Les Francs, originaires, selon les uns, de la Scandinavie, selon les autres, des Marais Méotides et des Pannonies, qui correspondent à la petite Tartarie et à la grande Hongrie, ou qui, plus vraisemblablement, étaient passés d'un pays à l'autre, étaient une ligue ou association de différens peuples germaniques. Ces peuples, qui probablement vinrent dans la suite habiter le pays situé entre l'Elbe et la mer Baltique, se trouvant trop resserrés dans ces bornes étroites, cherchèrent un établissement plus vaste et plus commode, et vinrent se fixer dans le pays situé entre les Allemands, qui avaient avancé leurs limites jusqu'aux rives du Mein, et les Saxons, qui avaient étendu leur domination jusqu'à la partie maritime de la Frise, de la Belgique et des Armoriques. Inter Saxones et Alemannos gens est non tam lata quam valida, apud historicos Germania, nunc vero Francia vocatur (1). Il parait qu'ils ne prirent le nom de Francs qu'au temps où ils occupèrent ces contrées; car ce nom n'est point originairement un nom de peuple, mais un titre d'honneur, que ces peuples, unis par l'amour de la liberté, se donnèrent pour indiquer leur intention commune, qui était de défendre leur indépendance contre la domination des Romains. Franck, ou plutôt vrank, signifiait dans leur langue, comme il signifie encore en flamand, libre.
Les Francs étaient partagés en plusieurs tribus.
Les Sicambres, ou Sycambres, ou Sygambres, qii habitaient le pays borné par la rive droite du Rhin, entre les cours de la Lippe, de la Boer et de la Sieg, étaient une de ces principales tribus. Ils ont probablement pris leur nom de la rivière de Sieg, qui prend sa source non loin de Dillenbourg, petite ville du comté de Nassau, et se jette dans le Rhin, à peu près vis-àvis de Bonn, après un cours de vingt lieues. Cette étymologie ne parait pas du moins forcée, comme tant d'autres. Ainsi, l'on peut fixer comme limites des Sicambres, à l'occident, le Rhin et la Meuse; au midi, la Niers, et plus bas, la Sieg; et, pour le nord, qu'on trace une ligne transversale, de l'endroit où se fait la première division du Rhin à la pointe de l'île des Bataves (c'est où depuis fut bâti le fort de Schenck) jusqu'à la petite ville de Luynen, sur la Lippe, dans le comté de la Marck (car les Sicambres s'étendaient dans cette partie sur la rive droite de cette rivière), et qu'on prolonge cette ligne jusqu'à sa source; pour l'orient, qu'on tire également une ligne de la source de la Lippe à celle de la Sieg, et l'on aura la démarcation du pays des Sicambres aussi juste qu'il est possible de la figurer. Il en résulte qu'ils habitaient le pays où sont actuellement les villes de Siegen, dans la Wétéravie, à 6 lieues de Dillenbourg et de Siegeberg, dans le duché de Berg, à 2 lieues de Bonn. Cette nation des Sicambres était une race cruelle, qui se plaisait dans le sang et le carnage, dit Horace (2).
Les Tenchtres et les Usipètes, peuples germaniques, qui, persécutés par les Suèves, avaient passé le Rhin en très grand nombre sous le consulat de Pompée et Crassus (3), s'étaient établis dans la Belgique tant par ruse que par force, c'est-àdire, par une invasion subite, une retraite simulée et un retour imprévu (4). César les en chassa après un grand combat, dans lequel ils furent cruellement défaits. Leur cavalerie, ou au moins la plus grande partie, qui avait passé la Meuse pour y chercher des vivres et des provisions (5), ayant appris la déroute de leurs compatriotes, se hâtèrent de repasser le Rhin (6), et vinrent se réfugier chez les Sicambres, qui leur accordèrent un asile. On peut croire que cette cavalerie nombreuse formait la majorité de la nation, puisque l'art de l'équitation était l'exercice dans lequel elle excellait, selon Tacite. Tenchteri, super solitum bellorum decus, equestris discplinae arte prœcellunt (7). Boucher (8) place les Usipètes dans la partie basse du Rhin et de la Lippe, et les Tenchtres dans la partie haute du fleuve, c'est-à-dire, plus au midi. La position que leur assigne M. Raepsaet, dans son Précis topographique de l'ancienne Belgique, paraît beaucoup plus exacte. Il les place entre Wezel et Lipstad; de sorte qu'ils occupaient une partie du comté de la Marck, des duchés de Berg et de Clèves, depuis Wezel jusqu'à Dusseldorf. Cette position s'explique naturellement par celles des peuples voisins. Le Rhin servait aux Tenchtrès et aux Usipètes de limite et de boulevard, et ils avaient au levant les Cattes, qui, places entre le Rhin, le Mein et le Weser, occupaient les environs de Paderborn. Au nord, ils touchaient aux Bructères, qui habitaient la Westphalie, et s'étendaient dans le comté de la Marck (9). Ces trois nations, les Sicambres, les Tenchtres et les Usipètes, qui, ainsi réunies, n'occupaient que le petit espace du Wahal à la Sieg, devinrent cependant si redoutables, qu'elles purent non-seulement résister aux Romains, mais qu'elles osèrent même les braver pendant 40 ans environ, c'est-à-dire, depuis l'arrivée des Tenchtres et des Usipètes l'an de Rome 699 jusqu'à l'an 738, qu'Auguste les soumit à l'empire romain. Il leur accorda la paix, et cet événement fut regardé comme un des plus importants et des plus glorieux de cette époque, et chanté par Horace (10).
Auguste, à qui l'expérience avait appris que la fidélité des Germains était si chancelante, que les serments et les otages n'étaient que de faibles garants de leurs promesses (11), en transplanta un grand nombre au delà du Rhin, dans la GauleBelgique, entre la Meuse et le Wahal (12). Le nombre de ceux qui passèrent dans ces vastes solitudes, qu'ils peuplèrent et qu'ils défrichèrent, est de 40'000, selon Suétone (13). Il n'en resta qu'un très petit nombre dans leur ancienne patrie, dit Strabon, sed et exigua Sicambrorum restat portio, c'est-à-dire, ceux que l'àge ou les infirmités rendaient incapables de supporter les fatigues du voyage, ou qui purent par adresse échapper aux recherches et aux perquisitions des agens chargés de cette opération. C'est ainsi, comme le dit Tacite (14), que le nom et la nation des Sicambres furent anéantis, Sigambri excisi. Ils furent à la fin connus sous la dénomination générique de Francs, comme on le voit dans la table de Peutinger où on lit le mot FRANCIA en gros caractères, dans l'endroit où étaient situés les anciens Sicambres. On retrouve encore cependant leur nom dans les auteurs des siècles suivans, dans Martial, dans Claudien, dans Sidonius, et St-Remi lui-même, administrant le baptême à Clovis, le traite de Sicambre, Mitis depone colla Sicamber (15), parce que les Francs, dont Clovis était le chef, étaient les descendans des anciens Sicambres.
Les Chamaves, qui avaient habité dans le même espace de terrain que les Sicambres, c'est-à-dire probablement dans la partie qu'occupèrent dans la suite les Tenchtres et les Usipètes, comme on le voit encore dans la même table de Peutinger, où l'on trouve, dans la position assignée à ces deux dernières nations, le mot Chamavi avec la dénomination de Franci: Chamavi qui et Franci, les Chamaves, dis-je, étaient aussi puissants que les Sicambres, auxquels ils paraissent avoir succédé, quand ceux-ci eurent été anéantis. Ainsi, après avoir cédé leur place aux Tenchtres et aux Usipètes, ils reprirent plus tard celle des Sicambres. C'est du moins ce qui paraît le plus probable.
Les Saliens, qu'Ammien Marcellin appelle les premiers des Francs, primos omnium Francos, ayant été chassés de leur ancienne demeure par les Saxons, vinrent se fixer sur les bords de l'Yssel et du Zuiderzée. Mais ont-ils tiré leur nom de la Salle ou Salz, rivière qui coule dans la Haute-Saxe, ou de l'Yssel, en latin Sala ou Isala, qui passe dans le duché de Clèves? C'est ce que l'on ignore. Quand l'ont-ils pris? C'est encore ce que l'on ignore. C'est la coutume, dit Ammien Marcellin, qui le leur a donné. Francos eos quos consuetudo Salios appellavit. Mais ne sont-ce pa eux, peut-être, qui ont communiqué leur nom à ces rivières? C'est ce qui me paraît le plus probable. Quoi qu'il en soit, le pays de Salland ou Zalland, c'est-à-dire, terre ou pays des Saliens, où sont les villes de Zwol, Kampen, Deventer, Hasseit, dans la province d'Over-Yssel, la ville d'Oldenzaal, Salia vetus, comme si l'on disait ancienne demeure des Saliens, paraissent rappeler bien clairement le séjour de cette nation dans ce pays. C'est donc dans l'Over-Yssel, le comté de Zutphen, et le Weluwe ou Welaw, dont la ville principale est Arnhem, qu'il faut placer les Saliens, qui, de ces contrées s'avancèrent dans l'île des Bataves, dont la partie orientale a conservé le nom de Betuwe ou Betaw.
Voilà donc les trois principales tribus des Francs, les Sicambres, les Chamaves et les Saliens. Mais quelle est celle qui doit avoir la prééminence? C'est ce qu'il serait difficile de décider.
Les Sicambres et les Chamaves sont désignés dans la table de Peutinger sous la dénomination de Franci, et c'est ce qui ferait croire que, si l'on a donné le nom du tout aux parties, il est à présumer que ces deux parties sont les plus éminentes et les plus distinguées. D'un autre côté, Ammien donne aux Saliens le titre de premiers Francs. Voilà donc ces, trois tribus placées, à peu près sur la même ligne. Ainsi, sans disputer sur la prééminence, il faut se borner à voir ce que ces peuples sont devenus. Les Sicambres furent anéantis: il n'en restait que le nom et le souvenir. Les Chamaves avec les autres peuples désignés sous le nom général de Francs, ayant été chassés de leur pays par les Saxons, qui s'étaient avancés jusqu'au Rhin, reprirent peu à peu une étendue équivalente de terrain sur les Allemands, dont le pays s'étendait au delà de la rive droite du Mein jusqu'à la rivière de Lohn dans la Hesse; et les ayant forcés à se retirer jusqu'au Necker, ils s'emparèrent de tout ce pays, qui, du nom des nouveaux posseseurs, fut appelé Francia et enfin Franconie.
Les Bructères avaient d'abord habité le pays qui correspond en grande partie à la Westphalie; car Tacite rapporte (16) que l'armée romaine traversa le pays des Bructères, qui, pour l'arrêter dans sa marche, saccagèrent et brûlèrent leur propre pays. Mais les Romains, leur ayant donné la chasse, continuèrent leur route jusqu'aux extrémités de ce pays, et dévastèrent toute la partie qui se trouvait entre I'Ems et la Lippe. Bructeros sua urentes .... Stertinius ... fudit. Ductum inde agmen ad ultimos Bructerorum, quantumque Amisiam et Luppiam omnes inter, vastatum. Or cette position ne convient qu'à la Westphalie. Les Bructères, toujours au rapport de Tacite (17), furent exterminés et entièrement anéantis par les Chamaves et les Angrivariens, d'accord avec les nations voisines. Chamavos et Angrivarios immigrasse narratur, pulsis Bructeris ac penitus excisis, vicinarum consensu nationum. Ce pays touchait à la Forêt Hercinie (18), qui, du temps de César, couvrait toute la Germanie. Elle avait (c'est César lui-même qui en donne cette idée) une si vaste étendue qu'il fallait neuf jours pour en traverser la largeur, et ceux qui l'avaient suivie dans sa longueur pendant soixante jours, n'ont pu dire qu'ils en avaient trouvé le commencement. Herciniae Silvae latitudo IX dierum iter expedito patet ... Neque quisquam est hujus Germaniae qui se aut adisse ad initium ejus silvae dicat, cum dierum iter LX processerit, aut quo ex loco oriatur. Lib. 6, c. 25. Le Schwarts-Wald, Forêt-Noire, et le Wester-Wald sont des restes de la Forêt Hercinie. C'est cette dernière que les Bructères confinaient. Elle a 7 lieues d'étendue, près de Herbon, dans la Vettéravie, contrée de l'Allemagne, comme on sait, par la rivière de Lohn ou Lahn, qui l'a traverse d'orient en occident. Il était couvert de marécages, broek, d'où ce peuple a très probablement pris son nom (19), comme plusieurs villages du nom de Bruch, Bruck, Bruckten, dans ce pays, paraissent encore le retracer. La carte de Peutinger indique la situation des Bructères au delà de Cologne, où l'on voit en gros caractères BRUCTURI. Ils reprirent, comme les Sicambres et les Chamaves, leur ancien nom dans la ligue des Francs.
Les Attuaires, voisins des Bructères, habitaient primitivement au delà du Rhin, ce canton montueux, d'où prennent leurs sources, aux environs de Borken, Borkolt, Groll, ces petites rivières, qui, après avoir arrosé le comté de Zutphen, se jettent dans l'Yssel; et ayant dans la suite passé le Rhin, ils s'étendirent dans le pays situé entre le Rhin et la Meuse, vers la rivière de Neerse, qui se jette dans ce dernier fleuve à Gennep, dans le duché de Clèves.
C'est vers le milieu du troisième siècle, c'est-à-dire, vers l'an 240, que les Francs firent les premiers efforts pour pénétrer dans les Gaules. Depuis la conquéte de la Belgique par César, le Rhin avait servi de barrière entre les Romains et les Germains qui habitaient la rive droite de ce fleuve. Mais ces peuples, qui, à cette époque, n'étaient encore connus qe sous le nom générique de Germains, commencèrent à former des entreprises sérieuses contre l'empire, et parvinrent à passer le Rhin. Aurélien, qui commandait la sixième légion des Gaules près de Mayence, les défit complètement (20): il en tua sept cents et en prit trois cents, qu'il vendit comme des esclaves, sub corona, c'est-à-dire, en leur mettant, selon la coutume, une couronne de fleurs sur la tête. C'est à l'occasion de cette fameuse victoire que fut faite cette chanson rapportée par Vopiscus: Mille Francos, mille Sarmatas semel et semel occidimus : mille, mille, mille, mille, mille Persas quaerimus. C'est le plus ancien monument historique où l'on trouve le nom de Francs. Or cette chanson ayant été composée à l'époque de l'expédition contre les Perses, c'est-à-dire, en 241, prouve que les Francs étaient déjà connus dès ce temps.
Aurélien, parvenu à l'empire, sut contenir les Francs sous son règne. Un déluge de ces barbares, suivis de plusieurs autres nations germaniques ayant passé le Rhin, pénétrèrent, sous le règne de Tacite et Florien, par les confins de la Belgique dans les Gaules, où ils surprirent des villes fortes, riches et puissantes. C'est ce qu'atteste le rapport adressé au sénat le 25 septembre 275 par le consul Gordien. Mais II ne donne pas le nombre de ces villes.
Probus, qui venait d'être élevé à l'empire, s'étant mis à la tête d'une puissante armée (21), défit ces barbares dans différents combats, leur reprit les villes dont ils s'étaient emparés, leur tua quatre cent mille hommes, et leur enleva plus de butin qu'ils n'en avaient fait, força neuf de leurs rois à lui demander grâce à ses genoux, bâtit des forts et plaça des garnisons dans leurs terres, en tira des otages, qu'il dispersa dans les différentes provinces pour servir contre les ennemis de l'empire. Probus, dans une lettre emphatique, adressée au sénat et rapportée par Vopiscus (22), fait le détail de ces différents exploits. II y porte le nombre des villes qu'il a reprises à soixante et dix: Vopiscus n'en compte que soixante; c'est déjà bien assez. Qu'il nous soit donc permis de croire que ce nombre est singulièrement exagéré. Celui de quatre cent mille hommes l'est-il moins? Quant aux villes, il est d'autant plus raisonnable d'en douter, qu'il n'y avait alors dans tout le pays borné par le Rhin que des bourgades sans murs, défendues seulement par de mauvaises palissades et entourées de fossés. Ce n'est guère que sous Henri l'Oiseleur, comme on sait, vers l'an 920, que la Germanie eut des villes murées et fortifiées. Il faut donc reléguer ces exagérations ridicules au rang des mensonges grossiers et des extravagantes hyperboles dont les écrivains de ces temps, amateurs du merveilleux, ont rempli leurs histoires; et on peut le dire surtout de Vopiscus et de Zozime, qui ont écrit l'histoire de Probus. Ce dernier ne dit-il pas qu'au moment où les vivres manquaient, il tomba du ciel une pluie abondante mêlée de grains de froment, dont il se forma en plusieurs endroits des tas considérables, que les soldats recueillirent? Quand un historien raconte sérieusement de pareilles absurdités, on est, je crois, autorisé à révoquer le reste en doute. Selon le récit de Zozime, il transféra les prisonniers au delà de l'Océan, dans l'île Britannique, et selon le rapport de Vopiscus, au. delà du Necker et de l'Elbe. Les rapports qui, au premier aspect, paraissent contradictoires, peuvent cependant très aisément se concilier. Le vainqueur aura probablement dispersé ces barbares, composés de différentes nations. Les Allemands, par exemple, auront été transportés au delà des fleuves, et les Vandales, au delà de l'Océan. C'est la conjecture très probable de Boucher, qui explique de cette manière les deux passages de Vopiscus et de Zozime, relatifs à cet événement (23). Les Francs furent en grande partie envoyés sur les bords du Pont-Euxin, comme le dit positivement l'orateur Eumenius (24), d'où ces nouveaux colons, dont la plupart étaient Belges, s'étant emparés de tous les vaisseaux de cette mer, portèrent la désolation sur toutes les côtes de l'Asie mineure, de la Thrace et de la Macédoine; pénétrèrent dans la Grèce dont ils dévastèrent les différentes provinces; abordèrent dans la Sicile, dont ils pillèrent la capitale; entrèrent dans l'Afrique, dont ils ravagèrent les côtes, et revinrent par le détroit de Gibraltar, chargés d'un immense butin, sur les côtes des provinces belgiques (circonstance qui concourt à faire présumer qu'ils étaient Belges), sans avoir été arrêtés dans leurs courses ni inquiétés dans leurs brigandages.
Zozime et Eumène font le récit de cette étonnante expédition, qui retrace en quelque sorte l'idée de celle des Argonautes. Les légères variations qui se rencontrent dans le récit de ces deux écrivains, ont porté quelques historiens à croire qu'ils parlaient de deux expéditions différentes. Ceux qui adoptent cette opinion, croient que ce fut sur les bords du Rhin que Probus transporta cette colonie de Francs, qui y établirent une marine très formidable, avec laquelle ils parcoururent et infestèrent les mers. Cependant je ne pense pas qu'on puisse douter qu'ils ne parlent de la même expédition.
Depuis cette époque, les Francs étendirent insensiblement leurs établissements sur la rive gauche du Rhin, se mêlant aux différens peuples de la Belgique et de la seconde Germanique (25) et se contentant de s'y fixer comme alliés ou comme tributaires des Romains. Un grand nombre même qui, s'étant enrôlés dans les légions romaines, étaient parvenus aux premières dignités de la milice et du palais, amenèrent même des corps de troupes de leur nation au service de l'empire. Ceux à qui était confiée la garde de la Belgique et de la seconde Germanique, sous le nom de milites limitanaei et riparii, ont été composés depuis ce temps de Belges et de Francs, à qui les empereurs accordaient des terres à cultiver ou à défricher.
Les peuplades de Francs, qui n'avaient point été soumises à la domination romaine, s'étaient réunies aux Saxons, et ne cessaient d'infester les côtes de la Belgique. Ils avaient cependant été contenus sous le règne de Constance; mais, après la mort de ce prince, ces barbares (c'est ainsi que les Romains les appelaient), méprisant la jeunesse de Constantin, son fils, se répandirent de rechef dans la Belgique. Constantin irrité fond à l'improviste sur cette horde, dont il fait un vaste carnage. Tous ceux qui tombèrent dans ses mains, les enfants mêmes, furent indistinctement livrés aux plus affreux supplices (26) il donna à Trèves un spectacle horrible, où les prisonniers, avec deux de leurs rois, Ascaric et Gaïze, furent exposés aux bêtes féroces (27). Cette vengeance terrible, quoi qu'en ait dit avec plus d'esprit que de vérité, le flatteur Eumenius, ne servit, comme il était aisé de le prévoir, qu'à irriter leur haine contre les Romains, et à perpétuer la guerre.
Les Francs, en effet, profitant de l'éloignement de l'empereur, qui était retourné à Rome, repassèrent le Rhin, et renouvelèrent leurs ravages dans la seconde Germanique. Constantin, accourant des rives du Tibre à celles du Rhin, contint et arrêta les barbares par sa seule présence, et il usa d'une feinte afin de les attirer sur les terres de l'empire et de pouvoir ainsi, avec plus de facilité et d'avantage, déployer ses moyens contre ces éternels ennemis du nom romain: il fit circuler le bruit qu'un mouvement plus dangereux l'appelait avec toutes ses forces dans la première Germanique, et il dirigea en effet sa route de ce côté; mais il eut soin de laisser en embuscade des troupes cachées qui empêchassent les Francs de revenir dans leurs retraites, après qu'ils se seraient avancés, comme il le prévoyait, sur le territoire romain. L'événement répondit à son opinion, et le succès à ses désirs. Dès que les Francs eurent franchi le passage, il fit débarquer une partie de son monde sur leurs terres, qu'il livra à la plus effroyable dévastation; et la horde des Francs qui était passée, surprise et attaquée des deux côtés, c'est-à-dire, par ceux qui s'étaient retirés pour les attendre, et par ceux qui s'étaient cachés pour les poursuivre, essuya une si terrible défaite, qu'on croyait que le nom et la nation des Francs étaient anéantis.
Mais ces peuples indomptables étaient toujours repoussés, et jamais réduits. Leurs désastres ranimaient, pour ainsi dire, leurs forces (28), et ils n'attendaient, après avoir été battus, que le moment favorable pour se relever et se venger de leurs défaites. Ils profitèrent des troubles causés par les querelles des fils de Constantin, que la soif de régner arma l'un contre l'autre, et ils saisirent la circonstance où Constantin, qui avait voulu envahir les états de son frère Constant, venait d'être assassiné à Aquilée par ordre de ce frère. Ils se répandirent donc sur les terres de l'empire; c'est dans la deuxième Germanique qu'ils exercèrent les plus grands ravages, c'est-à-dire, dans les provinces belgiques actuelles (29). Constant, accouru de l'Italie dans les Gaules, livra deux grandes batailles à ces barbares, qui furent battus, mais pas domptés, et tout le fruit que Constant retira de cette victoire, fut de forcer les Francs à souscrire un traité de paix et d'alliance avec les Romains.
Cette paix ne fut pas plus durable qu'elle n'était sincère. La haine invétérée des Francs n'était que concentrée, leur audace n'était que comprimée. Ils attirèrent donc de nouveau les Saxons et les Allemands à leur parti, et ils vinrent infester toutes les Gaules: ils prirent et détruisirent Cologne, ruinèrent quarante-cinq villes sur le Rhin, massacrèrent une partie des habitants, en enlevèrent une autre, et emportèrent un immense butin (30). Des bords du Rhin aux rives de l'Océan, les barbares exerçaient leurs horribles brigandages, et les malheureux habitants gémissaient sur les débris fumants de leurs remparts. Julien les arrêta et les défit, et tous ces barbares, frappés de terreur, repassèrent le Rhin. Julien, que les soldats venaient d'élever à l'empire, conçut le hardi projet d'aller les chercher dans leurs habitations. Les Germains effrayés envoyèrent des députés à Julien pour lui demander humblement la paix, et il leur accorda une trêve de dix mois.
Mais ils n'attendaient qu'un moment favorable pour renouveler leurs hostilités ou plutôt leurs brigandages. Julien, qui le soupçonnait, profita de l'intervalle de repos que la paix lui laissait, pour s'occuper des moyens de prévenir leurs entreprises; et sans attendre la saison, il tomba à l'improviste sur ces barbares. Le mois de juillet était, au rapport d'Ammien Marcellin (31), le temps où les opérations militaires commençaient dans les Gaules. Cette circonstance prouve combien la température de nos climats est changée. Or on ne peut attribuer la longueur des hivers dans ce temps-là qu'aux grandes forêts qui couvraient la surface des Gaules, et surtout de la Belgique.
Déjà Julien était arrivé à Tongres, où une députation de Saliens vint lui demander la paix, qu'il leur accorda. Ayant passé le Rhin et la Meuse, il entra dans le pays des Chamaves, qui se soumirent volontairement à ses lois. Mais la mort de Julien ranima toutes les espérances des barbares, qui recommencèrent leurs incursions.
Le temps approchait où l'Europe, menacée d'une invasion générale, devait être la proie des barbares qu'avait vomis l'Asie. Déjà ils avaient poussé sur mer leurs incursions jusqu'à l'embouchure du Rhin, et sur terre jusqu'aux environs de Cologne. Ces barbares, devenus plus forts par leur réunion avec les Alains, pénétrèrent dans la seconde Germanique, qui comprenait la plus grande partie de la Belgique actuelle, où ils dévastèrent entr'autres la ville de Tongres, qui, dès ce temps, était, au rapport d'Ammien, une cité vaste et populeuse.
Les Francs, profitant de ces circonstances où les embarras que les barbares suscitaient à l'empire, rendaient leurs services nécessaires, prirent insensiblement une grande influence et un puissant ascendant dans cet empire chancelant. Parvenus aux premières dignités civiles et militaires, ils prêtèrent leurs secours aux Romains contre leurs ennemis; mais ce secours même devint funeste aux premiers. Les Francs, en effet, en combattant pour les Romains, se formèrent à leur tactique et à leur discipline, qui furent comme les instruments dont ils se servirent pour renverser le colosse, dont ils avaient été les soutiens et les appuis. Les rapports intimes qu'ils avaient avec les Romains leur avaient découvert d'ailleurs l'état d'affaiblissement où était l'empire, sourdement miné par ses discordes intestines et entraîné par son propre poids. Les empereurs se trouvant, par cette fatale nécessité, comme asservis à leurs turbulents protecteurs, se virent réduits à la déplorable alternative d'être ou leurs jouets ou leurs victimes, et ils étaient ainsi forcés ou à plier sous leurs lois, ou à tomber sous leurs coups.
L'intérêt, ou pour mieux dire, le danger commun réunit les Francs et les Belges. Les Vandales, les Alains, les Marcomans, les Hérules, les Suèves, les Saxons, les Bourguignons, se précipitèrent comme un torrent dans la première Germanique et la seconde Belgique. La ville de Mayence fut détruite, et les territoires de Worms, Spire, Strasbourg, Reims, Arras, Boulogne et Tournai furent livrés à la dévastation et au pillage, et les malheureux habitants de ces cantons, arrachés à leurs foyers, furent traînés dans la Germanie. Les Francs et les Belges se joignirent aux Romains pour combattre ces ennemis communs des nations. Ces barbares furent complètement défaits dans une grande bataille, qui se donna sur les limites du pays des Nerviens.
Ce n'était pas par attachement pour les Romains (car leur soumission n'était que forcée ou apparente) que les Belges avaient pris leur parti; c'était pour leur propre sûreté, et ils ne cherchaient que les moyens de se soustraire à une domination, qui leur était devenue insupportable. Ils resserrèrent donc plus étroitement les noeuds de l'alliance qu'ils avaient contractée avec les Francs, qui, comme eux, supportaient impatiemment le joug des Romains.
Les Francs et les Belges, liés par leur origine commune, et plus encore peut-être par leur malheur commun, se liguèrent donc contre les Romains pour envahir la Gaule.
Cette association, qu'on fixe à l'an 409 environ, commença par les Bataves, les Sicambres, les Ménapiens, les Taxandres, les Pémaniens et les Tongrois. Les Arboriche, les Atuatiques et les Condrusiens renforcèrent cette union, tellement que tous ces peuples ne formèrent plus qu'une même nation.
Les barbares de la Germanie, suivant cette tendance qu'avaient tous les peuples à secouer le joug de la puissance romaine, secondèrent leurs efforts et parvinrent à en affranchir une partie des Gaules, dans lesquelles étaient compris les Arboriches, les Taxandres, les Tongrois et les Belges voisins.
Les Francs devenus plus forts tant par l'alliance des Belges que par la faiblesse des Romains, se maintinrent dans leurs conquêtes, qu'ils avaient étendues dans la grande partie de la seconde Germanique, c'est-à-dire, dans les principales provinces de la Belgique moderne, où ils établirent le gouvernement monarchique. Les Francs, dit Grégoire de Tours, ayant passé le Rhin, se fixèrent dans la Tongrie (ou Thoringie) où ils créèrent par cantons et par cités, des rois chevelus, de la famille la plus distinguée de leur nation (32). On sait que ces rois sont appelés chevelus, parce que c'était un usage établi chez les rois francs de laisser dès leur enfance croître leurs cheveux. C'était comme une prérogative attachée à la famille royale.
Les différentes éditions de Grégoire de Tours portent Thoringiam. Cette dénomination a embarrassé les savants pour déterminer la situation de ce pays. Mais un ancien manuscrit, qui a été dans les mains de Morel, directeur de l'imprimerie royale de Paris, porte les deux versions Thoringiam et Tongriam, écrites de la même main, dit ce savant imprimeur, que citent à ce sujet Boucher et Miraeus (33). L'édition de Badius de 1512 porte même dans un passage, souvent rapporté, de Grégoire de Tours, Tongrorum, au lieu de Thoringorum. Les commentateurs et les dissertateurs qui ont adopté la leçon de Thoringia et Thoringi, ont entendu par ce pays la Thuringe, dans la Saxe. Mais je m'appuie sur deux raisons, qui me paraissent décisives, pour prouver que cette opinion est une erreur grossière. Je dis d'abord qu'il est certain que jamais les Francs n'ont établi des rois dans ce pays, et j'ajoute qu'il est évident que les Francs, qui, comme le dit Grégoire de Tours, venaient de la Pannonie, qui est la Hongrie, ne devaient point passer le Rhin pour venir de ce pays dans la Thuringe. Je conclus donc avec Boucher (34), qu'il est très clair que quand même le nom de Tongria et de Tongri ne se trouverait dans aucun manuscrit, il n'en serait pas moins vrai qu'il faut entendre par ce pays la partie de la Belgique habitée par les anciens Tongrois. Je crois même que les Thoringiens ou Tongriens, ne formaient dans l'origine qu'une nation, dont la seconde dénomination n'est que la contraction de la première, comme il arrive presque toujours dans les noms de pays. Je trouve une nouvelle preuve de ce que j'avance dans l'autorité des anciens historiens liégeois, tels que Harigère et Gilles d'Orval, qui désignent la ville connue dans l'ancienne géographie sous le nom d'Atuatuca Tongrorum, sous la dénomination de Thoringorum metropolis. Cette expression prouve évidemment que les noms de Thoringi et Tongri ont été souvent confondus, parce très vraisemblablement, comme je viens de le dire, c'était une même nation. Ces peuples, en effet, qui, dans l'antiquité, habitaient la partie de l'Allemagne arrosée par le Tanger, qui se jette dans l'Elbe à Tangermund, dans la Basse-Saxe, ont probablement pris le nom de Thoringiens, et par contraction Tongriens, de celui de cette rivière de Tanger, que Dithmar, évêque de Mersbourg, auteur d'une chronique estimée, et qui était de ce pays, appelle Tonger; ce qui donne pour cette ressemblance de nom, à l'étymologie de Tongriens, une probabilité toujours plus fondée (35). Ces peuples, qui auront, comme toutes les nations du Nord, abandonné leur ancienne patrie, où ils étaient trop resserrés, seront venus fixer leur demeure dans une partie de la Belgique, où ils ont été dans le principe désignés sous le titre de Germains, qui, ayant d'abord été restreint, comme le dit César (36), aux Eburons, aux Condrusiens, aux Cérésiens, aux Pémaniens et aux Ségniens, fut appliqué dans la suite, comme le dit très positivement Tacite (37), à toutes les nations germaniques qui avaient passé le Rhin pour venir habiter la Belgique. Ces nations, dont les Tongriens devaient être une des principales, abandonnèrent, dès qu'elles en eurent la liberté ce nom de Germains pour prendre celui de Tongriens, parce que, très probablement, il leur retraçait celui de leur ancienne origine et de leur première patrie. Le nom de Tongrie resta donc à ces contrées. C'est le Brabant et le pays de Iiege, dit le marquis de Sainte-Foix (37), qui, par le Brabant, entend certainement la Belgique, comme en général les écrivains français, qui, prenant la plus grande partie pour le tout, donnent très souvent à la Belgique le nom de Brabant de Flandre. Je n'hésite donc pas de conclure de toutes les raisons que je viens d'exposer, que c'est la Belgique qu'il faut entendre par la Tongrie, où les Francs établirent leur domicile et leur gouvernement.
Les Francs s'étant donc définitivement établis dans ce pays, se constituèrent comme en assemblée nationale pour délibérer sur la forme du gouvernement que la nation voudrait adopter, et elle se décida, pour le monarchique. Pharamond, fils de Marcomir, fut élevé sur le pavois, selon l'antique usage des Germains, qui élevaient sur le bouclier et soutenaient sur leurs épaules celui qu'ils appelaient au commandement. Cependant l'existence de ce Pbaramond a quelquefois été contestée. Grégoire de Tours, qui nomme Marcomir, qui nomme Clodion, dont l'un, selon les autres écrivains, était le père, et l'autre, le successeur de Pharamond, ne parle pas de ce dernier. Ce n'est que sur le silence de cet historien qu'est fondée l'opion de ceux qui nient l'existence ce dernier, et cette existence est en effet encore un probléme. Ce serait donc, au lieu de Pharamond, Clodion qui serait le premier roi des Francs. Mais quel qu'il soit, Pharamond ou Clodion (car ce n'est point le personnage qui doit ici nous occuper, c'est le fait), il reste à peu près démontré que le berceau de la monarchie française est la Belgique. Le savant Wendelin en désigne même l'endroit, qu'il place le long de la Démer entre Herck et Haelen, province de Limbourg, district de Hasselt. On le nomme en effet Vrankryck, c'est-à-dire, royaume des Francs. Une étymologie sans doute n'est pas toujours, pas souvent même une preuve solide; mais celle-ci parait si juste, qu'elle est du moins bien propre à appuyer cette opinion, déjà si bien établie par les autres preuves. Je rapporterai le texte même de Wendelin. Ego quidem Faramundum levatum crediderim in campo Vrankrijch, Haelen inter et Hercam, inque illo admodum praediolo regni het Konincryck dicto, ubi anno MDCXXI effossae sunt urnae cinerum et ossium ex adverso sacelli Donkani (38), haud procul a pratis halensibus. On voit que ce savant suit ici l'opinion commune, qui regarde Pharamond comme le premier roi des Francs. Mais c'est le cas de dire que le nom ne fait rien à la chose. Il s'agit du chef, quel qu'il soit, qui le premier a été mis à la tête des Francs. II ne faut, en tout cas, comme l'observe l'abbé Ghesquière sur ce passage, que substituer le nom de Clodion à celui de Pharamond; le fait subsistera toujours (39), indépendamment du nom, et le prince qui a été élevé sur le pavois et placé sur le trône dans la Taxandrie, doit être considéré autant comme le roi des Belges que comme celui des Francs.
Clodion, devenu maître de la plus grande partie de la seconde Germanique, établit le siège de son empire dans le lieu appelé Castrum Dispargum par Grégoire de Tours (40); Castellum Disbargum, par Aimoin (41); Castrum Dispartum, par Trithémius (42). Cette ville, qui, selon Ortelius et Pontanus, est Duisbourg, entre Wesel et Dusseldorf, sur le Rhin (43); selon Du Bos, Duysbourg, entre Bruxelles et Louvain, à deux lieues et demie de la première de ces viIles; selon Eccard, Disborg, près de Smalkald, dans la principauté de Henneberg en Franconie, est, selon Chifflet, Henschenius, Vredius, Boucher, Mantelius et Wendelin, Diest. Ce dernier surtout a prodigué son immense érudition pour prouver que le Dispargum de Grégoire de Tours est cette dernière ville (44).
Quelle que soit la déférence que l'on doive à l'opinion d'un savant aussi profond que Wendelin, qu'il me soit cependant permis de la discuter. Le texte de Grégoire porte que Clodion avait fixé sa résidence dans le chateau appelé Dispargum, sur les limites du pays des Tongriens (45), et ceux qui placent Dispargum à Diest, s'appuient sur ce texte, parce que Dispargum est placé dans la Tongrie, qui est la Belgique. Le passage d'Aimoin porte que Clodion, voulant étendre les limites de son empire, envoya des espions de Disbargum au delà du Rhin, et que les ayant suivis à la tète de son armée, il s'empara de Cambrai (46); et ceux qui mettent Disbargum à Duisbourg, se fondent sur ce passage, parce que Duisbourg est au delà du Rhin, et qu'il ne faut pas passer le Rhin pour aller de Diest à Cambrai. Voilà donc une contradiction apparente entre ces deux historiens. Voyons s'il n'est pas possible de les concilier. Une seule réflexion suffit peut-être pour cela. Les limites de l'ancienne Tongrie s'étendaient au delà du Rhin, où est Duisbourg. Grégoire qui place son Dispargum sur les limites de la Tongrie, in termino Tongrorum, a fort bien pu entendre Duisbourg, qui est en effet sur la limite de la Tongrie de ce cote. Aimoin, qui écrivait plus de trois cents ans après Grégoire, a suivi le récit de cet historien, qu'il comprenait probablement; et si, en fixant, comme celui-ci, la résidence de Clodion à Duisbourg, il a ajouté que ce lieu était au delà du Rhin, c'est qu'il était convaincu que Grégoire ne voulait parler que de Duisbourg. Sigebert de Gembloux, en rapportant le même fait, dit que Clodion, pour venir de Dispargum à Tournai et à Cambrai, passa le Rhin (47). Il était donc également convaincu que Dispargum était Duisbourg. Mais, dira-t-on; Grégoire, dans le même endroit de son histoire, dit que les Francs, après avoir passé le Rhin, vinrent dans la Tongrie. Cette contrée était donc au delà du Rhin. Oui, la très grande partie; mais est-ce à dire qu'elle ne s'étendait pas un peu en deçà, et que les bords du Rhin, dans la partie où est Duisbourg, n'en formait pas à peu près la limite? et Clodion, en y réunissait cette partie, n'y aura-t-il pas fixé sa résidence, par la raison même qu'elle formait la limite du pays? Conjectures pour conjectures, celles-ci ne paraissent pas au moins dépourvues de fondement, et la ressemblance de nom entre Dispargum et Duisbourg lui donne un nouveau degré de probabilé. La ville de Diest, d'ailleurs, dès le sixème siècle, portait le nom, non de Dispargum, mais de Diosta, et dans le neuvième, elle avait son district sous la dénomination de pagus Diestensis. Cette dénomination se trouve pour la première fois dans un acte de l'an 838 (48). Or, après que Diest fut connu sous ce nom, on trouve encore en 986 celui de Dispargum (49), qui parait toujours être Duisbourg. C'est la plus forte preuve (et elle est comme le complèment des autres) contre l'opinion de ceux qui prétendent que Dispargum est Diest.
Clodion donc, établi à Dispargum, ne tarda pas à envoyer des espions à Cambrai pour connaître l'état des villes et des forces du pays. Les avis favorables qu'il reçut, le déterminèrent à poursuivre le cours de ses conquêtes: il entra à la tête d'une puissante armée dans la Forêt Charbonnière, qui couvrait la plus grande partie du Hainaut, défit et dissipa les légions qui s'opposaient à son passage, prit Tournai, emporta Cambrai, détruisit Bavai et Famars, et borna l'empire des Francs aux rives de la Somme.
Les Francs sont donc, à dater de cette époque, décidément établis dans les Gaules. Cet établissement, qui avait commenct en 280 sous Probus, qui avait été consolidé par Julien en 358, fut fixé en 445 par Clodion, qui établit le siege de son empire à Cambrai.
La première race des rois Francs est donc véritablement originaire de la Belgique. C'est dans la Belgique en effet que le premier roi des Francs a été proclamé; c'est dans la Belgique que les rois ses successeurs ont été établis. C'est donc la Belgique qui est réellement le berceau de la monarchie française.
Mérovée prince du sang royal des Francs, qui avait accompagné et secondé Clodion dans la fameuse expédition qui assura aux Francs l'empire des Gaules, avait obtenu pour prix de sa valeur et de ses service la ville de Tournai. C'est pour cette raison que St.-Ouen, qui écrivait au septième siècle, appelle Tournai, ville royale, regalem civitatem (50).
Mérovée, affermi par ses conquêtes sur le trône qu'il avait usurpé, profita de la faiblesse des empereurs pour pousser ses conquêtes dans les Gaules, où il eut tant de succès, qu'il parait certain qu'il réunit la prernire Germanique à l'empire des Francs (51).
Childéric, son successeur, après avoir perdu et repris ses états, s'empara de Cologne, qui était la capitale de lune des deux cités qui formaient la seconde Germanique, emporta Trèves et Metz, et soumit à ses lois toute la première Belgigue. Il mourut à Tournai, et y fut enterré. Son tombeau y a été découvert en 1653.
Clovis, fils de Childéric, conquit le reste des Gaules; il sempara, dans la seconde Belgique des cités de Reims, de Soissons et de Châlons, et transféra le siege de la monarchie à Soissons. Il prit Tongres, qui était la capitule de l'autre des deux cités qui composaient la seconde Germanique et soumit par la prise de cette ville le reste de cette grande cité. Il ajouta à ces importantes conquêtes celles de Senlis et de Beauvais, et acheva ainsi la conquête de la seconde Belgique.
Tout ce qui formait la Gaule Belgique, divisée par .Auguste en quatre grandes provinces, est donc désormais soumis à l'empire des Francs. La première Belgique fut conquise par Childéric, la seconde par Clovis, la première Germanique par Mérovée, la seconde par Childéric et Clovis. La domination des Romains est ainsi entièrement abolie dans toute l'étendue de la Belgique.
Tandis que les descendan de Clodion étblissaient aini leur empire dans les Gaules, Cléodébald, un de ses fils (du moins c'est à lui que l'opinion commune l'attribue), fondait vers l'an 463, entre la Meuse et le Rhin, un royaume particulier sous le nom de Francs Ripuaires. L'esprit guerrier des souverains qui les portait toujours à éndre les limites de leurs états, en empiétant sur ceux de leurs voisins, à empêché que les bornes des Ripuaires aient jamais été justement déterminées. Cependant il parait que ce pays, qui s'étendait tant du côté gauche ou français du Rhin, que du côté droit ou germain, était borné du premier côté par la Meuse et la Moselle, et de l'autre par la forêt nommée Buschwald, près de Fulde (52). Cette forêt était même très probablement comprise dans les Ripuaires, puisque Sigebert, roi de ce pays, fut tué à la chasse dans cette forêt par ordre de Clovis en 510. La capitale de ce royaume était Cologne, qu'Eginhlart appelle pour cette raison Ripuariae metropolis. Childéric, comme on l'a vu, s'empara de cette capitale, et c'est ainsi que les Ripuaires ont successivement appartenu, sans interruption et sans division, aux rois d'Austrasie, et dans la suite, aux rois de Lotharingie et de Germanie, tellement que la partie des Ripuaires qui était à la gauche du Rhin, fut attribuée à la Lotharingie, et celle qui était à la droite, à la Germanie.
Après la mort de Clovis, ses états furent partagés entre ses fils. Thieri eut pour partage le royaume de Metz, Clodomir celui d'Orléans, Childebert celui de Paris, et Clotaire celui de Soissons. La Belgique est donc ainsi partagée entre Thiéri et Clotaire, de sorte que le premier eut la partie qui était comprise entre le Rhin et l'Escaut, et le second celle qui était renfermée entre l'Escaut et l'Océan.
Clotaire, ayant survécu à ses frères et à ses neveux, devint roi de toute la monarchie.
Les quatre fils de Clotaire, après la mort de leur père, partagèrent, comme ceux de Clovis, ses états en quatre royaumes, qui n'eurent point d'autre nom que celui de leur roi ou de leur capitale. Le crapuleux Caribert régna à Paris, le faible Gontrand à Orléans, le brave Sigebert à Metz, et le féroce Chilpéric à Soissons.
Clotaire II, fils de Chilpéric, ayant réuni, comme son aïeul Clotaire I, toute la monarchie, affermit sa domination par le massacre de tous les princes de son sang. Dès ce moment, il abandonna le gouvernement de l'Austrasie à ces espèces de vice-rois, si connus sous le nom de maires du palais, auxquels il conféra le titre de duc pour exercer l'autorité souveraine en son nom. Ces officiers, profitant de la faiblesse des rois, augmentèrent insensiblement leur pouvoir, en affaiblissant, en enchaînant, en absorbant, s'il est permis de parler ainsi, l'autorité royale, avilie par l'imbécillité et les vices des rois, qui n'étaient plus que des fantômes décorés, dont la dénomination de fainéans exprime assez la nullité et la stupide inertie. La dignité de maire, en devenant héréditaire, devint illimitée, et ces officiers suprêmes prirent un titre propre à exprimer toute l'étendue de leur autorité, celui de dux Francorum.
La France, qui, après Clotaire II, passa à son fils Dagobert I, fut partagée, après la mort de ce dernier, à ses deux fils, Sigebert II, qui eut l'Austrasie ou France orientale, et Clovis II, qui eut la Neustrasie ou France occidentale. Le nom d'Austrasie était inconnu dans les Gaules avant l'an 532, et celui de Neustrie avant l'an 562. C'est dans le partage qui fut fait, cette année, entre les quatre fils de Clotaire I, que le nom de Neustrie fut donné, par contraction de Nova Westria, à la France occidentale. Mais cette division si célèbre, de la France en deux portions, ne commença proprement qu'après la mort de Caribert, roi de Paris, en 566. Ces deux royaumes furent dans la suite appelés en langue teutonne Oosterryck et Westerryck, nommés, l'un, par corruption, Auster, Austria , Austrasia, et l'autre, par contraction, Neustria.
Les limites de ces deux grandes contrées, qui avaient toujours été indéterminées sous les princes qui y avaient régné depuis l'an 562, furent fixées, positivement en 638, après la mort de Dagobert I, dans le partage qu'il fit du royaume à ses fils, Sigebert II, qui eut l'Austrasie, et Clovis II, qui eut la Neustrie. Le pays situé entre l'Escaut et la Scarpe formait la limite de l'Austrasie, comme parait l'indiquer l'étymologie du nom de ce pays, qui était appelé Austerban, d'Austrasia, et de ban, qui, en langue flamande, signifie limite. Ce pays fut dans la suite appelé par corruption Ostrevan, avec le titre de comté, dont Bouchain était la capitale.
L'Austrasie comprenait dans sa vaste étendue les quatre provinces qui formaient la division de la Belgique ancienne, c'est-à-dire, la première et la seconde Belgique, la première et la seconde Germanique. C'est ce qui est très clairement traité dans une très savante dissertation, insérée au tome 3 des Acta SS. Belg. Sel., page 34, dans laquelle l'auteur démontre par des passages extraits des annales et des diplômes du temps que ces diverses provinces étaient du ressort de I'Austrasie. Les anciens diocèses d'Arras, de Terouanne et de Tournai, qui comprenaient l'Artois et la Flandre, étaient seulement restés à la Neustrie.
La Belgique fut, comme le reste de l'Austrasie, gouvernée par les maires du palais, à commencer en 613 par Pépin de Landen, qui possédait, tant dans le pays qui depuis fut appelé Brabant que dans les contrées voisines, des terres et des seigneuries considérables. Il prit le nom de Landen, de la petite ville de ce nom dans la Hesbaie, parce qu'elle était le lieu de sa naissance ou de sa résidence ordinaire. Il avait à Nivelles une vaste maison, qu'après sa mort, Itte, sa femme, et Gertrude, sa fille, convertirent en monastère. C'est l'origine du chapitre noble de Nivelles.
Le roi Clotaire II, devenu en 613 maitre de toute la France, se déchargea d'une partie du fardeau de l'administration, en confiant le gouvernement de la Basse-Austrasie à Pépin. La seconde Germanique, dans laquelle il ne faut pa oublier qu'était comprise la plus grande partie de la Belgique moderne, dépendait de ce gouvernement. C'est pour cette raison qu'un ancien historien, cité par Bollandus (53), donne à Pépin la dénomination de prince de la seconde Germanique; dénomination plus exacte que celle de duc d'Austrasie, qu'on lui donne communément. II mourut à Landen le 21 février de l'an 639 ou 640, selon les uns, de 646 ou 647, selon les autres, et il y fut enterré. Ce ne fut que quelques siècles après, sans que l'on puisse en déterminer le temps précis, que son corps fut transporté à Nivelles.
Grimoald, son fils, et Begge, sa fille, lui succédèrent l'un après l'autre. Cette dernière fonda le chapitre noble d'Andenne, à trois lieues de Namur.
Pépin, fils de Begge et d'Anségise, succéda à sa mère. II mourut le 16 décembre 714. Avant sa mort, il avait nommé pour succéder aux vastes états dont il avait l'administration, son fils Charles, qu'il avait eu de la belle Alpaïde, et que son courage et sa force firent surnommer Martel, c'est-à-dire, marteau; car, dit la Chronique de St-Denis, comme le marteau débrise et froisse le fer, aussi froissoit-il et brisoit par la bataille tous ses ennemis.
Ses fils Carloman et Pépin partagèrent ses états. Le premier eut l'Austrasie, et le second la Neustrie, la Bourgogne et la Provence. Carloman, dégoûté des agitations du monde et des embarras du trône, abdiqua la royauté et embrassa l'état monastique au Mont-Cassin. La retraite de Carloman facilita à Pépin le moyen de réaliser le projet qu'il méditait depuis longtemps. Ses prédécesseurs lui avaient frayé la route au trône; mais ils n'avaient osé franchir le pas. Pépin, plus hardi ou plus heureux, consomma cette révolution, en renversant Childéric, troisième du nom, du trône chancelant des Mérovingiens. La nation solennellement assemblée à Soissons le 1er mars 751, déclara et proclama Pépin roi de France, et il fut sacré en cette qualité par St-Boniface, archevêque de Mayence et légat du pape. Cette cérémonie sanctionna l'usurpation, et Pépin, dit le Bref, commença une nouvelle race de rois légitimes.
Cette deuxième dynastie des rois Francs, dite des Carlovingiens, est donc, comme la première, originaire de la Belgique, puisqu'à remonter à la source de la famille des Pépins, tous les princes de cette illustre race ont vu le jour ou fixé leur résidence dans la province de Brabant ou le Pays de Liege, à Landen, à Nivelles, à Herstal. Ils ont exercé la souveraineté sous le titre de maires du palais pendant 138 ans, à commencer en 613 par Pépin de Landen et à finir en 751, date de l'avénement de Pépin, dit Bref, père de Charlemagne, au trône de France.
(1) D. Hieronym. in vita Hilarion.
(2) Code gaudentea Sicambri. Lib. 4, ode 14.
(3) Caes. lib. 4, c. 1. Pompée et Crassus ont été consuls ensemble deux fois, savoir, l'an de Rome 684, 70 avant J. C.; 699 de Rome, 55 avant J. C. C'est de cette dernière année qu'il s'agit ici.
(4) Caes. lib. 4, c. 4.
(5) Id. ibid., C. 9.
(6) Id. ibid., c. 11, 12, 13, 14, 15, 16.
(7) German. C. 32.
(8) Belg. Rom. lib. i, c. 14, n. 7.
(9) Après avoir fait toutes mes recherches et fixé mon opinion sur la demeure des Tenchtres et des Usipètes, j'ai vu avec une extrême satisfaction , en lisant le Précis topographique de M. Raepsaet, que j'avais pris la même route que mon savant et honorable confrère. Cette heureuse rencontre m'a autorisé croire que je ne me suis pas égaré.
(10) Te coede gaudentes Sicambri
Compositis venerantur armis. Lib. 4, ode 14.
(11) Bucher. Belg. Rom., lib. 1, c. 20.
(12) Sic ripœ duplicis tumore fracto
Detonus Vahalim bibat Sicamber.
Sidon. in Major., carm. 13.
(13) Sueton. in Aug. c. 21, et in Tiber. c. 9. On a prétendu qu'au lieu de XL, il fallait lire XC. Eutrope en compte 400'000.
(14) Ann. lib 12, c. 59.
(15) Greg. Tur. lib. 2 cap. 31.
(16) Annal. lib. 1, c. 60.
(17) German., c. 33.
(18) ... Venit accola Silvae
Bructeru. Herciniae. Claud. de 4 Honor, cons.
(19) Bucher. Belg. Rom., Lib. 6, c. 13, n. 9. Mém. cour. par l'Académie de Bruxelles, en 1771, p. 8.
(20) Vopisc. in Aurel.
(21) Vopisc. in Probo.
(22) Vopisc. in Probo, c. 15.
(23) Belg. Rom., lib. 7, c. 1.
(24) Eumen. in Panegyr.
(25) Qu'on se rappelle que la Belgique, troisième partie des Gaules fut divisée par Auguste en trois provinces, la Belgique et les deux Germaniques, première ou supérieure, seconde ou inférieure, de sorte que la province dite Belgique n'était qu'une partie de la Gaule-Belgique, comme l'une et l'autre Germanique.
(26) Eutrop. Eumen.
(27) Eumen.
(28) Duns ut ilex tonsa bipennibus,
Nigrae feraci frondis in Algido,
Per damna per coedes, ab ipso
Ducit opes animumque ferro.
Hor.Iib. 4, ode 4.
(29) Bucher. Belg Rom., lib. 9, c. 3, n. 5. Socrat. Lib. 1, c. 7-
(30) Lib. 17, cap. 8.
(31) Juliani ep. ad S. P. Q. Atheniens.
(32) Tradunt multi Francos de Pannonia fuisse digressos, et primum quidem littora Rheni amnis coluisse; dehinc transacto Rheno Thoringiam remeasse; ibique juxta pages vel civitates reges crinitos supra se creavisse, de prima, et ut ita dicam, nobiliore suorum familia. Greg. Tur. lib. 2, cap. 9.
(33) Bucher. Belg. Rom. lib. 15, cap. 10, n. 3. Miraei Ann. Belg.
(34) Bucher. ibid.
(34) Bucher Belg. Rom. lib. 15, cap. 10, n. 1.
(35) Condrusos, Eburones, Caeresos, Paemanos, qui uno nomine Germani appellantur. Lib. 2, cap. 4.
(36) Qui primi Rhenum transgressi Gallos expulerint, ac nunc Tongri, tum Germani, vocati sunt. German.
(37) Essais hist. sur Paris, tom. 3.
(38) C'est le village de Donck près de Haelen, à un lieue et demie de Diest.
(39) Acta SS Belg. sel., tem. 1, p. 308, n. f.
(40) Lib. 2,cap. 9.
(41) Lib. 1, cap. 4.
(42) De orig. Franc. cap. 4.
(43) Ou pour parler plus exactement sur la Roer, à 5 lieues de Dusseldorf. Elle était autrefois sur le Rhin, qui s'en est cart d'une demi-lieue.
(44) Acta S.S. Belg. sel., tom. 1, p. 296.
(45) Ferunt Chlogionem regum Fraucorum fuisse qui apud Dispargum castrum habitabat, quod est in termino Tongrorum. Greg. Tur. loco cit.
(46) Rex Clodio angustos regni fines dilatare cupiens exploratores a Disbargo trans Rhenum dirigit, et ipse cum exercitu subsecutus Cameracum civitatem obsidens expugnavit. Aimoin. loco cit.
(47) Clodius rex Francorum missis exploratoribus de Diabargo castello ad urbem Cameracum, transit Rhenum et protrito multo Romanorum populo circa Rhenuin usque Ligerim (*) fluvium habitantium, Carbonariam Silvam ingressus Tornacum urbem obtinuit, et inde usque ad urbem Cameracdm properavit. Sigeb. ad an. 445. (*) Il faut peut-être lire Schaldim.
(48) In pago Hasbaniensi sive Diestensi. Mir. op. Dipl., tom. 1, p. 499.
(49) Marlot, Metrop. Rhem. hist., tom 2 p. 32.
(50) Audoen. invita Elig., lib. 2, cap. 3.
(51) Bucher., ibid , lib. 17, cap. 5, n. 2; et cap. 8, n. 6, et in anac., cap. 7, n. 42.
(52) Mém. hist. de l'acad. Théod.-Palatine des sciences et belles-lettres, tome 4.
(53) Acta SS. Belg. sel, tom. 2, p.541, n. 10.