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Les eaux de Chaudfontaine

Dictionnaire géographique de la province de Liège

par PH VANDER MAELEN, 1831

Extrait

CHAUDFONTAINE

Commune du canton et à 1 lieue 1/4 S. O. de Fléron, de l'arrondissement et à 2 lieues S. S. E. de Liége.

Les dépendances de cette commune sont: Baserie, Bois-au-haut-de-Rochette, Lemtrée, Ninane, Paillette, La Rochette, Ster et Sur-le-Bois.

HYDROGRAPHIE: La Vesdre, encaissée entre des collines pittoresques, et roulant sur un lit de cailloux et de fragmens de rochers, arrose le riant vallon de Chaudfontaine, du S. E. au N. O.; ses bords, très-escarpés, offrent de belles coupes géologiques. Un grand nombre d'usines sont alimentées par ses eaux; elle reçoit, au hameau de La Rochette, un petit courant d'eau qui prend sa source à Romsé, au N. de la commune.

EAUX MINERALES: Les eaux thermales de Chaudfontaine sont très-fréquentées: d'après M. Villenfagne Ingihoul, leur antiquité remonterait à l'année 1250. Toutefois ce n'est qu'en1676, qu'un particulier nommé Simon Sauveur y construisit un petit bâtiment pour son usage; en 1713, on jeta les fondemens de l'Hôtel des Bains, dans lequel les eaux thermales, jaillissant d'une source voisine, viennent se distribuer. Plus tempérées que celles d'Aix-la-Chapelle et de Borcette, limpides et inodores, elles ont une température constante de 32° 50; 100 livres ont donné 15 grains d'hydrochlorate de magnésie; 5 d'hydrochlorate de chaux; 88 de soude; 14 de sulfate de chaux; 91 de carbonate de chaux; 12 d'alumine et 15 de silice. Les propriétés médicinales des eaux de Chaudfontaine sont très-variées; elles conviennent dans les affections hypocondriaques, le scorbut, les obstructions du mésentère, du foie, de la rate, etc.

SOL: Partie entrecoupé de collines, partie en plaines; offrant une vallée boisée, dont l'aspect retrace un vaste jardin paysagé dans lequel serpentent les eaux limpides de la Vesdre. La partie du territoire qu'occupe le hameau de La Rochette, se rattache à une chaîne quartzeuse, composée de grès compacte ou quartz grenu, qui s'étend en largeur du S. E. au N. O., depuis Chênée jusqu'à La Rochette, et renferme, dans plusieurs endroits, des filons métalliques remarquables, de plomb et de fer sulfuré, dans une gangue de quartz noirâtre ou limpide et cristallisé, sous la forme primitive de la baryte sulfatée limpide, contenant de la chaux carbonatée et magnésienne. On trouve abondamment, dans une exploitation de fer oxidé jaune, peu éloigné du filon plombifère, de la baryte sulfatée concrétionnée d'un gris jaunâtre à l'extérieur et qui passe au brun dans l'intérieur. On y trouve aussi la chaux sulfatée cristallisée, la chaux carbonatée encrinitique, le quartz hyalin primitif, le jaspe schisteux, la chlorite commune, le fer sulfuré arsénical, le plomb phosphaté lamellaire, le cuivre sulfuré, le carbonate de chaux vert, azuré. Il y a des carrières considérables de grès schisteux à paver, plusieurs carrières de marbre rouge, bleuâtre, blanc, verdâtre. Au pied d'une colline de grès, sur la gauche de la Vesdre, se trouve un banc assez puissant formé entièrement d'encrinites.

AGRICULTURE: La quantité des céréales qu'on récolte annuellement, se compose de 600 à 700 hectolitr. de seigle, 2,400 à 2,500 d'épeautre, 300 à 350d'orge, 2,100 à 2,300 d'avoine; on vend environ 300,000 kil.de foin par année au marché; on y cultive plusieurs espèces de pommes de terre; les pommes et les poires servent à la fabrication du sirop, qui remplace le beurre dans la classe peu aisée. Il y a des bois taillis dont le chêne et le bouleau forment les principales essences.

Les coteaux et les vallons de cette charmante contrée offrent une végétation active où croissent en abondance les plantes suivantes: statice elongata, dianthus carthusianorum, silene nutans, lychnis viscaria, lythrum salicaria, anemone ranunculoïdes, caucalis grandiflora, chenopodium vulvaria, impatiens noli tangere, lactuca virosa, cochlearia draba, stachys alpina, lolium tenue, festuca glauca, melica nutans, polypodium dryopteris, polypodium lobatum (Hads.), aspidium lobatum (Wild.), etc.

On compte à peine 30 chevaux de trait dans cette commune. Le menu gibier y est assez rare; on n'y trouve que peu de lièvres et de lapins. La grande quantité de bois qui couvrent le territoire servent à abriter les renards, qui y son t assez nombreux. Le beurre et le fromage ne s'exportent point; la laine se vend aux marchands des environs.

POPULATION: 973 habitans qui parlent le francais. L'affluence des étrangers qu'attirent les eaux de Chaudfontaine, répand parmi les habitans une bonnête aisance et des meurs très-affables.

HABITATIONS: Les habitations sont la plupart construites en pierre et en briques, couvertes en ardoises, en pannes, quelques-unes en chaume, agglomérées en partie, et en partie disséminées. Il y a l’église et l’école primaire.

On remarque à La Rochette, un château d'une architecture élégante, auquel se trouve annexé un établissement de mécaniques à filer la laine. Une grande et belle avenue conduit du château à Chaudfontaine.

COMMERCE ET INDUSTRIE: 2 moulins à blé, 2 forges, 4 fabriques d'armes à feu, 1 laminerie de fer, 1 ferblanterie, 1 filature de laine; tous ces établissemens sont mûs par les eaux de la Vesdre et de son afluent. La filtration des eaux minérales de l'établissement des bains de Chaudfontaine, est opérée par une roue de 30 pieds de hauteur.

ROUTES ET CHEMINS: La route dite Route Royale de la Vesdre, longe la gauche de de cette rivière, et passe sur le territoire de la commune: elle communique avec Liége, Verviers, Spa, Aix-la-Chapelle, Statelot et Malmedy. Il y a 3 ponts en bois et en pierre de taille.



VESDRE

VESDRE (la), Vesa, rivière qui prend naissance sur le plateau des Fanges, à 2 lieues 3/4 E. N. E. d'Eupen (Prusse ). Après avoir reçu le ruisseau de Giete, la Vesdre se grossit de la Hell et du Soor, à Eupen, entre dans la province de Liége en coulant de l'E. à l'O., prend les eaux de la Gileppe par sa rive gauche, et poursuit son cours dans la direction N. N. 0. Elle baigne Goé, sépare la ville de Limbourg du village de Dolhain, flue au S. O. vers Verviers, et dans l'étendue de son cours, compris entre Limbourg et Verviers, elle s'accroît d'un grand nombre de petits affluens dont le principal est le Hockel ou Ri-de-Bilstain, qui se jette dans la Vesdre par la rive droite. A l'entrée de Verviers une digue soutient les eaux nécessaires à l'alimentation d'un canal qui traverse la ville et fait mouvoir plusieurs usines. Par la rive gauche la Vesdre reçoit à Verviers le ruisseau de Mangonbroux et partage la ville en deux sections inégales. Elle arrose Hodimont par sa rive droite où le ruisseau de Dison vient se joindre à ses eaux, en séparant Hodimont de Verviers. Elle s'écoule ensuite par Ensival, Pépinster où sa jonction a lieu avec la rivière de Hoëgne, parcourt Nessonvaux, Fraipont, leTrou, en recevant par sa rive gauche le Ri-de-Mosbeux, atteint Chaudfontaine, et va se jeter dans l’Ourthe à Chénée, après un cours de 11 lieues environ. Le lit de cette rivière, qui se trouve encaissée entre des collines pittoresques, est parsemé de cailloux et de fragments de rochers. Sa largeur moyenne varie de 15 à 20 mètres. En été sa profondeur est de 0m 20, en en hiver de 0m70. La Vesdre, dont la pente entre Nesssonvaux et Chênée atteint 45m12, fournit 340 millions de mètres cubes d’eau à son confluent. Ses eaux dont les crues sont soudaines et très préjudiciables, s’élèvent quelquefois en moins de heures de 1m 50 à 2m 50. Il n’est pas rare qu’elles atteignent une élévation de 0m 30 à 1m 20 au-dessus du niveau de la vallée.

Flore non transcrite

Les eaux de la Vesdre, bien qu'elles soient imprégnées des matières colorantes qui ont servi aux teintureries, n'en sont pas moins favorables à la pêche. On y trouve: la truite ordinaire, salmo fario (L.); l'ombre, wallon ombe, salmo thymallus (L.); le brochet, esox lucius (L.); le goujon, cyprinus gobio (L.); la tanche cyprinus tinca (L.); le meunier, cyprinus dobula (L.); l'ablette, cyprinus alburnus (L.); la loche franche, en wallon mosteye, cobitis barbatula (L. ); la loche des rivières, cobitis tænia (L.); la perche goujonnière, acerina cernua (Cuv.); la perche commune d'eau douce, perca fluviatilis (L.); le chabot commun, cottus gobio (L.); l'épinoche, gasterosteus aculeatus (L.). Cette rivière nourrit aussi en abondance l'écrevisse commune, astacus fluviati lis (L.).

De Nessonvaux jusqu'à Chénée on compte 15 digues de barrage, formant autant de prise d’eau. Elles servent chacune à alimenter un groupe d'usines particulier: le nombre de celles-ci est de 37, savoir: 6: laminoirs, 3 fenderies, 8 martinets, 1 haut fourneau, 6 usines à canons de fusils, 4 fouleries, 2 filatures, 6 moulins à farine et la pompe des bains de Chaudfontaine. A l'aide de biefs de décharge qui ont successivement leur embouchure dans la Vesdre, les prises d'eau des usines rentrent toutes dans le lit de la rivière.

La Vesdre, dans quelques endroits, se perd sous des roches calcaires, pour reparaître à 1/2 lieue plus loin. C'est ce que l'on voit entre Verviers et Limbourg, et à Pepinster.


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