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Hôpital de Bavière à Liège

Les fondateurs de la Confrérie de la Miséricorde

Extrait d'une chronique contemporaine à la fondation

par Gilles GRYTE (Aegidius CRYTE), prieur de St Jacques.

Carreau de D AE CRYTE - PRIOR - A 1669
Carreau de Gilles Gryte - transept Sud de Saint Jacques

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« L'an 1602, s'assemblèrent plusieurs bourgeois de Liége scavoir Wathieu de la Montaigne, Denis Dolhen, Jehan Collard, Art de Corswarème, jean Liverlooz, Jean et Laurent Butback frères. Léonard de Vaulx, Arnould de Champs, Pierre Vandecroye, Renier Woelt, Charles Coninx, Tossaint Ansillon, Thomas Crassier, Jean Piqueny et Tossaint del Brouk. Lesquels esmeus d'une charité fraternelle, considérants le pauvre traitement qu'on faisoit az malades aux hospitaux et qu'il y avoit tant d'honestes et honteux mesnages qui couvroient leurs nécessités, ne s'osants déclarer, les uns pour leur bonne parentel, les autres pour la mauvaise réputation que on encouroit pour avoire une fois esté à l'hospital; les autres pour honest cour qu'ils avoient, cachants leurs nécessités, endurants faim et soif dans leurs maisons, vendants peu à peu ce qu'ils pouvoient avoir eu de la fortune.

Ces dits hommes, en cognissant tels plusieurs, se sont assemblés, poussez du Sainct-Esprit à l'assistance de leurs compatriotes, prindants entre eux résolution de faire quest et mendier pour la nécessité d'icieux, non point de porte en porte comme brimbeurs, mais par permission des supérieurs, quester aux prédications, soit jours de dimanche et autres jours de festes. Laquelle quest faite se départoit lendemain entre les dits confrères et icieux, deux à deux, avoient leur quartier à effect de distribuer la dite quest, selon les nécessités, en faisant la charité, à qui 20 patars, à qui plus, à qui moins, ensuite de la nécessité qu'ils cognoissent estre, faisant la charité spirituelle a mieux leur estoit possible, exhortants les nécessiteux endurer toutes leurs nécessités à l'exemple de notre Rédempteur qui at tant aimé la pauvreté, enseignants aussy aux ignorants la créance de leur foy et toutes semblables oeuvres spirituelles. Començants à cette oeuvre tant pieuse, présentèrent à Dieu les prémices de leurs fonctions qu'ils désiroient entreprendre, mettant un chacun la main à la bourse et firent sur ce pied une bonne somme et la distribuèrent au lieu susdit, ne mettant en oubly la visite des pauvres prisonniers, les soulageant, visitant aussy les hospitales, y donnant le meilleur ordre qu'ils pouvoient.

Or les dits confrères ayant longtemps continuez les functions susdites et prévoyant que cela ne pouvoit estre de longue durée, si icelle dite confrairie n'estoit advouée des supérieures, firent résolution et, de faict, s'aprochèrent des Grands et spécialement de Monsr Chapeavil, chanoine et grand vicaire de Liége, auquel déclarèrent leurs bonnes entreprises et grand désir qu'ils avoient de consacrer leurs personnes pour subvenir à la nécessité du prochain et partant supplièrent d'estre advouez. Mais tant s'en faut qu'ils fussent reçeu à la bonne foy comme ils y procédoient, que au contraire furent taxés de forgeurs de nouveautez et conventiculaires, les chassant à la renvoye. Néantmoins les confrères ne désistèrent de l'ouvre encommencée et Dieu ne vollant que si bonne oeuvre demeurat ensevelie, changea par lapse de temps les coeurs des dits seigneurs, lesquels ayant meurement considéré la dite oeuvre, la trouvèrent meilleure que ne leurs avoit semblé mauvaise de première face, de manière que, s'eschauffant l'un l'autre par permission divine et parvenuz qu'il fut aux oreilles du Sr Billhens favorist de S. A. Ernest et iceluy s'i affectionnant, at fait que sa dite Altesse a fondé la maison de Bavière Outre-meuse, l'érigeant en maison de miséricorde, accompagnée de Monsr Diddenius pour lors doyen de St-Pierre en Liége. Lesquels deux sont principaux fondateurs de la dite maison de miséricorde, Son Altèze y consacrant sa maison, le Doyen y laissant bonnes rentes.

Son Altesse donc establit cette maison dans laquelle luy et toute sa courte estoient enrollez, et après eux plusieurs grands et notables personnages de la cité y furent du mesme enrollés; puis furent faictes de belles règles accordées par S. A. et luy­mesme les fist graver en lettre d'or sur une grande pierre posée en une belle église, que les confrères firent bastir, au costé droict de l'autel, enchassée dans la muraille et, de l'autre Costé du dit autel, le Doyen de St-Pierre fist aussi mettre une autre pierre engravée en lettres d'or, des donations qu'il avoit fait, lequel autel servoit tant à la chambre des malades qu'à celle des femmes qui estoient séparées; et fut le dit doyen après sa mort ensevely en la dite église, devant la dite pierre. Et le 5 de janvier, l'an. 1603, fut la dite maison et hospital de miséricorde publiée et dénommée par les prédicateurs, par le commandement de S. A. et ce même jour fut chantée messe par M. l'abbé de St-Laurent, Ogier de Loncin, az frères Récollets, pour lors dits pieddechaux, avecqz procession, portant le V. S. Sacrement de èz l'église des dits Récollets jusque à la dite maison et hospital, S. Altèze y assistant et toute sa courte, avecqz une infinité de peuple. »

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