d'organisation de ces divers laboratoires, nous voudrions jeter un coup d'oeil d'ensemble sur les installations réservées à l'enseignement oral et aux exercices graphiques se rapportant aux différents cours que nous venons de citer.



Chapitre I

Enseignement oral et exercices graphiques d'application


Tout le second étage du bâtiment que la figure 1 représente à petite échelle et schématiquement, est réservé à l'enseignement oral et aux exercices graphiques relatifs aux cours suivants

1) Cours général de Construction des machines.

2) Cours spéciaux de Construction des machines: Turbines à vapeur, Machines-outils, Moteurs à grande vitesse, Appareils de levage et de manutention.

3) Cours de Technologie.

4) Cours d'Aérodynamique et de Construction de l'avion.

Outre ces cours de base donnant tous lieu à des exercices d'application, il existe un ensemble de cours de formation générale et de documentation, tels les cours : Organisation des usines, Hygiène de l'aviation, Météorologie appliquée à l'aviation, qui sont inscrits à la section des mécaniciens ou à la section spéciale des constructions aéronautiques.

Pour répondre aux différents besoins de cet ensemble de cours oraux et d'exercices d'application, les installations prévues comportent

1 grand auditoire (A) pouvant contenir 250 élèves, destiné aux cours généraux donnés aux élèves réunis de toutes les sections;

1 auditoire moyen (a) pour 90 élèves;

2 petits auditoires (a) utilisés plus spécialement pour les cours d'une ou de deux sections réunies;

1 salle d'interrogation I (les petits auditoires pouvant être utilisés à cette fin l'après-midi)

des bureaux B pour les professeurs avec une anti­chambre commune (An), des bureaux b pour les assistants et chefs de travaux attenant aux salles de dessin;

3 salles de dessin I, II, III;

1 bibliothèque Bi;

enfin de grandes salles de collection placées près des salles de dessin, de manière que les élèves puissent avoir constamment sous les yeux les éléments de machines décrits et étudiés dans les cours oraux et lorsque des difficultés de compréhension se présentent à eux dans l'étude des projets, pour qu'ils puissent trouver des exemples concrets de réalisation, dans les éléments de machine exposés.

Le principe qui a servi de base à la conception de cet ensemble au second étage est le suivant: une salle de dessin par année d'études, et non une salle de dessin par cours ou par professeur.

Dans la salle I, sont groupés les élèves de la première année d'études de toutes les sections.

Dans la salle II, les élèves de toutes les sections de la deuxième année, excepté ceux qui sont spécialisés en mécanique.

Bien que les dimensions de ces salles paraissent énormes, elles ne peuvent contenir respectivement à la fois que 90 élèves et 70 élèves; les tables mises à la disposition des élèves sont toutefois munies de deux tiroirs et par le jeu de l'horaire, il est possible de faire alterner les travaux de façon que 180 et 140 élèves prennent part chaque semaine aux exercices prévus.

Pour ce qui concerne la salle III, réservée aux élèves mécaniciens de la deuxième année et de la troisième année, nous comptons disposer d'un matériel de dessin approprié pour l'étude de projets, c'est-à-dire que chaque élève pourra disposer d'une table de dessin à bascule pouvant recevoir des feuilles de dessin de 1 m sur 0,75 m et d'une table à tiroir pouvant contenir non seulement le matériel de dessin, mais les feuilles de dessin déjà exécutées par lui.

La table dont chaque élève disposera à titre exclusif, lui permettra de consulter les planches déjà exécutées et de procéder à certains moments à des calculs dans un cahier approprié, sans devoir opérer à sa planche de dessin. Cette salle III est disposée de façon à donner une communication facile avec la bibliothèque où les élèves, ceux de la dernière année plus particulièrement, pourront consulter en permanence non seulement les revues principales spécialisées en mécanique qui y seront disposées, mais des ouvrages techniques importants et des dossiers de plans que nous pourrons constituer avec le bienveillant concours des industriels du pays, dossiers se rapportant à des types de machines classiques envisagées dans les cours d'application.

Grâce à ces collections de plans qui seront cataloguées au même titre que les ouvrages de la bibliothèque et qui resteront la propriété de l'Institut, les élèves pourront travailler dans des conditions se rapprochant très fort de celles qui sont en usage dans les bureaux d'études où l'ingénieur dispose d'archives souvent importantes.

Dans chacune des salles de dessin, il a été prévu un tableau noir pour les explications en commun et dans les bureaux des assistants, des meubles pour le classement des travaux des élèves.

Le grand auditoire sera muni de toutes les commodités que l'on retrouve dans les auditoires similaires des autres instituts; quant aux petits auditoires, il seront tous munis d'une lanterne à projection à commande du tableau, placée dans la salle de préparation (p) attenant à chacun d'eux; cette disposition, qui permet de grouper les cliches de façon à pouvoir les faire défiler à l'écran, au gré du professeur, a l'avantage de rendre celui-ci indépendant du préparateur pendant toute la durée de la leçon et elle permet de faire se succéder dans un ordre quelconque les figures dont il a besoin à un moment donné, pour compléter une explication.

Les salles de préparation attenant aux auditoires serviront de salles d'archives, pourront contenir clichés, photographies et planches qui ne pourraient prendre place dans la collection; elles pourront contenir le matériel préparé pour être introduit au moment opportun dans la salle de cours.



Chapitre II

Enseignement expérimental. - Laboratoires de recherches.


Les laboratoires dont nous allons donner la description rapide en indiquant le matériel d'équipement prévu et les problèmes qu'ils s'efforceront de résoudre, sont conçus pour poursuivre d'une manière générale un triple but.

I. - En tout premier lieu, celui de donner l'occasion aux élèves de faire connaissance de façon précise avec les machines étudiées dans les cours oraux et les exercices d'application, d'en comprendre le fonctionnement intime en participant à des essais de mise en marche, de mise en régime, à des essais de consommation. Dans certains cas, pour les élèves spécialisés notamment, des exercices de recherches techniques pourront y être effectués qui permettront aux élèves d'acquérir la méthode expérimentale, la pratique des essais industriels et de l'interprétation des résultats fournis par ceux-ci.

II.- Equipés pour des recherches scientifiques, ils devront permettre aux professeurs et à leurs collaborateurs de parfaire la synthèse des connaissances acquises sur les machines qu'ils sont chargés d'enseigner et dans certains cas de faire connaître les coefficients dont la théorie a besoin pour servir de base au calcul des machines.

III. - Certaines installations peuvent être conçues de manière à permettre des essais sur des machines ou appareils de petites dimensions, qui auraient été confiées au service par l'industrie en vue d'établir leur rendement et les améliorations susceptibles d'être introduites dans leur conception.


1. - Laboratoire du cours de Construction des Machines
(Elements de machines)

Professeur M. HANOCQ.

ULG Université de Liège Val Benoit 1937 - Institut de Mecanique

Laboratoire d'Eléments de Machines

G groupe rotatif de transformation de 60 CV

g groupe rotatif de transformation de 20CV

C compresseur de 40 CV

m moteur pour compresseur

T et t taques de montage

R et r emplacements réservés pour matériel d'essai

a transmissions expérimentales

f frottement non hydrodynamique

P frottement aux faibles vitesses

e frottement sous fortes charges

I chambre à température constantes

c vitesse critique

V et W vibration des disques

s équilibrage dynamique

b bureau


Laboratoire de Technologie

M porche de manutention

m magasin

F forge et traitement thermique

r réserves à charbon

1 magasin à barres

2 scie

3 taque de traçage

4 banc d'ajusteur

5 fraiseuse horizontale

6 foreuse radiale

7 tour à grande vitesse

8 tour de grande puissance

9 tour entre pointes à commande par gradins

10 foreuse à broche fixe

11 étau-limeur

12, 13, 14 meules d'affutage

15 alésoir-fraiseur

16 tour vertical

17 raboteuse à table mobile

18 four pour traitements thermiques

19 marteau-pilon


Laboratoire de Construction de Moteurs à grande vitesse

S soufflerie

M moteur

f frein Fronde

V vestiaire


Il est situé au rez-de-chaussée de l'aile sud du bâtiment; la figure 2 représente l'ensemble de cette aile à petite échelle; la partie consacrée aux éléments de machines occupe 5 travées de 4 m sur une largeur d'environ 10 m; une partie importante de cette largeur est toutefois réservée pour l'installation des canaux de jauge du laboratoire d'hydraulique appliquée aux machines, qui règne à l'étage supérieur.

L'entrée des élèves est prévue en E ; à droite en entrant se trouve le groupe rotatif G de transformation du courant alternatif en courant continu de 70 chevaux destiné aux installations des différents services qui peuvent avoir besoin de courant continu pour l'alimentation de moteurs à vitesses variables. Un groupe g de 20 chevaux complémentaires sera utilisé quand les besoins en courant continu ne dépasseront pas cette puissance.

Dès l'entrée, se trouvera un compresseur C attaqué par un moteur électrique ta destiné à la fourniture d'air comprimé pour les différents services, notamment pour l'alimentation des mo­teurs ou de turbines à air comprimé, de machines pneumatiques que l'industrie verrait intérêt à nous confier pour des études systématiques, enfin d'éjecteurs dont nous pourrions approfondir la théorie. Le groupe pourra être utilisé par les élèves pour se familiariser avec des essais de puissance, de régularité et de rendement d'une machine réceptrice alternative.

Une taque de montage est prévue en T pour recevoir des organes de transmission courroies, chaînes, câbles, engrenages, à soumettre à des essais de rendement. L'emplacement R est réservé pour parquer le matériel d'essai.

Une autre taque t est réservée au placement d'organes de machines: pistons, couvercles, cadres, etc. que l'on voudrait soumettre au moyen de vérins hydrauliques à des efforts comparables à ceux auxquels ils sont soumis eu service, de manière à pouvoir les ausculter par la méthode de l'extensomètre.

L'emplacement r est réservé pour le matériel en essai; la pompe hydraulique installée à l'étage servira à l'alimentation des vérins.

L'étude systématique des paliers et d'une façon plus générale du frottement, doit tenir une place de choix dans le laboratoire. Pour cette étude il est prévu deux transmissions montées en (a), dont une équipée selon les dispositions qui nous ont permis de faire nos recherches antérieures. Une installation destinée à la détermination de la loi de dispersion de la chaleur en fonction de la différence entre la température de régime du palier et la température ambiante est prévu en I, dans un local qui pourra être maintenu à une température constante. Les essais des coussinets aux environs de la vitesse nulle pourront être faits au moyen d'un pendule approprié installé en P; le palier formant le support de l'axe, sera placé sur le plancher de l'étage supérieur et rendu ainsi très facilement accessible. Pour l'étude du frottement en dehors du régime hydrodynamique nous disposons d'un appareil qui a déjà fait l'objet d'une communication de M. Bodart dans la R.U.M.; il sera installé en f.

Nous avons réservé l'emplacement e pour une machine plus importante destinée à des recherches sur des coussinets de grandes dimensions, avec de fortes charges spécifiques analogues à celles rencontrées dans le matériel de chemin de fer et dans les laminoirs. Enfin en C et en Y sont groupés trois appareils pour l'étude de la vitesse critique des arbres soumis à flexion, et pour l'étude des vibrations de flexion d'aubages et de disques. Pour l'équilibrage des rotors, nous avons prévu une machine spéciale située en s.

Un bureau pour le préparateur contiendra les meubles nécessaires à la conservation des appareils de mesure; un pont roulant à main complète l'installation de ce laboratoire.

Sous l'escalier qui fait communiquer le laboratoire d'éléments de machines avec celui d'hydraulique appliquée aux machines, pourra être installée une chambre noire pour la photographie.


2. Laboratoire du cours de Construction des Machines

(Hydraulique appliquée aux machines)

Professeur M. HANOCQ.

ULG Université de Liège Val Benoit 1937 - Institut de Mecanique

Laboratoire d'hydraulique appliquée aux machines

1 pompe centrifuge

2 bac de jauge

3 pompe hélicocentrifuge

4 déversoirs

5 ventilateur centrifuge

6 ventilateur hélicocentrifuge

7 turbine hydraulique

W pompe à piston horizontale

V pompe à vide

F pompe hélicoïde

T et t trompe et éjecteur

J appareil de jauge

Y tuyauteries pour essais de perte de charge

R plancher d'essai

P chambre d'aspiration

i diaphragme

s mesure des débits du compresseur

b bureau

R matériel en réserve

Laboratoire de Technologie et de Métrologie

M1 métrologie

M, salle à température constante

b bureau d'atelier

a archives

T trappe

20 fraiseuse universelle

21 tour d'outillage de précision

22 rectifieuse universelle

A vérification des calibres

B vérification des cales-étalons, par comparaison

C interféromètre

D mesure de la rugosité

E vérification des divisions

F microscope comparateur

G microscope mesureur d'atelier

N.B. - Les ouvertures dans le plancher se distinguent sur le plan par des diagonales en traits interrompus.

Situé au premier étage, il occupe une demi­travée de plus que le laboratoire dont nous venons de donner la description; cette demi-travée que l'on peut voir sur le plan du premier étage représenté figure 3, est munie d'une trappe T pour la manutention du matériel en partant du porche prévu à cet effet (fig. 2) au rez-de-chaussée, porche qui permettra de desservir les trois laboratoires contigus.

Tout à côté de la trappe, se trouve un espace R surélevé par rapport au plancher du laboratoire proprement dit; cet espace sera réservé pour la concentration du matériel de réserve et du matériel amené de l'extérieur en vue d'essais spéciaux, ainsi que pour le placement des réservoirs servant à l'essai de rendement volumétrique du compresseur.

A l'autre extrémité, se trouve la plateforme d'entrée réservée aux élèves et le bureau pour le personnel b, le tout surélevé de 0,50 m par rapport au niveau général du laboratoire, niveau qui a dû être établi à cette côte en vue de conserver sous le pont roulant une hauteur suffisante à la manutention.

Cette disposition dictée par les circonstances ne nuira pas à l'aspect général: elle permettra dès l'entrée de prendre une vue d'ensemble sur le laboratoire et c'est là que seront groupés les éléments ayant fait l'objet d'études systématiques: roues, diffuseurs, etc., ainsi que les planches destinées à donner aux élèves des explications préalables sur les essais à effectuer.

Conçu pour pouvoir étudier systématiquement les turbo-machines et les machines hydrauliques à piston, le laboratoire groupe

1) une pompe du type centrifuge (1) avec son bac de jauge (2) ;

2) une pompe du type hélicocentrifuge (3) utilisant pour la mesure du débit un circuit de canaux appropriés avec déversoirs du type Bazin (4);

3) un ventilateur (5) du type centrifuge à grande vitesse périphérique, reproduction à l'échelle 2/1 de la pompe centrifuge (1) ;

4) un ventilateur (6) du type hélico-centrifuge reproduidant à l'échelle 2/1 la pompe hélico-centrifuge (3);

5) une turbine hydraulique (7) dans laquelle on peut aménager des roues du type hélico-centripète et du type mixte, turbine qui est alimentée directement par la pompe hélico-centrifuge de 60 chevaux (3).

La puissance fournie par la turbine est absorbée par un frein de Prony perfectionné à circulation d'eau. La puissance absorbée par la pompe hélico­centrifuge est fournie par un moteur à courant continu à vitesse variable, dont le rotor mobile permet de déterminer le couple transmis directement, sans avoir recours à des mesures électriques.

Un emplacement avec fondation allant jusqu'au bon sol a été prévu en A pour recevoir l'installation momentanée de pompes à piston ou d'appareils hydrauliques divers qui pourraient nous être confiés par l'industrie.

Un appareil de jauge en J a été prévu pour les mesures de débit de la pompe centrifuge fonctionnant avec des liquides visqueux.

Des tuyauteries disposées en circuit fermé le long de la paroi Y permettront de refaire, en les complétant, des essais sur les pertes de charge avec des fluides très visqueux.

En w et en y ont été prévus les emplacements: a) d'une pompe à piston horizontale destinée à des essais sur le bon fonctionnement et sur les rendements volumétriques et organiques, à différentes vitesses de rotation ; b) d'une pompe à vide destinée principalement à l'amorçage des pompes et au maintien sous vide des pompes hélicoïdes qui peuvent être installées en F. Pour la mesure des débits aux ventilateurs, on a prévu une chambre à chicanes, sous la plateforme d'entrée P; cette chambre est en communication avec l'extérieur par l'intermédiaire d'un orifice en mince paroi j, permettant la mesure du débit et l'établissement de l'orifice équivalent du ventilateur. L'air aspiré dans cette chambre sera refoulé à l'extérieur.

Pour la mesure des débits du compresseur et de la pompe à vide, nous avons compté utiliser la méthode des deux réservoirs; ceux-ci, du type vertical, sont groupés en S.

Aux endroits T et t, pourront être placés une trompe à air et un éjecteur pour permettre d'établir les coefficients propres à ces appareils dont la théorie capable d'en fixer les dimensions, est encore mal connue.

On voit par cette rapide description que ce laboratoire étudié en vue de recherches systématiques pourrait, si l'on disposait d'un personnel suffisant, apporter une contribution technique importante, en complétant utilement les recherches autrefois entreprises sur la pompe centrifuge.


3. - Laboratoire de Technologie et de Métrologie

Professeur M. CHANTRAINE


Ce laboratoire se présente sous un aspect particulier parce que tout en poursuivant les trois buts principaux que nous avons énoncés en débutant, il doit être conçu avant tout pour permettre aux élèves « de se rendre compte des possibilités d'utilisation des différentes machines au point de vue des opérations de parachèvement, de comprendre comment doit être conçu l'outillage en vue de réduire le temps d'usinage et d'augmenter la précision du travail ».

Actuellement, pour remédier à la pauvreté des installations dont l'Institut du Boulevard de la Constitution dispose, les élèves sont conduits dans des ateliers privés: malheureusement le plus souvent, les opérations que les élèves auraient intérêt à suivre méthodiquement ne sont nullement ordonnées: les visites étant relativement espacées, il arrive même que des élèves n'ont pas l'occasion d'assister à certaines opérations fondamentales de parachèvement. Il est évident qu'un enseignement systématique bien ordonné en cette matière, constituerait pour les élèves un gain considérable de temps et une amélioration du rendement des visites ultérieures d'ateliers, car celles-ci ne seraient pas totalement supprimées, mais réduites en nombre et orientées vers l'examen du fonctionnement des machines-outils spéciales que le laboratoire ne pourra jamais posséder.

Le laboratoire aura également pour but de donner aux élèves la notion du degré de précision que l'on peut atteindre avec les principales machines­outils dont on disposera, en permettant à ceux-ci d'exécuter différentes manipulations simples, à l'exclusion de tout travail aux machines qui viserait à leur donner une habileté propre. A titre d'exemples à ce point de vue, on pourrait citer les opérations de centrage d'une pièce sur un plateau de tour, la vérification du parallélisme et la perpendicularité de certains organes, etc.

Il ne serait pas exclu de pouvoir initier certains élèves spécialisés à des mesures de grande précision, en les faisant participer à des manipulations de calibres réglables et de cales étalons.

Au point de vue didactique qui a servi d'idée maîtresse dans la conception du laboratoire de Technologie et Métrologie, sont venus s'adjoindre deux buts complémentaires qui peuvent avoir une heureuse répercussion sur les ressources d'exploitation indispensables pour mener à bien une pareille entreprise.

1) Celui de faire servir le laboratoire des machines­outils à des recherches spéciales intéressant des industriels, notamment des recherches pour la détermination de la valeur des alliages à outils présentés par les fabricants aux industriels, des recherches sur des procédés d'usinage, sur la conception de l'outillage de nature à améliorer la précision ou l'aspect du travail exécuté avec certaines machines-outils déterminées; celui aussi de faire servir le laboratoire de métrologie à des vérifications pour l'industrie, de calibres (calibres machoires, calibres tampons, calibres de filetage) ou à des vérifications de disques de référence ou de cales étalons.

2) Celui d'apporter une aide aux autres laboratoires en fabriquant pour eux des éprouvettes, des accessoires de machines d'essai, même des appareils spéciaux n'existant pas dans le commerce, conçus pour des recherches spéciales.

L'avantage d'un atelier central est évident parce qu'il donnerait des moyens d'exécution sous le contrôle éventuel du professeur intéressé et avec l'aide de son propre personnel qui, dans les périodes creuses pour l'activité scientifique de son laboratoire, trouverait ainsi l'occasion de s'employer efficacement à la production de l'ensemble. Tout en conservant dans chacun des services quelques machines destinées à exécuter des opérations courantes, on pourrait disposer, grâce à cette conception, d'un atelier central, possédant un matériel complet et tout à fait moderne, disposant de tous les moyens de mesure et de contrôle capables de donner la plus grande précision dans les exécutions qui lui seraient confiées.

C'est pour répondre au triple but que nous venons d'exposer que les installations ont été conçues suivant les plans que donnent les figures 2 et 3. Au rez-de-chaussée (fig. 2), au centre même du laboratoire, on peut voir l'entrée réservée au personnel ouvrier et aux élèves appelés à des manipulations sur les machines-outils. Un vestiaire est disposé à gauche avec lavabo et douche D.

L'atelier de mécanisation se trouve entièrement concentré au rez-de-chaussée; une large ouverture dans le plafond donne à une partie du laboratoire une hauteur double, de façon à permettre des manutentions faciles au-dessus des machines les plus encombrantes qui doivent recevoir le montage des pièces lourdes.

Une forge F est prévue en annexe à l'atelier, forge dans laquelle se feront également les traitements thermiques; deux petites réserves r à charbon, avec trémies permettront de garder à ce local un aspect satisfaisant de propreté.

L'entrée des matières à usiner et des pièces pondéreuses se fera par un porche spécial M de manutention (commun avec le laboratoire voisin). Les camions automobiles auront accès à ce porche, le pont roulant du premier étage pourra par une trappe T soulever les pièces pour les déposer sur un chariot de manutention circulant à l'intérieur de l'atelier.

En prolongement de ce porche d'entrée, viendra le magasin m qui permettra d'emmagasiner les barres brutes, les pièces coulées, les huiles de graissage, les lubrifiants utilisés pour l'usinage, etc.; une partie de ce magasin est constitué par un petit local spécial pour la conservation des matières coûteuses ou particulièrement inflammables i.

Un escalier intérieur donne accès au premier étage (fig. 3) où se trouve concentré le service de l'outillage magasin d'outillage et machines de plus grande précision.

Au premier étage (figure 3) se trouve un petit bureau vitré b, bureau atelier dans lequel seront étudiés les outillages spéciaux et où pourront se concerter avec le chef d'atelier, les membres du personnel des autres services pour étudier la meilleure réalisation des appareils à exécuter.

Enfin, faisant suite au service de l'outillage et à ce bureau, le laboratoire de métrologie, comprenant deux salles: la première M pour les vérifications au marbre, les mesures de rugosité, de poli des surfaces, les mesures avec le microscope mesureur d'atelier et où les élèves seraient appelés à faire certaines manipulations; la seconde salle M salle à température constante, dans laquelle s'effectueront les mesures de grande précision.

L'entrée normale des élèves appelés à suivre les démonstrations d'usinage est située au premier étage E. Dès l'entrée, un emplacement avec tableau noir, est réservé pour les explications théoriques précédant la démonstration pratique. L'ouverture prévue dans le plancher permettra une vue d'ensemble des ateliers, particulièrement sur les machines pouvant donner lieu à des explications d'ensemble.

Pour permettre aux démonstrations pratiques de se faire aisément en diminuant les risques d'accident, la surface occupée par chaque machine dans le laboratoire, est supérieure à celle consacrée d'ordinaire aux mêmes machines dans les ateliers industriels de larges dégagements permettent de circuler librement ou de grouper plusieurs personnes autour des ouvriers, sans les gêner dans leur travail.

Dans les anciens locaux du Boulevard de la Constitution, le laboratoire dispose de quelques machines de modèle déjà ancien avec commande par cône à gradins. Ces machines quoique tout à fait insuffisantes pour donner une idée juste et satisfaisante des machines actuelles, peuvent encore rendre des services et seront utilisées dans les nouveaux locaux, mais le besoin d'une gamme plus complète se fait sentir d'une façon pressante. Sans désirer que le laboratoire puisse s'équiper immédiatement d'une façon aussi complète que l'indiquent les figures 2 et 3, il est permis d'espérer que dès le début le premier tiers du programme d'installation pourra se réaliser de façon que le laboratoire soit en état de rendre la plus grande partie des services que la présente note s'est efforcée de définir.


4. - Laboratoire des moteurs à explosions et à combustion à grande vitesse.

Professeur M. JACOVLEFF.


Les idées directrices qui ont présidé à sa conception sont les suivantes:

En tout premier lieu, ce laboratoire ne doit nullement faire double emploi avec le laboratoire général des moteurs thermiques. Son outillage doit permettre de donner la possibilité d'étudier expérimentalement (pour l'enseignement et pour la recherche) les aspects particuliers que présente cette technique en raison du régime élevé des moteurs étudiés, laissant le plus possible de côté les problèmes généraux qui font l'objet des recherches du laboratoire de thermodynamique appliquée.

Cette conception permet pour la majeure partie des problèmes à résoudre, de se contenter de moteurs monocylindriques, ce qui simplifiera l'installation et réduira les dépenses non seulement de premier établissement, mais les frais d'exploitation.

Comme les moteurs à grande vitesse sont presque exclusivement destinés à la locomotion, on comprend qu'ils subissent une évolution très rapide. Un problème spécial en domine l'étude, celui du refroidissement direct à air. Ce problème n'est pas étranger aux moteurs d'automobiles refroidis à eau, car les mêmes questions se posent pour l'étude des radiateurs. L'outillage du laboratoire devra donc permettre l'étude expérimentale des différents types de cylindres et des différents types de radiateurs.

Un point qui ne doit pas être perdu de vue dans la recherche est celui de la suralimentation des moteurs.

Pour les moteurs d'avions, ce procédé est entré dans la pratique courante, mais scientifiquement, il se trouve encore dans le stade d'empirisme. Pour les moteurs d'automobiles il devient de plus en plus important. L'outillage du laboratoire devra permettre d'étudier systématiquement ce problème.

Enfin, un certain nombre de questions intéressant l'industrie et la pratique doit pouvoir trouver dans ce laboratoire les possibilités d'éclaircissement et d'étude. En particulier les expériences sur les combustibles liquides en vue de justifier leur classification, ne peuvent être effectués que sur des moteurs standardisés, la seule analyse chimique n'étant pas suffisante: le grand nombre de demandes adressées à l'Université, dans ce domaine, prouve l'utilité qu'aurait une installation semblable au point de vue industriel.

L'ensemble des considérations qui viennent d'être exposées a conduit à l'établissement d'un projet d'installation qui comprendra (fig. 2) :

1) Une soufflante biconique permettant la réalisation d'une veine d'air de l'ordre de 10 m/sec. de vitesse d'écoulement.

A l'aval de la soufflante un bâti peut recevoir un cylindre à ailettes (alésage jusqu'à 130 mm) fixé à volonté sous des angles différents. La distribution sera étudiée pour être adaptable à des cylindres différents avec ou sans suralimentation. Un frein Fronde et un ensemble d'appareils de mesures seront prévus pour la détermination de la puissance. Le bâti sera étudié pour permettre la fixation d'éléments de radiateur à la place de cylindres.

2) Un banc pour un petit moteur d'automobile (4-6 cylindres) ou autre, refroidi par eau, avec frein électrique permettant tous les essais de puissance.

3) Un groupe Standard C. F. R. pour les expériences avec les essences différentes (essais de détonation, établissement du nombre octane, etc.).

4) Un groupe expérimental Diesel rapide standard monocylindrique pour diverses expériences y compris la détermination du nombre cétène.

5) Un ensemble d'appareils de mesures (indicateur optique, dispositifs pour l'analyse des gaz, etc.).

L'atelier de montage prévu au premier étage (fig. 4) permettra l'étude détaillée des pièces détachées.


5. - Laboratoire d'Aérodynamique appliquée

Professeur M. ALLARD.

ULG Université de Liège Val Benoit 1937 - Institut de Mecanique

Laboratoire de construction des moteurs à grande vitesse

M atelier de montage

t trappe

b bureau

An antichambre

Ar archives

Laboratoire d'Aérodynamique

T tunnel aérodynamique

M G groupe moteur générateur

M moteur

b bureau


Ces installations ont pour objectif:

1) de permettre aux élèves mécaniciens d'effectuer les essais pratiques nécessaires à l'illustration du cours théorique d'aérodynamique;

2) de donner aux élèves des constructions aéronautiques la possibilité de vérifier par eux-mêmes, la concordance entre les résultats prévus par les méthodes de calcul qu'ils auront employées pour établir leur projet d'avion et ceux fournis par l'expérience;

3) de fournir aux chercheurs éventuels un instrument leur permettant de trouver une solution aux problèmes nouveaux d'aérodynamique.

La partie essentielle de ces installations consiste en un tunnel aérodynamique (fig. 4). Il est à veine ouverte et à circuit fermé. La veine qui présente dans sa partie utile, un diamètre de 1,50 m permettra l'utilisation de modèles d'ailes ou d'avions de 0,90 m environ.

Etabli dans une chambre de 20 m x 6 m ce tunnel est construit en béton. Avec une puissance dc 50 kW on peut compter obtenir une vitesse de l'air de 30 à 35 m/s.

Les balances seront installées sur une plate­forme au-dessus de la veine. Cette plateforme de grandes dimensions et complètement dégagée permettra aux étudiants de suivre aisément les démonstrations.


LE NOUVEAU LABORATOIRE DE THERMODYNAMIQUE

par A. du CHESNE, A. I. Lg., Professeur à l'Université, Directeur du Laboratoire de Thermodynamique

et R. BIDLOT. A. I.Lg. et J. DANZE, A.I.Lg., Chargés de cours à l'Université


Dispositions générales

Le nouveau Laboratoire de Thermodynamique est adjacent à la Centrale universitaire, dont les chaudières doivent fournir la vapeur nécessaire à l'alimentation de ses machines. Il sera relié ultérieurement à l'Institut de Mécanique en construction.

Le laboratoire occupe un bâtiment de 48 mètres de long sur 17 mètres de large, comprenant deux étages aux niveaux de 63,3 et 67.3 mètres. La halle des machines mesure 42 mètres sur 14 mètres, sa hauteur libre étant de 7 mètres; elle est accessible sur toute sa longueur par un couloir de circulation de 3 mètres de large et est desservie par un pont roulant d'une force portante de 10 tonnes.

Le plancher de travail est établi à la cote de 67.3 mètres; dans ce plancher, on a ménagé de larges ouvertures de façon à donner facilement accès aux diverses parties des machines, à rendre entièrement visibles les condenseurs et leurs auxiliaires et à permettre l'établissement des dispositifs de mesure dans les conditions les plus favorables.

La surveillance des essais didactiques exigeait que chaque moteur soit installé dans une enceinte séparée; pour ne pas nuire à l'aspect général du laboratoire, les emplacements ont été simplement délimités par des balustrades.

La halle est prolongée par une travée de même hauteur, subdivisée en deux locaux; l'un abrite le gazogène, l'autre sert de laboratoire pour les analyses de gaz et de combustibles.

L'étage inférieur est occupé, en majeure partie, par les fondations et les caves des machines, ainsi que par le tunnel aux canalisations. Il a cependant été possible d'y aménager un local pour de petits moteurs et un atelier des mécaniciens; un couloir, long de 54 mètres pourra être utilisé pour des essais sur conduites.

Enfin, un petit bâtiment à fondations indépendantes est réservé pour les mesures au moyen de galvanomètres.


Poste de détente et de désurchauffe

Les générateurs de la centrale fonctionnent normalement à la pression effective de 35 kilogrammes par centimètre carré, la surchauffe étant voisine de 425 degrés centigrades. Ces conditions de pression et de température ne sont pas compatibles avec les caractéristiques de certaines de nos machines. D'autre part, au cours des essais, il peut être avantageux de modifier l'état du fluide moteur; il va sans dire que ces changements doivent être faits sans troubler la marche de la centrale.

Il était donc nécessaire de prévoir, à l'entrée du laboratoire, un poste de détente et de désurchauffe, susceptible d'un réglage précis de la pression et de la température de la vapeur utilisée. L'installation réalisée est double, de façon à pouvoir disposer à tout moment de vapeur à haute pression et de vapeur à pression réduite (fig. 2).

Le premier groupe peut alimenter alternativement le corps haute pression de la turbine Laval ou la machine semi-tandem Van den Kerchove. La vapeur est débitée à une pression effective réglée entre 35 et 5 kilogrammes par centimètre carré et à une température fixée, à volonté, entre 400 degrés centigrades et la température de saturation.

Le second groupe dessert le corps basse pression de la turbine Laval et la machine Beer. Il fournit de la vapeur à une pression maintenue à la valeur effective choisie entre 7 et 2,5 kilogrammes par centimètre carré et à une température déterminée, comprise entre 300 degrés centigrades et la température de saturation.

Chacune de ces installations comporte un réducteur de pression et un refroidisseur de vapeur. Le contrôle de ces appareils est assuré par des régulateurs Panta de construction Schaeffer et Budenberg. L'eau sous pression, injectée dans les désurchauffeurs, est fournie par une pompe triplex, horizontale, à commande électrique, des Ateliers de Construction d'Ensival.


Machine à vapeur Beer

Les premiers travaux pratiques du Laboratoire de Mécanique appliquée furent exécutés sur cette machine, installée en 1886. Elle a servi pour les recherches effectuées par le professeur V. Dwelshauvers-Dery et ses élèves, G. et A. du Chesne, recherches qui permirent d'établir, sur des bases scientifiques et expérimentales, la théorie de l'influence des parois. La machine est du type horizontal; le diamètre du cylindre est de 301 millimètres, la course du piston, de 600 millimètres. Le cylindre et les fonds sont munis d'enveloppes de vapeur; l'intérieur du piston peut également être chauffé.

La distribution a été étudiée pour pouvoir régler à volonté, et indépendamment les uns des autres, les degrés de détente et de compression ainsi que les avances à l'admission et à l'émission. L'admission se fait par tiroirs superposés comme dans le système Meyer, seulement le tiroir de distribution, comme celui de détente, est formé de deux pièces dont la position sur la tige d'entraînement est réglable individuellement. L'émission est réalisée par un tiroir simple, de construction analogue à celle du tiroir de distribution; l'angle de calage de l'excentrique conduisant le tiroir d'échappement peut être modifié à volonté.

L'installation comprend un condenseur par surface avec pompe à air, du type humide. La consommation de vapeur est mesurée par pesée directe du condensat. Le débit d'eau de circulation est jaugé dans un bac muni d'un déversoir en mince paroi. La puissance développée par la machine est évaluée au moyen d'un frein genre Prony, à poulie refroidie intérieurement par un courant d'eau.

En jaugeant le débit de cette eau et en mesurant sa température à l'entrée et à la sortie du frein, on peut déterminer l'équivalent mécanique de la calorie; on a trouvé pour celui-ci une valeur moyenne de 427,22 kilogrammètres, alors que le chiffre communément admis aujourd'hui est de 427 kilogrammètres.

Les travaux didactiques effectués sur la machine Beer visent à la détermination du bilan et au calcul des échanges calorifiques entre le fluide et les parois.

Les variations de la température de la vapeur évoluante et de celle de la surface interne du métal peuvent être relevées au moyen des hyperthermomètres du professeur A. du Chesne.


Machine à vapeur Van den Kerchove

La Société Anonyme des Tramways unifiés de Liège et Extensions a fait don au laboratoire d'un groupe électrogène qui équipait une de ses centrales désaffectée.

La machine à vapeur a été construite, en 1913, par la firme Van den Kerchove. Elle est du type horizontal, compound semi-tandem, avec condenseur par injection; la distribution se fait par pistons-valves équilibrés. Les cylindres possèdent une enveloppe de vapeur; celle du petit cylindre est chauffée par de la vapeur vive; celle du grand cylindre reçoit de la vapeur prise à l'échappement du petit cylindre. Les pistons ont une course de 800 millimètres; les alésages sont de 400 et 690 millimètres. La vitesse de rotation s'établit à environ 130 tours par minute. Alimentée en vapeur saturée à la pression absolue de 10 kilogrammes par centimètre carré, la machine développe une puissance indiquée de 180 chevaux-vapeur et une puissance effective de 165 chevaux-vapeur, le rapport de détente totale étant égal à 15.

La machine entraîne, par courroie embrassant le volant-poulie, une dynamo A. E. G. développant, à la vitesse de 700 tours par minute, une puissance de 125 kilowatts, sous la tension de 600 volts continus. L'énergie électrique produite peut être dissipée dans une résistance métallique dont il sera question plus loin.

Les essais qui seront exécutés sur ce groupe électrogène auront pour but la détermination du rendement industriel et du bilan calorifique aux différentes charges. La vapeur consommée sera mesurée au moyen d'un diaphragme I. S. A. et d'un manomètre différentiel à lecture directe. Au préalable, il faudra étudier le comportement de cet appareil dans le cas de débits pulsatoires; pour effectuer ce tarage, l'échappement de la machine sera branché sur le condenseur par surface de la turbine.


Turbine à vapeur de Laval

Cette machine a pu être acquise grâce aux généreuses interventions de la Fondation Universitaire, du Patrimoine de l'Université et de l'Etat. Un programme-concours, définissant le caractère didactique et la disposition générale de la turbine, a été établi et soumis aux principaux constructeurs européens.

L'installation, construite en 1932 par la firme Aktiebolaget de Lavals Angturbin, comporte en réalité deux turbines accouplées par l'intermédiaire d'un frein Fronde.

La turbine à haute pression est prévue pour fonctionner à la vitesse de 3500 tours par minute, avec de la vapeur à la pression effective maximum de 35 kilogrammes par centimètre carré et une température de 400 degrés centigrades, la contrepression étant au maximum de 6 kilogrammes effectifs par centimètre carré. Elle est équipée avec une roue de 700 millimètres de diamètre, comptant deux chutes de vitesse. Il est prévu deux groupes de tuyères interchangeables; l'un est étudié pour la détente de 30 à 6 kg/cm2 cff., l'autre, pour l'expansion de 30 à 3 kg/cm2 eff.; la puissance développée est alors de 110 ou de 140 chevaux-vapeur suivant le système de tuyères employé. La roue double peut être remplacée par deux roues à chute de pression séparées par un diaphragme; la turbine ainsi équipée a été calculée pour une pression effective de 15 kilogrammes par centimètre carré et une température de 350 degrés centigrades à l'admission de la première roue et une contrepres­sion effective de 4 kilogrammes par centimètre carré.

La turbine à basse pression est étudiée pour fonctionner en condensation, à la vitesse de 3500 tours par minute, avec de la vapeur à la pression effective maximum de 6 kilogrammes par centimètre carré. Elle comporte six chutes de pression, les roues ayant un diamètre de 600 millimètres. La puissance développée peut atteindre 250 chevaux-vapeur.

Les deux machines sont pourvues de tous les organes de régulation permettant soit leur fonctionnement indépendant, soit leur marche simultanée. Dans ce dernier cas, elles constituent une turbine à deux corps, avec possibilité de soutirage à la pression intermédiaire. Pour les marches à contrepression ou en soutirage, la vapeur prélevée est utilisée pour l'alimentation de la machine Beer.

Le condenseur offre une surface de 30 mètres carrés pour la réfrigération. Un moteur électrique est accouplé directement à l'arbre portant la pompe de circulation, la pompe de reprise du condensat et la pompe de l'éjectair hydraulique, système Westinghouse-Leblanc.

Le groupe a été réalisé de façon à permettre une gamme d'essais très étendue. Les débits de vapeur admise, tant à haute qu'à basse pression, sont mesures au moyen de diaphragmes I. S. A. et de débitmètres indicateurs Eckardt. Pour des raisons didactiques, ces appareils ont été choisis dans deux conceptions différentes: dans l'un d'eux, le manomètre différentiel est à membrane élastique; dans l'autre, il est constitué par deux vases communicants remplis de mercure, la dénivellation du liquide étant transmise par l'intermédiaire d'un flotteur.

Le condensat et l'eau de circulation sont jaugés, le premier au moyen d'un orifice en mince paroi, la seconde avec un déversoir à seuil triangulaire.

La puissance effective est évaluée par un frein hydraulique de construction Heenan and Fronde Ltd.

Des recherches scientifiques seront entreprises pour étudier la détente de la vapeur dans les différents étages en fonction des pressions d'admission et d'échappement, ainsi qu'en relation avec le degré d'injection. A cet effet, de nombreuses tubulures ont été ménagées sur les corps des turbines pour le placement de manomètres et thermomètres et pour le prélèvement de fluide en vue de déterminer sa « chaleur totale ».


Chaudière semi-fixe La Meuse

La Société Anonyme des Ateliers de Construction de la Meuse a fait don au laboratoire d'une chaudière semi-fixe construite en 1922.

Le générateur est du système horizontal, à foyer intérieur et faisceau tubulaire amovibles, avec tirage induit. Timbré à 12 kilogrammes par centimètre carré, il a une surface de chauffe de 12 mètres carrés. Il comporte un surchauffeur Schmidt dont les serpentins sont logés à l'intérieur des gros tubes à fumée.

La machine est du type mono­cylindrique, équicourant, à distribution par tiroirs cylindriques placés sous le contrôle d'un régulateur dans le volant. La course est de 300 millimètres et l'alésage de 245 millimètres. La vitesse normale correspond à 200 révolutions par minute. Le condenseur par mélange, du système Westinghouse-Leblanc, est précédé d'un réchauffeur tubulaire où la vapeur d'échappement cède une partie de ses calories à l'eau d'alimentation de la chaudière.

Le ventilateur de tirage et la pompe d'injection du condenseur sont actionnés par des moteurs électriques continus; on peut ainsi modifier la vitesse de rotation de ces auxiliaires. Le courant nécessaire est fourni par un petit redresseur à vapeur de mercure.

La machine entraîne, par courroies, une dynamo développant, à la vitesse de 1000 tours par minute, une puissance de 30 kilowatts sous la tension de 220 volts continus. Un dynamomètre de Fischinger intercalé entre la machine et la dynamo, permet de mesurer la puissance transmise. L'énergie électrique produite est dissipée dans la résistance métallique déjà signalée.

Un enregistreur Mono indique la teneur des fumées en anhydride carbonique et en imbrûlés gazeux.

L'installation a été conçue de manière à pouvoir déterminer le bilan calorifique tant de la chaudière que de la machine. La production de vapeur est évaluée par la consommation d'eau que la pompe alimentaire puise dans une bâche tarée. L'eau rejetée du condenseur est reçue dans un bac muni d'un orifice en mince paroi et le débit est déterminé à partir de la hauteur de charge.


Gazogène et moteur Winterthur

Le gazogène et son scrubber sont placés dans un local indépendant. Avant de se rendre au moteur, le gaz traverse un diaphragme I. S. A. dont les prises de pression sont raccordées à un débitmètre indicateur-enregistreur construit par la Compagnie générale des Conduites d'Eau. Cet appareil est du type à flotteur; le déplacement de ce dernier provoque une variation proportionnelle du niveau du mercure dans un tube de verre et entraîne ainsi la mise en court-circuit de petites résistances électriques; le courant débité dans ces résistances par une source à voltage constant est envoyé dans un galvanomètre enregistreur.

Le flux gazeux traversant le diaphragme est régularisé par un soufflet de cuir disposé en dérivation sur la canalisation et par des étranglements prévus dans cette conduite. La consommation d'eau vaporisée dans la chaudière du gazogène ou utilisée pour le lavage du gaz est mesurée directement au moyen de réservoirs tarés.

Ces dispositifs permettent la détermination du rendement du générateur, ainsi que de son bilan calorifique.

Le moteur, comme le gazogène, a été fourni en 1908 par la Société suisse pour la Construction de Locomotives et de Machines Winterthur. Il est du type monocylindrique, horizontal, à simple effet et quatre temps. L'alésage est de 370 millimètres et la course du piston, de 600 millimètres. La vitesse de rotation est de 190 tours par minute. Le régulateur agit pour modifier le volume gazeux admis dans le cylindre, la composition du mélange n'étant pas changée (réglage quantitatif).

La machine entraîne par courroie une dynamo tournant à la vitesse de 1250 tours par minute et capable d'une puissance de 33 kilowatts sous la tension de 220 volts continus. L'énergie électrique produite peut être dissipée dans la résistance métallique dont il a déjà été question.

Un tachygraphe de Horn, relié au moteur, permet d'enregistrer les variations de la vitesse instantanée du volant.

Au cours des essais, les étudiants déterminent le bilan calorifique de la machine. La consommation de gaz est mesurée au moyen du débitmètre décrit ci-dessus; l'eau circulant dans l'enveloppe est jaugée dans un bac muni d'un orifice en mince paroi.

Le moteur a été utilisé par le professeur A. du Chesne pour étudier les échanges calorifiques qui se produisent, au cours d'un cycle, entre le gaz et les parois du cylindre; les températures du fluide évoluant ont été relevées avec des thermomètres à résistance, en utilisant des fils de platine de plus en plus fins et les résultats obtenus ont été extrapolés dans l'hypothèse d'un thermomètre sans masse.


Compresseur d'air

Ce compresseur a été construit par la Société Anonyme des Moteurs; il comporte deux cylindres identiques, verticaux, à simple effet, refoulant directement l'air à la pression effective maximum de 8 kilogrammes par centimètre carré. Les alésages sont de 130 millimètres et la course des pistons, de 125 millimètres. Le compresseur est attaqué directement par un moteur électrique asynchrone, triphasé, tournant à la vitesse de 750 tours par minute et pouvant développer une puissance de 12,5 kilowatts.

Ce petit groupe a été installé pour produire l'air comprimé nécessaire au démarrage du moteur à gaz et pour permettre des recherches sur des aéro-ventilateurs. Il a été cependant possible de l'équiper en vue des essais didactiques.

Le travail de compression se calcule à partir des diagrammes relevés au moyen d'indicateurs Maihak, de construction spéciale pour machines à grande vitesse. Le débit d'air peut être déterminé de plusieurs manières: en utilisant les deux réservoirs Baily-Mathot, ayant chacun une capacité de 2 mètres cubes; en se servant d'un diaphragme I. S. A. et d'un manomètre différentiel à lecture directe; en employant un diviseur de flux Askania.


Moteur Diesel La Meuse

Ce moteur, monocylindrique, vertical, à quatre temps et simple effet, a été construit en 1935 par la Société Anonyme des Ateliers de Construction de la Meuse, avec chambre de combustion système Obram. L'alésage du cylindre est de 125 millimètres et la course du piston, de 160 millimètres. Tournant à la vitesse de 1000 tours par minute, le Diesel peut développer une puissance effective de 12 chevaux-vapeur. Il est accouplé directement à une dynamo-frein fournie par la Société Anonyme des Constructions Electriques de Belgique.

Des diagrammes sont relevés au moyen d'un indicateur piézoélectrique Zeiss-Ikon. La pression du fluide évoluant dans le cylindre développe des charges électriques sur un empilage de cristaux de quartz; ces charges, amplifiées par des lampes, agissent sur des déflecteurs d'un tube de Braun et produisent une déviation du flux d'électrons, proportionnelle à la pression exercée. Un curseur, entraîné par l'arbre moteur, se déplace sur une résistance de forme appropriée et fait ainsi varier la tension appliquée à d'autres déflecteurs du tube cathodique; le flux d'électrons subit de ce fait une déviation perpendiculaire à la première et proportionnelle à la course du piston (ou à l'angle décrit par la manivelle). Le diagramme pression-volume (ou pression-angle) se dessine ainsi sur l'écran fluorescent formant le fond du tube de Braun et peut être observé directement ou photographié.


Résistance de charge

L'énergie électrique créée par les dynamos du laboratoire est dissipée dans une résistance construite par la Société Anonyme des Constructions Electriques de Belgique et logée dans un local du sous-sol. Cette salle est largement aérée par un ventilateur, de façon à empêcher une élévation trop importante de la température.

La résistance est constituée de toiles métalliques insérées dans le circuit électrique par des contacteurs commandés à distance. La charge se règle en agissant sur un combinateur, placé dans le laboratoire, et qui enclenche successivement les contacteurs. Des inverseurs permettent de brancher l'une ou l'autre dynamo sur la résistance.


Manomètre à mercure

ULG Val Benoit - 1937 Manomètre à mercure de 36 m

Les essais nécessitent de nombreuses mesures de pressions élevées pour lesquelles l'emploi d'un manomètre à colonne liquide n'est pas possible; il faut recourir à des manomètres métalliques dont les indications doivent être fréquemment vérifiées.

Pour tarer ces appareils, le laboratoire dispose d'un manomètre à mercure de construction Schaeffer et Budenberg, pouvant mesurer directement des pressions jusqu'à 45 kilogrammes par centimètre carré. Ce dispositif, dont la hauteur totale est d'environ 36 mètres, est logé dans la tour de la Centrale. Il est représenté sur la figure 11.

Le tube en verre, fixé sur une colonne de bois, est formé de huit tronçons de 4 mètres de longueur et d'un tronçon de 2,6 mètres; les différentes parties sont réunies par des boîtes de fonte. Un ruban d'acier, gradué en demi-centimètres, est tendu le long du tube. L'observation du niveau de mercure et de la graduation voisine se fait au moyen d'une lunette fixe et d'un miroir incliné, déplaçable sur toute la hauteur du tube.

Les corrections de température s'effectuent à partir des indications de huit thermomètres à résistance électrique plongeant dans les boîtes de jonction et d'un thermomètre ordinaire placé dans le réservoir à mercure. La température moyenne du ruban d'acier se détermine parla mesure de sa résistance électrique.

De l'air comprimé, provenant d'une bonbonne, est détendu jusqu'à la pression désirée dans un réservoir. Celui-ci est mis en relation directe avec la cuvette du manomètre à mercure, tandis que la pression d'air s'exerce, par l'intermédiaire d'eau, sur les manomètres métalliques à contrôler; le tarage s'opère donc dans les conditions de fonctionnement des appareils.

Le laboratoire met volontiers son installation à la disposition des industriels qui désirent un étalonnage précis de leurs manomètres.


Appareils de mesure

Le laboratoire possède également tout un ensemble d'appareils de précision: indicateurs pour le levé des diagrammes sur les diverses machines; planimètres et analyseur d'harmoniques Amsler; manomètres; thermomètres à mercure, toujours acquis avec bulletin d'étalonnage officiel du P. T. R.; psychromètre d'Assmann; pyromètres; galvanomètres très sensibles pour la mesure des températures au moyen de couples thermo­électriques; pont de Wheatstone pour la détermination des températures à l'aide de résistances électriques; voltmètres, ampèremètres et wattmètres; compte tours et tachymètres; appareils d'Orsat pour les analyses de gaz; balances de chimie

Signalons encore

Une bombe calorimétrique de Mahler-Kroeker pour la détermination du pouvoir calorifique de combustibles solides, utilisée également pour effectuer les analyses élémentaires (dosage du carbone total et de l'hydrogène) des charbons.

Deux calorimètres de Junkers pour la détermination du pouvoir calorifique de combustibles gazeux; un de ces appareils est également équipé pour l'étude des combustibles liquides.

Un viscosimètre de Hoeppler avec ultra-thermostat.

Un galvanomètre à corde d'Einthoven utilisé pour l'enregistrement de phénomènes ondulatoires. Cet appareil a été acquis grâce à un don de la Société des Ingénieurs mécaniciens de Londres et l'installation a été complétée avec des subsides accordés par le Patrimoine de l'Université de Liège. Le galvanomètre a été utilisé, en particulier, par MM. Bidlot et Danze pour étudier la variation, en fonction du temps, de la température du fluide évoluant dans le moteur à gaz. La figure 12 reproduit le diagramme obtenu au moyen d'un couple plongé dans la culasse et constitué de fils de platine et de platine-rhodié, ayant 0,1 millimètre de diamètre.


Laboratoire de résistance des matériaux

Par une tradition extrêmement heureuse, l'étude de la résistance des matériaux, discipline commune à toutes les sections d'ingénieurs, a toujours fait partie du cours de Mécanique appliquée professé à l'Université de Liège. Les machines relatives à cet enseignement ne sont pas encore installées au Val­Benoît; elles seront placées dans l'Institut de Mécanique en cours de construction.

La photographie (fig. 13) donne une vue d'ensemble des appareils d'essais Amsler qui furent acquis par le professeur Herman Hubert. On y distingue de gauche à droite:

Une petite machine de traction d'une force de 2 tonnes.

Un mouton vertical capable d'un travail de 500 kilogrammètres.

Une machine universelle d'une force de 50 tonnes.

Une presse de 150 tonnes permettant également d'effectuer des essais de flexion.

Une machine de torsion pouvant développer un couple de 150 kilogrammètres.

Une petite presse de 30 tonnes.

Au premier plan, on remarque une boîte de tarage Amsler, utilisée pour la vérification de l'exactitude des diverses machines.

Le laboratoire possède également une machine Losenhausen pour les essais à chaud de longue durée et des moutons de Charpy et de Guillery.

Nous avons toujours été très heureux de mettre nos machines à la disposition de nos collègues et des industriels qui désiraient faire effectuer des essais de toute nature.

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Nous espérons que cet exposé succinct aura su dégager les larges possibilités du laboratoire, tant dans le domaine didactique que dans celui de la recherche scientifique. Cette organisation n'a été rendue possible que par des interventions d'organismes officiels et de généreux donateurs, auxquels nous adressons notre vive gratitude. Nous remercions tout particulièrement M. l'Administrateur-Inspecteur Dehalu qui nous a toujours accordé son bienveillant appui et auquel nous sommes redevables de l'équipement général du laboratoire. C'est à lui également que nous devons l'installation d'une centrale moderne, où nos étudiants pourront effectuer d'intéressants essais à l'échelle industrielle.


LA CENTRALE THERMO-ÉLECTRIQUE

ET LES INSTALLATIONS DE CHAUFFAGE ET DE VENTILATION
DES NOUVEAUX INSTITUTS UNIVERSITAIRES DU VAL-BENOIT

par R. BIDLOT et J. DANZE, A. I. Lg., Ingénieurs principaux des Mines
Chargés de cours à l'Université de Liège

ULG Val Benoit - 1937 Réseau général de chauffage

Le problème du chauffage des nouveaux instituts universitaires du Val-Benoît se présentait sous un aspect assez complexe.

Tout d'abord, ces vastes bâtiments, bien ventilés, éclairés par de larges baies vitrées, constituaient un très grand volume à chauffer et offraient d'importantes surfaces de déperdition calorifique. Pour les instituts constituant la première tranche du programme de construction, c'est-à-dire l'Institut de Chimie et Métallurgie, l'Institut du Génie Civil et l'Institut de Mécanique, l'évaluation des besoins atteignait huit millions de calories par heure si le température extérieure minimum était supposée de dix degrés centigrades sous zéro.

Afin de diminuer les frais de main-d'oeuvre, d'entretien et de transport, il fallait centraliser la production de cette énorme quantité de chaleur dans une chaufferie unique, reliée aux différents bâtiments par un réseau de tunnels abritant les canalisations.

La salle de chauffe ne pouvait disposer que d'un emplacement assez réduit et son service n'exiger qu'un minimum de personnel. On devait, dans ces conditions, s'en tenir à quelques grosses unités évaporatoires et adopter la manutention mécanique du combustible.

L'emploi du charbon pulvérisé était exclu à priori, à cause des poussières qu'il est susceptible de dégager et qui auraient incommodé les occupants des laboratoires et salles de dessin. Des chaudières à grille mécanique pouvaient seules satisfaire à toutes les exigences. Enfin, le désir de réaliser de hauts pouvoirs vaporisateurs conduisait tout naturellement à adopter des pressions plus élevées que celles exigées par le chauffage lui-même.

En examinant le problème du point de vue financier, on constatait que la chaufferie consommerait annuellement quelque quinze cents tonnes de charbon et qu'elle absorberait, pour ses besoins propres, une quantité importante d'énergie électrique. Les laboratoires universitaires sont eux aussi de gros consommateurs d'électricité et il est à prévoir que leurs exigences dans ce domaine s'amplifieront encore, les applications de l'électricité devenant toujours plus nombreuses et les moyens mis à la disposition des chercheurs de plus en plus puissants. Il était donc inévitable de voir l'achat de combustible et de courant électrique grever lourdement les budgets et la solution à adopter devait réduire le plus possible cette charge permanente.

Disposant de grandes quantités de vapeur, la chaufferie universitaire pouvait, sans difficulté technique spéciale, produire l'électricité nécessaire pour couvrir tant ses propres besoins que ceux des Instituts. La création d'une centrale thermo­électrique se présentait ainsi tout naturellement à l'esprit.

Cette solution, rationnellement réalisée, pouvait être économique. L'énergie chimique contenue dans le combustible est, en effet, libérée à haut potentiel par la combustion, tandis que le chauffage des locaux n'exige que des températures peu élevées et peut être assuré au moyen de chaleur fortement dégradée. Utiliser directement le charbon pour chauffer des locaux, c'est, du point de vue thermo­dynamique, un gaspillage d'énergie. Si, au contraire, on brûle le combustible en vue de produire de la vapeur à haute pression et à température élevée, et si on détend ce fluide dans une machine, on récupère, sans frais supplémentaires, de l'énergie mécanique et on dispose encore, sous forme de vapeur d'échappement, de la plus grande fraction de la chaleur dépensée, cette vapeur d'échappement se trouvant dans les conditions physiques désirées pour assurer le chauffage.

Nous basant sur l'expérience acquise, dans ce domaine, par certaines universités belges ou étrangères, nous avons, dès 1930. élaboré un projet de centrale thermo-électrique, projet que M. l'Administrateur-Inspecteur Dehalu voulut bien approuver. Nous sommes heureux de pouvoir le remercier publiquement de la confiance qu'il nous témoigna et de lui exprimer notre vive gratitude pour l'appui constant qu'il nous accorda dans la réalisation de cette oeuvre.

Notre projet reposait sur les directives suivantes:

1) L'installation aura pour objet principal d'assurer le chauffage des locaux; la production de l'électricité ne doit être envisagée qu'à titre de récupération.

2) Cette récupération doit être poussée à l'extrême; l'énergie produite en excédent des besoins propres sera vendue à l'extérieur.

3) Pour réduire au minimum le personnel indispensable, on fera la plus large part aux dispositifs mécaniques ou automatiques, en évitant toutefois les systèmes trop délicats ou trop compliqués.

4) Sans jamais perdre de vue l'aspect économique du problème, les solutions adoptées devront présenter un intérêt didactique.


Programme réalisé à la Centrale

ULG Val Benoit - 1937 Chaufferie

Un simple examen du diagramme de Mollier, enthalpie-entropie, de la vapeur d'eau montre qu'il y a intérêt à produire la vapeur à haute pression et à température élevée. La chaleur à fournir à l'eau pour l'amener à cet état de vapeur augmente beaucoup moins rapidement que l'énergie utilisable dans le fluide.

Différents facteurs cependant doivent être pris en considération. Aux hautes températures, la résistance mécanique des aciers, même spéciaux, diminue lentement avec le temps et la limitation de la surchauffe est bien plus un problème de métallurgie qu'une question de chaudronnerie. Par contre, la réalisation des pressions élevées entraîne des difficultés de construction et d'appareillage qui, au delà d'une certaine limite, relèvent le prix des installations dans une très forte proportion. Enfin, le problème du chauffage fixait à priori la pression de prélèvement de vapeur.

Compte tenu de ces facteurs et des progrès réalisés à l'époque par la technique, nous avions fixé à 35 kg/cm2 au minimum le timbre des chaudières et à 450° C. maximum, la température de la vapeur à la sortie des surchauffeurs.

Le programme comportait l'installation de deux groupes évaporatoires, capables chacun d'une production normale de huit tonnes de vapeur à l'heure et pouvant débiter, en allure poussée continue, dix tonnes de vapeur dans le même temps. Un tel groupe suffira pour assurer seul le service normal; le second groupe constituera la réserve et ne sera mis à feu, en même temps que le premier, que lors de fortes gelées prolongées, circonstance assez rare sous notre climat. On devait cependant réserver l'emplacement d'un troisième groupe, qui deviendra indispensable lorsque la construction des quatrième et cinquième Instituts sera entreprise.

Afin de pousser à l'extrême la récupération des calories contenues dans le combustible, chaque chaudière devait être complétée par un économiseur et un réchauffeur d'air. Ce dernier appareil était intéressant dans le cas étudié, car l'eau d'alimentation des générateurs, constituée en majeure partie par du condensat des échangeurs du chauffage central, serait à une température voisine de 100° C., de telle sorte qu'un économiseur seul ne pouvait utiliser complètement la chaleur sensible des fumées de combustion.

Les foyers mécaniques devaient être prévus pour brûler des fines lavées, calibre 0-10 mm, ayant une teneur en matières volatiles de 11 à 15°%. L'équipement des chaudières comprenait évidemment la soufflerie d'air sous la grille et le tirage forcé.

Comme les conditions locales ne permettaient pas le raccordement ferroviaire de la chaufferie, le combustible serait amené par axe et déversé dans une fosse construite sous la cour de la centrale. Le charbon, élevé par une noria jusqu'à la partie supérieure du bâtiment, serait réparti, au moyen d'un convoyeur horizontal, dans deux silos d'emmagasinement, ayant chacun une capacité de 60 tonnes. Chaque chaudière posséderait ainsi son propre silo; cependant, nous prévoyions un dispositif réversible, à vis transporteuse, permettant en cas de besoin, d'amener dans l'une ou l'autre goulotte, le charbon prélevé à la trémie voisine.

Ces dispositions permettaient de constituer une réserve de combustible suffisante pour assurer le service de la chaufferie pendant une quinzaine de jours, alors que la fourniture de charbon se trouverait suspendue à la suite de grèves ou de difficultés dans les transports.

Quant aux cendrées, nous jugions qu'elles ne seraient pas en quantités suffisamment importantes pour justifier la manutention entièrement mécanique. Les mâchefers et suies seraient transportés par wagonnets jusqu'à la fosse prévue en contrebas de la cave des chaudières. Un élévateur les y reprendrait pour les déverser directement dans des camions.

Deux solutions pouvaient être envisagées pour la turbine: soit la marche à contrepression, soit la marche en soutirage.

La turbine à contrepression a l'avantage de la simplicité et, par suite, du prix moins élevé. Par contre, elle lie, d'une manière absolue, la puissance débitée à la quantité de vapeur détendue. Elle manque donc de souplesse et son emploi ne s'indique que là où les demandes d'énergies mécanique et calorifique sont constantes. Le chauffage central ne s'accommode pas de cette sujétion: sa consommation de chaleur dépend des conditions climatériques; après le « coup de fouet » de la mise en route, l'apport de calories doit être fortement réduit. La puissance dont on dispose dans une turbine à contrepression ne peut être réglée et cette solution ne peut guère être acceptée par le réseau qui absorbe le courant électrique. L'économie de l'installation s'en trouve d'ailleurs affectée car, à certains moments, la chaudière peut être insuffisamment chargée pour conserver un rendement convenable.

La turbine à soutirage, au contraire, est de construction plus compliquée, mais elle s'adapte parfaitement aux circonstances: on peut faire varier la quantité de vapeur prélevée, sans modifier la puissance et, un régime de soutirage étant établi, la puissance peut être accrue jusqu'au maximum prévu. En tous cas, il est possible de maintenir à la chaudière une allure de combustion satisfaisante. Enfin, une telle machine pouvant marcher en condensation pure, son fonctionnement est possible en toute période, même lorsque le chauffage doit être arrêté. Cette considération pouvait jouer un rôle important dans les négociations entamées avec le réseau d'électricité; la centrale universitaire était, en effet, capable de remplir pleinement son rôle d'associée et le groupement pouvait compter en tout temps sur son intervention.

La pression de soutirage devait être fixée aux environs de 2 kg/cm2 absolus. Nous nous réservions cependant la possibilité de la régler à toute valeur comprise entre 1,5 et 2,5 kg/cm2 abs. La quantité de vapeur à prélever étant limitée par nous à dix tonnes par heure, la puissance nominale du turbo­alternateur s'établissait ainsi à 1.250 kilowatts. Cette puissance peut être réalisée dans toutes les conditions de marche, en faisant varier le débit de vapeur passant au condenseur; quand le soutirage est maximum, la partie basse pression de la turbine ne reçoit qu'un faible flux de vapeur, exactement suffisant pour éviter les effets de ventilation dans les aubages.

En ce qui concerne la liaison de la turbine et de l'alternateur, nos préférences allaient à l'accouplement direct, l'attaque par réducteur à engrenages pouvant être la source de bruits désagréables.

La tension à prévoir pour le courant débité était de 6300 volts et la fréquence de 50 périodes par seconde, caractéristiques imposées par le réseau de la « Linalux ». La Centrale Universitaire est, en effet, membre de I' « Union des Centrales Electriques de Liége-Namur-Luxembourg » et bénéficie des avantages que cette association assure à ses affiliés. Le courant produit en plus des besoins propres de l'Université est racheté par le réseau à un taux variant avec le prix du charbon consommé et son pouvoir calorifique; la centrale perçoit en outre une indemnité journalière, compensatoire des frais fixes, variable avec la puissance qu'elle est à même de mettre à la disposition du groupement. L'arrêt complet de la Centrale étant prévu pour toute la période d'été, l'Université reçoit gratuitement du courant électrique jusqu'à concurrence d'un certain nombre de kilowattheures; au delà de ce chiffre, elle peut acquérir l'électricité qui lui est nécessaire à des conditions très avantageuses.

Pour mieux faire ressortir l'intérêt de la solution réalisée, nous communiquerons les résultats obtenus jusqu'à présent. Les chaudières ont été mises à feu en novembre 1936; une assez longue période fut consacrée aux opérations de réglage et aux essais de réception; le chauffage fut ensuite maintenu en service jusqu'au mois de mai 1937, mais à allure réduite, puisque deux Instituts seulement étaient terminés et que leur occupation n'était que partielle. Malgré ces conditions peu favorables, on relevait au 1er octobre 1937, les chiffres suivants:

kWh
Production de courant par le turbo-alternateur 667.650
dont consommé directement 109. 850
Fourniture de courant à la « Linalux » 557.800
Fourniture de courant par la « Linalux » 124.350

La marche en parallèle du groupe turbo-alternateur avec les puissantes unités du réseau constituait une sérieuse difficulté pour le réglage de la charge. Il fallait prévoir des dispositifs spéciaux, car le régulateur à force centrifuge devenait inopérant, le réseau maintenant la machine à la vitesse du synchronisme.

Nous n'envisagions pas l'achat d'un turbo­alternateur de réserve, dont l'installation aurait grevé trop lourdement les frais de premier établissement. En cas d'avarie à la turbine, la fourniture de l'électricité était d'ailleurs assurée par la « Linalux » et il suffisait de posséder un dispositif de secours pour le chauffage. Nous prévoyions, dans ce but, un détenteur-désurchauffeur de vapeur, capable de débiter dix tonnes à l'heure, et ramenant le fluide prélevé aux chaudières à l'état compatible avec son utilisation dans les échangeurs. Si la nécessité s'en faisait sentir, cet appareil pourrait d'ailleurs fonctionner en parallèle avec le soutirage de la turbine.

Les questions relatives au chauffage des bâtiments seront exposées dans un autre chapitre. Il suffira de signaler ici que le système prévu au programme était celui par circulation forcée d'eau chaude, celle-ci étant préparée à la Centrale même, dans les échangeurs dont il vient d'être question. On installerait tout d'abord quatre réchauffeurs, ayant chacun une capacité de transmission d'un million six cents mille Calories par heure, toutes les dispositions étant prises pour pouvoir placer un cinquième appareil quand la nécessité s'en ferait sentir.

L'alimentation en eau constitue, dans toute centrale, un problème de la plus haute importance. Les terrains où sont construits les nouveaux Instituts universitaires se trouvent en bordure de la Meuse, mais ils en sont séparés par un quai surélevé, les protégeant contre les inondations. Il ne pouvait être question de percer cette digue pour mettre la centrale en communication directe avec le fleuve; il fallait donc prévoir une station de pompage, à commande automatique, puisant l'eau dans le fleuve et la déversant dans une citerne creusée à proximité de la turbine, et précédée d'un dispositif de désherbage. Quant aux eaux usées, elles seraient envoyées aux égouts de la Ville.

La haute tour qui domine le bâtiment de la Centrale dissimule un château d'eau d'une capacité de 40 mètres cubes. Ce réservoir est alimenté par deux pompes à commande automatique, aspirant dans la citerne à eau brute. Son rôle principal est de fournir l'eau sous pression au Laboratoire de Thermodynamique et d'alimenter les bouches d'incendie. Il peut également, en cas d'extrême urgence, livrer aux chaudières et au turbo-alternateur l'eau de secours exceptionnellement nécessaire.

Notre attention était attirée sur les dangers que présente dans les générateurs à haute pression, l'emploi d'une eau imparfaitement traitée contenant des sels alcalino-terreux, elle dépose des incrustations; pure, mais non désaérée, elle peut provoquer l'oxydation des tôles et des tubes; additionnée de produits sodiques, elle peut favoriser la corrosion intercristalline des zônes écrouies du métal. Nous nous proposions donc d'épurer chimiquement, puis de distiller l'eau d'appoint, tandis que toute l'eau d'alimentation devrait être dégazée avant son introduction dans les économiseurs. Nous envisagions également un contrôle régulier de tout le circuit d'alimentation, pour y dépister toute rentrée d'eau souillée, particulièrement à craindre dans le condenseur et les échangeurs.

La commande des pompes alimentaires était prévue par moteurs électriques. L'emploi d'une turbo-pompe de réserve ne nous paraissait pas nécessaire. Pour pouvoir intervenir immédiatement en cas de manque de courant, une telle machine exige une surveillance et un entretien continuels; d'autre part, la chaufferie devait disposer de deux sources d'électricité: le turbo-alternateur de la centrale et le réseau de la Linalux, avec lequel le raccordement serait assuré par deux câbles distincts.

Une marche économique d'une installation de ce genre ne peut être maintenue que moyennant un contrôle permanent. Le chauffeur doit disposer d'appareils indicateurs qui le renseignent sur le comportement de sa chaudière; les caractéristiques les plus utiles à connaître sont la pression et la température de la vapeur produite, la pression du vent sous la grille, la dépression à la cheminée, la température des fumées et celle de l'air à leur sortie du réchauffair, la teneur des fumées en anhydride carbonique et en oxyde de carbone.

Pour le chef de centrale, ces indications doivent être reproduites par des appareils enregistreurs et ceux-ci doivent également le renseigner sur les débits de vapeur et sur les consommations de charbon et d'eau. Le programme élaboré visait, à ce point de vue, à rendre possible la détermination journalière du rendement des installations.

Au cours d'un voyage à l'étranger, nous avions étudié le réglage automatique de la marche des chaudières et nous étions arrivés à la conclusion que cette technique, encore très discutée, était susceptible de solutions intéressantes, particulièrement en ce qui concerne la réduction du personnel. Il fallait également tenir compte, à ce sujet, du point de vue didactique une étude systématique pourrait être entreprise dans des conditions exceptionnelles, puisqu'elle serait poursuivie non sur des appareils de laboratoire, mais à l'échelle industrielle.

...


LES INSTITUTS DE LA FACULTÉ DES SCIENCES APPLIQUÉES
DE L'UNIVERSITÉ DE LIEGE AU VAL- BENOIT
LA DIRECTION TECHNIQUE

par F. CAMPUS
Ingénieur des constructions civiles et électricien (A.I.Br., A.I.M., A.I.Lg.)
Professeur à l'Université de Liège.

ULG Université de Liège Val Benoit - 1937 - Implantation de la faculté technique

Au cours de l'été 1929, pour passer à l'exécution. M. l'Administrateur-Inspecteur de l'Université de Liège adjoignit à M. l'architecte professeur Alb. Puters un bureau d'études techniques. Il était formé de deux ingénieurs des constructions civiles diplômés dans le cours de la même année et recevant leur inspiration technique de l'auteur. Cette institution fut transformée en direction technique au début de 1930, lorsqu'apparut l'imminence des premières entreprises de fondations et de charpente métallique, premiers résultats de l'activité du bureau d'études. Cet organisme improvise fut renforcé au fur et à mesure du développement des travaux dont il fut chargé, mais toujours avec un certain décalage, de telle sorte qu'il est à peu près constitué de la manière convenable pour pouvoir réaliser son travail lorsque la majeure partie en est terminée.

La création et le développement de la direction technique sont dus uniquement à des causes extérieures à sa propre action. L'explication en réside dans la nature de l'oeuvre, consistant en instituts dont le caractère dominant est la spécialité dans l'ensemble et dans le détail. Ils correspondent à des besoins très particuliers et divers, d'une grande complexité. La réalisation doit répondre strictement au but, en harmonisant les nécessités variables, en sauvegardant l'avenir et en réservant la possibilité de répondre à l'évolution des sciences et des méthodes scientifiques. Enfin, eu égard à l'importance des dépenses à engager, qui ne permet pas le renouvellement fréquent de semblables efforts financiers, la construction doit rechercher une très grande durabilité.

La ruine prématurée de plusieurs bâtiments de l'Université, à peine anciens de trois quarts de siècle, a apporté récemment à cette dernière considération une justification éclatante.

Un semblable travail a, par nature, un caractère analogue à celui des ouvrages d'art des ingénieurs, toujours marqué par l'importance des études préalables, complètes et coordonnées, afin de réaliser une oeuvre adéquate aux besoins, conforme aux règles de la science et de l'art de construire et capable de résister aux atteintes du temps. C'est la seule méthode permettant une création raisonnable et raisonnée. Elle ne tient à la tradition que par la pérennité des concepts scientifiques qui sont à la base des réalisations des ingénieurs. Elle implique la subordination de toutes considérations personnelles au déterminisme technique du problème et des moyens de le résoudre. Il n'y a pas plus de raisons de construire une faculté scientifique moderne, constituée de laboratoires, par les mêmes moyens et les mêmes méthodes que les temples antiques, les cathédrales moyenâgeuses ou les hôtels baroques, que de s'inspirer des trirèmes ou des galères pour la construction des paquebots modernes.

Ainsi fortement marqués par la technique, les Instituts du Val-Benoît et leurs abords recueillent les suffrages de ceux auxquels ils sont destinés et de leurs collègues belges et étrangers.


Plans général et particuliers

Antérieurement à l'institution de la direction technique, un plan schématique d'ensemble avait été établi. Il est reproduit à la figure 5 de la note de M. l'Administrateur-Inspecteur M. Dehalu, intitulée « Les nouveaux Instituts de la Faculté technique », publiée en 1930 dans le Bulletin de la Société des Amis de l'Université de Liège. On s'est écarté de ce plan dans l'exécution et les dispositions effectivement réalisées sont représentées à la figure 1 de la présente note.

ULG Val Benoit - Projet d'implantation de la faculté technique en 1930

L'Institut de Chimie et de Métallurgie n'a pas subi de modification d'emplacement ni de plan; ces éléments étaient déjà arrêtés en 1929 par M. l'architecte professeur Alb. Puters.

Le bâtiment destiné aux services généraux, au chauffage, à la production d'énergie électrique et au laboratoire de thermodynamique devait, dans le projet primitif, se trouver à peu près au centre de gravité de l'ensemble des instituts à desservir.

Cette situation répondait à la préoccupation théorique et classique de l'économie de distribution. Mais elle présentait un grave défaut pratique: le trafic important et peu désirable du charbon et des autres matières d'exploitation de la centrale et tous les impédimenta de la manutention et du service en plein centre du groupe, avec tous leurs inconvénients au point de vue de la propreté et de l'esthétique. Pour les éviter, la direction technique proposa d'établir la Centrale thermo-électrique et le Laboratoire de Thermodynamique en bordure de la rue du Val-Benoît, grande artère de trafic lourd et industriel, permettant l'accès direct à la centrale sans aucun passage par le parc. Ce bâtiment est ainsi devenu contigu à l'Institut de Mécanique. Le plan de la centrale ne diffère que par quelques annexes des dispositions rectangulaires résultant du projet de l'entrepreneur général de la partie thermo-électro-mécanique, choisi à la suite d'une adjudication-concours. Le Laboratoire de Thermo­dynamique constitue un rectangle allongé, en bordure de la rue du Val-Benoît, selon les dispositions demandées par son directeur, M. le professeur A. du Chesne. Il est relié par une passerelle couverte à l'Institut de Mécanique, encore en construction, dont le plan diffère totalement de celui schématisé en 1930. Il est identique à celui de l'Institut du Génie Civil, qui lui aussi diffère totalement de celui du schéma de 1930. L'emplacement de cet Institut a été modifié et transporté au Sud du chemin au Nord duquel il était d'abord projeté. Quant au plan en carré avec amphithéâtres suivant la diagonale, adopté d'abord pour l'Institut du Génie Civil et ensuite pour celui de Mécanique, il a pour buts de faciliter la circulation aux divers étages, entre les étages et par rapport aux accès, d'assurer la plus grande économie et la plus grande simplicité, ainsi que la séparation des fonctions. Ces buts sont réalisés dans les deux Instituts de la manière suivante. L'entrée principale se trouve à l'extrémité Est de la diagonale; elle commande une grande cage d'escalier, des ascenseurs et monte­charges et conduit par le plus court chemin à tous les auditoires. A l'extrémité Ouest opposée de la diagonale, autre entrée, autre cage d'escalier, autres ascenseurs et monte-charges, desservant tous les laboratoires et services. Le plan est extrêmement simple et répond à toutes les conditions. Les culs-de-sac et les labyrinthes sont évités. La possibilité d'être coupé de l'une ou l'autre issue par un sinistre est pratiquement exclue.

Naturellement, cette simplicité a demandé un grand effort pour l'aménagement de détail des plans, c'est-à-dire la répartition des services et des locaux. En ce qui concerne l'Institut du Génie Civil, M. l'architecte Jos. Moutschen, professeur à l'Académie royale des Beaux-Arts de Liège, a apporté une collaboration appréciée à la direction technique, qui a établi entièrement, par ses propres moyens, toutes les dispositions relatives à la Centrale, au Laboratoire de Thermodynamique et à l'Institut de Mécanique.

L'Institut de Minéralogie figurait déjà au plan d'ensemble de 1929. Il est question de l'édifier, combiné avec un Institut de Physique, à l'angle du quai de Rome et de l'avenue des Tilleuls, dans une propriété récemment acquise par l'Université. De la sorte, le parc et les pelouses situés entre la Meuse et l'abbaye subsisteraient.


Fondations

Le terrain est situé au voisinage immédiat de la Meuse et sous le niveau de ses crues. Le sol alluvial est formé de limon surmontant une couche de gravier assez épaisse et solide, reposant à son tour sur le schiste. Par endroits le terrain a été remblayé à une époque récente. Ailleurs (angle de la rue du Val-Benoît et de la rue Armand Stévart), il est bordé par d'anciennes exploitations de terre à briques et forme une sorte de marécage (« champ de glace »). Au Sud de cet endroit se trouve l'ancien terril d'un charbonnage situé immédiatement de l'autre côté de la rue du Val-Benoît. De tout cela résultent diverses particularités.

La voirie du quai de Rome a été relevée en remblai, de même que celle de la rue Armand Stévart, de manière à former des digues mettant le terrain du Val-Benoît à l'abri des submersions par les crues de la Meuse. Ces travaux ont été exécutés par l'Administration des Ponts et Chaussées et par la Ville de Liège. La voirie de la rue du Val-Benoît doit encore être relevée et quelque peu déplacée pour permettre le raccordement de la rue Armand Stévart.

Dans la partie du terrain contiguë à la Meuse, l'eau souterraine est à un niveau en rapport avec la flottaison du fleuve canalisé. En bordure de la rue du Val-Benoît, il a été constaté un niveau sensiblement plus élevé de l'eau; la nappe phréatique semble alimentée par la colline toute voisine et n'être pas en relation directe avec la Meuse. La proximité des terrils et l'existence de vestiges de canalisations d'évacuation des eaux d'exhaure du charbonnage font que les eaux de cette partie du terrain sont appréciablement sulfatées (jusqu'à 587 milligrammes de SO3 par litre).

Enfin, l'exploitation du charbonnage rend possible encore certains affaissements, modérés toutefois d'après les prévisions du Corps des Mines (quelques décimètres à peine). Ces affaissements modérés, probablement en raison de la proximité de la Meuse, peuvent être les plus nocifs pour les constructions, parce qu'ils correspondent souvent aux limites des cuvettes d'affaissement, où les descentes sont les plus inégales. Il en résulte que les fondations devaient tenir compte de plusieurs sujétions spéciales.

La présence d'eaux sulfatées, dont les actions destructives sur le béton ont été reconnues à diverses reprises au cours des dernières années dans la région liégeoise, imposait de se prémunir contre elles (1). Des précautions étaient à prendre pour parer aux effets des affaissements possibles (2). Il fallait tenir compte de ce que le niveau de la Meuse pouvait être plus élevé que celui du terrain naturel. Enfin, il fallait, selon toute apparence, descendre les fondations jusque dans la couche de gravier solide pour assurer aux bâtiments une assise inébranlable. Cette assise de gravier se trouvait à des niveaux assez variables selon les endroits. Elle s'approfondissait notamment au voisinage de la rue du Val-Benoît, comme si un ancien bras de la Meuse avait coulé au pied de la colline.

La figure 3 indique quelques sondages types, dont les emplacements sont repérés à la figure 1.

Toutes les fondations ont été projetées et mises en adjudication de la manière suivante. Les bâtiments ont comme squelette résistant une ossature métallique ou en béton armé, reportant toutes les charges sur le terrain à la base d'un nombre assez restreint de colonnes fortement chargées. Chaque colonne est fondée sur une pile en béton descendant jusque sur le terrain solide de fondation. Le projet indiquait pour chaque pile tous les efforts sollicitants et la cote probable de fondation, généralement située sous le ni­veau de la nappe phréatique. La pression maximum-admise dans la base de fondation était de 4 kg/cm2. La réalisation de ce projet en fouille ouverte blindée et épuisée paraissait à priori improbable aussi son élaboration avait-elle surtout pour but d'établir un programme tout à fait précis et dépourvu d'ambiguïté, en vue de permettre aux soumissionnaires de présenter des contre­projets de fondations spéciales plus économiques satisfaisant entièrement aux conditions de stabilité. Effectivement, toutes les fondations ont été établies sur des pieux Franki moulés dans le sol et surmontés de blocs en béton armé de deux mètres de hauteur, recevant l'appui des colonnes ou piliers. Le contrôle du battage a été très attentif; les refus exigés étaient de 18 mm pour le mouton de 2,3 tonnes et de 28 mm pour le mouton de 3.2 tonnes.

Certaines épreuves de charge ont été effectuées avec d'excellents résultats. C'est sur les chantiers de fondation de la charpente métallique de l'Institut de Chimie et Métallurgie qu'ont été battus les premiers pieux Franki obliques.

Pour la résistance des bétons aux eaux sulfatées, il a été fait usage de bétons spéciaux. Pour les premières fondations, on a employé du ciment de laitier (mélange intime de chaux et de laitier granulé basique) additionné de trass. Ensuite, on a substitué au trass du laitier granulé moulu (3). Plus tard, pour l'Institut du Génie Civil, on a utilisé du ciment de haut fourneau, avant que ce produit ait été officiellement reconnu. Pour le groupe Centrale-Thermodynamique-Mécanique, il a été fait usage de ciment permétallurgique, riche en laitier et récemment introduit sur le marché. Dix­huit cubes de béton du dosage des fondations de l'Institut du Génie Civil (800 litres de gravier 10/30, 350 litres de sable, 450 kg de ciment portland artificiel additionné de laitier), confectionnés le 9 novembre 1932, ont été enfouis à l'âge de 7 jours dans la nappe phréatique, à l'endroit dénommé « champ de glace », où l'eau paraissait le plus suspecte. Ils ont été retirés en février 1937 et essayés. Trois cubes ont donné comme résistance à la compression 434, 465 et 472 kg/cm2. Deux cubes essayés en novembre 1937, après 9 mois de séchage à l'air ont donné 468 et 473 kg/cm2. Ceci prouve que, après plus de quatre années d'enfouissement, le béton n'a subi aucune attaque, mais a fortement durci. Les résistances initiales étaient 155 kg/ cm2 à 7 jours et 290 kg/cm2 à 28 jours

On peut donc considérer que les fondations des Instituts sont aussi résistantes et durables qu'il est possible.

Pour tenir compte des possibilités d'affaissement, les bâtiments sont divisés en blocs indépendants, dont la plus grande dimension en plan ne dépasse pas 40 m et est généralement inférieure. Ces blocs sont séparés par une travée entière, permettant les affaissements indépendants. Il n'y a pas eu, jusqu'à présent, d'apparences d'affaissements, mais les joints ont aussi fait office de joints de retrait et de dilatation et, à ces points de vue, leurs mouvements ont été perceptibles.

Eu égard à la situation du niveau du parc par rapport aux plus hautes eaux de la Meuse, un drain général en gravier a été établi sous tous les bâtiments, pour éviter les infiltrations. Ce drainage est relié aux canalisations très ramifiées et complexes établies sous chaque Institut et qui déversent leurs eaux dans les égouts de la ville de Liège. Il n'y a que les galeries souterraines établies entre les divers Instituts et la Centrale et sous la plupart des Instituts (sauf celui de Chimie-Métallurgie), pour le placement des canalisations d'eau, de chauffage, de gaz et d'électricité, qui fassent exception au point de vue du drainage. Leur asséchement par les égouts est impossible. En outre, elles pénètrent en divers endroits dans la nappe aquifère. C'est particulièrement le cas de la galerie exécutée sous une partie de l'Institut de Chimie-Métallurgie après sa construction, dont l'exécution dans une fouille très aquifère a été pénible. Ces parties des galeries ont été rendues aussi étanches que possible. En outre, cinq pompes automatiques, situées aux points bas du réseau important et complexe des galeries, assurent leur asséchement permanent en dépit des circonstances précitées.

En ce qui concerne les cloisons et murs des locaux situés au niveau du parc, on a, dans l'Institut de Chimie-Métallurgie, renoncé par raison d'économie à les établir sur des poutres de fondations en béton armé prenant appui sur les bases des colonnes, à cause du grand écartement transversal de celles-ci (environ 16 m). La fondation directe sur le terrain, en partie formé de remblai récent déversé sur le marécage du « champ de glace », a provoqué pendant de nombreuses années des tassements de ces cloisons, plus considérables qu'il n'avait été prévu. Ces mouvements paraissent actuellement stabilisés. Quoique tout à fait inoffensifs, ils ont été cependant jugés fâcheux à cause de l'impression défavorable créée par les larges crevasses qui se sont manifestées à certaines époques. Aussi, pour les autres instituts, les cloisons et murs au niveau du parc ont-ils été assis sur des poutres de fondations établies entre fondations des colonnes, d'ailleurs en général moins écartées que dans l'Institut de Chimie-Métallurgie.

Naturellement, les pignons extérieurs ont tous été fondés sur des poutres rigides et n'ont jamais montré la moindre fissure.


Ossatures Métalliques

ULG Val Benoit - 1937 Institut de Chimie et de Métallurgie. Ossature métallique

L'ossature métallique de l'Institut de Chimie-Métallurgie a été entièrement décrite dans cette revue (1er et 15 mars. 1er avril 1'933). Celle de l'Institut du Génie Civil a été mentionnée dans une étude publiée dans ces colonnes par M. G. Moressée (août 1935). D'autres publications ont été faites au sujet de ces charpentes (4). L'espace fait défaut pour revenir longuement sur ces ossatures, sur la justification de leur emploi, leur conception et leur réalisation. On peut se borner à constater que l'établissement du projet de la charpente de l'Institut de Chimie-Métallurgie en 1930 a été le point de départ d'une rénovation de la charpente métallique en Belgique, et que la naissance des ponts Vierendeel soudés, qui ont eu un développement si retentissant, en est une conséquence. Cinq années après l'exécution de la charpente continue entièrement soudée, en acier spécial, de l'Institut du Génie Civil, il n'existe encore aucune charpente dans le monde qui, n'en étant pas inspirée, lui soit supérieure. Mon ancien assistant et collaborateur pour l'étude de la charpente de l'Institut de Chimie-Métallurgie, A. Spoliansky, a fait une glorieuse carrière en concevant les premiers ponts Vierendeel soudés de Lanaye et d'Hérenthals. Il est également l'auteur de nombreuses charpentes, notamment celles des nouveaux bâtiments de l'Université de Gand. Il suffit de consulter l'article « Le Nouveau Technicum de Gand » par M. J. N. Cloquet, professeur à l'Université de Gand, paru dans « l'Ossature métallique » de novembre 1937, pour reconnaître aussitôt l'allure caractéristique créée par les charpentes des Instituts de Liège, auxquels M. Spoliansky a ajouté les derniers raffinements de la recherche de la légèreté et de l'économie.

Toutes les ossatures de Gand ont été exécutées à la suite d'adjudications-concours, où elles ont triomphé avec une nette différence de poids et de prix. Ce résultat répété fait justice de certains reproches adressés aux charpentes des Instituts du Val-Benoît et qui étaient basés sur une pure idéologie. Le fait que la justification d'une technique innovée à l'Université de Liège puisse être trouvée dans les réalisations ultérieures de l'Université de Gand, pour ses écoles spéciales d'ingénieurs, fait également honneur à ces deux hautes écoles et se passe d'autres commentaires.

Il est cependant opportun de signaler qu'en plus de ces progrès pratiques de la construction métallique, qu'ont déclenchés les charpentes du Val­Benoît, elles ont engendré de nombreuses études. Outre celles de l'auteur et de son ancien collaborateur A. Spoliansky, il faut citer une étude importante de J. Perelman (R. U. M., 15 avril et 1er mai 1933) sur la flexion composée des colonnes, qui a beaucoup contribué à l'économie des dernières constructions de ce type, les travaux et publications de G. Moressée jun. et enfin les travaux et publications de nombreux autres anciens élèves de l'auteur, qui se sont distingués déjà dans la construction métallique. De nouvelles recherches vont être encore entreprises.

Les ossatures de l'Institut du Génie Civil et du Laboratoire de Thermodynamique n'ont pas encore fait l'objet de descriptions détaillées. Elles possèdent cependant de multiples particularités. Signalons notamment qu'à l'Institut du Génie Civil, les colonnes du côté des façades des cours ont été disposées en recul vers l'intérieur, de telle sorte que ces façades sont supportées par des consoles des fermes métalliques et ne possèdent pas de fondation. Ce dispositif n'avait pas été appliqué en Belgique avant 1932, à la connaissance de l'auteur. Il a été également appliqué aux bâtiments construits depuis par l'Université de Gand, dont il a été question ci-dessus.

Tontes les charpentes métalliques des Instituts de Liège sont enrobées de béton ou de maçonnerie, par raison d'architecture, de conservation et de protection contre l'action du feu. Il en a été tenu compte dans les calculs par une majoration des tensions admissibles, élevées jusqu'à 20 kg /mm2. Le calcul des charpentes enrobées d'après les méthodes du béton armé, préconisé par divers auteurs et règlements, est un contresens.


Béton armé

Les parties suivantes ont été construites en béton armé:

I) A l'Institut de Chimie et Métallurgie: les poutres de fondation des façades, les ossatures des grands amphithéâtres, des ailes intérieures et de la halle de fonderie, tous les hourdis, y compris ceux des toitures terrasses, les escaliers, les auvents, les citernes, la galerie d'arrivée des canalisations.

II) A l'Institut du Génie Civil: les poutres de fondation des façades et cloisons intérieures au niveau du parc, les fermes des ailes Est et Nord, des entrées principale et postérieure, des grands auditoires et de la halle expérimentale, tous les hourdis y compris ceux de la toiture terrasse, les deux grands escaliers et les escaliers de service, les auvents, une citerne, les couvertures et une partie des galeries enterrées.

III) Toute la Centrale électrique, y compris l'ossature, les silos à charbon avec leurs portiques, les hourdis, les escaliers, les fondations des chaudières et machines, les fondations des façades et cloisons au niveau du parc, etc... La façade est presque entièrement en béton apparent. Toutefois, la tour de l'élévateur à charbon n'a que le soubassement et les planchers de refend en béton armé; ses parois extérieures sont en maçonnerie armée de 36 cm d'épaisseur (hauteur totale de la tour 49 mètres).

IV) Au Laboratoire de Thermodynamique: la majeure partie des façades, les hourdis, escaliers, auvents, fondations des machines, des cloisons au niveau du parc et des façades, galeries enterrées, etc.

V) A l'Institut de Mécanique: tous les éléments de résistance et de support; il n'y a pas d'éléments en charpente métallique.

VI) Dans l'aménagement des abords, les murs de soutènement, poutres de fondations des murs de clôture, les escaliers, les galeries enterrées, le réservoir régulateur des pompes à la Meuse, les mâts d'éclairage extérieur, certains tronçons de revêtement de routes, etc...

Le béton armé a été employé pour l'ossature où les dimensions le permettaient: grandes hauteurs disponibles (grands amphithéâtres, centrale, etc.), faibles portées (ailes peu larges) ou faibles charges (à l'Institut de Mécanique, il y a peu d'étages et il n'y a de fortes charges qu'au niveau du parc, directement reportées sur le sol). Il a été employé aussi systématiquement pour tous les hourdis, escaliers, voiles de soutènement, etc...

Tous ces ouvrages ont été étudiés, calculés et dessinés par la direction technique, conformément aux règles de la bonne pratique, en envisageant toutes les circonstances possibles de sollicitation. Les tensions admissibles ont été en général de 1200 kg/cm2 pour l'acier (limite élastique minimum 2400 kg/cm2) et, pour le béton, en général 80 ou 90 kg/cm2. Pour les portiques des silos à charbon de la centrale, de l'acier à 30 kg/mm2 de limite élastique avait été prescrit, pour une tension admissible de 1500 kg/cm2. Il n'a pas été possible d'obtenir la fourniture de cet acier. On a procédé à la mesure de la limite élastique des lots de barres; on a admis la moitié comme tension admissible et on a majoré la section d'armature en proportion.

Il a été fait usage des ciments suivants:

Portland artificiel à durcissement rapide pour l'Institut de Chimie-Métallurgie.

Portland artificiel normal et haut fourneau normal pour l'Institut du Génie Civil.

Haut fourneau normal pour la Centrale et le Laboratoire de Thermodynamique ainsi que pour les abords, permétallurgique pour les massifs de fondation.

Haut fourneau normal et portland normal pour l'Institut de Mécanique.

Pour les premiers travaux, le dosage était environ 800 l de gravier 5/20, 420 l de sable de rivière 0/5 et 400 kg de ciment par mètre cube de béton.

A partir d'octobre 1933, les dosages ont été exprimés entièrement en poids, avec un excellent résultat. Les ciments font l'objet de réceptions d'après les clauses des cahiers des charges de l'Etat. Le contrôle des bétons se fait d'après le règlement de l'Association Belge de Standardisation. Les graviers et sables sont réceptionnés en vue de garantir leur propreté et le dosage est réglé pour chaque arrivage d'après la granulométrie des produits. Les résistances obtenues sur cubes de 16 cm de côté atteignent en moyenne 250 kg/cm2 à 14 jours et 350 kg/cm2 à 28 jours, en cas d'emploi de ciment de haut fourneau ou portland normaux. Ce résultat prouve l'excellence des ciments, de la granulométrie et de la mise en oeuvre.

Le ciment à durcissement rapide du premier Institut a donné lieu à quelques inconvénients, qui se sont manifestés par une tendance marquée à la fissuration.

Le ciment permétallurgique de certaines fondations et même le ciment de haut fourneau ont donné quelques ennuis en hiver, en ce sens que les résistances des cubes d'essais diminuaient sensiblement. Dans ces cas, des cubes ont été découpés dans le béton d'oeuvre; ils ont généralement donné des résistances très élevées, dépassant lés conditions requises. Ceci montre que le contrôle du béton sur cubes est susceptible d'être en défaut et que la seule certitude peut être donnée par l'examen du béton d'oeuvre. On y a eu recours dans tous les cas douteux et on peut dire qu'aucun élément de béton n'a été accepté, notamment dans les fondations, qu'après des essais finalement satisfaisants, parfois après un durcissement prolongé.

Comme il convient, toutes les ossatures et les hourdis en béton armé ont été calculés, dessinés et exécutés en tenant compte le plus largement possible de la continuité des éléments. Les armatures ont été constituées en conséquence et disposées d'une manière très soignée, en vue d'assurer la résistance à toutes les actions, non seulement de flexion, mais aussi d'effort tranchant et en vue d'assurer une adhérence et une liaison parfaites. L'enrobage suffisant des armatures a été garanti le mieux possible. Compte tenu de tous les accessoires d'armatures (crochets, agrafes, étriers, barres de liaison, etc.) le pourcentage moyen effectif d'armature est modéré.

Pour l'Institut de Chimie et Métallurgie, il est de 1,33% en volume.

Pour l'Institut du Génie Civil, de 2%.

Pour la Centrale, de 2%

et pour l'Institut de Mécanique, de 1,95%

En vue de permettre aux soumissionnaires d'apprécier facilement le travail de béton armé, les métrés des diverses adjudications indiquaient à part le cube de béton et le tonnage d'acier, établis d'après les études complètes préalables. De la sorte, le pourcentage moyen global d'armatures est bien connu. Naturellement, il varie d'après la nature des éléments; il est le plus grand dans les fermes continues, où il a atteint jusqu'à 3%. II s'agit, il faut le répéter, du pourcentage d'armatures effectives totales, non du pourcentage théorique.

Comme particularités du béton armé, signalons les suivantes:

Les dalles de grande portée (6,00 x 5,50) de l'Institut de Chimie et Métallurgie, sont pleines, d'épaisseur constante (14 cm), légèrement renforcées aux bords et armées comme dalles continues. Certaines dalles de moindre portée (grands auditoires, laboratoire d'hydraulique, planchers très chargés) ont été traitées de même (pourcentage moyen d'acier 1,11%).

Il a été fait un usage très étendu de dalles à petites nervures écartées en moyenne de 50 cm. Entre les nervures, le hourdis n'a que 5 cm d'épaisseur. Les premières, pour l'Institut de Chimie­Métallurgie, avaient été conçues comme planchers moulés d'avance, à éléments en U renversés, placés côte à côte et liés ensemble par du béton fin. L'entrepreneur a demandé à pouvoir les bétonner sur place (pourcentage moyen d'acier 1,18%). Cette pratique a été généralisée pour les autres Instituts, pour lesquels les hourdis nervurés ont pu être conçus comme continus, ce qui a permis de les alléger d'une manière appréciable, en réduisant la hauteur et la largeur des nervures. L'épaisseur moyenne a été ramenée de 14 cm à 11,6 cm, le pourcentage total d'accès étant devenu 1,27%

Ces hourdis sont isolants, légers et permettent une fixation aisée des faux-plafonds. Leur coffrage est facile grâce à des formes métalliques de remploi fréquent, d'ailleurs usuels.

Le dessin des planchers prévoyait, pour tous les Instituts, de nombreux trous pour le passage des canalisations. Mais c'est là un chapitre décevant; les entrepreneurs de parachèvement paraissent animés d'une méfiance insurmontable à l'égard des trous qu'ils n'ont pas confectionnés eux-mêmes.

Comme ossatures, les plus impressionnantes étaient celles des grands auditoires (fig. 10), ainsi que les deux portiques des silos de la Centrale, de 20 m. d'ouverture libre horizontalement et verticalement. Ces portiques ont été traités comme articulés aux pieds; les poutres horizontales forment en même temps parois des silos. L'épaisseur des colonnes des portiques n'est que de 50 cm. Pour cette raison, il a été veillé à un entretoisement suffisant. Les fondations sont constituées d'une pile située sous chaque pied, surmontant un groupe de pieux Franki capables de supporter 300 tonnes.

A l'Institut du Génie Civil, les fermes de l'ossature en béton armé des ailes étroites (Est et Nord) ont deux colonnes et des consoles supportant les façades côté cour (comme dans la partie à ossature métallique). On y remarque aussi le grand escalier de l'entrée principale, très aérien, dont les volées et paliers sont en porte-à-faux, les volées de l'escalier de l'entrée postérieure, aussi peu appuyées et un élégant escalier à vis, très commode, dans le laboratoire d'hydraulique.

C'est aussi à l'Institut du Génie Civil, que se trouve une poutre de 20 m de portée et 5 m de hauteur, formant cloison et percée d'une baie en son centre, qui supporte le hourdis d'une grande salle sous-jacente, de 20 X 20 m sans appuis intermédiaires et sans surépaisseur par rapport aux hourdis ordinaires.

L'emploi de ciment portland normal et de ciment de haut fourneau normal a donné lieu à une absence presque totale de fissures dans les Instituts du Génie Civil et suivants. C'est ainsi qu'au Laboratoire d'hydraulique, un grand canal réservoir de 24 m de longueur et 4 m de profondeur, en béton armé simplement enduit à l'intérieur, s'est révélé parfaitement étanche, même au passage des tuyauteries multiples.

A l'Institut de Mécanique, quoiqu'il soit entièrement en béton armé, il n'y a guère de particularités à signaler, sauf un massif assez complexe de réservoirs et canaux pour le laboratoire hydro­mécanique en béton armé. On y trouve aussi quelques colonnes cylindriques très chargées et fléchies dans des plans différents.

La tour de la Centrale est, en dépit de son aspect architectural, essentiellement utilitaire. Elle abrite l'élévateur à charbon vers les silos, un manomètre absolu à mercure de grande hauteur, un réservoir élevé d'eau de Meuse (35,50 m au dessus du niveau du parc) et ses canalisations de refoulement et de départ vers le réseau d'incendie, d'arrosage et de nettoyage du parc. Enfin elle est couronnée de plateformes accessibles destinées à des observations sur le vent. Elle est desservie par un ascenseur. Sa base, en béton armé, est fortement évidée. Des précautions spéciales ont été prises pour assurer sa stabilité. Les parois de la tour sont en maçonnerie de briques spéciales, d'épaisseur uniforme de 36 cm, d'ailleurs percées de nombreuses baies ou verrières. Le calcul de cette tour d'une particulière légèreté a été fait cependant avec la plus grande prudence. Toutes les sollicitations possibles ont été envisagées y compris un hors plomb. La maçonnerie a été armée verticalement et horizontalement. Cette technique mérite d'être signalée, car elle est exceptionnelle. Des planchers en béton armé entretoisent les parois tous les 3,54 m. Le réservoir repose sur des ceintures en béton armé. La fondation sur pieux est inébranlable. La hauteur totale depuis la pointe des fondations au sommet est de 56 m.

Certaines fondations de la Centrale Thermo­Electrique, notamment celles de la fosse à cendrées, de la fosse de l'élévateur à charbon et des citernes du condenseur, en terrain très aquifère, ont donné lieu à des difficultés. Pour les citernes, il a fallu recourir à des caissons en béton armé. La construction du grand réservoir compensateur extérieur a été très aisée. La réalisation de certaines parties enterrées allant de la Centrale vers les Instituts du Génie Civil et de Mécanique, a aussi présenté des difficultés.

Les silos pour charbons fins, fréquemment chargés d'eau agressive pour le béton, ainsi qu'il ressort de l'expérience de beaucoup d'usines de la région, ont reçu des doubles parois en béton, dont les intérieures sont confectionnées au moyen d'un ciment inattaquable. En outre, un drainage a été établi à la partie inférieure des trémies. Il ne se manifeste aucune tache d'humidité, ni altération.

En ce qui concerne les charges envisagées pour la construction, signalons que pour tous les Instituts, on a prévu la possibilité de déplacer les cloisons initiales et de les disposer d'une manière quelconque sur les planchers, indépendamment de la position des fermes, supports et poutres (fig. 11 et 13). Cela revient à prévoir une surcharge amovible très élevée, qui a été généralement de 750 kg/m2 pour le calcul des hourdis, mais seulement de 500 kg/M2 pour le calcul des fermes. Pour certains hourdis susceptibles d'être fortement chargés, la surcharge envisagée a été portée à 1000 kg/m2, voire 1500 kg/m2 pour les laboratoires du Génie Civil et d'Hydraulique. Eu égard à l'importance du poids mort dans la construction en béton armé, une majoration même accentuée de surcharge a peu d'effet sur les dimensions et la dépense et conduit à l'inappréciable avantage de ne pas limiter l'usage des bâtiments. Indépendamment de la durabilité réelle que leur confère une construction tout à fait soignée, ces bâtiments répondent tellement aux changements et besoins qui peuvent se manifester dans l'avenir qu'ils « dureront » aussi quant à leur destination

Une telle conception est finalement économique, par la durée qui supprime pour ainsi dire l'amortissement, par la réduction des frais d'entretien et par la suppression des transformations essentielles. Pour modifier les instituts, il suffira, à toute époque, d'abattre et de reconstruire des cloisons légères et économiques. En cours de construction, un étage a pu être ajouté à une aile de l'Institut de Chimie-Métallurgie, destiné â un nouvel enseignement, sans aucun renforcement et sans délai.

J'ai d'ailleurs été préoccupé d'une grande rigidité, aussi bien pour les constructions métalliques qu'en béton armé, et tout en réduisant les dimensions au minimum. Elle a été surtout assurée par l'usage général du principe de continuité et le résultat a été atteint pleinement. Dans les anciens bâtiments de l'Université, les instruments les plus sensibles galvanomètres et balances, doivent être disposés sur des supports spéciaux. Il est impossible de les mettre complètement à l'abri des trépidations. Le professeur de physique M. Morand avait déjà, il y a quelques années, procédé à des expériences sur les hourdis de l'Institut de Chimie-Métallurgie, en y plaçant un galvanomètre ultra sensible. Pour réussir à l'ébranler, il a fallu laisser choir sur le hourdis une lourde pièce de bois, à proximité immédiate de l'appareil. Ce qui confirme entièrement ces expériences critiques et prouve l'excellence pratique du résultat, c'est la satisfaction du professeur Victor Henri (physico-chimie), qui a pu disposer ses appareils les plus sensibles sans aucune précaution et d'une manière entièrement stable. Or, ce professeur occupe l'étage imprévu ajouté à une aile du bâtiment, qui est plutôt une des moins rigides.

Des doutes ont été élevés sur ce mode de construction en ce qui concerne la sonorité. Cette question est très complexe et demande une explication claire. Les constructions continues, formant un tout rigide, ont une très grande masse et sont inébranlables. L'énergie sonore du bruit étant généralement faible, elle ne peut avoir beaucoup de répercussion dans la grande masse de la construction. Cependant, la parfaite élasticité et l'absence de joints, si elles suppriment des causes de bruits (battements, chocs, etc.) suppriment aussi des causes d'amortissement d'énergie vibratoire. Bref, la propagation massique n'est pas entravée, mais l'énergie sonore est dispersée dans une grande masse. Il en résulte que les bruits à craindre pour la transmission ne sont guère que ceux des machines percutantes ou à mouvement alternatif, qu'il faut isoler du plancher par un matelas amortisseur. Cela est vrai même des machines posées sur le sol, au niveau du parc.

Un autre genre de sonorité correspond aux bruits aériens. Dans les bâtiments modernes, les grands couloirs rectilignes, les vastes halls de dégagement, les spacieuses cages d'escaliers, les grandes salles permettent une propagation idéale des bruits aériens. C'est donc surtout une question de volume, non de construction. On sait que l'énergie des bruits aériens est faible et facilement absorbée par certaines matières peu consistantes et peu rigides, amortisseuses, tandis que les corps rigides les réfléchissent en les affaiblissant peu.

Naturellement, les Instituts du Val-Benoît contiennent peu de tentures et peu de matières absorbantes. Le problème de l'insonorisation générale se ramène alors à une étude de plans. Il faut écarter les locaux qui réclament l'absence de bruit (auditoires, laboratoires, etc.) des endroits bruyants (ateliers, lieux de réunion, etc.). La subdivision des couloirs par des portes, même du type va-et­vient, suffit généralement à supprimer toute possibilité de gêne par les bruits aériens. J'ai fréquemment remarqué dans les divers Instituts, en rencontrant inopinément des personnes parlant à haute voix, que de faibles discontinuités de plan: couloir coudé, épanouissement ou étranglement, suffisaient pour empêcher toute propagation appréciable de bruits aériens normaux. Globalement, l'usage des bâtiments les révèle insonores. La plus réelle difficulté réside probablement dans la propagation des bruits par les canalisations, en dépit des dispositions d'isolation. Ces considérations sont indépendantes du problème d'aménagement acoustique de certains locaux, qui est une question autonome. Il existe certes quelques locaux résonnants, mais cela ne provient pas du mode général de construction.

En résumé, les ossatures employées confèrent aux bâtiments des caractères de solidité, de rigidité, de durabilité, de commodité et d'adaptabilité aussi grands que possible. En outre, leurs dimensions ont été réduites le plus possible en vue de réserver le maximum d'espace et de lumière. De l'avis général, c'est ce qui produit la plus forte impression dans ces bâtiments, c'est ce qui leur confère leur caractère propre et éveille l'impression d'un luxe et d'un confort tout particuliers, malgré la simplicité générale de facture.


Maçonneries

Les maçonneries les plus diverses ont été mises en oeuvre. A l'extérieur, il a été fait un usage important de pierres de taille du pays (petit granit). Cette maçonnerie a constitué un poste de dépense important. Son emploi le plus apparent se remarque à l'Institut du Génie Civil. L'architecte Joseph Moutschen a proposé le revêtement de la majeure partie des façades extérieures en dalles sciées de pierre bleue, de 10 cm d'épaisseur. Cette disposition a posé un problème technique important d'agrafage solide et durable des dalles. On a eu recours à des agrafes plates en un métal inoxydable, appelé P. M. G., ayant les caractéristiques d'une sorte de bronze, métal laminé et satisfaisant à des conditions mécaniques élevées. Les agrafes sont ancrées par des queues de carpes dans la maçonnerie intérieure des doubles murs (tous les murs extérieurs sont à double paroi). A l'autre extrémité. deux crochets opposés disposés à mi-épaisseur dans le joint de deux dalles superposées, pénètrent dans des trous taillés ad-hoc.

Un autre problème est celui du tassement et des déformations de telles maçonneries, exposées aux intempéries, par rapport à l'ossature rigide qu'elles protègent de ces actions. De distance en distance, des joints plus larges bourrés de mortier de chaux ont été prévus pour permettre le mieux possible ces mouvements. Eu égard à l'action permanente et bien connue des intempéries sur ces pierres, une telle maçonnerie est entachée du risque sérieux à la longue, imprévisible et incontrôlable, de chute de dalles. La direction technique s'est efforcée sur ce point d'apporter à l'architecte le concours le plus effectif en prenant toutes les précautions pratiquement possibles.

Les soubassements en moellons de grès bigarrés ont été employés par la direction technique pour la Centrale, le Laboratoire de Thermodynamique, les clôtures extérieures et l'Institut de Mécanique. Il s'agit de grès silicieux, de qualité contrôlée et de teintes choisies et assorties.

Les briques forment le matériau principal des façades de l'Institut de Chimie-Métallurgie. Je renvoie pour ce point à la note de M. le professeur Alb. Puters. Ces briques, de qualité spéciale, ont été soumises à des essais de réception technique concernant la résistance à la compression et la porosité.

Des craintes ayant été exprimées au sujet de l'éclairage des cours intérieures de l'Institut du Génie Civil, en raison de leur forme triangulaire, il s'imposait de revêtir leurs façades de matériaux clairs. Pour cette raison, il a été fait usage pour cet Institut de briques de teinte jaune paille, fabriquées en Belgique, soumises aux mêmes essais techniques que ci-dessus et qui ont donné toute satisfaction. L'éclairage naturel des cours est parfait.

Les mêmes briques ont été adoptées, en association avec le grès et le béton bouchardé, pour le bâtiments du groupe Centrale-Thermodynamique­Mécanique.

Selon l'opinion que j'ai exprimée dans le revue Bâtir (Le béton armé et sa révolution, 15 mars 1935), le béton est un matériau parfaitement susceptible de convenir à l'expression de l'architecture de notre temps, à condition de savoir s'en servir. C'est là la seule difficulté, mais elle est assez grande. J'ai voulu tenter plusieurs applications du béton en façade. A l'Institut du Génie Civil, les piliers en façade ont été enrobés, sur les faces apparentes, de béton de parement spécial, de 8 cm d'épaisseur, damé dans des coffrages métalliques. Le dosage, arrêté après une étude complète de laboratoire et les premiers tâtonnements du chantier, a été le suivant:

1000 litres de gravier blanc quartzeux concassé 2/5, 300 litres de sable quartzeux blanc 0/1 et 450 kg de ciment extra-blanc à haute résistance C.B.R.

Après démoulage, ce béton blanc a été surfacé au jet de sable. C'est un matériau de haute qualité, tout à fait silicieux, très résistant, d'aspect granitoïde, décapable aisément et réparable. Cette application a été relativement coûteuse (quoique sensiblement moins que la pierre naturelle); seulement, il importe de ne pas oublier qu'elle était la première en Belgique. Depuis, l'usage de ce genre de revêtement s'est répandu en général sous la forme, d'ailleurs moins durable mais plus économique, d'enduit mince, appliqué à la truelle, qui ne pouvait convenir pour la façade de l'Institut du Génie Civil. Il a par contre été fait un usage considérable de tels enduits à l'intérieur des Instituts, avec un succès parfait, sans fissures.

Seulement, il s'agit là d'un béton de revêtement, non d'oeuvre. Le groupe Centrale-Thermodynamique-Mécanique devait me permettre d'aller plus loin et de rechercher l'expression du béton d'oeuvre, brut, sans ennoblissement artificiel. Cette expérience avait déjà été tentée à l'Institut de Mécanique de l'Ecole Polytechnique Fédérale de Zurich, pour la tour. Le restant de la façade de ce bâtiment est revêtu de plaques de béton de parement moulées d'avance.

A la Centrale et au Laboratoire de Thermodynamique, le béton d'oeuvre domine; il a été bouchardé en très grandes surfaces; entreprise hasardeuse et qui a assez bien réussi. La seule imperfection réside dans les déformations des tôles de doublage des coffrages, qui ont laissé certaines empreintes apparentes. Cet écueil a été le plus grand, alors qu'on l'avait sous estimé. On a mieux réussi qu'on ne pouvait l'espérer à organiser les joints de coffrage et les reprises, mais la réalisation de coffrages indéformables est peu commode. Le doublage en tôle de zinc assez mince a donc été insatisfaisant. La tôle mince d'acier n'est pas plus favorable. Le contreplaqué spécial, en dépit de ses bonnes qualités, se gondole aussi. Le coffrage métallique ne convient que pour les formes standardisées et très répétées. Finalement, pour l'Institut de Mécanique, où le béton bouchardé en façade est employé d'une manière importante, quoique discrète (en association avec les moellons bigarrés de soubassement et les briques jaunes), on obtient de bon résultats par des coffrages très rigides et exécutés avec beaucoup de soins, à joints rabotés.

Le dosage de ce béton est celui défini pour le béton armé; il est mis en oeuvre avec soin. Etant composé de ciment de haut fourneau, le béton bouchardé a pris une teinte de pain-bis assez chaude et de bon aloi. Les grandes surfaces uniformes ne donnent aucune impression de monotonie et s'harmonisent bien avec les briques jaunes de la tour et de certains panneaux, les soubassements en grès bigarrés, la pierre de taille bleue des seuils, escaliers, corniches et certains encadrements des fenêtres et une nervure en béton gris foncé.

Tous les murs extérieurs sont à double paroi; ils sont isolés des fondations par une chape de jute asphalté, en outre ils sont ventilés par de nombreuses grilles, servant d'ailleurs à la ventilation naturelle des laboratoires (Chimie-Métallurgie) ou des locaux (Génie Civil). Les parois intérieures sont en briques d'argile cuite, en provenance de Boom ou de la Campine. Toutes les maçonneries extérieures sont au mortier de ciment portland normal (600 kg par m3 de sable du Rhin); elles sont donc d'une grande résistance et durabilité

Tous les revêtements minces, en pierres ou briques, des éléments bétonnés sont ancrés au béton par des feuillards.

Les maçonneries intérieures sont en partie en briques (niveau du parc à l'Institut de Chimie­Métallurgie et en général aussi pour les autres Instituts), mais pour la majeure partie en matériaux légers. On a employé des briques creuses de cendrée de 28 cm d'épaisseur pour tous les instituts, sauf celui de Mécanique. En dépit des conditions imposées, c'est un matériau vraiment médiocre. Il est certes clouable, mais les vides rendent difficiles les scellements si souvent nécessaires dans des instituts techniques. Le poids des cloisons par m2achevé (enduit) est d'environ 250 kg.

Pour l'Institut de Mécanique, on a décidé d'avoir recours aux briques de bims, moyennant garantie de résistance. L'épaisseur est de 24 cm; le poids par m2: 230 kg. Le matériau n'est guère plus coûteux et certes supérieur.

Comme briques, on avait prévu des briques dites de campagne. Mais la médiocrité et la variabilité de leur qualité a conduit à y substituer généralement des briques de laitier, abondantes dans la région. Elles ont été mises en oeuvre après essai de résistance et moyennant garantie contre le foisonnement ultérieur. Le mortier des maçonneries intérieures est à la chaux moyennement hydraulique additionnée de laitier granulé, qui durcit convenablement.

Le principal problème qui se pose pour ces maçonneries légères, dans les constructions à ossatures, est celui de leur tassement et de leur retrait, provoquant des décollements par rapport aux fermes. Les briques de cendrée sont affectées de ce défaut. Cependant, seul l'Institut de Chimie-Métallurgie présente quelques traces, modérées d'ailleurs, du phénomène. Les autres Instituts en sont pratiquement exempts. A l'Institut de Mécanique, on a prévu un ancrage des maçonneries au béton par des feuillards.

Avant d'en terminer pour les maçonneries, il reste à rappeler les joints d'affaissement déjà définis au sujet des fondations. Ces joints existent sur toute la hauteur des bâtiments et traversent tous les murs extérieurs et intérieurs, les hourdis, les toitures et, généralement, tous les dispositifs quelconques. Cela pose de sérieux problèmes de détail et d'exécution et il est malaisé de faire respecter le principe du joint complet dans toute son intégrité. Néanmoins, en dépit de ces petites difficultés, affectant le gros oeuvre et le parachèvement, les joints d'affaissement et de dilatation se sont parfaitement comportés et ont manifesté une activité favorable à diverses reprises.


Toitures

Avant l'intervention de la direction technique dans les études et travaux, l'architecte de l'Institut de Chimie-Métallurgie avait déjà décidé d'employer comme couverture une terrasse. D'après l'expérience personnelle que j'ai pu avoir dans le territoire de la Sarre au sujet de toitures en ardoises ou tuiles de très grands bâtiments, la solution de la toiture­terrasse est justifiée en principe, la seule difficulté réside dans la réalisation et elle est grande. Elle était majorée dans cet Institut du fait de nombreux joints de dilatation, de très nombreuses cheminées et de la traversée des parapets par les dégorgeoirs vers les tuyaux de descente. La solution étudiée par des spécialistes présentait les faiblesses de ne pas protéger efficacement les parapets et de ne pas drainer la contre-chape en carreaux céramiques sur couche assez épaisse de sable, posée sur la chape étanche au bitume. La direction technique est intervenue dans l'exécution pour mettre au point la composition étanche, après échec de celle prescrite par le cahier des charges, et pour améliorer, sans dépense supplémentaire, la protection des parapets par un bétonnage.

Ces interventions n'ont pas suffi et ne pouvaient suffire pour éviter certaines défectuosités, qui sont tolérées dans beaucoup de bâtiments, mais que la direction technique, soucieuse de qualité, proposa de réparer en janvier 1934. Les réparations furent exécutées selon ses propositions, en vue de rendre l'étanchement de la toiture aussi semblable que possible à celui de l'Institut du Génie Civil, qui a donné satisfaction d'emblée. En même temps, la contre-chape en carreaux céramiqùes, fortement dégradée par les intempéries, fut remplacée, sur proposition de la direction technique, par du béton qui a donné satisfaction.

La chape de l'Institut du Génie Civil, étudiée par la direction technique, comporte une membrane souple étanche complète sur les parties horizontales de la toiture, se relevant sans solution de continuité contre les parapets du pignon et s'engageant profondément sous les pierres de couverture. La terrasse devient ainsi une cuvette étanche. Pour écouler sûrement l'eau, il faut des pentes et contre-pentes suffisantes conduisant aux dégorgeoirs. La toiture de l'Institut de Chimie-Métallurgie péchait aussi par défaut de pentes; lors de la réfection on les a majorées le plus possible.

La chape étanche de l'Institut de Chimie­Métallurgie, en asphalte artificiel, où l'on a relevé quelques fissures lors des réfections, a été renforcée par une membrane de jute asphalté. Celle de l'Institut du Génie Civil a été faite d'emblée en jute asphalté à plusieurs couches. On peut cependant douter de la durabilité du jute asphalté, dont les fibres végétales sont susceptibles de se consommer.

Aussi a-t-on admis pour la couverture de la Centrale et du Laboratoire de Thermodynamique une chape de tôle de cuivre de 3/10 de mm collée au bitume. La toiture de l'Institut de Mécanique sera en tôle de zinc à tasseaux sur voliges, avec des dispositions perfectionnées pour les dilatations.

Les chapes des Instituts déjà achevés, à l'exception donc de l'Institut de Mécanique, sont posées sur une couche isolante, en liège aggloméré pour l'Institut de Chimie-Métallurgie, en liège expansé pour les deux autres. Ce matériau a été adopté pour son bas prix. Le liège aggloméré ne convient pas du tout et le liège expansé ne paraît pas non plus recommandable pour cet usage. La question des sous-toitures isolantes, pour les grandes surfaces, est économiquement et pratiquement complexe. Quelle que soit la sous-toiture, il faut recommander d'y éviter toute adhérence de la chape étanche, en interposant au besoin du papier spécial. De même, la contre-chape ne doit pas adhérer à la chape et, si elle doit être assez épaisse pour protéger efficacement la chape des actions thermiques, il faut cependant éviter de la constituer de matières pouvant retenir l'eau ou du moins, dans ce cas, faut-il les drainer soigneusement.

La question des toitures a donné à la direction technique beaucoup de soucis et lui a demandé beaucoup d'études. Si l'on veut bien considérer que les exemples d'échecs importants de toitures-terrasses abondent, dans notre pays et dans les autres, on peut admettre que, en égard à l'étendue des surfaces à couvrir, les couvertures des nouveaux Instituts du Val-Benoît peuvent être jugées satisfaisantes.


Canalisations

Il a déjà été indiqué qu'un drainage général en gravier ou pierres cassées existe sous les sous­pavements en béton et sous les poutres de fondation au niveau du parc, pour recueillir les infiltrations éventuelles par le terrain en contrebas du plan d'eau de la Meuse en crue. Ce drainage général est associé â d'importants réseaux de canalisations disposées sous les bâtiments pour l'évacuation aux égouts des eaux d'usage et pluviales.

Le réseau des canalisations de l'Institut de Chimie­Métallurgie a été étudié par MM. Anciaux, collaborateurs de l'architecte professeur Albert Puters. Le rôle de la direction technique s'est borné à la réception des matériaux, notamment des tuyaux de poterie vernissée, qui devaient être aptes à résister aux agents chimiques venant des évacuations des laboratoires. La direction technique s'est livrée à ce sujet, avec l'aide du laboratoire d'essais des Constructions du Génie Civil de l'Université de Liège, à une coordination des essais de réception divers des matériaux céramiques.

Le réseau du Génie Civil a été étudié avec la collaboration de l'architecte J. Moutschen. Celui du groupe Centrale-Thermodynamique-Mécanique a été étudié par la direction technique et a donné lieu à certaines difficultés, â cause de l'évacuation des eaux abondantes et éventuellement chaudes de la centrale et ensuite parce que l'égout évacuateur s'y trouve plus haut. Il a fallu relever légèrement le niveau de l'étage inférieur par rapport aux autres bâtiments.

Les cours intérieures et la voirie dans le parc, entre les Instituts, sont également drainées par des canalisations. La réalisation est faite dans l'ensemble et dans les détails selon la meilleure technique.


Aménagement des abords

Inspiratrice du plan de disposition générale réalisé, la direction technique a été chargée aussi de l'aménagement des abords, c'est-à-dire de l'urbanisation d'ensemble. Ce travail important et délicat a demandé des nivellements importants, en vue des terrassements superficiels considérables nécessaires. Les clôtures ont été réalisées par des murs ajourés à soubassements de moellons, piliers de briques jaunes et traverses de béton bouchardé. Ils sont fondés sur semelles profondes, piliers et poutres et divisés par des joints. Certains sont combinés avec des murs de soutènement en béton armé, à section en équerre, là où les niveaux respectifs de la voirie et du terrain l'exigent.

Les accès à la voirie ressortent à suffisance du plan d'ensemble (fig. 1) et sont en général pourvus de portes à grilles métalliques, de facture très simple.

Il convient de citer la grande porte baissante, de 10 m d'ouverture, qui commande la grande entrée charretière à la rue du Val-Benoît. Elle est équilibrée et mue électriquement; la manoeuvre de secours est à main. Les détails en ont été très soigneusement étudiés; cette porte est très perfectionnée et d'un aspect très satisfaisant

La partie architecturale de l'aménagement des abords n'est d'ailleurs pas dépourvue d'importance. Elle comporte, s'harmonisant avec les clôtures et les bâtiments voisins, des cabines flanquant la grande porte d'entrée charretière, de nombreuses cabines pour les compteurs d'eau etc... ; en outre de multiples escaliers combinés avec les accès et la voirie.

Celle-ci est formée de routes en béton de facture moderne. D'une largeur de 6 m, elles sont pourvues de joints transversaux et d'un joint longitudinal. Elles sont limitées par des bordures de trottoir en béton du type « Ponts et Chaussées ». Les dalles ont 15 cm d'épaisseur uniforme et sont posées, avec interposition d'une feuille de papier spécial, sur une couche de 15 cm de briquaillons ou d'empierrement consolidée par cylindrage. Le fond du coffre est lui-même cylindré au préalable. Aux deux bords de la route, la fondation est approfondie pour recevoir deux drains longitudinaux en poterie poreuse. La voirie est pourvue de grilles d'évacuation des eaux de ruissellement aux égouts. Le béton a été damé partiellement à la machine Van Steenkiste, partiellement à la main dans les nombreuses courbes. Le ciment employé est du ciment de haut fourneau à haute résistance. Le dosage du béton est le suivant, choisi à la suite des études de l'auteur au laboratoire d'essais des Constructions du Génie Civil: environ 970 kg de pierrailles 20/40, environ 650 kg de grenaille 2/10, environ 400 kg de sable de rivière 0/3 et 375 kg de ciment H.F.H.B.

Ce dosage économique et simple a donné toute satisfaction dans l'emploi.

Les joints comportent une bande de liège expansé bitumé, recouverte d'une coiffe métallique engagée dans le béton de part et d'autre du joint. La partie supérieure est obturée au moyen d'un mastic de bitume et de poudre d'aluminium (40% en poids), de teinte grise. Jusqu'à présent, ce système donne satisfaction. Des mouvements de joints ont pu être mesurés. Les conditions d'exécution ont été conformes aux derniers cahiers des charges des Ponts et Chaussées et aux conclusions du dernier Congrès belge de la route, à Bruxelles en 1935.

Les dalles de route ont été armées en certains endroits, où elles franchissaient d'anciens déblais ou les galeries enterrées.

Les trottoirs et les cours extérieures et intérieures ont été dallés en béton ordinaire, sous des épaisseurs respectives de 8 et de 12 cm. Ils sont bétonnés sur une aire consolidée par damage, avec interposition d'une couche de sable ou de gravier et d'une feuille de papier spécial. On leur a donné un aspect très agréable d'opus incertum, par subdivision en dalles polygonales, au moyen de bandes perdues de fibre de bois formant coffrages et joints. Cette subdivision évite les fissures.

L'aménagement des abords est complété par leur éclairage, qui comporte certains caissons lumineux aux escaliers, quelques foyers lumineux girandoles aux murs extérieurs et de nombreux foyers fixés à des poteaux en béton armé centrifugé très légers et élégants, à mosaïque apparente de marbre rose.


Parachèvements et aménagements spéciaux

Les parachèvements seront décrits par M. l'ingénieur I. Sternbach, adjoint à la direction technique.

L'action de cette dernière dans ce domaine a été déterminante pour la haute qualité des matériaux, assurant la durabilité et pour la simplicité de la conception alliée au soin de l'exécution, assurant en même temps l'économie et l'aspect satisfaisant, approprié au caractère des bâtiments, sérieux sans être austère, mais embelli, ainsi qu'il a été dit, par l'impression d'espace et de lumière.

A signaler aussi le souci constant de précaution conte la corrosion, qui a donné lieu à de nombreuses études préalables et à certaines solutions inusitées. Le problème revêtait une importance particulière pour la ventilation de l'Institut de Chimie-Métallurgie. Les tuyaux de ventilation ont été établis en poterie de grès vernissé et jointoyés au ciment fondu, la suspension étant souple. Les pales des ventilateurs ont été protégées par une laque blanche spéciale, qui semble donner satisfaction.

Les aménagements spéciaux électro-mécaniques et acoustiques des auditoires de l'Institut du Génie Civil, ainsi que d'autres dispositions de détail, concernant aussi les éclairages, ont été inspirés à l'auteur par les observations notées au cours de nombreuses visites d'Instituts modernes qu'il a pu faire au cours de voyages des dernières années, le plus souvent à l'occasion de congrès scientifiques, à Stockholm, Zurich, Cambridge, Munich, Berlin, Amsterdam, etc... De la sorte, ses collègues étrangers ont contribué, par leur hospitalité cordiale, à la réussite de l'oeuvre liégeoise, souvent pour d'infimes détails. Mais ne sait-on pas que la construction est effectivement faite d'une foule de détails et que seul le soin du détail assure la qualité et le fini. Ces inspirations sont allées jusqu'au delà de ce qui est simplement utile, car c'est le spectacle de l'Ecole polytechnique fédérale de Zurich éclairée par les projecteurs, à l'occasion des fêtes de son centenaire, qui m'a inspiré de prévoir le même éclairage de l'entrée principale de l'Institut du Génie Civil et de la tour de la Centrale.


Remarques finales

On aurait sans doute perdu son temps si, à l'issue d'un travail de plus de huit années, on n'avait pas quelques conclusions â formuler. L'exposé précédent, quoique trop long, est cependant insuffisant pour rendre compte de la somme d'études et de recherches faites en vue de la réalisation des Instituts du Val-Benoît. Etant bâtiments universitaires, on a voulu non seulement qu'ils répondent le mieux possible à leur destination, mais aussi qu'ils constituent en quelque sorte, par eux-mêmes, des enseignements et des expériences. Il a fallu pour cela non seulement beaucoup d'études préalables et d'observations postérieures à la construction, mais aussi une collaboration incessante et bénévole du laboratoire d'essais des Constructions du Génie Civil, en vue de l'étude préalable des matériaux et des procédés de construction ou de l'observation des résultats obtenus, par exemple pour les essais sur les charpentes métalliques.

Il importait de mentionner cette collaboration, dont les conséquences ont été essentielles, et qui a été aussi utilisée et appréciée par les autres collaborateurs à l'exécution des Instituts. Dans cette collaboration, l'auteur s'est inspiré des hautes paroles du Chef qu'il avait appris déjà à vénérer comme un guide sûr, lorsqu'il contribuait pour sa modeste part à défendre le dernier lambeau du territoire national inviolé

« La science moderne ouvre des perspectives nouvelles et presque infinies à la technique. C'est dans les laboratoires de recherches que s'élaborent les rudiments de l'industrie future... »

Le travail de la direction technique a été fait dans cet esprit, qui est aussi celui de l'enseignement que j'ai l'honneur de faire à l'Université de Liège et que j'ai exposé dans La Cité de 1934 (Les ressources de la méthode expérimentale appliquée aux constructions). Les leçons que j'en ai tirées viennent à l'appoint de cette unité et invariabilité de ligne de conduite.

Si la direction technique est une institution improvisée, elle s'est efforcée du moins d'éviter que ce caractère marque aucun élément de son oeuvre. Elle a aussi sciemment voulu éviter toute extravagance. La science a été le guide, non le maître. Elle n'a pas été considérée comme une fin, mais uniquement comme un moyen puissant et bienfaisant. De même que la science ne peut se concilier avec l'idée préconçue, la bonne construction basée sur ses principes exclut également le parti-pris. L'oeuvre de la direction technique est objective et impersonnelle. Elle est réalisée et justiciable du jugement public.


Remerciements

Des remerciements sont dus par l'auteur:

à M. le professeur M. Dehalu, administrateur­inspecteur de l'Université de Liège, promoteur incontesté des nouvelles installations du Val­Benoît et instaurateur de la direction technique, pour la confiance qu'il lui a témoignée;

à tous ses collaborateurs, les ingénieurs des constructions civiles, A. Spoliansky (1929-1931), son ancien assistant (ossature métallique et en béton armé de l'Institut de Chimie-Métallurgie)

J. Perelman (1929-1934) (idem, parachèvements de l'Institut de Chimie-Métallurgie, ossatures métalliques de l'Institut du Génie Civil et du Laboratoire de Thermodynamique, gros oeuvre et parachèvement de l'Institut du Génie Civil, ponts roulants,, etc,);

I. Sternbach (1931) (béton armé de l'Institut du Génie Civil et de la Centrale, parachèvement des divers Instituts, gros oeuvre de l'Institut de Mécanique, ascenseurs, etc.)

Alb. Defrecheux (1935-1937) (béton armé de l'Institut de Mécanique, aménagement des abords, etc) ;

H. Lemoine, chef du service de surveillance des travaux depuis mars 1936;

l'ingénieur électricien G. David (1932) qui a étudié toutes les installations électriques (sauf l'alternateur) et l'éclairage de tous les instituts et qui résume ses études dans un article spécial;

les architectes diplômés

J. Willemaers (1933-1936), un des premiers collaborateurs du professeur A. Puters pour l'Institut de Chimie-Métallurgie, qui a ensuite travaillé à la direction technique pour le projet de la Centrale du Laboratoire de Thermodynamique et pour le plan de l'Institut de Mécanique, ainsi que pour les abords.

M. Gysbrecht (1935), ancien collaborateur de M. Puters également, qui a continué le travail de M. Willemaers pour l'Institut de Mécanique, et a étudié le mobilier de l'Institut du Génie Civil

MM. Joris et Thibeau, qui ont assité les précédents;

les dessinateurs techniciens Delahaut (1932) et Bolsée;

les surveillants Rouha (1929) et Rorive;

les employés Lassaux, Closset et Toussaint, qui tous ont été des collaborateurs probes, consciencieux et dévoués, trouvant dans leur travail peu rémunéré plus de satisfactions morales que matérielles.

Le petit nombre de collaborateurs permanents témoigne des moyens modestes dont la direction technique a disposé, hors de proportion avec l'importance du travail.

Des remercîments doivent aller aussi à tous les entrepreneurs, sous-traitants, fournisseurs, artisans et ouvriers qui ont travaillé à ces Instituts, qu'il est impossible de citer, mais qui ont acquis tous le droit de se réclamer de leurs prestations.

Qu'il soit permis de signaler qu'à de peu importantes exceptions près, tous les matériaux mis en oeuvre sont d'origine belge et que toutes les entreprises ont été belges. Puisque la dureté des temps contraint le pays à une attitude économique si peu conforme à ses traditions, il est permis, pour atténuer les scrupules qui peuvent en résulter, de se réjouir que cette politique ne conduit pas à une régression car, du point de vue de la qualité, les Instituts du Val-Benoît font certes figure honorable.

Les travaux ont apporté des millions de salaires à des milliers de travailleurs belges. Il y a heureusement eu peu d'accidents, dont un seul cas mortel, très regrettable mais banal; à part un certain nombre de chutes sans conséquences graves et quelques blessures et contusions bénignes, signalons la chute de plus de 20 m de hauteur d'un monteur de la charpente de l'Institut de Chimie-Métallurgie, sans autre conséquence qu'une interruption de travail de quelques jours (en 1931), une main broyée par imprudence dans un malaxeur de mastic, enfin la chute grave d'un charpentier du gros oeuvre de l'Institut de Chimie-Métallurgie également, suivie d'invalidité grave. Par une coïncidence surprenante, la victime était un ancien militaire de la compagnie du génie à laquelle l'auteur appartint pendant la guerre. Cet infortuné artisan est actuellement à l'abri du besoin par un modeste emploi aux nouveaux Instituts.

Tous les accidents les plus graves se sont pro­duits à l'Institut de Chimie-Métallurgie, où le hourdis d'un auditoire s'est aussi effondré en cours de bétonnage, par flambage de l'étançonnage, sans causer d'accident de personnes.

La direction technique a toujours veillé, dans la mesure de ses moyens, à assurer la plus grande sécurité possible du travail.


Résultats numériques

Il a été procédé à 55 adjudications, se répartissant comme suit:

Institut Nombre
d'adjudications
Montants totaux
Chimie-Métallurgie 18 28.025.600,00
Génie Civil 13 19.288.700,00
Centrale-Thermodynamique 12 10.398.200,00 (6)
Mécanique 2 8.309.300,00
Abords et services communs 10 4.809.300,00 (7)

Le prix par m3 bâti des Instituts achevés et meublés est:

Fr. 298,00 pour la Chimie et Métallurgie (94.000 m3 ) (5)

Fr. 230,00 pour le Génie Civil (84.000 m3)

Fr. 205,00 pour la Centrale-Thermo-dynamique (sans la partie thermo-mécano-électrique) (26.820 m3)


Le prix par m3 pour le gros oeuvre, sans parachèvement, s'élève à

Fr. 148,00 pour la Chimie Métallurgie;

Fr. 105,00 pour le Génie Civil;

Fr. 94,00 pour la Centrale-Thermodynamique (8);

Fr. 112,00 pour la Mécanique (74.219,61 m3).


Pour le nouveau bâtiment B2 de l'Université de Gand, ne contenant que des laboratoires techniques, le prix du gros oeuvre par m3 construit est de 98,50 fr. (cf. J. N. Cloquet, art, cité).

Le 21 novembre 1937.



(1) G. Batta, F. Campus. - Bulletin de la Société Belge des Ingénieurs et des Industriels, juin 1931.

(2) F. Campus. - R. U. M., 1 et 15 décembre 1929.

(3) F. Campus. - Livre du Congrès international d'essais des matériaux, Zurich, 1931.

(4) Rappelons entre autres les suivantes:

F. Campus. Les charpentes métalliques continues (Congrès national des Sciences, Bruxelles, 1935).

F. Campus et A. Spoliansky. - Progrès réalisés en Belgique de 1932 à 1936 dans les applications de l'acier à la construction des ponts et charpentes (2e Congrès international des Ponts et Charpentes, Berlin, 1936).

(5) Y compris les aménagements des laboratoires.

(6) Y compris les chaudières, le turbo-alternateur, toutes les installations électriques, les échangeurs, la station de pompage à la Meuse, les galeries et conduites de raccordements, etc.

(7) Y compris tous les transformateurs, les batteries d'accumulateurs, les ponts roulants et les ascenseurs, etc.

(8) Y compris les fondations spéciales de toutes les chaudières et machines, toutes les citernes et fosses, etc.

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