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L'ARCHITECTURE A LIEGE

Les styles des constructions liégeoises

par François BONNIVER


Il. - Le style de transition romano-ogival


L'avènement du style ogival ne s'est pas produit brusquement; il a fallu de nombreux lustres pour constituer le système d'architecture qui devait briller pendant plusieurs siècles. Le style qui a régné durant cette période de recherches a reçu le nom de style de transition ou de style romano-ogival. Il a été appliqué à Liège à partir de l'année 1242 et n'a eu qu'une très courte durée.

L'expression « style romano-ogival » est claire et nette; elle désigne le passage du style roman au style ogival.

Le style romano-ogival a pour caractéristique principale, l'emploi simultané de l'arc plein cintre avec l'arc brisé, dans la structure des fenêtres, qui sont à baies géminées ou ternées gothiques réunies en-dessous d'un archivolte roman ou bien, l'inverse baies en plein cintre et grand arc brisé.

Les piliers sont monocylindriques; ils reçoivent, d'une façon inégale, sur le tailloir carré de leurs chapiteaux, les charges de la voûte, qui est établie sur plan carré et sexpartite (six compartiments et deux travées) quatre d'entre eux supportent les arcs doubleaux et les arcs diagonaux; et les deux autres, seulement, l'arc doubleau supplémentaire d'où l'alternance des piliers forts et des piliers faibles. Les chapiteaux sont ornés de crochets, sortes de feuillages en forme de bourgeons. Au-dessus des bas-côtés, règne une tribune ou galerie voûtée.

L'église Saint-Christophe et la primitive église Saint­Antoine relèvent de cette formule esthétique.


1. - L'EGLISE SAINT-CHRISTOPHE.

L'église Saint-Christophe est un des plus beaux types d'églises du style romano-ogival.

L'édifice actuel a été construit en 1892 par Auguste Van Assche, pour remplacer un antique sanctuaire qui fut élevé en cet endroit en 1241.

Il a conservé un certain nombre d'éléments traditionnels et adopté quelques nouveaux, qui montrent l'art s'acheminant avec prudence vers des conceptions plus hardies et plus légères.


A. - INFLUENCES TRADITIONNELLES:

a) La porte d'entrée est recouverte d'une série d'arcs en plein cintre, qui sont placés en retraite l'un sur l'autre, formant voussure et retombant sur des colonnettes;

b) dans le pignon de la façade, un arc en plein cintre faisant office d'archivolte, couronne une fenêtre gothique à trois lumières;

c) la nef centrale est formée de huit arcades en plein cintre, portées par six colonnes cylindriques et, vers le milieu, par un pilier carré;

d) chacun des deux murs gouttereaux est percé de huit oculi, dans sa partie supérieure;

e) le choeur, au niveau surélevé, se termine par un chevet plat;

f) la croisée du transept est constituée par quatre larges arcades cintrées, au-dessus desquelles s'ouvrent trois baies trilobées, accostées de deux oculi; ce motif se répète tant à l'extrémité du choeur, qu'aux deux bras de transept.


A. - INFLUENCES MODERNISTES:

a) Le plan cruciforme a définitivement supplanté le plan basilica!;

b) le vaisseau à trois nefs est composé de huit travées à longue portée;

c) toutes les baies, géminées ou ternées, sont constituées en arc brisé;

d) des voûtes en bardeaux, sans arêtes ni nervures, avec solives apparentes servant de tirants, ont supplanté les plafonds; ce système de construction est économique et d'une exécution facile;

e) les colonnes, rondes et minces, ont presque complètement supplanté les piliers; elles ont leurs chapiteaux ornés de feuillages;

f) les murs ont peu d'épaisseur;

g) plus de tour à la façade, mais un campanile placé à la croisée du transept; chacun de ses quatre pans est percé de baies étroites; la flèche qui le surmonte, est recouverte d'ardoises;

h) l'entrée, qui est percée dans le mur de la façade et non plus dans un mur latéral, s'ouvre sur la grande nef.


2. - LE CHEVET DE L'EGLISE SAINT-ANTOINE.

La primitive église de Saint-Antoine fut achevée en 1244. Elle subit une restauration importante en 1425 et elle fut fortement transformée au XVIIe siècle.

Il reste quelques vestiges de l'antique sanctuaire, qui est contemporain de Saint-Christophe, notamment une grande baie trilobée gothique, maintenant aveuglée, couronnée d'une rosace, que l'on remarque de la rue Mère-Dieu, à l'extrémité du choeur.

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